Deuxième Témoignage du Général Georges BDÉOUI

 

Parmi les événements de Soufanieh durant l'année 1987, il en est deux qui m'ont laissé profondément impressionné. Je jugeai bon d'en faire un témoignage écrit, en annexe à celui que j'ai rédigé en date du 6/5/1987, et que garde le Père Elias Zahlaoui.

Le premier : le 16/4/1987, jour du Jeudi-Saint, je reçus un téléphone du Père Zahlaoui, vers 15 heures, m'annonçant l'apparition des stigmates sur le corps de Myrna. Quelques minutes après, j'étais à Soufanieh. Myrna était étendue sur le lit, entourée d'une foule nombreuse. Je vis de très près les blessures du front, des mains, des pieds et du côté et qui sont si évidentes sur les vidéocassettes et les photographies prises alors je restai tout près du lit.

J'observai tous les mouvements jusqu'à la fin de l'événement vers 17 heures trente Je ne me propose pas de décrire ce qui s'est passé. Tout cela se trouve enregistré sur plus d'une vidéocassette. Ce que je voudrais signaler, c'est que quand j'ai vu les blessures, le sang était coagulé et il avait dessiné sur la figure de Myrna une forme de croix. Ce qui m'a fait croire que la blessure du front se prolongeait par-dessus les sourcils, tout le long du front, peignant la forme d'une couronne d'épines comme celle qui fut placée sur le front du Sauveur. Vers 16h30, au moment où Myrna levait la main à son front, en joignant le pouce et l'index en un mouvement qui semblait arracher des épines, apparut au sommet de la ligne ascendante de la blessure du front, deux gouttes de sang sous forme de petits ronds qui se mirent à grossir, puis le sang en coula rouge foncé du côté droit. Ce que je voyais ressemblait parfaitement à la trace que laisse une piqûre faite par une épingle ou une épine. Un frisson me parcourut alors tout le corps, au point que j'eus la plus grande difficulté à chanter l'hymne de ce jour ("en ce jour, fut suspendu à une croix, celui qui suspendit la terre sur l'eau"), quand le Père Zahlaoui me demanda de le chanter juste avant que Myrna n'entre en extase. J'avais l'impression d'étouffer. Je ne trouvais aucune explication à l'apparition des deux gouttes, deux heures après la manifestation des stigmates, et je suis certain qu'aucune main n'a touché l'emplacement de l'apparition des deux gouttes tant que je me trouvais là.

Le deuxième événement : il eut lieu le soir du vendredi 20/11/1987, veille de la Présentation de la Vierge au Temple.

Après la prière commune qui eut lieu à 17 heures, j'entrai au salon et pris connaissance avec Nicolas, le mari de Myrna, d'une interview faite par la revue "Stella Maris", avec le journaliste Christian Ravaz, sur le Phénomène de Soufanieh. Myrna entra à 19 heures précises et dit : "l'image laisse couler de l'huile". Je courus à l'image. Le patio de la maison était vide. Il y avait là le jeune Issa Raad, fils de Nazih, qui était venu avec un de ses amis, s'enquérir de son père. Je leur demandai aussitôt de courir à l'hôpital français prévenir le Père Malouli qui y célébrait la messe à un groupe de pèlerins français venus spécialement à Soufanieh. Les deux jeunes gens sortirent aussitôt et je restai seul en face de l'image durant pas moins de 20 minutes, observant l'écoulement de l'huile.

La deuxième : une petite larme était en train de se former dans le coin de l'œil gauche. Je remarquai aussi la rougeur des deux yeux, alors que j'ai pu vérifier que les larmes coulaient sur le verre extérieur, grâce aux grains de poussière qu'on voyait clairement dans la coulée des larmes à l'intérieur et à l'extérieur des deux yeux.

Je gardai ces remarques en moi-même et n'en soufflais mot à personne. Ce jour-là, je n'essayai pas de faire la connaissance de Myrna, ni de son mari. Et au moment où les gens affluèrent à l'archevêché pour voir ce qui s'y passe, je rentrai à Damas.

Des mois passèrent. Personne ne me posa de question sur cet événement. Moi-même je n'allai à Soufanieh que la veille de la fête de l'Annonciation 1985. Ce soir le Père Zahlaoui célébra à Soufanieh l'acathiste, avec sa chorale : ''Choeur-Joie."

Fin octobre 1985, le Père Zahlaoui me demanda de l'accompagner à Khabab. J'acceptai de l'y conduire dans ma voiture. Il y avait aussi avec nous le journaliste français Robert Piétri, qu'on me dit être professeur de journalisme à la Sorbonne, en poste à la télévision française, et invité en Syrie par la Ligue Arabe pour donner des cours de journalisme dans le centre Arabe d'information. Il y avait aussi le Père Pierre Veau, prêtre français de Mauritanie, venu à Damas pour des cours d'arabe. Il y avait aussi Myrna et Nicolas son mari, dont je faisais la connaissance pour la première fois.

Nous arrivâmes à Khabab vers 17 heures. Son Excellence, Mgr Boulos Bourkhoche nous accueillit au salon de l'archevêché. Étaient aussi présents les Pères Mouaffak Al-Id, Simaan Sidaoui et Jean Kanakri, les religieuses du bon Service et quelques domestiques de l'archevêché. Après les présentations, le Père Zahlaoui suggéra d'appeler M. Louis Rizk, professeur du secondaire à Khabab, pour qu'il raconte à M. Piétri comment il avait été témoin de l'exsudation de l'huile des mains de Myrna. Quelques minutes après, M. Rizk arriva et expliqua à M. Piétri ce qui se passa en sa présence, tandis que le Père Zahlaoui traduisait en français. Tout à coup, Myrna pâlit et l'huile coula de ses mains. C'était la première fois que je voyais l'exsudation de l'huile. M. Piétri prit quelques photos. Moi-même me je fus l'un de ceux qui séchèrent les mains de Myrna avec des mouchoirs de papier. M. Rizk continua son témoignage. A 18 heures, Myrna demanda qu'on descende à la chapelle de l'archevêché pour prier - en effet à 18 heures la prière se fait à Soufanieh aussi. Toutes les personnes présentes descendirent à la chapelle et participèrent à la prière au cours de laquelle l'huile coula de nouveau des mains de Myrna. M. Piétri prit là aussi quelques photos. A la fin de la prière, on me demanda de dire mon témoignage à M. Piétri dans le détail. Puis nous revînmes au salon, fîmes nos adieux à son Excellence et aux personnes présentes, et prîmes le chemin du retour.

Je devais être impressionné par ce qui s'est passé. Il faisait nuit et je sentais tout au long de la route une main me pousser en avant. Je ne me rendis compte qu'à l'entrée de Damas que le Père Zahlaoui avait placé son bras derrière mon dos, car il partageait le siège avant avec le Père Veau. Arrivé au rond-point de l'aéroport, le Père Zahlaoui demanda à M. Piétri s'il pouvait venir à Damas pour le 3ème anniversaire de Soufanieh, le 26 novembre 1985. M. Piétri s'excusa vu les nombreux engagements qu'il avait dans plusieurs pays. Soudain se répandit dans la voiture l'odeur agréable propre à l'huile. J'arrêtai la voiture et allumai la lumière intérieure : l'huile coulait des mains de Myrna pour la troisième fois en moins de trois heures, sous les yeux de M. Piétri qui parut profondément impressionné.

Le lendemain je me trouvai à Soufanieh et jusqu'à ce jour je ne m'en absentais que les rares jours où je me trouve loin de Damas. Cela m'arrive rarement. J'ai senti en effet que l'invitation qui m'a été adressée pour témoigner à un moment auquel je ne m'attendais pas, n'était pas pure coïncidence, mais une invitation secrète à accompagner le Phénomène, et cela pour deux raisons :

La première : je connaissais le Père Zahlaoui depuis bien longtemps. Je savais aussi qu'il se rendait fréquemment à Khabab. Et il sait quels liens profonds existent entre moi et son évêché. Malgré cela, il ne m'a jamais prié de l'y conduire. La deuxième : bien que mon nom ait été cité dans le rapport fait par le Père Mouaffak sur ce qui s'était passé à Khabab, personne ne m'avait jamais posé la moindre question sur ce fait qui date de huit mois.

C'est ainsi que je me trouvai subitement à Soufanieh sans invitation ni préambule. Je ne m'y sentis pas étranger. Je sentis même que je j'accompagnai le Phénomène depuis son commencement. Je n'eus pas l'idée d'interroger ou d'observer ou de m'assurer par un moyen quelconque de la véracité de ce qui s'est passé ou de ce qu'y s'y passe. Mais cela ne signifie pas du tout que mets ma foi dans une personne donnée, acceptant de sa part tout ce qu'elle propose sans aucun jugement. Moi-même, je ne me rappelle avoir jamais été à la remorque de qui que ce soit, en matière politique ou autre. Comment donc pourrais-je pu l'être en matière de foi ? Mais je m'appuie ici sur un postulat : la religion chrétienne ne s'est pas répandue dans le monde du fait de l'éloquence des pécheurs et de la force de leur argumentation, mais par le fait de cette présence dense du Seigneur dans la vie de 1'Église, présence traduite par le miracle devant lequel la raison humaine reste incapable d'aucune explication. Dans les Actes des Apôtres, il est dit que les gens plaçaient les malades dans les rues pour que rien que l'ombre de Pierre tombe sur eux à son passage. Donc, il va de soi que le Seigneur nous rappelle, toutes les fois que la foi s'attiédit ou se refroidit, qu'il est avec son église, tous les jours jusqu'à la fin du monde.

J'ai dit que je n'entrai pas à Soufanieh comme un étranger, mais je me sentis de la maison. Je n'étais pas un simple participant à la prière quotidienne qui se dit tous les soirs. Dès le premier jour, je pris part à la rédaction et au choix des textes de la prière, qu'on changeait tous les mois pour éviter la routine et l'ennui. Il m'arrivait même de diriger la prière, en l'absence de prêtre, sans avoir éprouvé la moindre opposition ou gêne, soit de la part des gens de la maison, soit de la part des fidèles ou des prêtres. Tout le monde accepte remarque et directive et les accueille, même venant d'une personne ordinaire comme moi, ce qui prouve à l'évidence l'absence de toute motivation cachée dont il craindrait la divulgation, ou de gain qu'ils garderaient pour eux-mêmes sans y faire participer les autres. Je ne me trouvais jamais en face d'une comédie montée de toute pièce, ni en face de choses mystérieuses ou de complots tramés derrière des portes bien fermées. Car tout ce qui se passe dans cette maison - y compris la vie de famille - , se fait dans la plus grande clarté. Tout ce qui se passe au niveau de l'Icône et de Mme Myrna, tout le monde y est invité et sur l'heure, de jour et de nuit. Quiconque a vu la foule de prêtres de médecins et de religieuses et de laïques autour de Myrna, lors de l'extase de novembre 1985 et celle de novembre 1986, et a remarqué le prêtre français Jean-Claude Darrigaud, tenant à la main un tube en verre dans lequel il recueillait de l'huile odoriférante qui coulait comme des larmes des yeux de Myrna ou qui exsudait de sa figure et de son cou et de ses mains, quiconque a vu cela, se rendra compte qu'il n'y a absolument rien de caché dans tout ce qui se passe chez "Notre-Dame de Soufanieh". Je dis cela à l'occasion de la campagne injuste déclenchée par certains - dont des hommes d'église - contre le Phénomène et ceux qui s'en occupent, campagne qui atteint un niveau éhonté quelquefois. Je ne veux aucunement répondre à ces accusations et calomnies qui ne s'appuient sur aucune raison et aucun critère. Mais je voudrais présenter certaines remarques, dont, à titre d'exemple :

1. La plupart de ceux avec qui j'ai discuté de Soufanieh croient que ce qu'on dit sur l'huile qui coule de l'image, signifie une espèce de buée qui apparaît sur l'image, et sont étonnés d'apprendre qu'il s'agit réellement d'une huile qui coule à profusion et qui atteint quelquefois plus du double du volume ou du poids de l'image, et que l'huile qui a coulé par exemple, la nuit du 18/4/1987, est de l'ordre de 250 grammes, que l'huile a été examinée au centre de recherches à Damas ainsi qu'en Allemagne Occidentale et qu'elle s'est avérée être de l'huile d'olive pure à 100%. D'ailleurs Soufanieh est tout proche et l'image est là placée sous les yeux de tous, nuit et jour, et il est possible à toute personne de trancher le doute par la certitude, si elle le voulait.

2. Quant à savoir pourquoi l'huile a cessé de couler de l'image après qu'elle fût transférée à l'église de la Sainte Croix, et s'est mise à couler à nouveau dès son retour à la maison, cette question devrait être posée à la Sainte Vierge. Mais je croix pouvoir dire - et ceci est une opinion personnelle - que la Sainte Vierge n'est pas apparue à Damas, après deux mille ans presque, pour ouvrir un marché commercial - même pour la vente d'objets sacrés -, et cela en dépit du fait que la guérison de Mme Benlian a eu lieu dans l'église de la Sainte Croix.

3. L'un des hommes d'église étrangers, dont j'apprécie le zèle, me dit un jour qu'il s'était éloigné de Soufanieh à cause de l'enthousiasme exagéré dont font preuve les Pères Malouli et Zahlaoui dans leur défense de Soufanieh. Je me demande comment peut se répandre une croyance ou un principe si ceux qui les défendent manquent d'enthousiasme ? Je me demande aussi si quelqu'un s'est rendu compte à Damas ou ailleurs si l'enthousiasme de ces deux prêtres est payé d'une façon ou d'une autre, et quel intérêt ils en récoltent ? Faut-il donc croire que l'enthousiasme des chrétiens à défendre leur foi, cet enthousiasme qui les a conduits par milliers au martyre, est une note de faiblesse dans l'histoire de l'église ?

4. Un homme d'église que je respecte m'a dit au cours d'une discussion et avec un énervement outré : " mais qui est-elle donc (il s'agit de Myrna ) pour que se manifestent sur elle les stigmates du Christ et pour que lui apparaisse la Vierge et pour que l'huile coule d'elle ? Assez d'histoires et d'affabulation !". Je lui répondis avec énervement : "Père, ce n'est pas le raisonnement d'un homme d'église. Va et vois et assure-toi d'abord ! Si tu raisonnes ainsi, je te demande qui était Marie-Madeleine et Marie l'Égyptienne dans l'histoire de l'Église, et qui est l'Apôtre Paul et Saint-Augustin et tant d'autres illustres dont nous connaissons l'histoire avant leur conversion et après. Et pouvons-nous demander au Seigneur pourquoi il les a choisis ?"

5. Lors d'une courte discussion que j'eus avec un prêtre et Sa béatitude le Patriarche Maximos V Hakim, à propos de mon assiduité à Soufanieh, Sa Béatitude me dit tout énervé quand je lui proposai d'envoyer quelqu'un pour nous surveiller et nous empêcher d'errer : "Vous n'avez pas le droit, ni toi ni les prêtres, de prier à Soufanieh, tant que le Patriarche Hazim n'a pas reconnu le Phénomène". Je lui répondis avec énervement aussi : " Et depuis quand la Sainte Vierge a besoin de votre permission ou de celle de Mgr Hazim pour apparaître et pour que les fidèles la prient ?" Mais Sa béatitude mit fin à la discussion en sortant rapidement de l'Église. Je ne cache pas, que j'ai l'impression que les hommes d'église essaient depuis toujours de revêtir le Christ et la Vierge d'habits qu'ils leur confectionnent à leurs goûts. Et je me souviens d'un mot dit par Mgr Boulos Bourkhoche : "quiconque a vu de ses propres yeux, n'a pas besoin pour croire, d'une autorisation de l'Évêque ou du Patriarche".

Comme j'aimerais dire mes impressions sur cette prière qui se poursuit tous les jours sans interruption depuis quatre ans et demi. Mes impressions sur cette gratuité digne d'admiration… sur la souffrance que supportent les gens de la maison, toujours ouverte à tout visiteur, nuit et jour… sur cette spontanéité qui marque le comportement de Myrna, au point d'en paraître candide et qui vous montre à l'évidence qu'elle ne sait pas jouer la comédie même pendant la prière… Mais je laisse tout cela à quelqu'un de plus indiqué que moi, parmi ceux qui accompagnent le Phénomène dès le premier jour. Je me contente de ce que j'ai dit et demande au Seigneur de nous inspirer le chemin de la vérité,

Le général retraité :

Georges BDÉOUI

Damas, le 6/5/1987