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Août 1990

Mercredi 1er août

Commencement du camp d'été à Marmarita du groupe de jeunes, les "Chevaliers de la Charité". J'y rencontre les prêtres et les religieuses de la Mission, ainsi qu'un certain nombre de laïcs qui se sont trouvés à la sainte messe, dimanche dernier, quand l'huile a coulé des mains de Myrna. Je demande au P. Rizkallah Simaan et à M. Élias Salamé leur témoignage écrit. Quant aux religieuses, elles me parlent de la vaste distribution qu'elles ont faite de l'image de Notre-Dame de Soufanieh, collée sur du bois bien traité. Elles me demandent beaucoup d'images de différents formats et des exemplaires du livre de Christian Ravaz.

La nuit, je me trouve dans ma chambre quand le P. Moufid Jabbour vient me rendre visite. Il est bien tard. Il me raconte longuement son apostolat au Liban, dans le nord de la Bekaa, au village de Jdaidé. De lui-même, il en vient à parler de Soufanieh, de son opposition précédente et de sa récente adhésion. Il m'assure passer aux yeux des habitants de toute la région pour l'apôtre de Soufanieh. Il m'explique comment de multiples faits ont fini par le retourner en faveur de Soufanieh. Je lui demande aussitôt un témoignage écrit.

Jeudi 2 août

Le matin, après la sainte messe, le P. Moufid Jabbour vient me remettre son témoignage écrit. Tout heureux, je veux savoir quand il a fini de le rédiger.

- A une heure du matin ! me répondit-il.

Je rencontre le P. Ibrahim Salamé, arrivé récemment d'Argentine. Longue conversation sur son travail à Rosario. De lui-même, il aborde Soufanieh. Il me décrit l'émotion des gens à la vue des deux vidéocassettes qu'il a réussi à se procurer à Damas, lors de son voyage précédent. Il m'interroge longuement sur plusieurs points concernant ce Phénomène. Il me propose la constitution d'un comité qui se chargerait de faire connaître Soufanieh en Argentine, et dont il serait lui-même le promoteur. Je lui donne alors une idée de ce que les comités de France, du Canada et des États-Unis essaient de faire. Je le félicite pour une telle initiative.

Chose remarquable : le P. Ibrahim m'avoue avoir, lui aussi, pendant de longues années, complètement négligé Soufanieh. Il ne s'en est pas caché devant ses paroissiens de Rosario qui ont cherché à connaître la vérité sur le Phénomène.

Mardi 7 août

Je montre aux PP. Ibrahim Salamé et Rizkallah Simaan, le texte de la déclaration faite par Sa Sainteté le patriarche Zakka, le 28 mai 1990, sur Soufanieh. Cette prise de position les étonne. Je promets au P. Ibrahim Salamé de lui envoyer les trois vidéocassettes montées par Nabil Choukair à Los Angeles. Elles devraient l'aider considérablement à faire connaître Soufanieh. Il commence déjà à penser aux nombreux groupements et associations qui les verront. La tache d'huile S'étend à partir de Damas. Merci, Seigneur !

Mercredi 8 août

Je rencontre, à midi, à la "maison de la Vierge", une famille française de Lille, le docteur Dominique Obin, sa femme et leurs deux jeunes enfants. Nous parlons longuement de Soufanieh, de Myrna et de Nicolas. J'apprends qu'ils ont des liens d'amitié avec l'un ou l'autre des Français venus à Damas la Semaine sainte 1990. Au même moment arrive à Soufanieh le P. Émile Assouad d'Alep. Je le leur présente et ensemble nous organisons le programme de leur séjour en Syrie.

Je touche du doigt encore une fois "cette Main mystérieuse et tendre" qui tisse ce réseau d'amitié et de prière un peu partout à travers le monde. En effet, je n'en finirais pas de relever les obstacles qui rendaient vraisemblablement impossible une telle rencontre entre les Obin, le P. Assouad et moi-même, car en été je vole littéralement de camp en camp, sans pouvoir atterrir à Damas.

Leur appel téléphonique m'a rejoint durant l'unique demi-journée que j'ai passée à Damas, à l'instant même où j'arrivais de mon camp d'été de Kassab.

Jeudi 9 août

Aujourd'hui, le P. Boulos Fadel, Myrna et Nicolas quittent Damas pour la Belgique. Il m'est matériellement impossible de leur dire au revoir, ni de les accompagner à l'aéroport.

Puissent-ils être partout et toujours sous la protection du Seigneur et de la Sainte Vierge !

Le matin, je croise "par hasard", en pleine rue, Mgr Georges Hafoury, évêque syriaque-catholique de Hassaké. Je comptais lui écrire depuis plusieurs jours pour lui demander son avis personnel et écrit sur Soufanieh, en tant qu'évêque. Il me l'a déjà promis depuis bien longtemps. Avec joie, il me renouvelle sa promesse.

Samedi 11 août

Je rencontre aujourd'hui, à Marmarita, l'architecte Hani Achkar, en compagnie de son père, de sa mère et de son fils Chadi. Originaire de Damas, il s'est depuis longtemps installé en Belgique. Il est parmi les premiers étudiants universitaires que j'ai connus il y a plus de vingt-cinq ans, au cours de mon apostolat auprès de la jeunesse. Nous nous rappelons bien des souvenirs. C'est lui qui m'interroge sur Soufanieh. Je suis étonné d'apprendre que le P. Pierre Khoudari, jeune prêtre grec-catholique vivant en Belgique, a publié quelques mois auparavant un article sur Soufanieh dans le bulletin paroissial. Je lui donne un exemplaire du livre de Christian Ravaz. Le soir même, il le lit. Il en est tout ému. Nous nous promettons de nous écrire de temps en temps.

Le P. Raymond Bakar, de passage à Marmarita, m'exprime le désir de faire imprimer mes mémoires sur Soufanieh à l'imprimerie des Pères paulistes, à Harissa, au Liban.

Je rencontre le soir mon ami Boutros Hallak et sa femme Astrid, venus à Marmarita pour y passer quelques jours. Longue conversation. Naturellement, il est question de notre ami commun, Antoine Makdisi. Boutros veut en savoir plus sur le texte que Makdisi a écrit sur Soufanieh. Nous échangeons un peu nos points de vue sur le Phénomène et sur mes mémoires. Je confirme à Boutros que le livre contiendra à coup sûr le texte de Makdisi, en tant que méditation sur l'ensemble du Phénomène, et mes mémoires, en tant que témoignage personnel. Boutros Hallak vit et enseigne à Paris.

Dimanche 12 août

Un groupe d'étudiantes d'Alep, des cycles secondaire et universitaire, venu pour un camp à Marmarita, me demande une causerie sur Soufanieh.

Je leur résume les faits et les messages en une heure et demie. Je les incite à faire pénitence et à prier pour l'Unité de l'Église, ainsi que pour Myrna et Nicolas. J'offre à l'aumônier et à la responsable le livre de Christian Ravaz et celui de mon ami Abid Mousleh, Sur la route de la vie avec Alexis Carrel. Je leur promets les livrets des messages et d'autres exemplaires du livre d'Adib Mousleh.

Samedi 18 août

Le nouvel évêque du Brésil, pour les grecs-catholiques, Mgr Boutros Mouallem, arrive aujourd'hui à Marmarita. Pour moi, c'est un vieil ami. Nous abordons de nombreuses questions avec notre humour habituel. Naturellement, il m'interroge sur Soufanieh.

Il y a, au salon du couvent, les prêtres de la Mission, de Marmarita, et un couple du village voisin, Jadallah Awad et sa femme. Ce couple ignore encore tout du Phénomène. Je le leur reproche. Quelle n'est pas ma joie quand je vois Mgr Mouallem se lever, sortir du salon sans rien dire, pour revenir portant à la main de grandes images de Notre-Dame de Soufanieh, qu'il leur donne.

Je chuchote à l'oreille de l'évêque que «je regrette son élection pour le Brésil» et lui avoue que la raison principale de cette élection est, à mes yeux, qu'il devienne l'apôtre de Notre-Dame de Soufanieh dans ce continent effrayant où l'attend une mission des plus difficiles. Je suis sûr que la Sainte Vierge le soutiendra.

L'une des remarques essentielles faites par Mgr Mouallem, à propos de Soufanieh, est qu'il voit dans sa totale gratuité un argument décisif en faveur de son authenticité.

Jeudi 23 août

Mon neveu Samir Zaher arrive à Marmarita aujourd'hui, avec sa famille. Il m'apporte une lettre du P. Malouli contenant le message que Myrna a reçu lors de l'extase du 15 août qu'elle a eue en Belgique :

«Mes enfants, priez pour la Paix, et surtout en Orient, parce que vous êtes tous frères dans le Christ»

Je remercie le Seigneur d'avoir donné à la Sainte Vierge, comme je m'y attendais le Samedi saint 1990, la mission de nous faire connaître, à travers Myrna, Sa Volonté. Or, voici un message qui nous exhorte à la prière. Seigneur, que vous êtes grand ! Vous tenez bien plus à nous que nous à nous-mêmes. Comme je me réjouis de l'expression «parce que vous êtes tous frères dans le Christ» ! N'est-ce pas ce qu'a dit saint Paul, il y a près de deux mille ans ? Pour moi, le mot "tous", je le comprends dans sa totalité, sans exclure aucun être humain. La Sainte Vierge nous ramène ainsi aux racines du christianisme, tandis que chacun d'entre nous est enlisé dans son "moi" individuel et collectif, dans son "moi" étouffant et étouffé. Seigneur, sauvez-nous de nous-mêmes.

Vendredi 24 août

Je confie au P. Ibrahim Salamé, sur le point de rentrer en Argentine, une lettre et le livre de Christian Ravaz, à mon ami le P. Denis Fitzpatrick d'Irlande. Il a émis, voici deux ans, des réserves à propos de Soufanieh. Par la suite, il m'a écrit pour en savoir plus. J'estime que l'occasion est venue.

Je rentre à Damas, avec les petits de la chorale, qui viennent de terminer leur camp d'été.

Le soir, à Soufanieh, le P. Malouli me remet une lettre du théologien italien Nicolas Bux. Celui-ci me demande de lui faire parvenir régulièrement les informations sur Soufanieh. Il m'annonce aussi avoir publié notre interview dans une revue catholique appelée l'Avvenire.

Tard le soir, je reçois la visite d'un prêtre allemand, le P. Joseph Moser. Il doit, la nuit même, quitter Damas pour Amman. Nous parlons longuement de diverses questions touchant la foi et les vocations. Il ne pose aucune question sur Soufanieh. Il me quitte autour de 22 heures. Une fois dans ma chambre, j'aperçois, dans le volumineux courrier qui m'attendait, une lettre du P. Moser lui-même. Il m'y annonce sa prochaine visite à Damas et son désir de discuter avec moi de nombreuses questions, dont celle de Soufanieh ! Patience ! Ce moment viendra.

Samedi 25 août

J'envoie une lettre à Mgr Georges Hafoury, lui réclamant encore une fois son témoignage sur Soufanieh, qu'il m'avait déjà promis, en tant qu'autorité responsable dans l'Église.

Je consacre toute la matinée à réviser dans ma chambre, pour la dernière fois, mes mémoires sur Soufanieh. Maged les attend avec impatience pour les faire imprimer à Beyrouth. Je les considère comme quasiment prêtes.

Mardi 28 août

J'ai rejoint hier le camp d'été de la section des grands, les "Chevaliers de la Charité", à 250 kms au nord-ouest de Damas, dans le village de Kafroun.

Aujourd'hui, l'une des religieuses du couvent, Soeur Mounira Jabali, me remet une cassette, en me priant de l'écouter. J'ai la surprise d'entendre ma voix. C'est une longue réponse à une suite de questions qu'elle m'a posées le dimanche 18 décembre 1987. J'ai complètement oublié, d'autant plus que je ne l'ai pas noté dans mon journal. Cependant, quand j'entends sa voix et mes réponses, peu à peu mes souvenirs reviennent. Si le P. Malouli et moi-même avions tout noté et écrit, nous nous trouverions devant une montagne de documents et d'informations énorme !

Sœur Mounira me raconte qu'elle m'avait posé ces questions en vue d'une maîtrise de théologie qu'elle avait présentée à son professeur à l'époque, le Père jésuite Tom Stiking à Beyrouth.

Dans leur centre de Kafroun, l'ensemble des religieuses des Saints-Coeurs ont accueilli avec enthousiasme Soufanieh. Je leur ai offert une bonne quantité d'images et des exemplaires du livre de Christian Ravaz.