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Octobre 1989

Vendredi 6 octobre

Choeur-Joie donne le récital de psaumes en l'église latine d'Alep. Dans le mot de présentation, je fais mention de notre rencontre providentielle, à Soufanieh, avec le grand chanteur libanais Wadih Assafi, et le nouveau chemin que nous suivons ensemble depuis lors. Je précise que le chant qui commence par les mots "O Jésus bien-aimé" est la prière même que Jésus a apprise à Myrna le Jeudi de l'Ascension, 31 mai 1984.

Au premier rang de la foule qui remplit cette grande église se trouvent Mgr Néophyte Edelby, évêque grec-catholique d'Alep, et Mgr Loutfi Laham, évêque grec-catholique de Jérusalem.

Dimanche 8 octobre

Choeur-Joie donne le même récital de chants religieux arabes dans l'église latine de Lattakié.

Ici aussi je précise, dans le mot d'introduction, notre rencontre avec Wadih Assafi et notre effort commun de "création" d'une musique et de chants religieux, authentiquement arabes, pour créer, entre autres, un nouveau langage religieux entre chrétiens et musulmans.

A la fin du récital, M. Rachid Élias me félicite en ces termes

- Ce que tu as dit et ce que la chorale a chanté a ancré en nous la certitude de l'incarnation dans le monde arabe.

Lundi 9 octobre

Je reçois deux lettres d'Égypte, l'une de Mgr Jean Kolta, évêque copte-catholique, l'autre du P. Maurice Yanni, prêtre copte-catholique.

Tous deux invitent Myrna et Nicolas, avec insistance, à venir en Égypte. Ils précisent même la date de leur voyage. En outre, Mgr Kolta voudrait que je les accompagne.

Je porte les deux lettres au P. Malouli, et nous en discutons avec Myrna et Nicolas. Le voyage est décidé, mais nous jugeons préférable que je ne les accompagne pas.

Mardi 10 octobre

Le photographe Samir Hanna m'apporte les photos de "la Sainte Face" vue sur la terrasse, sous la statue de la Sainte Vierge. La photo est d'une netteté étonnante. Il m'en fait une dizaine que je porte aussitôt à Soufanieh. Myrna est en train d'endormir le petit Jean-Emmanuel dans sa balançoire. Je lui montre la photo. Elle se réjouit. Puis, je l'interroge sur sa prière.

- Père, je prie à chaque minute. Par exemple, en ce moment, je disais le chapelet tout en berçant le petit.

Jeudi 12 octobre

Je rends visite au patriarche Zakka. Je lui montre la photo de la terrasse, sans rien dire. Il en est stupéfait et appelle son secrétaire, le P. Paul Assouki qui, à son tour, exprime son profond étonnement. Tous deux me demandent des explications, tandis que le patriarche dit : - Il est clair que le visage est celui d'un homme très souffrant.

Le patriarche veut savoir si Mgr Isaac Saka a rédigé son témoignage sur l'huile qui s'est manifestée dans son bureau même, le dimanche 25 septembre 1988. Je le lui confirme.

Lundi 16 et mardi 17 octobre

Je porte au nonce apostolique une lettre au sujet de Soufanieh, à laquelle je joins deux photos de ce qu'il a lui-même appelé "la Sainte Face".

Le soir, je rencontre à Soufanieh un groupe d'étrangers d'au moins 150 personnes, venant d'Argentine, de Belgique, du Brésil, du Canada, des États-Unis, de France, des Pays-Bas, de Suisse. J'apprends qu'ils appartiennent à une association appelée "Invitation à la Vie". C'est une Française, Claudette Maugérard, dont j'ai fait la connaissance à Paris, il y a plus d'un an, qui les y conduit. Ils passent deux heures à Soufanieh. Je leur donne un aperçu des événements et des messages. Ensuite, ils prient et chantent. Leur écoute et leur piété m'éblouissent.

Jeudi 19 octobre

Je rencontre le P. Boutros Mouallem. Il m'interroge sur les derniers événements de Soufanieh. Il veut communiquer ces informations à la télévision libanaise, chaîne L.B.C., pour préparer le septième anniversaire de Soufanieh.

Samedi 21 octobre

Téléphone de mon ami Roger Kahil, du Canada. Il m'annonce l'arrivée à Damas d'André Rostworowsky, de la télévision canadienne, pour le 21 novembre prochain, après une escale à Paris. Joie ! Je lui communique mon adresse à Paris où je dois me rendre demain, pour préparer notre retour commun à Damas.

Le soir, Choeur-Joie présente le récital de chants composés par Wadih Assafi, à l'église cathédrale grecque-catholique, sous le patronage du patriarche Maximos Hakim, et en présence de nombreux évêques, prêtres et étrangers, et d'une nombre considérable de fidèles qui remplissent cette grande église.

Dans le mot d'introduction, je ne fais aucune allusion à Soufanieh. Mais je souligne notre "rencontre providentielle" avec Wadih Assafi.

Lundi 23 octobre

Départ ce matin pour Genève et Paris.

MON VOYAGE EN SUISSE ET EN FRANCE

23 octobre - 22 novembre 1989

Soufanieh n'est pas le but de mon voyage. Mais elle s'avère en être un aspect très important.

A Genève : 23-29 octobre

1. Comme d'habitude, je rencontre de nombreux amis, arabes et suisses. On m'interroge spontanément sur Soufanieh. J'ai emporté une bonne quantité d'images, grandes et petites. Je raconte les principaux faits et distribue des images à qui le désire, tant pour eux-mêmes que pour leur entourage. L'un d'eux, Élias Badine, de Damas, tient à connaître le récit des événements de A à Z, car il jouit d'une profonde influence dans son église. Ce récit le plonge dans l'étonnement. Il me prie de le mettre régulièrement au courant de ce Phénomène.

2. Il y a un autre ami, suisse celui-là, Eugène Egger, qui occupait jusqu'il y a deux ans un poste important au ministère de la Culture et de l'Éducation. Il m'accueille durant deux jours dans son chalet de montagne. Nous consacrons la première soirée à visionner les vidéocassettes de Soufanieh et à en discuter longuement. Sa fille médecin, Dominique, me propose de lui fournir une vidéocassette relatant l'essentiel de ce Phénomène, dans l'espoir de le faire passer à la télévision suisse. De mon côté, je leur suggère avec insistance de visiter la Syrie. Je précise qu'il serait bon qu'ils viennent la Semaine sainte 1990, car nous nous attendons à l'ouverture des stigmates dans le corps de Myrna, tout comme nous nous attendons à ce qu'elle ait une extase accompagnée d'un message. Je leur explique la raison de cette attente dans le fait que les années où Pâques a été fêtée par les catholiques et par les orthodoxes ensemble, immanquablement les stigmates et l'extase se sont produits.

A Paris : 29 octobre - 22 novembre

1. Je ne fais aucune causerie ni conférence. Je m'en tiens aux contacts strictement personnels. Je rencontre plusieurs amis, arabes et français, dans le but de bien asseoir le travail du "Comité de Notre-Dame de Soufanieh".

Nous établissons des conditions claires pour notre travail.

En premier lieu, tout doit nous ramener à l'Évangile et à l'Église. Ce qui se passe à Soufanieh n'est qu'un rappel divin de ce à quoi le Seigneur nous invite et de ce à quoi l'Église ne cesse de nous convier.

Deuxièmement, notre travail véritable doit consister en ces trois points : prier avec l'Église, appeler à son Unité, et répandre les messages de Soufanieh, tout ceci en tenant compte des règles ecclésiastiques en vigueur et en parfaite coordination avec les responsables de l'Église de France.

Troisièmement, éviter absolument, en répandant les messages par voie d'impression, de cassettes audio et vidéo, toute tentation pécuniaire.

Les personnes concernées font preuve d'une totale disponibilité. Nous échangeons la promesse d'une prière réciproque. Quelquefois même, nous prions ensemble.

2. Le premier projet que je leur propose est un pèlerinage à Damas, au cours de la Semaine sainte 1990. En effet, la fête pascale a des chances de nous apporter des signes, auxquels nous avons été habitués toutes les fois que catholiques et orthodoxes fêtent Pâques ensemble. Ce projet est bien accueilli, à tel point que lors de la visite que je fais à Son Excellence l'ambassadeur de Syrie à Paris, M. Jean Hatem, je lui en dis un mot et le prie de faciliter les démarches d'obtention du visa pour le groupe de pèlerins.

3. A Paris, je rencontre évidemment le P. René Laurentin. Il accueille les nouvelles de Soufanieh avec avidité et en fait l'objet d'un article qu'il dicte sur le moment même à sa secrétaire, Sœur Annick. L'article paraîtra peu après dans Chrétiens Magazine. Puis, il célèbre la sainte messe et invite les assistants, à deux reprises, à prier pour Myrna et sa Mission.

4. Je remarque un accueil bien plus favorable que par le passé aux informations sur Soufanieh, de la part des prêtres français, surtout à la Procure des Pères Blancs, rue Friant. Certains d'entre eux passent des heures à m'interroger et à m'écouter. L'un des Pères va jusqu'à me solliciter, à table, à deux reprises, pour en parler à des prêtres africains de passage à Paris. Il fait de même avec un évêque africain du Burkina Faso. Tous sont heureux d'avoir des images de Notre-Dame de Soufanieh.

Quant à l'évêque, il m'interroge sur mon attitude avant que je ne connaisse Soufanieh, et quand je lui avoue ma tendance rationaliste de refus a priori face de tels phénomènes, il sourit et remarque

- C'est exactement ce qui arrive toujours.

5. Je dois mentionner la conférence que fait le docteur Philippe Loron dans l'une des salles de la Sorbonne, le samedi 18 novembre 1989. Il présente les apparitions de la Vierge à Medjugorje, avec un souci scientifique empreint de douceur et de clarté. Par deux fois, il fait allusion à Soufanieh et provoque ainsi la curiosité de son auditoire. C'est pour moi l'occasion, à la fin de sa conférence, de répondre aux nombreuses questions qui me sont posées, sur ce qui se passe à Damas. Damas ! Quelle surprise et quel étonnement, ce simple nom provoque!

6. Je rencontre aussi mon ami, le scolastique jésuite Sami Hallak, et l'interroge sur sa maîtrise de théologie. Il me raconte, entre autres, qu'il vient de se heurter à l'un des détracteurs de Soufanieh, celui-là même qui a prétendu, tout au début du Phénomène, qu'il s'agit d'une "bactérie" qui s'attaque au cadre de l'image et en fait couler une matière que l'on prend à tort pour de l'huile ! Sami m'assure lui avoir reproché d'être, au nom de la raison, si peu rationnel !

7. Le vendredi 10 novembre 1989, je visite en son bureau au Collège de France le professeur Jean Delumeau, dont j'ai lu plusieurs ouvrages. Mon ami André Valenta m'accompagne. Nous avons un échange d'une heure sur la Foi et sur l'histoire de l'Église. Quand André Valenta veut faire allusion à Soufanieh, le professeur Jean Delumeau a cette réponse incisive :

- Je vous en prie, laissons de côté ces histoires ! Nous n'en avons pas besoin pour asseoir notre foi.

Une discussion très calme s'ensuit, qui n'aboutit à rien. De tels phénomènes suscitent ses craintes, en dépit de sa compétence philosophique et historique.

8. En sortant du Collège de France, nous avons la chance de voir le professeur Henri Joyeux, célèbre cancérologue de Montpellier, connu pour l'enquête scientifique qu'il a menée avec le P. Laurentin sur les voyants de Medjugorje. Il est en compagnie de notre ami commun, le docteur Philippe Loron. Il m'interroge avec un intérêt confiant sur Soufanieh. Il me suggère à nouveau d'y inviter son ami, le professeur Charles Mon, en raison de sa renommée mondiale.

9. Toujours à Paris, la veille de mon retour à Damas, je rencontre André Rostworowsky, de la télévision canadienne, et le rassure sur son voyage à Damas, le lendemain même. Grâce à lui, j'ai une rencontre qui aura par la suite une influence non négligeable sur Soufanieh. Il s'agit de Mlle Isabelle Franque, qui travaille à la revue Famille chrétienne. Elle est sur le point de quitter la demeure où se trouve André Rostworowsky, lorsque j'arrive. Elle est conquise par le peu qu'elle entend sur Soufanieh, et me prie de la contacter dès mon prochain retour à Paris. Et, sur sa demande, nous prions tous ensemble.

10. Avant de clore le chapitre de mon séjour à Paris, je signale la conversation téléphonique que j'ai avec mes amis, Jean-Claude Antakly et sa femme Geneviève, d'Espalion. Ils tiennent à m'assurer que le soir du 26-27 novembre, ils comptent réunir un groupe d'amis pour prier en union avec la prière de Soufanieh. Le réseau de l'amitié et de la prière s'étend.

A Nancy : 16 novembre 1989

J'ai déjà présenté le jeune Syrien, Chawki Trabulsi, qui prépare dans cette ville son doctorat en pharmacie. Il m'avait invité à faire une causerie sur Soufanieh, lors de mon précédent voyage. Cette fois-ci, je réponds aussi à son appel, et c'est l'unique conférence que je donne durant tout mon séjour.

En arrivant à Nancy, je suis heureux d'apprendre que j'ai à parler au grand séminaire. Le Père supérieur, Gérard Midon, nous invite à prendre le dîner avec les Pères et les séminaristes. Ensuite, il me présente aux séminaristes en tant que prêtre arabe de Syrie qui va leur parler d'un phénomène étrange qui se déroule depuis des années à Damas. Il leur laisse entière liberté pour y assister. Je suis surpris d'en voir plus de la moitié se diriger vers la salle de conférence. Pourtant je suis parfaitement au courant de ce qu'on raconte en France sur le compte de la Syrie en particulier, et des arabes en général. Ils sont donc près de 25 séminaristes. Chawki a aussi invité cinq ou six de ses amis. Je présente rapidement le monde arabe, la Syrie, pour aboutir à Soufanieh.

Ayant commencé ma causerie vers 20 heures 45, je m'arrête subitement, vers 23 heures 30, quand je regarde ma montre. On me demande de poursuivre. Je conclus et prie le P. Midon de terminer par une prière. Il en improvise une. Ma joie fut grande de l'entendre finir par une invocation à Notre-Dame de Soufanieh. Donc, la conviction s'est glissée en lui. En outre, dans un ou deux ou trois ans, quelques-uns de ces séminaristes seront ordonnés prêtres. A leur tour, ils transmettront le message.

Avant de les quitter, j'apprends que cinq d'entre eux sont lazaristes, comme le P. Joseph Malouli. Ils me chargent de lui transmettre leur amitié.

Le lendemain matin, très tôt, je rentre à Paris. Peu après, je tiens, avant mon retour à Damas, à écrire au P. Gérard Midon afin de le remercier et de demander sa prière, pour Myrna surtout.

Il ne m'est pas possible, pour rester conforme à la vérité, de ne pas mentionner les nombreuses rencontres que j'ai eus à Paris avec le chanteur Wadih Assafi, qui a passé dix-sept jours à l'Hôpital américain à Paris pour raison de santé. Il avait le souci, en dépit de sa maladie, de me donner de nouvelles compositions musicales - notamment celle qu'il a composée au sujet du message que Jésus a délivré à Myrna le soir du 14 août 1987, veille de l'Assomption. En voici les paroles :

«Ma fille,

C'est Elle Ma Mère, dont Je suis né

Qui L'honore, M'honore

Qui la renie, me renie

Qui lui demande obtient

Parce qu'elle est Ma Mère. »