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Mars 1989

Mercredi 1er mars

Nouvelle importante : mes amis Rachid et Marie Élias, de Lattakié, font demander de l'huile et des images! «Je vous ai longuement attendus... depuis des années!» J'avais constaté qu'ils avaient rompu les ponts avec moi depuis le mois de mars 1983, à la suite d'une visite que nous avions faite ensemble à Soufanieh. Depuis ce jour, ils avaient rayé mon nom de la liste de leurs amis, alors qu'une amitié profonde et confiante avait régné entre nous. Un jour prochain, je saurai ce qui a provoqué ce changement brutal. Grâce à eux, à présent, de très nombreux fidèles de Lattakié et peut-être d'autres villes de Syrie s'orienteront vers Soufanieh.

Jeudi 2 mars

Téléphone tôt ce matin de Soeur Fiorina, de l'Hôpital Italien. Elle a appris du nonce apostolique que les personnes qui ont vu l'huile l'avant-veille à Soufanieh en ont pleuré et que ces personnes sont de la parenté du nonce.

Samedi 4 mars

Je rends visite à Soeur Fiorina à l'Hôpital Italien. Elle me met au courant de l'attitude du nonce apostolique vis-à-vis de Soufanieh, et de son insistance pour la formation d'une commission d'enquête. "Quelqu'un" lui aurait affirmé que Myrna prend des pilules "oléogènes" qui expliquent la sécrétion d'huile de son corps, et que son mari s'adonne à la magie. Le nonce aurait refusé de telles accusations, tout en concluant à nouveau à la nécessité de la formation d'une commission d'enquête.

Samedi 11 mars

Je rencontre "par hasard" le nonce apostolique à l'Hôpital Italien. Il se trouve en compagnie de parents et de religieuses italiennes. Il me salue et me dit sans préambule :

- Défendez-vous, vous devez vous défendre!

Puis, poursuivant sur la même lancée, il ajoute que "certains" accusent Myrna de prendre des pilules "oléogènes", qui provoquent la sécrétion d'huile, et qu'elle pratique le spiritisme. Ma réponse vient, rapide et dure :

- Jésus lui-même a été accusé, et quand il a ressuscité Lazarre on a décidé de le tuer et de tuer Lazarre avec lui. Quant à celui qui parle de pilules "oléogènes", qui font sécréter de l'huile, celui-là incarne la bêtise même!

Jeudi 16 mars

Je porte à la nonciature apostolique une lettre dans laquelle j'ai consigné l'échange que j'ai eu avec le nonce, samedi dernier. Je sais pertinemment que cette lettre sera acheminée vers Rome. Je tiens à ce qu'elle figure dans le dossier. J'en garde une copie dans le mien.

Dimanche 19 mars

Ce soir, je donne le sacrement de baptême à un bébé, à Soufanieh. Il s'appelle Fadi Nahri, et son père Nabil. La famille entière est sur le point d'émigrer au Canada. La "maison de la Vierge" regorge de monde. Tous participent profondément aux prières.

Tout en prononçant la prière de bénédiction de l'huile, je la trouve bouleversante. Je décide de la "relire", et j'en préviens toute l'assistance, pour leur donner la possibilité de la méditer. Et je me mets à la réciter, quand, tout à coup, les deux mains de Myrna exsudent de l'huile avec une abondance étonnante. Tous s'approchent de Myrna et lui essuient respectueusement les mains, sans que l'huile sèche pour autant.

Il y a parmi les personnes présentes un jeune Français de Toulouse, du nom de Bernard Couraud. Ému, il ne peut se retenir de pleurer. Après le baptême, il me raconte les nombreuses difficultés qu'il a rencontrées pour arriver jusqu'à Damas, dans le seul but de prier à Soufanieh. Je lui dis alors :

- Qui sait? Ce signe d'huile est peut-être un clin d'oeil du Seigneur pour te dire merci.

Je lui demande son témoignage écrit. Il me le promet.

Mardi 21 mars

A 22 heures, téléphone de Myrna. Elle m'annonce que l'huile a couvert ses deux mains, tandis qu'elle priait avec un groupe d'amis, dont le docteur Nawaf Nseir et le jeune Français, Bernard Couraud. Ce dernier a été tellement bouleversé qu'il a saisi les mains de Myrna et s'en est frotté la figure, tout en pleurant. Peu après, Nawaf arrive chez moi et me raconte ce fait en y ajoutant que lui-même a également pleuré comme un enfant.

Mercredi 22 mars

Je rencontre Mgr Eliseo, secrétaire du nonce apostolique. Il me fait part de sa réaction à ma lettre au nonce : «Forte et dure, mais nécessaire"

Vendredi saint 24 mars

L'Hôpital Italien demande du sang du groupe A+, pour une Italienne qui travaille à l'ambassade d'Italie et qui est en danger. C'est Myrna qui me l'apprend par téléphone, en m'interrogeant sur mon groupe sanguin. Je me précipite donc à l'hôpital avec elle, Mgr Eliseo et quelques amis, pour offrir notre sang. Et là, j'apprends que Myrna en est à son troisième jour de jeûne absolu : ni boisson, ni nourriture. Et pourtant elle est toute rayonnante et toujours souriante.

Dimanche de Pâques, 26 mars

Le docteur Raflé Kardous et son épouse viennent me présenter leurs voeux pour la fête de Pâques. Le docteur Raflé me fait part de son étonnement d'apprendre du patriarche Zakka qu'il croit au Phénomène de Soufanieh. Il me reproche de lui avoir caché tout cet événement, car il a appris du patriarche ma position personnelle. Je lui fais comprendre que j'évite toujours d'en parler, tant que l'on ne m'interroge pas. Nous nous mettons d'accord pour une visite ensemble à Soufanieh.

Durant le repas de midi pris dans ma famille, avec ma soeur religieuse, celle-ci s'interroge sur le degré de patience du Seigneur face à toute la résistance qu'on lui oppose à propos de Soufanieh. Que de fois cette question terrible n'a-t-elle pas été soulevée!

Lundi 27 mars

La religieuse responsable des soins intensifs à l'Hôpital Français, me parle du frère aîné de Nicolas, beau-frère de Myrna, Awad, quand celui-ci avait été hospitalisé les jours qui ont précédé sa mort. Elle me dit littéralement :

- Il est mort comme un saint!

Qui connaissait Awad savait que seul le Seigneur est capable d'opérer un tel changement.

Je reçois le numéro 83 de la revue du patriarcat syriaque-orthodoxe, C'est-à-dire celui de mars 1989. On y trouve un long article, sous le titre "Des archives du Patriarcat" (p. 108 à 115).

Il contient des documents relatifs à trois miracles survenus dans des églises syriaques-orthodoxes :

" ...l'écoulement d'huile à l'église de Saint-Jacques de Nisibe à Kamichli (ville du nord-est de la Syrie), au mois d'août 1936; l'apparition du "spectre" (sic) de la Sainte Vierge dans l'église qui portait son nom dans la ville de Dérik-Malkié (au nord-est de la Syrie); et enfin l'écoulement d'huile au sol, dans la chapelle de la Sainte Vierge dans cette même église de Dérik, le 2 juillet 1960."