136

Septembre 1990

Dimanche 2 septembre

Récollection avec les responsables du mouvement "Apostolat des enfants", et avec leurs parents, chez les Sœurs de la Charité à Zébédani, à 50 kms à l'ouest de Damas.

Avant la sainte Liturgie, je leur fais une petite causerie sur la présence chrétienne en Orient en général, et en Syrie en particulier. Je mets en relief le fait que le Seigneur a anciennement et actuellement gratifié Damas de grandes grâces, dont la première fut la conversion de Saül qui devait devenir, sous le nom de Paul, le plus grand des apôtres du Christ. La dernière grâce est Soufanieh. Les responsables ont prévu une heure pour cette causerie. En fait, elle se prolonge durant deux heures. Soufanieh a la part du lion à cause des nombreuses questions qui sont posées. La supérieure, Mère Monique, ne me cache pas sa joie.

L'après-midi, je vais chez mon ami le docteur Riad Maatouk, dont la villa se trouve en haut de la montagne qui surplombe Zébédani, près d'un célèbre centre de villégiature appelé Bloudane. Je passe chez lui près d'une heure. Sa femme Elza aborde spontanément Soufanieh, en M'interrogeant particulièrement sur les événements de la Semaine sainte 1990. Je leur raconte aussi l'extase que Myrna a eue au pied de l'autel dans une église de Belgique, devant la foule des fidèles, le soir du 15 août dernier.

Le soir, à 23 heures, à Soufanieh, je rencontre Myrna, Nicolas et le P. Boulos Fadel, rentrés la nuit même de Belgique. Ils me racontent brièvement ce qui s'est passé en là-bas. Les photos rapportées de leur voyage sont splendides. Mais les plus belles sont celles montrant Myrna étendue en extase au pied de l'autel de l'église de Brasschaat, et près d'elle, le P. Franz Van der Voort, le P. Boulos Fadel et deux hommes, que Nicolas me présente comme étant des médecins. Je me promets de lire bientôt le journal, tant du P. Fadel que de Myrna. En regardant l'album des photos, mon attention est également attirée par le fait que le pavillon où étaient logés Myrna, Nicolas et le P. Fadel porte le nom de la grande mystique française Marthe Robin. D'aucuns me diront : «Pur hasard ! » Personnellement, je pense c'est la même «Main cachée et tendre» ! J'imagine Marthe Robin transportée de bonheur en voyant du Ciel ce qui arrive à sa petite sœur, Myrna l'Arabe.

Lundi 3 septembre

Très tôt le matin, je rejoins le camp d'été des responsables de l"'Apostolat des enfants" à Marmarita. Ils sont près de cinquante garçons et filles, âgés de 20 à 30 ans. Comme d'habitude, j'emporte une grande quantité d'images de Notre-Dame de Soufanieh, les livrets des messages et des exemplaires du livre de Christian Ravaz.

Samedi 8 septembre

Jour de la Fête de la Nativité de la Sainte Vierge. Je me demande si quelque chose s'est produit à Soufanieh !

A la demande de la Sœur et des responsables, je commence, à 10 heures 30, ma causerie sur Soufanieh. Je ne m'arrêterai qu'à 15 heures 15 ! Les jeunes ne me laisseront me reposer que durant le petit quart d'heure prévu à 12 heures 15. Finalement, Sœur Nada m'arrache littéralement d'auprès des jeunes, tandis qu'ils me poursuivent inlassablement de leurs questions. Ils ont dévoré les faits et les messages comme des personnes victimes d'une longue famine. «Connaissez la vérité et la Vérité vous libéreront. » Notre jeunesse reste solide. Des questions fort nombreuses sont posées. Je n'en citerai qu'une : Quelle est l'éventualité d'un arrêt du Phénomène de Soufanieh ?

Je réponds en précisant les points suivants :

- Soufanieh, en tant qu'événement ou Phénomène, aura certainement son terme, un jour ou l'autre.

- Cependant, certains messages laissent supposer des événements à longue échéance. Je leur cite certaines phrases dont le verbe a la forme du futur, tandis que le sujet se trouve être ou Jésus ou la Sainte Vierge. En voici des exemples :

«En toi, J'éduquerai ma génération»

«Vous, vous apprendrez aux générations le mot d unité, d amour et de foi. »

«Fondez une Église, Je n'ai pas dit : bâtissez une église. »

«Va et annonce dans le monde entier et dis sans crainte qu'on travaille pour 1'unité. »

«Ma paix dans ton cœur sera une bénédiction pour toi et pour tous ceux qui ont collaboré avec toi. »

«Je veux que tu accomplisses ta mission, car tu ne pourras entrer au ciel que si tu as mené à bien ta mission sur la terre. »

«Jésus dit à Pierre : tu es la Pierre, et sur elle je bâtirai mon Église. Et moi, je dis maintenant : vous êtes le cœur dans lequel Jésus bâtira son Unicité. »

Toutes ces phrases expriment d'une façon évidente des œuvres qui dépendent de l'action de Dieu seul. Ce sont des œuvres dont l'accomplissement prendra un temps que Dieu seul connaît.

La nuit, au cours de la séance de révision de la journée, Sœur Nada reconnaît qu'avant la causerie d'aujourd'hui elle nourrissait des doutes à l'égard de Soufanieh, bien qu'elle ait vu les stigmates sur le corps de Myrna le Jeudi saint, 12 avril 1990. Mais après m'avoir entendu, elle a fini par croire fermement que le Seigneur est à l'œuvre à Soufanieh.

Dimanche 9 septembre

Je célèbre la sainte Liturgie le matin aux responsables de l"'Apostolat des enfants", ainsi qu'aux paroissiens du village. Je souligne dans mon homélie l'importance de la manifestation du Seigneur et de la Sainte Vierge à Soufanieh, dans notre Orient arabe, au cœur des événements actuels et futurs qui secouent toute la région. Je conclus que l'intensité de cette présence divine doit entraîner de notre part une présence dense et courageuse.

Je reviens à midi à Damas. Trois lettres m'attendent : la première provient de l'ancien nonce apostolique à Damas, Mgr Nicolas Rotunno. Il me remercie chaleureusement de lui avoir envoyé des images de Notre-Dame de Soufanieh et des exemplaires du livre de Christian Ravaz. Il m'en demande d'autres, tout en se recommandant à la prière de ses amis de Soufanieh.

La deuxième lettre est de la psychologue Bibiane Bucaille de la Roque, qui m'envoie son rapport corrigé sur le comportement de Myrna, avec une photocopie pour le P. Malouli.

La troisième lettre émane d'un Belge qui n'a pas su que Myrna était en Belgique et qui me demande de l'huile pour son enfant malade. Il a glissé 25 dollars US dans sa lettre, avec la photo de sa famille. Le soir même, je lui écris une lettre contenant des images et un morceau de coton imbibé d'huile miraculeuse. J'y place aussi les 25 dollars. Je confie cette lettre à un ami qui doit partir demain à Paris. Mais je le préviens de la présence des 25 dollars pour lui éviter toute mauvaise surprise.

L'après-midi, je vais à Soufanieh. Myrna me raconte que l'huile a recouvert la surface sous le socle de la statue de la Sainte Vierge. Après la prière, je monte à la terrasse et je vois que l'huile couvre la majeure partie de cette surface. J'apprends que le P. Malouli a été le premier à voir cette huile, la veille du 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge.

Lundi 10 septembre

J'écris une lettre au docteur Antoine Mansour à Los Angeles pour lui réclamer le rapport écrit qu'il nous a promis sur les événements de la Semaine sainte 1990.

J'écris une deuxième lettre à Nabil Choukair, pour lui réclamer aussi l'original des trois vidéocassettes dont j'ai fait le commentaire, et qu'il nous a promises. Je lui demande en outre d'en envoyer trois au P. Ibrahim Salamé à Rosario, en Argentine.

Mardi 11 septembre

Je reçois une lettre du psychanalyste André Patsalidès. Il m'envoie en même temps une copie de la vidéocassette qu'il a présentée lors de la conférence internationale de psychologie, qui s'est tenue à Santa Rosa, en Californie, du 9 au 13 octobre 1988. La vidéocassette porte le titre suivant : Extases, stigmates et apparitions. André conclut sa lettre par cette phrase : «Puisse le Seigneur te donner plus de force, et puisse-t-Il me donner plus de lumière. » La lettre est datée du 13 août 1990.

A propos d'André Patsalidès, je trouve bon de signaler le livre qu'il M'a recommandé : Les phénomènes physiques du mysticisme. Son auteur est un prêtre jésuite, Herbert Thurston. Il l'a publié en anglais en 1951. Le livre a été traduit en français en 1961 et réimprimé en 1986. C'est un livre de grand format, de 508 pages. Cependant, je n'y ai trouvé rien qui ressemble de près ou de loin à Soufanieh. Mais je ne nie pas que ce livre m'a ouvert des horizons.

Mercredi 12 septembre

Ce soir arrive à Damas le P. Adel Khoury, doyen de la Faculté de Théologie de Munster en Allemagne. Il projette de séjourner deux semaines à Damas et à Alep, car il a appris qu'à Alep également des choses extraordinaires se passent. Nous nous dirigeons directement vers Soufanieh, pour y prier et rencontrer Myrna et Nicolas.

Jeudi 13 septembre

Je vais voir le P. Adel Khoury et ensemble nous établissons le programme de son séjour en Syrie. Puis nous discutons à propos de nombreux points concernant Soufanieh, principalement au sujet de l'idée qui lui est venue, lors de son premier séjour en Syrie, d'organiser un colloque international en Allemagne sur Soufanieh. Le projet me paraît raisonnable et tout à fait acceptable.

Je téléphone à la nonciature apostolique pour demander au secrétaire du nonce un rendez-vous immédiat avec le P. Adel Khoury. L'entrevue dure une heure. Pour ma part, je me contente de les écouter exprimer leurs opinions et impressions. J'interviens une seule fois, pour proposer au secrétaire de raconter au P. Adel Khoury sa première rencontre avec Myrna et les questions «insidieuses» qu'il lui a posées. Il accepte en souriant. Il accueille également l'idée d'un colloque international. Il nous assure que Rome s'occupe sérieusement de Soufanieh et en parle des termes positifs. L'une des remarques les plus importantes qu'il fait est que Myrna ne fait preuve d'aucune affectation dans ce qui lui arrive, mais qu'elle le vit le plus naturellement du monde et sans aucune prétention.

Ce soir, le P. Adel Khoury et moi-mêmes rencontrons les P. Malouli et Baladi à Soufanieh. Nous soulevons beaucoup de questions, particulièrement celle du colloque international. Le P. Malouli accueille favorablement cette idée. Nous nous mettons d'accord sur la liste des personnes à inviter. Nous convenons que la date la meilleure serait la deuxième moitié du mois de septembre 199 1.

Ce soir à Soufanieh également, je présente le P. Adel Khoury aux fidèles présents. Il dirige la prière. Puis, je l'invite à dire comment il a vécu, à son retour en Allemagne, ce qu'il a découvert à Soufanieh. Il s'adresse aux fidèles avec un accent humble et simple, mentionnant ses conférences aux étudiants à la Faculté de Théologie, à certains responsables ecclésiastiques allemands, et l'impact de son livret sur ses lecteurs allemands. Il nous rappelle qu'il a toujours l'impression de vivre ce que les premiers apôtres ont vécu après leurs tournées apostoliques.

Je rends visite à Mgr Joseph Tawil, évêque grec-catholique des États-Unis. Je lui raconte la visite de Myrna en Belgique et le message que la Vierge lui a donné. Mgr Tawil accueille toutes ces informations avec une foi profonde. Mais ses commentaires sont toujours plus que rares.

Vendredi 14 septembre

Aujourd'hui, fête de la Croix.

Je rends visite, avec le P. Adel Khoury, à Antoine Makdisi. Durant plus d'une heure la conversation roule spontanément sur Soufanieh. Antoine Makdisi exprime son admiration devant la suite des messages et leur enchaînement. Il y voit une grande œuvre éducative qui touche non seulement Myrna mais des générations futures, à commencer par l'actuelle. Comme d'habitude, Makdisi est pris, le temps d'un éclair, d'une ivresse spirituelle qui se manifeste chez lui par une sorte d'exaltation qui lui transfigure les traits du visage, tandis que ses narines tremblent. Il accueille avec joie l'idée d'un colloque international à Munster, et se déclare prêt à y participer. Il est très heureux du bon accueil fait à Soufanieh en Allemagne par suite du témoignage du P. Adel Khoury.

Nous allons directement chez Sa Sainteté le patriarche Zakka. Comme à l'accoutumée, son accueil est aussi chaleureux que simple. Je lui offre aussitôt un bon paquet d'images de Notre-Dame de Soufanieh. Son visage s'illumine et il s'exclame:

- Loué soit Dieu ! Aujourd'hui même j'ai donné les dernières images qui me restaient et je comptais te téléphoner pour t'en demander.

L'audience dure plus d'une heure. De nombreuses questions sont soulevées. Le P. Adel Khoury raconte l'impact de son témoignage en Allemagne et le projet d'un colloque international. Simplicité, Sincérité, Joie. Dieu soit loué !

Mon ami Nazih Raad m'apprend que l'image de Notre-Dame de Soufanieh qui se trouve chez son fils Bachar à Baden, en Suisse, a suinté de l'huile. Il me prie d'écrire à son fils pour lui dire ce qu'il doit faire. Je lui dis :

- Je lui écrirai pour le féliciter et pour lui démander plus de prière, et toujours plus de prière.

Le soir, le P. Adel Khoury célébra, à l'église Notre-Dame de Damas la divine Liturgie, chantée par Choeur-Joie. Comme je concélèbre avec lui, il me demande de faire l'homélie à sa place. Je le présente donc aux fidèles et leur dis clairement le but de son voyage en Syrie : Notre-Dame de Soufanieh. Je saisis l'occasion pour leur faire connaître le message donné par la Sainte Vierge à Myrna en Belgique, le soir du 15 août dernier, pour les inviter à prier pour la paix. Je relie ce message à la fête de la Croix. Je fais allusion aux croix de notre vie quotidienne, à la Croix bien plus lourde qui pèse sur les peuples arabes, d'abord en Palestine, puis au Liban.

Et voici une nouvelle croix dans le Golfe qui, peut-être, menace le monde entier. Mais la croix est le Portail de la Résurrection. Je presse les fidèles de prier avec insistance et espérance.

De mon côté, je prie en guettant les informations. L'horizon, en Orient et dans le monde s'est assombri. Il se fait de plus en plus menaçant au fil des années, et même au fil des jours. L'Orient peut exploser, pays par pays, d'un moment à l'autre. Je m'attends aux pires éventualités. L'unique lueur d'espérance ne se trouve pas dans la folie furieuse de l'Occident, ni dans les convulsions de l'Orient écrasé, mais plutôt - et en toute humilité - dans la Présence du Seigneur à Soufanieh! Libre aux autres de voir en cela de l'enfantillage, voire de l'irrationnel. Pour moi, je vois que la situation est devenue telle qu'elle nécessite une intervention divine. Parce que le monde entier - et surtout l'Occident - a perdu la raison et son orientation.

Seigneur, que Ta Miséricorde enveloppe notre monde tout entier, et particulièrement notre Orient arabe !