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Novembre 1988

Jeudi 3 novembre

Je vais voir Mgr Joseph Tawil dans la maison de son frère Dimitri, à Damas. Je lui demande des explications sur la visite qu'il a faite, en compagnie du patriarche Maximos Hakim et du P. Charles Abboudy, au docteur Antoine Mansour, à Los Angeles, en date du 2 mai dernier. Il m'assure que Sa Béatitude a vu l'huile couler de l'image de Notre-Dame de Soufanieh, et, quelques secondes après, des mains de Myrna. Il me certifie aussi que Sa Béatitude a posé au docteur Mansour la question de savoir s'il y a une explication scientifique à cette manifestation d'huile. Mgr Tawil me confirme enfin que le P. Charles Abboudy était avec eux lors de cette visite.

Mardi 8 novembre

Le P. Malouli est toujours à l'hôpital et son état semble inquiétant. Le soir, Myrna lui rend visite, accompagnée de nombreux fidèles de Soufanieh. Ils prient, puis entonnent un chant qui commence ainsi : "'Seigneur, tout ce qui me frappe est un cadeau de toi". L'huile a couvert les deux mains de Myrna. On en a oint le P. Malouli.

J'invite alors Myrna à se rendre auprès d'une jeune malade, non loin de la chambre du Père. On vient de lui faire une intervention chirurgicale à l'abdomen, et son médecin laisse entendre la possibilité d'une autre intervention. Or, ses parents ont toujours refusé Soufanieh. Je leur montre les mains de Myrna couvertes d'huile et demande à celle-ci d'en oindre le ventre de la jeune malade. Puis je me retire. Myrna s'exécute avec simplicité. L'état de la malade s'améliorera au point qu'on renoncera à l'opérer à nouveau et qu'elle pourra quitter l'hôpital dès le lendemain.

Le soir, distribution à Soufanieh de nouvelles images, toutes très belles. Certaines ont été imprimées au Liban, d'autres à Amman. Merveilleuse est la façon dont la Vierge se trouve des volontaires pour la servir et pour répandre ses images dans la plus grande gratuité!

Mercredi 9 novembre

Je rends visite au P. Malouli à l'hôpital. Je rencontre dans sa chambre une femme de Saidnaya, village situé à 30 km au nord de Damas et célèbre pour son sanctuaire marial. Je l'interroge sur Soufanieh. Elle demande:

- C'est quoi Soufanieh?

Je me rends compte qu'effectivement elle en ignore tout. Je lui en fais durement le reproche. J'ai l'impression qu'à travers elle je m'adresse à tous ceux qui acceptent aveuglément tout ce qui nous vient de loin et refusent, par ignorance ou aveuglement, tout ce qui pousse sur notre sol!

Samedi 12 novembre

Le P. Élias Sargi me montre le dernier livre du P. Laurentin : Multiplication des apparitions de la Vierge aujourd'hui. Il y consacre un long chapitre à Soufanieh. Je l'emporte pour le lire cette nuit même.

Je déjeune chez mon ami Edgar Zekert. Sont invités également : Myrna, Nicolas et de nombreuses personnes, dont Mgr Joseph Tawil, oncle de Mme Zekert. La conversation s'engage sur Soufanieh, surtout avec le père d'Edgar, qui refuse tout en bloc, obstinément.

Subitement, l'huile couvre les deux mains de Myrna, qui se trouve assise à côté de Mgr Tawil. Tout le monde est saisi et tous se signent le front.

Je leur demande un témoignage écrit collectif, qui serait signé par chacun. Mgr Joseph Tawil m'en fait la promesse.

La nuit, je lis le chapitre du livre du P. Laurentin, consacré à Soufanieh. C'est l'un des plus longs. La précision du P. Laurentin et sa perspicacité dans le choix des points les plus importants ont de quoi étonner. Joie et action de grâce parce que le Seigneur a mis le P. Laurentin sur notre chemin.

Dimanche 13 novembre

Pour la première fois, je vois à Soufanieh trois religieuses des franciscaines de Marie, dont Soeur Emmanuelle. Je l'avais rencontrée l'été dernier au couvent des Soeurs de Charité à Zabadani, à 50 km à l'est de Damas. Elle m'entend parler de Soufanieh et est tout étonnée. Elle me promet une rencontre avec le groupe des Soeurs à Damas, afin de leur exposer les faits. On lui oppose alors un refus sur cet argument : Soufanieh relève de l'inconscient, c'est donc un problème psychologique, sans plus!

Lundi 14 novembre

Le chanteur libanais Wadi Assafi arrive ce soir à Damas, invité par le président Hafez El-Assad. Il prend le repas avec ses deux fils, Antoine et Georges, ainsi que le chanteur Élias Karam, chez M. Toufic Nejmé. Myrna et Nicolas sont présents. Après le repas, la conversation porta sur la Sainte Vierge. Subitement, l'huile couvre les deux mains de Myrna. La soirée se transforme alors en une veillée de chants religieux à laquelle prennent part Myrna, Wadi Assafi et Élias Karam.

Mercredi 16 novembre

Téléphone d'Amal Skaf, épouse de mon ami Georges Horanieh. Elle m'annonce que l'huile a suinté d'une image de Notre-Dame de Soufanieh, dans la maison de son amie Amal Daulabani. Je téléphone à mon tour à Mme Daulabani qui me confirme le fait. Je lui demande son témoignage écrit et l'encourage à prier avec sa famille devant l'image qui a suinté d'huile.

Jeudi 17 novembre

Je passe toute la matinée à ranger le dossier de Soufanieh, avec le P. Malouli, qui vient de quitter l'hôpital bien qu'il ne soit pas encore tout à fait remis. Joie indicible à travailler sur ce dossier.

L'après-midi, Myrna me dit qu'elle a prié dans la maison de la mère de Moussa Chalhoub, parent de Mgr Joseph Tawil. Celui-ci était présent. L'huile lui a recouvert les deux mains.

Le soir, Edgar Zekert me remet le témoignage collectif de l'exsudation d'huile chez ses parents, samedi dernier, 12 novembre, en présence de Mgr Joseph Tawil. Ce dernier y a apposé sa signature, ainsi que toutes les personnes présentes alors.

Je veille très tard avec mon ami, le général Georges Bdéoui, afin de revoir ensemble sa traduction en arabe des messages de la Vierge Marie à Medjugorje en Yougoslavie.

Vendredi 18 novembre

Je suis invité en cours d'après-midi à prier dans la maison de Mme Claire Saad, femme de Georges Homsi. A la fin de la prière, et après la récitation du chapelet, l'huile couvre les deux mains de Myrna. Des femmes musulmanes prient avec nous.

Samedi 19 novembre

Je vais faire mes adieux à Mgr Joseph Tawil qui doit rentrer demain aux États-Unis. Je le remercie d'avoir signé le témoignage collectif que m``a remis Edgar Zekert. Je lui rappelle la promesse qu'il m'a faite de m'écrire un compte rendu détaillé de sa visite, du précédent mois de mai, au docteur Antoine Mansour, en compagnie du patriarche Maximos Hakim. Il renouvelle sa promesse.

Dimanche 20 novembre

Je célèbre la divine Liturgie dans la maison de Joseph Obeid, dont la femme est à l'agonie. Je le fais à la demande expresse de leurs enfants. Myrna et Nicolas sont présents, ainsi qu'un grand nombre de parents, voisins et amis, dont Mme Elise Kahil, qui vient d'arriver de Suisse. Tous participent aux prières. Pendant la communion, l'huile recouvre les deux mains de Myrna. Elle en oint la malade et tous s'en oignent le front. Je suis heureux et remercie le Seigneur, car nombreux parmi les personnes présentes sont ceux qui jusqu'ici ont refusé Soufanieh.

Le soir, je téléphone à Mme Amal Skaf pour lui demander son témoignage écrit sur l'exsudation d'huile qui eut lieu chez les Obeid. Elle me répond:

- Père, crois-moi, des témoignages, tu en as déjà assez! Ceux qui refusent de croire les témoignages ne changeront pas. Écoute, par exemple, ce que vient de dire une femme qui a vu les vidéocassettes de Soufanieh : «Il est clair, après six années, que le démon n'est pas Myrna, mais plutôt ceux qui l'accusent d'être un démon.»

Lundi 21 novembre

Je rencontre dans la rue l'évêque syriaque-orthodoxe d'Amman et de Jérusalem, Mgr Bahnam. Jijjaoui. Nous nous donnons l'accolade et je lui rappelle le sixième anniversaire de Soufanieh tout proche. J'insiste pour qu'il soit avec nous le soir du 26 novembre.

Mardi 22 novembre

Je donne une causerie sur la Sainte Trinité chez les Petites Soeurs du Père de Foucauld, à un groupe de garçons et de filles. Quelques-uns d'entre eux, sous l'influence de certaines personnes, continuent de refuser le Phénomène, sous prétexte qu'il s'agit d'un problème d'ordre psychique. Pour terminer, je fais une conclusion nette et catégorique sur Soufanieh.

Je rends visite à l'évêque syriaque-orthodoxe d'Amman, Mgr Jijaoui, au patriarcat même. Il me questionne longuement sur Soufanieh. J'insiste sur sa présence pour le soir du 26 novembre, à la "maison de la Vierge", dans l'espoir qu'il soit témoin de "quelque chose" et puisse en témoigner à son tour. Il m'assure avec joie de sa disponibilité.

Mercredi 23 novembre

Je passe à Soufanieh. Nicolas me remet une lettre en provenance de France, portant comme seule adresse, après l'indication de mon nom: "Presbytère de Soufanieh, Damas, Syrie".

Je ris et dis à Nicolas : - Tu vois, Nicolas : cette maison n'est plus à toi! Elle m'appartient!

Il me répond en souriant: - Et quand cette maison m'a-t-elle appartenu?

Nicolas a de ces réponses qui me font toucher la Présence d'Un Autre!

L'après-midi, je donne une causerie aux jeunes d'un groupe marial sur "Foi et science". L'échange se prolonge. Au départ, j'ai décidé d'éviter de parler de Soufanieh. Mais l'un des jeunes aborde la question avec agressivité. Manifestement, il est acquis à la théorie dite "psychique" qui prétend expliquer Soufanieh. Avec calme, j'essaie de clarifier certains points.

Jeudi 24 novembre

Je suis invité à dîner à la "maison de la Vierge", avec un bon nombre d'amis, dont le chanteur Wadih Assafi. Le P. Michel Farah est en train de bénir la table lorsque les deux mains de Myrna se couvrent d'huile. Tous, nous entonnons aussitôt un chant à la Vierge.

Vendredi 25 novembre

Le soir, je rencontre à Soufanieh deux Français, Jacques Bousquet et sa femme Marie-Louise. Ils viennent pour vivre avec nous les événements du sixième anniversaire de Soufanieh. J'en suis très heureux.

Mais en même temps, je ressens une profonde tristesse : les plus proches s'obstinent toujours avec ténacité à rester loin d'événements qui ne demandent pas, au bout de six ans, beaucoup de réflexion pour y voir une Présence divine spécifique.

Samedi 26 novembre

Je m'attends à l'ouverture des stigmates, étant donné les paroles de Jésus à Myrna au village libanais de Maad, le 10 octobre 1988 : «Et moi, je te donnerai mes blessures»

Nous commençons la prière à 15 heures 45. La maison n'arrive plus à contenir la foule qui déborde dans la rue.

A 16 heures 30 arrive Mgr Bahnam Jijaoui. Je le laisse aussitôt diriger la prière. Après la lecture de l'Évangile, il s'adresse aux fidèles avec enthousiasme, insistant sur deux points : l'authenticité du Phénomène et la nécessité d'une réponse positive à l'appel à l'Unité, lancé par Jésus et Marie. Il souligne le fait que cette Unité doit reposer sur l'unité profonde de chacun d'entre nous avec le Seigneur. Puis, fatigué, il se retire à 17 heures 45.

Je continue à diriger la prière. A mon tour, je m'adresse aux personnes présentes. Je reproche aux Damascains de se comporter avec dédain à l'égard du Seigneur et de ne venir qu'en curieux à Soufanieh. Je reconnais avoir été dur, spécialement vis-à-vis des Damascains. Et à l'instant où je leur dis : «Peut-être que le Seigneur a jugé nous avoir donné assez de signes pendant six ans, à cause de notre dureté et de notre insouciance ... », le projecteur de la caméra de vidéo nous éblouit.

Un mouvement se produit dans la foule et la porte de la chambre s'ouvre. M'interrompant aussitôt, je proclame d'une voix forte :

- Le Seigneur soit loué, car il semble qu'Il veuille rester généreux avec nous, en dépit de notre avarice!

Je remarque au milieu de la foule deux jeunes médecins : Hicham Salem et Rizk Boutros. Je prie les gens de les laisser entrer dans la chambre. Quelques minutes plus tard, on m'y demande. On y voit de nombreuses personnes, dont les PP. Joseph Malouli, Élias Baladi, Paul Fadel, Alam Alam, Michel Tabara, Michel Farah, Joseph Bitar, jésuite, et Émile Assouad d'Alep.

Myrna est dans la première phase de sa sortie d'extase. Le docteur Rizk Boutros me demande s'il peut lui examiner la plante des pieds.

- Bien sûr, lui dis-je.

Il soulève alors, avec le docteur Hicham Salem, un peu la couverture et ils lui touchent les pieds. Myrna leur dit alors textuellement

- Est-ce que vous vous moquez de vous-mêmes ou de Dieu?

Le P. Malouli me présente le message que Myrna vient de dicter et me demande de le lire à la foule. Je m'exécute :

«Mes enfants,

Est-ce que tout ce que vous faites, vous le faites par amour pour moi?

Ne dites pas : Qu'est-ce que je fais? Car ceci est Mon Oeuvre.

Vous devez jeûner et prier, parce que, par la prière, vous faites face à Ma Vérité, et vous affrontez tous les coups.

Priez pour ceux qui ont oublié la promesse qu'ils m'ont faite, car ils diront : Pourquoi, Seigneur, n'ai-je pas senti Ta Présence, alors que Tu étais avec moi?

Tout ce que je veux, c'est que vous soyez tous réunis en Moi, comme Moi je suis en chacun de vous. Quant à toi, Ma fille, je vais te quitter. Ne crains pas si le fait de ne pas entendre Ma voix se prolonge pour toi.

Plutôt, sois forte et que ta langue soit une épée qui parle en Mon Nom.

Sois sûre que Je suis avec toi et avec vous tous. »

Cette nuit, la prière à Soufanieh se prolonge jusqu'à une heure du matin, au milieu de l'affluence des fidèles et de chants ininterrompus, entonnés par les deux chanteurs, Tony Hanna et Élias Karam. Presque tous ces chants lancent à la Vierge une supplication insistante pour qu'Elle veuille bien nous donner de l'huile, après une longue interruption. Ils sont accompagnés de danses en ronde, auxquelles Myrna elle-même prend part un moment

Jacques Bousquet et sa femme restent jusqu'à cette heure tardive. Je leur ai demandé si cette expression de la foi les trouble.

- Au contraire, me disent-ils, elle nous réjouit. Nous venons de Medjugorje, où règnent le calme et l'ordre, tels que nous les connaissons en Europe. Mais ici, la chaleur de lOrient et son exubérance ne nous voilent aucunement la profondeur de la foi et sa sincérité. Chaque peuple a sa façon de s'exprimer.

A propos de cette nuit merveilleuse, trois faits significatifs :

Tout d'abord, un appel téléphonique de Los Angeles : M. Jabra Tawil veut savoir s'il s'est passé quelque chose. Il demande que je lui dicte le message pour qu'il puisse le communiquer immédiatement à ses amis.

Ensuite un appel de Londres : Mouna Mesmar, femme de Fouad Takla, désire, elle aussi, avoir les dernières nouvelles. Je lui raconte ce qui venait de se passer. A sa demande, je lui dicte également le message. Quand elle entend la phrase : «Priez pour ceux qui ont oublié la promesse qu'ils m'ont faite», elle s'écria

- O, Abouna, cette parole me concerne!

Je lui dis :

- Mouna, tu n'es pas la seule. Elle pourrait bien nous concerner tous. En tout cas, essaie de réparer.

Enfin, je rencontre au salon, à la fin de la longue prière et la lecture du message, Georges X. Je l'interpelle sur un ton très vif :

- Que fais-tu ici, Georges, après une absence de six ans ?

Mon ton le surprend. Il essaie de sourire. J'attaque de nouveau :

- Georges, je ne blague pas. Je te demande sérieusement pourquoi tu es venu après une absence de six ans, alors que tu étais, toi précisément, l'un des premiers que j'ai appelés le matin du 10 décembre 1982 ? C'est honteux, Georges! Il n'est pas permis de faire fi du Seigneur!

Il me répond: - Mais, Père, ce n'est pas ma faute!

-De qui, alors?

Tout en faisant ces reproches à Georges, j'ai l'impression de tenir à la gorge la plupart des richards de Damas, dévorés par l'argent et par la prétention.

Il y a, cette nuit-là, parmi la foule, une journaliste libanaise du nom de May Daher. Elle est venue de Beyrouth, en même temps que le chanteur Tony Hanna.

A minuit exactement, nous prions pour le Liban, à genoux. Myrna vient de nous rappeler la parole de la Sainte Vierge : «Qu'ils sont beaux, mes enfants à genoux, implorant!»

A une heure du matin, je retourne dans ma chambre. Mais à 1 heure 40, Myrna m'annonce par téléphone que l'huile vient subitement de remplir la coupelle. Il n'y avait alors à la maison que Myrna et les trois Libanaises, dont la journaliste May Daher. Je félicite Myrna et la remercie.

Dimanche 27 novembre

A 9 heures 30 du matin, je passe à Soufanieh. Je suis heureux de voir l'huile. Trois grosses gouttes sont toujours suspendues au bas de l'Icône sainte. Je vois les trois libanaises qui expriment à Nicolas le désir de passer la nuit dans la "maison de la Vierge".

Je passe un long moment au bureau, en compagnie de trois amis venus d'Alep pour célébrer avec nous le sixième anniversaire : le P. Émile Assouad, Michel Chahda et Ibrahim Khalaf. Nous parlons particulièrement sur le sens du dernier message et sur les éventualités prochaines.

A 22 heures, appel téléphonique de la nonciature apostolique. C'est Mgr Eliseo Arioti qui veut savoir s'il s'est passé quelque chose à Soufanieh, la nuit précédente. Je lui fais un bref compte rendu et lui promets une très prochaine visite. Son initiative me réjouit.

Lundi 28 novembre

Je rends visite à Mgr Bahnam Jijaoui, au patriarcat syriaque-orthodoxe. Je suis reçu au salon, où se trouve déjà Sa Sainteté le patriarche avec Mgr Jijaoui. L'audience dure une heure et quart. Je leur raconte ce qui s'est passé à Soufanieh, peu après le départ de Mgr Jijaoui. Je leur présente le texte du message. Plusieurs questions sont débattues, entre autres celle concernant l'attitude de ceux qui prétendent que nous n'avons pas besoin de miracles et que l'Évangile nous suffit.

Je suis heureux d'entendre Sa Sainteté me réclamer un article sur Soufanieh, en vue de le publier dans la revue du patriarcat. Il le veut pour le prochain numéro, dans lequel il compte publier aussi un article sur l'écoulement d'huile dans leur église, au village de Malkié, au nord-est de la Syrie.

Entre-temps, deux hommes entrent au salon et saluent. Le patriarche leur offre de grandes images de Notre-Dame de Soufanieh, qu'ils acceptent avec joie.

Rencontre merveilleuse aujourd'hui avec Maged Ghrayeb. Il me raconte sa conversion grâce à la Vierge de Soufanieh. Un retournement radical. Il en est très heureux, car il comprend enfin le sens de son existence et de l'existence de tout homme. Il est désormais aux ordres du Seigneur et de Marie, faisant absolument fi de tout ce qui accaparait jusqu'ici sa pensée et ses efforts.

Son seul regret est d'avoir connu Soufanieh si tard. Mais l'important, en fin de compte, est qu'il sait désormais que Dieu l'aime, qu'Il accepte son repentir avec joie, et qu'Il l'attend avec une joie plus grande encore.

Cet homme m'étonne et me réjouit. Quand il m'interroge sur mes "mémoires", je l'informe que je compte les faire imprimer un jour. Il sempresse de me dire:

- Je me charge de l'impression!

Je le remercie et propose:

- On en distribuera les gains au profit des orphelinats musulmans et chrétiens du Liban.

Il répond alors :

- Il ne faut pas compromettre la Sainte Vierge dans une opération commerciale. Même si nous distribuons tous les gains aux orphelinats, on dira : «Ils ont gardé des sommes fantastiques!» Père, la tentation est grande!

- Que faire alors?

Il répond:

- Je ferai imprimer le livre à mes frais et on le distribuera à qui le désire.

- Mais cela risque d'être énorme et les dépenses fort lourdes!

- Y a-t-il quelque chose de trop cher pour la Sainte Vierge? Nous en imprimerons autant que tu en veux, et nous le réimprimerons autant que Dieu en veut, afin que le plus grand nombre de personnes sache ce que Dieu accomplit à Damas, par amour pour l’Homme et pour ses enfants surtout.

Pour la centième fois, je touche du doigt le doigt de Dieu dans ce que nous essayons de faire! Lui seul sait! Lui seul agit! Lui seul fixe le moment! Sois béni, Seigneur!

Mardi 29 novembre

Rencontre des prêtres du Prado à Damas. J'évite toute allusion à Soufanieh. Mais le P. Jamous m'interroge sur le sixième anniversaire. J'en dis un mot rapide. Je constate qu'ils s'y intéressent tous.

A midi, je me rends à la nonciature apostolique, sur l'invitation du nonce lui-même. Je lui présente un résumé écrit des derniers événements, avec une photocopie de la lettre collective que j'ai pris l'habitude d'envoyer aux amis. Le nonce est seul. Je crois percevoir chez lui une certaine hésitation, soit préméditée, soit due à ce qui pourrait être une conviction. Il fait remarquer que d'aucuns expliquent Soufanieh par le psychisme. Je lui réponds, en citant le proverbe arabe : "Si le fou parle, que l'intelligent comprenne!"

Puis je lui rapporte l'opinion du patriarche syriaque-orthodoxe Zakka, qui a comparé ceux qui s'opposent a priori à Soufanieh, aux Pharisiens du temps de Jésus. Je me contente enfin de souligner la permanence de la prière à Soufanieh. Ce seul fait dépasse en importance tout ce qui s'y est passé et tout ce qui s'y passera.

Je cherche ensuite à savoir s'il en a parlé aux évêques. Il manifeste une attitude évasive. Je me rends compte qu'il ne veut pas parler. Je lui propose alors de se mettre en contact au moins avec les deux évêques, Mgr Georges Hafoury, de Hassaké, et Mgr Boulos Bourkhoche, de Khabab.

Mercredi 30 novembre

Ce soir, je passe plus d'une heure à Soufanieh, à expliquer le Phénomène à des émigrés irakiens. Ils doivent partir le lendemain vers le Canada. Ils emportent du coton imbibé d'huile et de grandes images.

Je rencontre, ce soir également, à Soufanieh, Mme Mireille Bourgeaiseau et son mari Guy. Elle me présente son témoignage écrit sur les événements du 26 novembre dernier. Son mari a spontanément manifesté une certaine répugnance de type rationaliste. Je lui dis:

- Si tu avais été là le soir du 26, et si tu avais vu et entendu ce que nous avons vu et entendu, tu aurais changé d'avis ou au moins tu aurais évolué un peu.

Pendant que je m'entretiens avec Guy et Mireille, je remarque un jeune homme qui a jadis fait partie de la chorale. Il s'appelle Louai et se tient respectueusement debout devant l’Icône sainte. Je sais qu'il a cessé de fréquenter l'église.

Quand il a fini de prier, il me salue. Je l'interroge sur ce qui l'a poussé à venir prier à Soufanieh, où je le vois pour la première fois. Il sourit et me dit :

- Père, je n'y croyais pas, mais quand j'ai vu le film à la télévision libanaise, j'ai cru et je suis venu prier. - Qu'est-ce qui t'a le plus intéressé? Il me répond très ému : Tout l'événement.

Le soir, je dîne chez mon neveu Samir Sahel. Le docteur Jamil Marji se trouve parmi les invités. On parle de Soufanieh. Je reproche alors amèrement au docteur Marji et aux personnes présentes leur attitude :

- Le Seigneur est avec nous. Il multiplie les signes et nous, nous restons indifférents! Mais que voulez-vous qu'Il fasse plus qu'Il n'en a fait?

Je reçois aujourd'hui une lettre de France, datée du 6 novembre. C'est la supérieure d'un couvent de religieuses, près de Bordeaux, qui m'écrit ces lignes :

«Nous avons écouté avec joie et confiance la cassette "Apparitions à Damas", à propos de Notre-Dame de Soufanieh, source de l'huile sainte, cette huile miraculeuse dont le Seigneur permet l'exsudation d'une petite Icône de la Vierge. Nous, nous honorons cette Icône dans notre couvent, dans l'espoir d'associer notre pauvre prière à cette prière qui monte sans cesse de ce lieu béni, pour l'Unité de lÉglise, l'affermissement de la foi et la guérison des âmes et des corps.

Père, pouvons-nous avoir quelques-unes de ces images pour les distribuer aux familles?

J'ose même vous demander, si possible, un peu d'huile, pour qu'il nous soit possible d'en fournir aux nombreux malades qui sollicitent notre prière.

Nous avons su aussi que vous comptiez venir à Bordeaux pour parler de Soufanieh. Notre couvent est situé près de cette ville. Nous serions très heureuses si nous pouvions vous écouter. Et nous sommes nombreux : les soeurs du couvent, d'autres religieuses et nombre de prêtres âgés. Vous pouvez aussi loger chez nous.»