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Une dernière réflexion : la Vierge fait tache d'huile à sa façon

Que l'on me permette cette réflexion personnelle. Elle a toute sa limite, mais je ne puis m'empêcher de clore par elle ce témoignage personnel.

Elle porte surtout sur "les personnes" connues jusqu'ici, dont Il est le seul Maître et le seul Juge.

Cela n'a rien à voir non plus avec la "valeur" de ces personnes agrippées" à Soufanieh, valeur dont Dieu seul est Juge.

J'ai cru voir, dans la façon dont le Phénomène de Soufanieh s'est fait connaître, «une Main» qui tressait lentement tout un «réseau de Soufanieh», si je puis m'exprimer ainsi, cette lente croissance invite à la réflexion, à la méditation.

1. Tout au début, le 27 novembre 1982, avant que quiconque sache quoi que ce soit, Nicolas, mari de Myrna, en dépit de son éloignement de toute pratique religieuse, et des institutions ecclésiastiques - comme je l'ai appris de lui-même plus tard -, a eu l'idée de téléphoner au patriarcat orthodoxe de Damas, pour le prévenir. Sur ce, est arrivé Mgr Boulos Pandéli, connu pour sa profonde spiritualité, accompagné de deux prêtres, le P. Georges Gilo et le P. Georges Abou-Zakhm.

Depuis, les prêtres orthodoxes ont été tous les jours présents à Soufanieh, jusqu'au transfert de l'Icône sainte, le 9 janvier 1983.

Ceci en ce qui concerne l'Église orthodoxe.

2. Le soir du 28 novembre 1982, un dimanche, arriva un médecin du nom de Saliba Abdel-Ahad, accompagné de quatre hommes des services secrets syriens. Ils devaient mener leur enquête, sur ordre des plus hautes autorités du pays, comme je l'ai appris par la suite du ministre de la Défense lui-même, en présence de l'évêque grec-catholique du Hauran, Mgr Boulos Bourkhoche, et de son vicaire, le P. Mouaffak Al-Id.

Or, le rapport remis par cette "commission" a été décisif sur l'attitude du gouvernement Syrien, toute de déférence et de respect depuis le 28 novembre 1982 jusqu'à ce jour, 14 septembre 1990.

J'ai fini par rendre visite à ce médecin, le docteur Saliba Abdel-Ahad, chez lui, mercredi 2 septembre 1987, après plusieurs tentatives infructueuses en vue de le rencontrer. Je lui ai exprimé le but de ma visite, projetée depuis bien longtemps. Il a reconnu n'avoir plus été à Soufanieh qu'une seule fois depuis le 28 novembre 1982. Il a reconnu aussi avoir vu, avec les hommes des services secrets, l'huile couler de l'image, qui ne put être démontée, m'a-t-il précisé -contrairement à ce qu'on m'avait raconté dans l'effervescence du moment - et couler des mains de Myrna, avec une abondance étonnante. Et il a été surpris d'apprendre que le rapport qu'il avait présenté aux autorités gouvernementales avait été décisif, quant à leur attitude. J'ai appris qu'il est syriaque-orthodoxe.

Il y avait là également sa sœur, mariée aux États-Unis, et vivant à New Jersey, qui nous a raconté l'intense émotion des gens là-bas en voyant les vidéocassettes de Soufanieh.

J'aurais voulu demander au médecin un témoignage écrit. Mais j'ai préféré remettre cela à une autre visite. En partant, j'ai suggéré qu'on l'appelle si jamais quelque chose se produisait à Soufanieh. Il a accueilli ma proposition favorablement.

Cela en ce qui concerne l'attitude du corps médical et du gouvernement.

3. Ma présence personnelle à Soufanieh n'est pas allée de soi. J'ai commencé par refuser de m'y rendre. J'étais bien prévenu. Ce que j'ai vu dès le premier soir a été pour moi un signe d'importance, que j'ai aussitôt rapporté à mon évêque, qui m'a alors demandé «de suivre le phénomène avec prudence».

Les différents et multiples "signes" ne m'ont jamais empêché de rester tout à fait maître de moi-même, maniant ma rationalité autant que possible, et ne me refusant même pas à l'hypothèse d'une intervention diabolique. C'est pourquoi, ma présence a été un scandale pour certains, pour d'autres, un motif de déconsidération à mon égard, et pour d'autres encore, un critère de crédibilité, en dépit de l'opposition générale catholique au départ.

Cependant, j'étais toujours armé du "mandat" de mon évêque, jusqu'au jour où l'on m'intima l'ordre de ne plus aller à Soufanieh.

Je me suis tenu éloigné pendant dix mois, à l'exception de deux ou trois visites que je relate dans mes mémoires.

Donc, du côté de mon évêque, il y avait un "mandat", bien qu'il soit oral.

4. Ce mandat m'a été, je dirais, renouvelé le jour où le P. Farès Ma'karon m'a prévenu du mécontentement de mon évêque et de celui du patriarche orthodoxe. C'était le 29 décembre 1982. Ce fut pour moi l'occasion d'une longue entrevue avec mon évêque, au cours de laquelle je lui ai exposé dans le détail ce qui se passait.

Ce fut aussi l'occasion d'une double rencontre, entre mon évêque et le patriarche orthodoxe d'une part, et entre ce dernier et Nicolas et Myrna de l'autre. Cette double rencontre, j'en ai expliqué la nécessité à mon évêque. La confiance qu'il me témoignait me semble avoir pesé dans la démarche qu'il fit auprès du patriarche orthodoxe.

Et, en fait, le lendemain, le patriarche orthodoxe recevait, à 8 heures du matin, Mgr François Abou-Mokh, et à 9 heures du matin, Nicolas et Myrna. C'était le 30 décembre 1982.

Le lendemain même, un communiqué officiel du patriarcat était distribué et lu dans les églises orthodoxes et transmises à la presse. Soufanieh y était reconnu et le patriarcat déclarait publiquement vouloir transférer "l'Icône sainte" à l'église de la Sainte-Croix.

Ceci marquait une nouvelle position du patriarcat orthodoxe.

5. Quand, le 20 février 1983, le P. Mitri Athanass m'a dit que le patriarche grec-orthodoxe et le nonce apostolique étaient fâchés contre moi, il ne pouvait pas imaginer le service qu'il rendait à Soufanieh. Ma visite, le 21 février 1983, au patriarche grec-orthodoxe a mis fin d'un côté à ma présence à Soufanieh, ainsi qu'à une souffrance lancinante due aux différentes calomnies lancées contre moi par beaucoup, à commencer par les prêtres, et elle a marqué aussi la présence d'une personne qui devait m'y remplacer très avantageusement : je veux parler du P. Joseph Malouli.

Et le soir même de ce 21 février la Sainte Vierge devait le lui dire d'une façon qui l'a tenu comme enchaîné à Soufanieh, alors qu'il était la dernière personne susceptible de s'y trouver, tellement il était connu pour son refus a priori et catégorique de tout phénomène tant soit peu étrange, à Damas, et Dieu sait s'il y en a eu depuis 1940...

Cette date devait donc marquer la présence définitive du P. Malouli, "le greffier de la Vierge"', et l'absence définitive - provisoirement, bien sûr - de l'Église grecque-orthodoxe, hiérarchie et prêtres.

6. Un témoin venu de France : le P. Pierre Boz, de l'archevêché de Paris. Tandis que les prêtres catholiques restaient, dans leur majorité, réfractaires à Soufanieh, se refusant à la possibilité même d'une simple visite d'observation, un prêtre de Paris, le P. Boz, me questionnant sur Soufanieh, le 22 juin 1984, et entendant pour toute réponse ce mot : «Venez et voyez ! », s'est donné la peine de venir à Damas, le 4 juillet 1984. Il y est resté jusqu'au 15 juillet et, rentré à Paris, il devait donner, le 30 juillet, un témoignage personnel étonnant sur Radio Notre-Dame, dont il m'a envoyé l'enregistrement.

Cependant, le P. Boz tenait à laisser les médias occidentaux éloignés de Soufanieh...

7. L'année 1984, le 4 novembre, devait marquer un nouveau pas important dans la reconnaissance de Soufanieh par la hiérarchie.

Le nonce apostolique, Mgr Nicolas Rotunno, a eu l'idée de rencontrer Myrna, ne se contentant pas des rapports oraux ou écrits, qui lui parvenaient. Cette rencontre a eu lieu chez les Petites Sœurs du Père de Foucauld, en présence de Soeur Pia seule, une Italienne, et de Mlle Salwa Naassan (aujourd'hui Mme Farah). Le Nonce a été alors témoin de l'écoulement de l'huile des mains de Myrna et d'une image de la Vierge que Soeur Pia avait retirée, devant lui, de son livre de prière. Depuis lors, Mgr Rotunno a suivi de très près Soufanieh, jusqu'au moment où, le 24 août 1987, ayant invité Myrna et Nicolas, avec Soeur Fiorina, à la nonciature, de l'huile a coulé en abondance des mains de Myrna.

8. L'année 1985 devait marquer un nouveau pas sur le plan hiérarchique local et sur celui des médias occidentaux.

Au mois de février 1985 a eu lieu à Khabab une nouvelle manifestation de Soufanieh, qui a conquis l'évêque grec-catholique du Hauran et son clergé, ainsi que les religieuses de cette localité. Cet évêque, Mgr Boulos Bourkhoche, n'a pas caché sa position au journaliste français, le P. Jean-Claude Darrigaud, quand il est venu, fin novembre 1986, lui demander ce qu'il en pensait et filmer cette interview. Il était franchement favorable au Phénomène.

Au cours de cette même année, mais à une date que personne n'a retenue, comme par hasard, Mgr Néophyte Edelby, évêque grec-catholique d'Alep, a été témoin, à Alep, de l'écoulement de l'huile ou du moins de l'apparition de l'huile - sur une image de Notre-Dame de Soufanieh dans une famille grecque-catholique d'Alep : la famille Émile Alaja, qui l'en a avisé.

Et c'est à moi personnellement - entre autres - qu'il en a parlé à Damas, me demandant de l'y amener «dans l'espoir, me disait-il, que la Vierge le guérisse».

Le soir même, il est allé prier à Soufanieh, assis au milieu de la foule, dans le patio même. Ensuite, il s'est retiré avec Myrna et moi-même dans la chambre, où il a entendu un peu l'historique du Phénomène.

J'ai appris, par la suite, de Mgr Georges Hafoury, qu'il en avait parlé publiquement au cours d'une des Conférences de la Hiérarchie catholique de Syrie, à un groupe d'évêques au milieu desquels se trouvait un patriarche. Plus tard, quand je lui en ai demandé un témoignage écrit, il s'est excusé parce que membre d'une commission romaine dont j'ignore le nom. Mais il n'a pas hésité à m'engager à publier quelque chose là-dessus, car, «après cinq ans, il est temps», disait-il. Et quand je lui ai demandé s'il fallait l'Imprimatur pour mes mémoires que je comptais publier, il a été tout à fait net dans son affirmation que ce n'était pas nécessaire.

Cette même année 1985 fut l'occasion de deux nouvelles rencontres qui devaient s'avérer importantes :

- La veille du Jour de l'An 1985, rencontre avec le chanteur libanais Wadih Assafi à Soufanieh, grâce à l'autre chanteur libanais, Tony Hanna. Cette rencontre devait transformer l'orientation artistique de Wadih Assafi, qui s'est mis depuis à composer et à chanter des chants et des psaumes dont certains ont fait beaucoup connaître et aimer Soufanieh. Car Wadih Assafi n'est pas un inconnu pour les Arabes. Chose intéressante à signaler : nous cherchons avec lui un langage commun, accessible aussi bien aux chrétiens qu'aux musulmans. De ce point de vue, certains de ses chants sont, me semble-t-il, une véritable réussite.

- Fin octobre, début novembre, marque aussi la rencontre entre un journaliste français et Soufanieh. Il s'agit de M. Robert Piétri, professeur de journalisme à la Sorbonne. Il a rencontré Soufanieh grâce à un prêtre français, missionnaire en Mauritanie, venu faire des cours d'arabe à Damas. Quel détour pour aboutir à Soufanieh ! Il s'agit du prêtre spiritain, le P. Pierre Veau, qui devait jouer par la suite un rôle important en nous faisant connaître son confrère, le journaliste d'Antenne 2 : Jean-Claude Darrigaud.

9. Peu après Pâques 1986, une double démarche avec le P. Pierre Veau me conduisait à la fois au P. René Laurentin et au P. Jean-Claude Darrigaud :

Le P. René Laurentin, contacté et muni du dossier préparé sur Soufanieh, a fini par accepter une invitation à venir à Damas, que nous espérions pour le cinquième anniversaire de Soufanieh, les 26 et 27 novembre 1987.

Le P. Jean-Claude Darrigaud, contacté et muni de ce même dossier, a accepté notre invitation pour le quatrième anniversaire, fin novembre 1986. Il a été témoin et il a donné son témoignage sur Antenne 2 à deux reprises : le 25 décembre 1986 et le 21 mai 1987, jour où nous avons parlé tous deux de Soufanieh à Antenne 2. Son témoignage devait porter très loin le rayonnement de Soufanieh. Lui aussi était attendu pour le cinquième anniversaire.

10. L'été 1986 devait marquer aussi la conquête d'un nouvel évêque, Mgr Georges Hafoury, évêque syriaque-catholique de Hassaké, en Syrie.

Il était opposé à Soufanieh, mais un jour, au cours de l'été 1986, il a été témoin à Beyrouth, dans la maison de son frère Éphrem, d'un écoulement abondant d'huile de l'image de Notre-Dame de Soufanieh... Il n'a plus eu aucune hésitation, et nous a surpris en écrivant un article dans la revue Stella Maris, de Zurich. Pour la première fois, un article était publié sur Soufanieh, objectif et étonnant de courage et de lucidité. Cet article devait lui aussi marquer une nouvelle étape de l'expansion du Phénomène.

Et un jour, j'ai sollicité de lui une interview filmée sur vidéocassette, à Soufanieh même. Il a accepté sans hésiter.

11. Toujours au cours de l'été 1986, je me suis trouvé aux États-Unis, chez le chanteur Tony Hanna, à Detroit. Il avait prévenu son ami, le chirurgien Antoine Mansour, de Los Angeles, qui m'a prié de venir chez lui. Je me suis excusé, mais je lui ai envoyé le dossier sur Soufanieh.

Près d'un mois plus tard, il a fini par s'agenouiller et pleurer. Un an après, il venait de nouveau à Damas, pour assister au baptême de la petite Myriam, fille de Myrna et de Nicolas. Et, au Liban, dans le village de Tony Hanna, il a de nouveau été témoin «en deux semaines, comme il me le dit, de ce que nous avons, nous autres, vu en cinq ans».

12. L'année 1987 devait marquer de nouveaux pas dans différentes directions :

- Les Antakly à Damas. Venu d'abord seul à Soufanieh, le médecin biologiste français, Jean-Claude Antakly, y est revenu avec sa famille le mercredi saint, 15 avril 1987. Il a été témoin avec sa femme, Geneviève, médecin biologiste comme lui, des stigmates, et tous deux ont signé un rapport médical de la plus haute importance. Ils devaient porter ce témoignage à leurs nombreux amis de France. Et c'est grâce à eux que j'ai eu à ce propos de nombreuses rencontres avec l'évêque du lieu, le curé, des religieuses de la région et des étudiants, ainsi que des amis d'Espalion.

- Lors de ce même voyage, juste l'avant-veille de mon retour à Damas, j'ai rencontré, avec le P. Jean-Claude Darrigaud, un journaliste français, Christian Ravaz. Étonné qu'il ait eu en main le premier journal personnel que j'avais rédigé - et dont la traduction faite par un ami, pour me dépanner, ne me satisfaisait pas -j'ai appris qu'il l'avait eu grâce à un prêtre de Nancy, qui l'avait reçu d'un étudiant Syrien : Chawki Trabulsi, que je connaissais bien. Ce prêtre n'avait même pas pris la peine de lire ce "journal", et il s'en débarrassa. Et c'est ainsi que Christian Ravaz s'est saisi de l'affaire et a fini par... venir à Damas. Il prépare en ce moment quelques publications sur Soufanieh.

- En ce même été 1987, le voyage de Myrna et de Nicolas, en compagnie de Tony Hanna et de sa famille, ainsi que du docteur Antoine Mansour et de sa famille, ce voyage au Liban a provoqué un remous extraordinaire, qui a touché des évêques comme Mgr Nicolas Hajj et Maximos Salloum, tous deux grecs-catholiques, des prêtres libanais, aussi bien maronites que grecs-catholiques, des religieuses et un grand nombre de fidèles. Il se semble que la densité des manifestations extraordinaires qui ont eu lieu alors a fini par convaincre même ceux qui S'obstinaient à dire «que de Syrie, rien de bon ne peut sortir».

- Il y a eu une autre brèche du côté des milieux scientifiques en Europe, en la personne du psychanalyste André Patsalidès. Celui-ci dirigeait un Centre européen de recherches psychologiques et enseignait en Belgique, en Allemagne et aux États-Unis. Cet homme, en quête d'absolu, avait passé de longs mois avec des moines hindous et bouddhistes en Extrême-Orient. Mais à Soufanieh, il a suffi de quelques heures pour qu'il soit bouleversé, et cela bien avant d'avoir vu de ses propres yeux "des choses extraordinaires". Il est allé jusqu'à organiser avec des savants allemands un premier séminaire, le 15 août 1987, puis un autre, le 22 août suivant, en vue d'étudier ces manifestations extraordinaires qui se déroulent à Soufanieh.

Entre-temps, il a eu la chance de voir de ses propres yeux quelques-uns de ces phénomènes, le soir du 14 août d'abord, puis le matin du 15 et du 17 août. Plus d'un an après, il a eu le courage, lors d'un Congrès international de psychologie, tenu à Santa Rosa, en Californie, au cours du mois d'octobre 1988, de faire un exposé sur Soufanieh, qui dura pas moins de trois quarts d'heure.

André Patsalidès continue jusqu'à ce jour à témoigner de l'intérêt pour Soufanieh et il incite les milieux scientifiques à s'en occuper.

- Comment pourrais-je passer sous silence cet apport précieux entre tous, vis-à-vis des intellectuels arabes, que fut l'acceptation par Antoine Makdisi d'écrire une introduction à la publication de mes mémoires sur Soufanieh ? Introduction qui devait devenir une longue méditation qui ne manquera pas d'arracher certains intellectuels à leur ignorance ou méconnaissance ou indifférence à l'égard de Soufanieh. En effet, Antoine Makdisi jouit d'un poids et d'un crédit rarement accordés à un intellectuel arabe. Or, Antoine Makdisi s'est décidé à écrire ce texte à la suite de l'extase et du message du 14 août 1987, dont il a été un témoin direct.

- Quant à ma rencontre avec Sa Sainteté le patriarche syriaque-orthodoxe, le 12 août 1987, pouvait-elle être l'effet d'un simple "hasard' ?

Béni soit donc ce "hasard" qui a amené Sa Sainteté à prendre personnellement connaissance, d'une façon régulière, avec humilité et réalisme, de toutes les phases de ce Phénomène, jusqu'à y voir une intervention divine qui mérite d'être méditée et dont il faut bien écouter les appels pressants à la pénitence, à la prière, à la foi agissante et à l'Unité chrétienne !

Béni soit ce "hasard" qui fit apparaître l'huile sur les mains de Myrna et sur une reproduction de Notre-Dame de Soufanieh, dans le bureau du vicaire du patriarche lui-même, Mgr Isaac Saka, le dimanche 25 septembre 1988 !

Et bénie soit mille fois "cette Main mystérieuse" qui porta Sa Sainteté à déclarer devant la caméra d'un magnétoscope, avec toute la clarté requise, le lundi 28 mai 1990, que «Soufanieh est un miracle dont les fruits sont bons, fructueux, spirituels et sublimes».

- Reconnaissons aussi que la présence du P. René Laurentin, les 25-27 novembre 1987, à Damas, et ses multiples prises de position sur Soufanieh, ont eu une grande portée quant à la crédibilité théologique du Phénomène. Nous en voyons jusqu'à ce jour les effets dans tout ce qu'il a écrit et continue d'écrire, ainsi que dans les questions posées par tel théologien ou tel responsable ecclésiastique.

13. Quant à l'année 1988, elle a été pour Soufanieh le point de départ de l'évangélisation demandée par le Seigneur, dans la direction la plus risquée : les États-Unis.

Et Myrna, la frôle Myrna, en est revenue forte d'une Présence divine, sans laquelle des géants se seraient effondrés.

Or, tout au long de ce voyage d'évangélisation et de celui qui l'a suivi en 1989, Myrna a laissé, par son humilité et son effacement aussi bien chez "les grands" que chez "les petits", une impression qui a dépassé de loin l'étonnement et la curiosité que le suintement d'huile avait provoquées même chez des magiciens restés abasourdis.

En cette meme année, est venu à Damas, en provenance des États-Unis toujours, un journaliste qui ignorait tout de Soufanieh. Le Phénomène a envahi et sa pensée et son cœur ! Un an après, il nous a envoyé le manuscrit d'un livre qui devrait un jour, s'il est bien élagué et remanié, ouvrir à son tour une brèche dans un large public plongé dans le dollar et la volonté de puissance.

L'année 1988 a achevé aussi la consécration, à Soufanieh, si l'on me permet cette expression, de deux noms qui ont joué un grand rôle pour le faire connaître et aimer.

Il y a d'abord le grand chanteur libanais Wadih Assafi. En effet, celui-ci, à partir du jour où il a "rencontré" la Vierge de Soufanieh, a frayé une nouvelle voie à la musique religieuse et au chant religieux arabes. Cette musique et ce chant typiquement arabes ont été révélés au grand public lors du récital qu'il a donné avec Choeur-Joie, à l'église Notre-Dame de Damas, le 4 décembre 1988. Ils ont par la suite connu une vaste audience grâce à la télévision syrienne et aux différentes radios de la région, ainsi qu'aux innombrables enregistrements sur cassettes ou sur vidéocassettes.

Il y a ensuite le jeune Maged Ghorayeb, Libanais né à Damas. En effet, Maged, depuis sa rencontre avec la Vierge de Soufanieh et le retournement spirituel radical qui s'est opéré en lui, ne sait plus quoi inventer pour remercier la Sainte Vierge et la faire connaître et aimer. Il a commencé par faire imprimer des centaines de milliers d'images de tous formats - depuis les petites images autocollantes jusqu'aux icônes d'un mètre de haut, collées sur bois. Il a ensuite fait réimprimer à Beyrouth le livre de Christian Ravaz. Puis, il a acheté des centaines d'exemplaires du livre en arabe, de la journaliste libanaise May Daher. Il a aussi fait imprimer les messages des apparitions et des extases, sous forme de livrets, à des dizaines de milliers d'exemplaires. Enfin - en attendant d'autres initiatives dont il a seul le secret -, il a tenu à imprimer en arabe, en un seul volume, mes mémoires sur Soufanieh et la longue méditation d'Antoine Makdisi.

Est-il besoin de dire que tout cela se distribue gratuitement ? Images, livrets et livres sont munis d'une phrase ou d'un encadré qui, tout en en signalant la gratuité, coupe la route à toute velléité d'exploitation commerciale.

Serait-il indiscret d'ajouter qu'en dépit de toutes ces initiatives, Maged se sent toujours "endetté" à l'égard de la Sainte Vierge ?

14. L'année 1989 a été pour Soufanieh une année d'expansion et d'approfondissement.

L'expansion s'est fait dans deux directions principalement :

- L'Allemagne, grâce au P. Adel Khoury, théologien d'origine libanaise, réélu pour la deuxième fois Doyen de la Faculté de Théologie de Münster.

- Le Canada, grâce au reporter de la télévision canadienne, André Rostworowsky.

L'approfondissement s'est fait au niveau spirituel. JI a été assuré ici ou là par des prêtres qui ont gris à cœur de vivre et de faire vivre les messages de Soufanieh, en Église. Il a été concrétisé aussi par des pèlerinages strictement spirituels, comme ceux venus de France, le premier durant la Semaine sainte 1990, guidé par Guy Fourmann, le deuxième durant le mois de mai 1990, conduit par Pellegrino Pedrocchi.

15. L'année 1990, qu'a-t-elle apporté à Soufanieh ? Beaucoup. Particulièrement par rapport aux responsables ecclésiastiques.

- D'abord, il y a eu une invitation de la part de l'Église copte-catholique d'Égypte. Elle a été adressée à Myrna et à Nicolas, par le P. Maurice Yanni en premier, puis par Mgr Youhanna Kolta. Il est vrai que "l'ambiance générale" n'a permis à Myrna de ne participer qu'à deux prières communes dans des églises. Cela a limité sa liberté de mouvement. Mais il est vrai aussi que son séjour prévu pour une semaine s'est prolongé à trois semaines. Et il s'est passé en de multiples rencontres avec les autorités ecclésiastiques et avec les prêtres en premier lieu, contrairement à ce qui avait été prévu. Les signes n'ont pas manqué, surtout le suintement d'huile des mains de Myrna et d'images de la Vierge Marie, provoquant toujours la prière.

- Il y a eu une autre invitation, cette fois de Belgique, adressée par le P. Francisco Van der Voort. La visite a eu lieu du 9 août au 2 septembre 1990. Le P. Boulos Fadel accompagnait Myrna et Nicolas. L'huile est réapparue aussi bien sur les reproductions de Notre-Dame de Soufanieh que sur les mains de Myrna. Le point culminant du voyage a été l'extase que Myrna a eue le soir du 15 août, à la fin de la divine Liturgie, extase suivie d'un message de la Sainte Vierge invitant tous ses enfants à «prier pour la Paix, surtout en Orient, car, disait-Elle, vous êtes tous frères dans le Christ». Myrna a également poussé une pointe en Hollande.

Cette double visite a laissé, semble-t-il, aussi bien en Belgique qu'en Hollande, et même en France, un vaste écho et le désir de visites ultérieures.

- Il faut signaler l'attitude du P. Ibrahim Salamé, curé grec-catholique à Rosario en Argentine. Lorsque je l'ai rencontré dans son village natal, à Marmarita, durant l'été 1990, il a fait preuve d'un enthousiasme pour Soufanieh qui contrastait singulièrement avec son tempérament plutôt froid. Il a demandé beaucoup d'images et a insisté pour avoir également les vidéocassettes relatant l'ensemble du Phénomène. Et déjà à Marmarita, il pensait aux différents groupements qu'il voulait toucher dès son retour à Rosario. Pourtant, il ne m'a pas caché qu'il avait été, pendant de longues années, parfaitement indifférent à Soufanieh.

- Dois-je passer sous silence le nouvel évêque grec-catholique du Brésil, Mgr Boutros Mouallem ? Il avait beaucoup entendu parler de Soufanieh. Mais, étant supérieur général de la Société des Pères paulistes au Liban, il prenait soin de toujours marquer une distance entre lui et le Phénomène. Et un jour, il a un peu vécu ce Phénomène, lors du séjour de Myrna au Liban, du 17 juillet au 2 août 1987. Lorsque je l'ai rencontré à Marmarita, au cours de l'été 1990, juste avant son départ pour son nouveau "diocèse", j'ai appris qu'il emportait une quantité impressionnante d'images de Notre-Dame de Soufanieh, outre une conviction profonde en l'authenticité du Phénomène. Il ne faisait aucun doute pour qui le connaissait qu'il ne pourrait que répandre cette conviction, lorsqu'il aurait à répondre aux questions qui ne manqueraient pas de lui être posées.

- Enfin - ce qui n'est pas la fin - reconnaissons au P. Adel Khoury un rôle de premier plan pour l'Allemagne. Réélu doyen de la Faculté de Théologie de Munster, il est revenu en Syrie, l'été 1990, pour un séjour de deux semaines. Son crédit et sa fonction lui ont permis de faire connaître et apprécier Soufanieh à un vaste public allant des lecteurs des bulletins diocésains aux étudiants en théologie, ainsi qu'aux dignitaires ecclésiastiques, en passant par des prêtres et des évêques.

Son projet de Séminaire autour de Soufanieh, pour septembre 199 1, à Munster même, ne peut que raviver la flamme de Soufanieh, en Allemagne et ailleurs...

Tout cela reste de l'ordre du connu, du visible...

Mais ce qui vient ? Cela reste dans "la Main tendre" du Seigneur et ne relève que de sa Science !

16. Un dernier point à signaler, qui aurait dû être le premier : les foyers de prière qui se sont créés ici ou là, autour de Soufanieh ou à cause d'Elle, à Damas d'abord, puis un peu partout en Syrie, surtout à Alep, et de là à travers le monde. Sans prière, tout perdrait son sens et son prix. Tous les messages de Soufanieh le soulignent, particulièrement celui que la Sainte Vierge a dicté à Myrna le 18 août 1989 aux États-Unis :

«Dis à mes enfants qu'ils multiplient la prière, car ils ont besoin de prière pour plaire au Père. »

Bien sûr, tous ces foyers, de taille humaine, restent très humbles et très limités. Mais qui prétendrait les mesurer sous l'angle de l'Esprit et de la Foi ? Car de nombreux foyers de prière se sont allumés au contact de "la Bénie entre les femmes", que nous avons qualifiée spontanément à Soufanieh de "Source de l'huile sainte". Ces foyers s'associent à la prière de Soufanieh, quelquefois à l'heure exacte, à travers un réseau immense qui part de Damas pour s'étendre sur le Proche-Orient et envelopper ensuite certains pays d'Afrique et de nombreux pays en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, et pour finir en Australie. Les lettres que nous recevons viennent d'un peu partout, et nous font toucher du doigt que beaucoup ont recours à Notre-Dame de Soufanieh comme à une nouvelle manifestation de la Tendresse infinie de Dieu, dans un monde devenu si dur pour lui-même qu'il en menacerait sa propre existence, s'il ne revenait pas à Dieu.

N'est-ce pas cela que signifiait la Sainte Vierge quand elle a prononcé la première phrase de ses nombreux messages ?

«Mes enfants, souvenez-vous de Dieu, car Dieu est avec nous. »

Pour qui veut lire, même d'un œil volontairement aveugle, les lignes de ce réseau de prière, d'amitié, de convivialité aimante parmi les hommes, en présence de Dieu et sous le regard de Marie, il apparaît évident, mais d'une évidence qui ne laisse place à aucun doute, qu'une Main mystérieuse, puissante, tendre et protectrice nous conduit tous sans exception, vers ce qui constitue notre Salut, ce Salut dont nous voyons la nécessité, mais sans pouvoir l'atteindre.

Puissent ces paroles, si démunies et si sèches, qui composent mon témoignage, communiquer à beaucoup ma joie dans le Seigneur et mon immense action de grâce.

Puisse la "Source de l'huile sainte" continuer à jaillir pour répandre sur toute la terre la lumière de la Foi, la sainteté de l'Amour et la joie de la Paix !