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Avril 1989

Samedi 7 avril

Je reçois une lettre de Mme Évelyne Lyons, de Paris, datée du 29 mars 1989 :

"J'ai reçu avec une joie immense votre lettre datée du 16 courant. Le message de l'Icône de Soufanieh est certainement une grande consolation et un appel à la foi, au milieu des déchirements que vivent les chrétiens d'Orient et tous les peuples de cette région mouvementée."


MON VOYAGE EN FRANCE, EN ALLEMAGNE
AU CANADA ET AUX ÉTATS-UNIS :

9 avril - 28 juin 1989

Ce voyage est très rempli. Je me contente d'en relever les principaux points en fonction des pays et des villes.

France ; du 9 avril au 7 mai

1. Paris

Comme d'habitude, les rencontres commencent par les amis. Parmi eux des Arabes, dont surtout Wadih Assafi et les anciens de la paroisse universitaire. Parmi les amis français, il y a avant tout le P. René Laurentin et le P. Jean-Claude Darrigaud, reporter à Antenne 2. Au restaurant, ce dernier me présente au rédacteur en chef du journal La Croix et lui parle de Soufanieh. Mais ce dernier n'y fait guère attention, peut-être parce que, dès la première minute, nous nous sommes heurtés de front à cause du conflit israélo-arabe.

Je suis ensuite étonné des nombreuses initiatives prises par des Français pour me rencontrer. L'une des plus importantes est un appel téléphonique d'une femme qui a manifestement hâte de me rencontrer, avec son mari. Ils s'appellent Guy et Mylène Fourmann. Ils ont obtenu mon adresse par une personne de la région de Montpellier : Marie-Anne Bousquet, qui a été à deux reprises à Soufanieh, avec son mari Jacques. Notre rencontre dure deux heures. Nous avons l'impression de nous connaître depuis de longues années.

Cette entrevue est le point de départ d'une série d'autres rencontres qui débutent chez eux et se poursuivent dans les demeures de leurs amis. Ces réunions se prolongent jusqu'à minuit, devant une assemblée assise, pour la plupart, à même le parquet, et buvant littéralement mes paroles, comme paroles du Ciel. J'ai la conviction que la société française était prête à se livrer à tout venant quelque peu sincère. Je m'en ouvre à bon nombre de prêtres qui reconnaissent l'exactitude du diagnostic, car l'homme en France éprouve une soif spirituelle qui ne fait que s'accentuer. Quant à nos réunions, elles se terminent immanquablement par le chapelet et par des chants.

Paris n'a pas le monopole de telles initiatives. Il y en a bien d'autres, en banlieue :

La première me vient de la région de Mours, où se trouve un foyer de Pères Blancs en retraite. Le responsable m'invite à leur parler de Soufanieh. Cela dure deux bonnes heures, au cours desquelles je leur présente le Phénomène dans le cadre de la Syrie. On me pardonnera de citer le mot que me dit le Père responsable à la fin de cette causerie :

- Aujourd'hui, m'a-t-il assuré, tu as réalisé un véritable exploit : il n'est jamais arrivé à ces bons Pères d'écouter avec autant d'attention et d'intérêt une causerie de deux bonnes heures !

La seconde, c'est un ami d'enfance qui la provoque. Il s'agit de Simon Mangalo, qui habite à Colombes et travaille à l'Institut Pasteur. Simon s'entend avec le curé de la paroisse et m'invite à raconter aux paroissiens ce qui se passe à Soufanieh. C'est une bien belle rencontre. Il me plaît de signaler que Simon habite, durant son enfance, à 50 mètres de Soufanieh, et qu'il a été élève du P. Malouli.

Durant toutes ces réunions, les images de Notre-Dame de Soufanieh sont distribuées gratuitement au grand étonnement des gens.

Avant de clore ce paragraphe sur mon séjour à Paris, signalons encore :

La formation d'un groupe qui se chargerait de répandre les messages de Soufanieh et d'inviter à la prière et à l'Unité de l'Église. L'idée a germé lors d'une réunion tenue le samedi 13 mai, à la suite d'une lettre collective que j'avais adressée aux amis, tant arabes que français. Il y a eu ce jour-là une célébration eucharistique, suivie d'un échange fructueux qui voit un noyau d'organisation, appelé "Comité Notre-Dame de Soufanieh".

Au cours d'une de mes nombreuses rencontres avec le P. Laurentin, il me demande un compte rendu, court mais détaillé, sur le voyage de Myrna aux États-Unis en 1988. Je lui promets de le lui envoyer dès mon retour des États-Unis.

Rencontre avec Christian Ravaz. Depuis mon arrivée à Paris, le 9 avril, j'ai en vain essayé de l'avoir au téléphone. Je l'ai enfin deux jours seulement avant mon voyage au Canada, à une heure où je ne m'attendais nullement à le trouver : un vendredi soir, le 19 mai.

Il insiste pour que je contacte, à Montréal, l'un de ses amis, André Rostworowsky, qui travaille à la télévision canadienne. Par pure politesse, je note le nom et le numéro de téléphone. Je me dis : si, en un mois et demi, je n'ai pu joindre Christian Ravaz au téléphone qu'une seule fois, comment espérer joindre son ami pendant les six jours que je compte passer au Canada ? Ce jour-là, je ne pense pas que ce qui s'est passé est vraiment providentiel.

2. Nantes

Je vais à Nantes le 16 avril. Je suis accueilli chaleureusement par les Sœurs ursulines qui m'ont hébergé avec la chorale en août 1982. Nous commençons par regarder la vidéocassette du récital de Wadih Assafi, après en avoir souligné l'importance par rapport à la musique religieuse arabe en général, et chrétienne en particulier. Je traduis les paroles au fur et à mesure. Les Sœurs ne cachent pas leur admiration. Je leur parle ensuite de Soufanieh, dont elles suivent les manifestations depuis de longues années.

Les Sœurs me donnent aussi l'occasion de rencontrer l'aumônier, les instituteurs et les institutrices de leur collège, au cours du repas de midi.

A Nantes également, j'ai l'occasion de rencontrer les carmélites, qui sont en étroite communion avec les carmélites d'Alep. Les Sœurs écoutent mon récit sur Soufanieh avec un étonnement indicible, durant plus de deux heures, qui auraient bien pu se prolonger encore, n'était l'heure du train qui doit me conduire à Luçon.

3. Luçon

Cette ville est située au sud-ouest de Nantes. Je fais le voyage en compagnie d'Ammar Charastane, jeune chrétien de Damas, étudiant en médecine à Nantes. Nous allons directement au Carmel, très lié avec le Carmel d'Alep. Nous avons tout juste le temps de voir la Mère prieure.

Puis nous faisons la connaissance du P. Abel Morteau, curé et aumônier des Sœurs carmélites. Bien qu'âgé, il nous conduit, dans sa 2 CV, à la gare, et c'est en route qu'il a connaissance de Soufanieh. Je lui promets le livre de Christian Ravaz et nous nous engageons à prier l'un pour l'autre.

4. Angers

J'y vais seul, pour revoir un vieil ami, le P. Pierre Poupart. Il a été le premier prêtre français auquel je me suis confié à propos de Soufanieh, en 1984. Depuis, il suit de très près le Phénomène.

5. Espalion

C'est un village situé à plus de 700 kms au sud de Paris. J'y passe une semaine chez mes amis Antakly. Je m'y suis fait de nombreux amis lors d'un précédent séjour. Soufanieh leur est bien connu. Et j'ai gardé des liens profonds avec quelques-uns d'entre eux.

Il y a aussi les Sœurs de Bonneval, dont le couvent est situé à près de 12 kms d'Espalion. Je leur ai parlé de Soufanieh en 1987. Cette fois-ci, la Mère prieure m'accorde une heure pour une causerie sur Soufanieh, "à condition qu'il y ait du nouveau". Je leur présente ce "nouveau" et leur demande, comme je le fais d'habitude, de prier pour Myrna et sa famille.

6. Nancy

Dans cette ville, située à 400 kms à l'est de Paris, un jeune Syrien de Homs, Chawki Trabulsi, y fait son doctorat en pharmacie. Enthousiasmé par Soufanieh, il m'a invité à y donner une causerie. Je n'ai pas hésité. A mon arrivée, je le vois gêné, parce que le curé de la paroisse, qui avait accepté de nous prêter une des salles de l'école, a laissé entendre que ses engagements ne lui permettaient pas d'être des nôtres. Je félicite Chawki et le rassure, lui disant que je suis prêt à parler de Soufanieh, même devant un auditoire dont le nombre ne dépasserait pas les doigts d'une seule main.

Ensemble, nous rendons visite au curé et nous le remercions de mettre la salle à notre disposition. Il s'excuse encore une fois pour son absence. Il n'a pas à s'excuser, car je sais d'avance que la mentalité occidentale est d'ordinaire fort réservée pour tout ce qui touche de loin ou de près au miracle.

Je fais ma causerie devant près de cinquante personnes, durant deux heures et demie. Ensuite, sur l'invitation de Chawki, nous prenons le repas chez lui avec un groupe d'amis, dont le prêtre orthodoxe, le P. Luc Duloisy, et le diacre Jacques Lequeue. La soirée se prolonge jusqu'à 2 heures 30 du matin, toujours autour de Soufanieh. La maison de Chawki, que je visite pour la première fois, semble être une petite chapelle.

Allemagne : du 5 au 13 mai

A Schlangen, où je suis l'hôte de mon ami le docteur Riad Hanna et de sa famille, je vois bien d'autres amis, dont, surtout, le docteur Michel Sayegh et sa famille. Nous passons en revue les vidéocassettes de Soufanieh et nous prions.

Je rencontre aussi les Sœurs salvadoriennes du Liban, et célèbre la divine Liturgie dans la chapelle de leur couvent Saint-Nicolas, les entretenant ensuite de Soufanieh.

Cependant, le fait le plus important qui a lieu en Allemagne, est ma visite à mon ami le P. Adel Khoury, ancien doyen de la Faculté de Théologie de Munster. Nous parlons une bonne partie de la nuit, toujours à propos de Soufanieh.

Deux questions dominent notre échange : la première, la traduction de mes mémoires en allemand, dont il a déjà terminé une bonne partie. Nous nous entendons sur les pages et les paragraphes à supprimer dans l'état actuel des choses. La deuxième concerne son prochain voyage à Damas, pour le septième anniversaire du Phénomène.

Le P. Adel me confirme définitivement son voyage, qui aura lieu entre le 25 et le 30 novembre 1989.

Canada : du 21 au 27 mai

Bien avant mon arrivée au Canada, mon ami Roger Kahil a prévenu bon nombre d'amis, arabes et étrangers. Il me reçoit chez lui, comme d'habitude. Or, dès le premier soir, sa maison se transforme en une sorte de salon, où je reçois, entre autres, jusqu'à une heure tardive, mon ami d'enfance, Georges Homsy, et sa femme Rosette. La conversation nous mène par mille et un chemins, pour finir à Soufanieh, qui étonne les gens par sa continuité. Georges et Rosette emportent une grande image de Notre-Dame de Soufanieh.

Nous faisons plusieurs rencontres entre Montréal et Ottawa. Pas un seul laïc ne s'oppose plus au Phénomène, même ceux-là qui, pendant longtemps, s'étaient armés de multiples objections. Certains se rallient peut-être à Soufanieh pour me faire plaisir. Mais toute complaisance a des limites identifiables. Il n'est pas rare de clore ces réunions par la récitation du chapelet.

Vous en souvenez-vous, mes amis anciens et nouveaux : Fouad et Colette, Élie et Victoria, Henri et Antoinette, Riad et Nouhad, Gaby et Widad, Élie et Marie-Rose, Abdallah et Lorette, Samira et Nouha, Georges et Marinelle, Akram et Roula, Houda et May, Marie et Laila, Maya et Danielle, Tony et Marie-Noëlle, Adnan et Samira, Afaf, Christa et Laila, Marie et Issam, Louis et Ghassan, vous tous, vous en souvenez-vous?

L'accueil que me fait le consul de France au Canada, Jean-Pierre Gourdon, est des plus émouvants. Je le vois d'abord à Montréal. Il me regarde en répétant :

- C'est incroyable! Vous ici? C'est incroyable! Quelles sont les nouvelles de Myrna? Et le P. Malouli?

Il est entièrement disposé à faire partie du comité projeté "NotreDame de Soufanieh", à en imprimer les messages sous forme de petites plaquettes.

Je le revois à Ottawa, chez mon ami Salim Khalil, qui se montre également disposé à travailler au sein du même comité.

Jean-Pierre doit sans doute se souvenir de mon insistance pour qu'il vienne à Damas, pour la Semaine sainte 1990. Et de fait, il viendra à Damas durant la Semaine sainte 1990, avec son frère François et sa femme.

J'ai aussi une rencontre significative avec un prêtre libanais, professeur d'Écriture Sainte, à l'Université de Kaslik au Liban, le P. Louis Khalifé. Je ne le connais que pour l'avoir vu sur une vidéocassette réalisée au Liban par le P. Joseph Mowannès, durant l'été 1987.

Je vais donc voir le P. Khalifé à l'archevêché maronite de Montréal. A peine lui ai-je dit mon nom tout en lui serrant la main, qu'il m'interroge avec empressement :

- Et Myrna, quelles nouvelles as-tu ?

Très ému, il me raconte l'impression qu'elle lui a faite : sa simplicité, son humilité, la beauté du message dont elle est chargée.

Avant de quitter le Canada, je fais encore deux autres rencontres :

La première a lieu avec un responsable ecclésiastique auquel je suis lié par une vieille amitié. Lors de mes deux précédentes visites au Canada, il s'était abstenu de me poser la moindre question sur Soufanieh. Cette fois-ci, j'aborde la question indirectement : je lui apporte un livre de Paris qui traite d'un sujet que je sais lui tenir à cœur et qui a fait du bruit lors de sa parution. J'ai glissé dans le livre une image de Notre-Dame de Soufanieh, format carte postale. Je lui offre le livre. Il l'ouvre et tombe, bien sûr, sur l'image. Il le referme aussitôt, en me remerciant. Mais il ne fait aucune allusion à Soufanieh.

La seconde est, à tous points de vue, providentielle. Certains détails ne sont pas inutiles. Je suis invité à dîner, avec Roger Kahil, chez Robert Halaby, le lundi 22 mai. Durant le repas, Robert me prend à part et veut me remettre une enveloppe fermée. Je refuse catégoriquement. Mais il insiste en disant :

- C'est un dépôt que je suis chargé de te remettre.

En refusant une nouvelle fois, je dis à Robert que je n'ai jamais accepté de l'argent au cours de mes voyages, et que, sur ce point je ne céderai pas. Robert me précise alors qu'il s'agit du testament de sa mère, qui m'avait attendu impatiemment et qui est décédée peu de jours auparavant. En effet, lors de précédents voyages, sa mère m'avait accueilli comme l'un de ses enfants, et l'on avait bien des fois récité le chapelet chez elle avec les amis. Quand j'entends parler de testament, j'hésite un moment, puis je prends l'enveloppe sans l'ouvrir. Sur le chemin du retour, j'en parle à Roger

- Je le savais, me dit-il, il ne faut pas s'en étonner.

A la maison, nous ouvrons l'enveloppe : elle contient mille dollars canadiens. Je les confie aussitôt à Roger.

Le mercredi soir, je téléphone, avec quelque hésitation, à l'ami de Christian Ravaz, André Rostworowsky. Il me fixe un rendez-vous pour le lendemain, chez lui.

Au cours de cette visite, j'apprends qu'il fait partie d'un groupe qui S'est donné le nom de "Rassemblement à Son Image", dont le but est de préparer et de diffuser gratuitement, à la télévision canadienne, des programmes religieux hebdomadaires.

J'apprends également qu'il avait été à Medjugorje en Yougoslavie, et à Kibého, au Rwanda, où il a préparé des films qui ont été projetés à la télévision canadienne, puis un peu partout dans le monde. Je lui demande s'il aimerait visiter la Syrie, lors du cinquième anniversaire de Soufanieh. Il ne me cache pas son désir, mais il me déclare franchement qu'il ne peut pas l'envisager. Comme j'insiste pour en connaître la raison, il me répond avec la franchise habituelle aux Occidentaux :

- Je ne peux pas me payer le voyage.

Je lui demande : - Quel en est le montant ? -Mille dollars, dit-il.

Je lui réponds aussitôt : - Votre billet est prêt, vous le demanderez à Roger.

Roger, bien sûr, est là. Et il en sera ainsi.

Voilà comment "une Main invisible" tisse les fils de la foi, de l'amour et de l'unité, à travers le monde !

États-Unis : Du 27 mai au 18 Juin

1.  New Jersey (du 27 au 30 mai et du 14 Juin au 18 Juin)

New Jersey, ou habitent mon ami le docteur Roland Ghanem et sa femme Micheline, est me voie d’entrée et de sortie des États-Unis. Leur maison est vraiment un vaste centre de communication dont l’axe est Notre-Dame de Soufanieh. Que d’amis arabes dans cette ville ! Leur désir d’information sur Soufanieh est manifestement et profondément pénétré par la nostalgie du pays et des parents restés là-bas. Encore une fois, il me faut reconnaître que l’empressement des laïcs à s’informer de Soufanieh dépasse de loin l’accueil qui lui réservent les prêtres.

2. Detroit (du 31 mai au 4 juin)

Dans cette ville, je suis l'hôte de mon oncle maternel, Bechara Couéter, un homme de quatre-vingt-cinq ans, qui a fait de sa maison un centre d'accueil aussi vaste que son cœur. Tous me réclament des images et du coton imbibé d'huile. Et, fréquemment, nous récitons le chapelet grands et petits ensemble.

A Détroit, il y a aussi un fanatique de Notre-Dame de Soufanieh : le chanteur libanais Tony Hanna. Dès le premier soir, il tient une grande réunion dans sa maison, et il invite Mgr Féghali, responsable de la communauté maronite. Je commence par leur raconter les principaux événements de Soufanieh. A ce propos, l'attitude de Mgr Féghali mérite d'être décrite. Au début de l'entretien, il est assis nonchalamment. Peu à peu, je le vois se redresser, quelque peu tendu. Ensuite, il se met à m'interrompre de temps à autre, en me posant la question suivante :

- Toi-même, Père Élias, tu as vu cela Père ?

A la fin, il tient à peine sur son siège, tendu de tout son être vers moi, les yeux braqués, laissant échapper parfois des gestes spontanés, chargés de tout son étonnement et de toute son admiration. Quel changement entre son attitude présente et celle qu'il a eue il y a trois ans, quand Tony Hanna l'avait invité à une réunion sur Soufanieh ! Ce jour-là, je m'en souviens parfaitement, sa réponse avait été d'une politesse telle que j'avais dit à Tony :

-Il ne viendra pas.

Et de fait, il n'était pas venu.

A Détroit, j'ai une autre rencontre, absolument inattendue.

Je dois prendre l'avion pour Columbus, où m'attendent des amis très chers : les jeunes Naji et Rami Saba. Au moment du décollage, l'avion s'immobilise. Le commandant de bord nous annonce une tempête qu'il faut laisser passer. Nous attendons donc. Et l'attente se prolonge pendant huit heures ! Tous les voyageurs doivent finalement revenir à l'aéroport.

Avant même de descendre de l'avion, j'entame une petite conversation avec mon voisin, un prêtre américain. Apprenant que je suis un prêtre de Syrie, il en est à la fois étonné et heureux. La conversation nous amène à nous raconter un peu notre vie et notre travail de prêtres. J'hésite cependant à lui parler de Soufanieh, puis je me lance...

Il accueille la nouvelle avec la joie et la foi d'un petit enfant ! Son étonnement ne connaît plus de limites quand je lui offre une grande image et une bonne quantité de petites images autocollantes de NotreDame de Soufanieh... le tout gratuitement ! Oui, gratuitement, au pays du dollar ! Im-pos-si-ble! Sa joie éclate quand je lui traduis, avec mon pauvre anglais, certains messages.

En fin de compte, je dois renoncer à mon voyage à Columbus. Nous nous disons au revoir, après avoir noté nos adresses réciproques. Il me remercie chaleureusement en disant :

-Notre rencontre était vraiment providentielle !

Ce Père s'appelle Elmer Hendl et est curé à Rochester.

3. Sacramento (du 4 au 7.6)

J'arrive à Sacramento en passant par l'aéroport de San Francisco. J'y suis accueilli par ma cousine Yvette, femme du docteur André Mounayer. Les parents et les amis sont plus que nombreux dans cette ville. Parmi eux, l'un des plus chers est Édouard Hilal. Les rencontres se suivent de façon ininterrompue, et Soufanieh en occupe presque toujours le cœur.

Je rencontre les deux curés, grec-catholique et grec-orthodoxe, chez ma cousine Laurice, femme de Nammour Nammour. Le curé grec-catholique, James Babcock, est assez au courant de Soufanieh : il a lancé une invitation à Myrna et Nicolas, lors de leur séjour à Los Angeles en 1988. Les circonstances ne s'y étaient pas prêtées alors. Quant au prêtre Ibrahim Bitar, il ne dispose que d'informations brèves et erronées, et pourtant, il connaît la rue de Soufanieh, puisque ses parents y habitent toujours. Le P. Ibrahim est stupéfait quand il entend ce qui se passe à Soufanieh. Et tous deux sont heureux d'emporter une grande image.

Lors de mon séjour à Sacramento, je suis invité à visiter un couvent de prêtres ukrainiens, qui se trouve à trois heures et demie de voiture, dans une région montagneuse d'une beauté féerique. Au sommet d'une montagne boisée, les Pères ukrainiens ont construit leurs habitations en bois. Dans leur sombre petite chapelle, aux murs couverts de belles icônes byzantines, je célèbre la divine Liturgie. Nous ne disposons pas du livre des Épîtres. Je demande alors à mon ami Édouard Hilal de chanter, à la place de l'épître, le premier message que la Sainte Vierge a donné à Myrna, le soir du 18 décembre 1982.

Après la messe, je raconte aux treize Pères, qui composent la communauté, les principaux faits de Soufanieh et leur traduis une partie des messages. Nous prions ensemble et nous nous promettons de prier les uns pour les autres. Ce couvent porte le nom de la Transfiguration, et son supérieur est le P. Boniface.

Avant de quitter San Francisco pour Los Angeles, j'ai la possibilité de rencontrer mon ami, le psychanalyste André Patsalidès, dans sa maison à Berkeley. Je suis accueilli, avec les parents et les amis qui m'accompagnent, par André, Béatrice et une grande Icône de NotreDame de Soufanieh qui trône, seule, sur un mur blanc. André s'enquiert de Myrna. Puis, il me raconte qu'il a fait un exposé sur l'ensemble du Phénomène, lors d'un Congrès international de psychologie, qui s'est tenu à Santa Rosa en Californie, au cours du mois d'octobre 1988.

La communication d'André a duré trois quarts d'heure. Il a exposé les faits en quinze minutes, et projeté ensuite, pendant une demi-heure, quelques passages des vidéocassettes.

Quarante sommités internationales participaient aux travaux du Congrès. Et un millier de personnes suivaient les séances. André m'assure que lors de son intervention, un bon nombre des personnes présentes ont pleuré !

André me demande de bénir sa nouvelle maison, puis, en me serrant chaleureusement il me dit cette phrase inoubliable :

- Tiens bon. Soufanieh, c'est du roc !

4. Los Angeles (du 7 au 14.6)

Je suis accueilli par le docteur Antoine Mansour qui avait invité Myrna l'année précédente. Je tiens à être son hôte. Je passe cette semaine en des rencontres interminables avec les évêques, les prêtres, les médecins et quelques-uns des nombreux laïcs qui ont rencontré et connu Myrna et Nicolas.

Je considère ma rencontre avec Mgr John Chédid, l'évêque maronite de Los Angeles, comme l'une des plus importantes. On m'a mis en garde. Or, l'entrevue est étonnante de vérité et de franchise. On M'avait dit qu'il risquait d'être très avare de son temps, et voilà qu'il m'accorde plus d'une heure. Mgr Chédid me parle surtout de l'impression profonde que Myrna lui a faite. Mgr Chédid reconnaît avoir vu l'huile suinter aussi bien d'images de Notre-Dame de Soufanieh que des mains de Myrna. Cependant, il ne cache pas que le plus important pour lui est l'impression que Myrna lui a laissée par sa douceur et son rayonnement.

A un moment donné, je le prie de me donner, si possible, un rapport écrit et dûment signé. Il me le promet.

Et, de fait, le matin du 13 juin, me parviendra sa lettre datée du 10 juin. Rédigée en anglais, elle est courte et étonnante :

"A qui de droit.

J'ai eu l'occasion, le 10 mai 1988, de rencontrer personnellement Myrna Al-Akhras Nazzour, dont j'avais entendu parler. Ce fut durant la visite qu'elle fit au docteur Antoine Mansour et à sa femme, à Los Angeles, dans l'État de Californie.

Cette rencontre a laissé en moi une impression vivante de Myrna

1. J'ai vu de mes propres yeux comment une image de la Sainte Vierge, qui portait le nom de Notre-Dame de Soufanieh, suinta de l'huile en quantité suffisante pour remplir un petit verre. J'ai aussi touché cette même matière huileuse exsudée des paumes de Myrna, comme si celles-ci transpiraient abondamment.

2. Cette jeune femme, peut-être plus qu'aucune autre chose, m'a laissé une impression aux antipodes de toute supercherie ou truquage. Elle a vécu sa foi catholique d'une façon parfaite. Elle recevait la sainte Communion tous les dimanches à l'église et elle paraissait comme saisie par une vérité au-delà de notre foi chrétienne. Elle était douce, attrayante et rayonnante d innocence. Elle élève le sentiment de celui qui l'écoute à une vie meilleure.

Le cas de Myrna mérite, à mon humble avis, qu'on s'en occupe sérieusement.

L'Évêque John Chédid

Je rencontre également Mgr Healy et le P. De Souza qui desservent l'église du Bon Pasteur à Beverly Hills. Je leur parle en tête-à-tête et j'apprends que Myrna leur a laissé une impression profonde d'humilité et de simplicité. Le P. De Souza a rédigé son témoignage depuis bien longtemps.

Je prie donc Mgr Healy d'écrire le sien à son tour. Il le fait et ce témoignage reflète exactement ce qu'il m'a dit de vive voix.

Je rencontre en outre séparément le P. Boulos Romly, curé de l'église grecque-orthodoxe, et le P. Charles Abboudy, curé de l'église grecque-catholique. Chacun me raconte ce qu'il a vu et vécu durant le séjour de Myrna à Los Angeles. Je ne leur demande pas de témoignage, puisque tout deux me l'ont envoyé depuis longtemps.

Par ailleurs, le P. Abboudy me confirme s'être trouvé chez le docteur Mansour lors de la visite que lui a faite le patriarche Maximos Hakim avec Mgr Tawil, le 2 mai 1988, ce jour où l'huile a coulé de l'image d'abord, puis des mains de Myrna.

Quant au P. Joseph Tarzi, curé des syriaques-orthodoxes à Los Angeles, je le vois pour la première fois chez M. Jabra Tawil. Là, nous célébrons la prière, puis je fais un exposé sur Soufanieh, tandis que le P. Tarzi assure la traduction. Je ne lui demande aucun témoignage, pour la raison très simple qu'il me l'a déjà donné depuis longtemps.

En outre, le docteur Mansour me fait connaître ses deux amis, les docteurs Georges Iskandar et Shamounki. Ils ont été les médecins de Myrna quand elle a mis au monde son deuxième enfant Emmanuel. Ils me font part de leurs observations et impressions. Tous deux me promettent leurs témoignages écrits, mais, à ce jour, je ne dispose que de celui du docteur Georges Iskandar.

Au cours de ce séjour à Los Angeles, je célèbre deux messes. La première, dans une église latine de Glendora, sur l'initiative de mon ami Georges Sarkey. La seconde, dans la maison même du docteur Mansour. Une assistance nombreuse participe à ces deux messes foule principalement composée d'Arabes et de quelques Américains. Je leur rappelle l'appel de la Vierge à la pénitence, au pardon réciproque, à la prière et à l'Unité de l'Église.

En outre, on me demande deux entrevues, l'une avec la "Radio du monde chrétien", en la personne de Mme Jeanine Véraldi, l'autre avec "la TV du Proche-Orient', en la personne de Mme Jeanne d'Arc Fayad. Chacune de ces entrevues dure deux heures.

Enfin, je fais la connaissance d'un Arménien du nom de Vatché Hovsepian, saisi par Soufanieh. Il habite à Glendale, situé à 40 km de Los Angeles. Il tient à me faire visiter sa maison pour m'y montrer le sanctuaire de Notre-Dame de Soufanieh, et pour que je la bénisse.

La veille de mon départ, je lui fais la joie d'aller avec lui pour une visite d'une demi-heure. Le sanctuaire n'est rien moins qu'un chef-d'œuvre, composé de milliers de petits bouts de bois. Et l'icône qui s'y trouve est toujours couverte d'huile, depuis la visite que Myrna leur a faite, bien des mois auparavant.

Vatché, sa femme Rita, leur fille de quatorze ans, Anita, et moi-même, nous agenouillons et prions. Puis, je bénis la maison.

Ensuite, je leur pose la question de savoir ce qui a changé dans leur vie, depuis leur rencontre avec Notre-Dame de Soufanieh. Vatché prie sa femme de répondre.

J'enregistre avec mon magnétophone tout ce qu'ils me disent. Ils parlent un arabe assez approximatif, mais très compréhensible. Voici le mot à mot de ce que me répond entre autres sa femme :

- Père, notre vie a totalement changé. Nous avons pris l'habitude de prier ensemble tous les jours. La joie a repris sa place dans notre maison. On s'est réhabitué à se parler avec douceur et gentillesse, et nous avons retrouvé une paix que nous avions perdue depuis longtemps. Myrna nous manque beaucoup.

Précisons que Vatché est arménien-orthodoxe.

France : du 19 au 28 juin

Cette dernière étape de mon voyage est remplie de nombreuses rencontres, aussi bien personnelles que collectives.

Parmi les rencontres personnelles les plus importantes, il y a, me semble-t-il, celle que j'ai avec le P. Laurentin, le mardi 27 juin. Je lui remets le rapport écrit qu'il m'avait demandé concernant le voyage de Myrna aux États-Unis : son financement, ses buts, ses étapes, ses conséquences. Le P. Laurentin s'en servira pour rédiger un article qu'il publiera par la suite dans Chrétiens Magazine, sous le titre : "Voyage de Myrna aux États-Unis".

Parmi les rencontres collectives, deux surtout méritent d'être mentionnées, l'une dans un foyer français ; l'autre dans un foyer libanais, au cours de laquelle je fais la connaissance personnelle du P. Mansour Labaké, qui témoigne d'un grand intérêt pour Soufanieh.

Enfin, le samedi 24 juin, le "Comité Notre-Dame de Soufanieh" a tenu sa réunion générale. Nous y célébrons la divine Liturgie, puis nous précisons les bases sur lesquelles le Comité doit fonctionner.