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Octobre 1988

 

Samedi 1er octobre

Aujourd'hui se tient à Soufanieh une réunion qui regroupe bon nombre d'amis, dans le but de créer une "équipe de service" qui travailleraient par la prière, la réflexion et des démarches concrètes à préparer l'Unité de l'Église que nous réclame la Vierge Marie. Toutes les personnes présentes sont des hommes mariés et des témoins réguliers, à l'exception de Salwa Naassan, épouse d'Imad Farah.

Dimanche 2 octobre

Je célèbre la sainte messe chez les Sœurs de Besançon, à l'occasion de la fête de leur supérieure régionale. Nous avons ensuite au salon un long moment d'échange sur Soufanieh et sur l'attitude de l'Église. J'apprends alors que certaines religieuses expliquent ce Phénomène soit par l'illusion, soit par la suggestion! Qu'elles attendent donc la lumière!

Jeudi 6 octobre

Ce matin, je rends visite à Mgr Eliseo Arioti, secrétaire du nonce apostolique. Notre conversation est empreinte de simplicité et de franchise. J'apprends ainsi par lui que les lettres envoyées par Rome sur Soufanieh font preuve d'un intérêt favorable et qu'on y utilise des mots rarement employés à propos de phénomènes de ce genre, surtout depuis Vatican II.

Au cours de notre conversation, Mgr Eliseo Arioti dit cette phrase

- La permanence de la prière, dans cette simplicité et cette gratuité, à Soufanieh, en est le grand miracle.

Le soir, je fais la connaissance de Franco Mnayargi qui vient du Canada. Il me parle du chanteur libanais, Tony Hanna, et la manière qu'il a inventée pour faire connaître Soufanieh: au cours de ses soirées de chants, de nombreux admirateurs lui demandent sa carte de visite. Il sort alors de sa poche les petites images autocollantes de Notre-Dame de Soufanieh et les leur présente. Les gens s'en trouvent agréablement surpris et le questionnent. Certains même lui demandent d'autres petites images pour les distribuer à leur tour.

Lundi 10 octobre

Le soir, je vais avec mon ami Élie Barsa dire au revoir au P. jésuite, Joseph Burby, qui nous quitte pour son nouveau poste dans la ville d'Alep. J'ai la surprise de l'entendre me demander des images de Notre-Dame de Soufanieh, qui lui ont été réclamées par des parents vivant aux États-Unis. Je les lui promets.

Mardi 11 octobre

Je reçois aujourd'hui le témoignage de Mgr Isaac Saka sur ce qui s'était passé dans son bureau, le dimanche 25 septembre : l'huile est apparue sur les mains de Myrna, et, l'instant d'après, sur l'une des trois images que je venais de lui donner.

Aujourd'hui arrive d'Alep le P. Émile Assouad, chargé d'une quantité inimaginable de reproductions photographiques de Notre-Dame de Soufanieh, et d'une prière populaire à la Vierge, appelée "Sahrané" ("Celle qui veille"). Le P. Émile m'apporte aussi l'huile miraculeuse que Michel m'avait promise. Grâce à cette huile, j'apporterai à mes nombreux amis de France et d'ailleurs, le plus beau des cadeaux. Le P. Émile me raconte ce qui se passe dans la ville d'Alep en des termes chargés d'un profond émerveillement et d'action de grâce. Que de fois, il me redit:

- Ma vie tout entière en est radicalement transformée.

Mercredi 12 octobre

Je rends visite au nouveau nonce apostolique à Damas. Je lui présente les notes qu'il m'a demandées, ainsi que les six exemplaires de mes mémoires sur Soufanieh, qui m'avaient été demandés par son prédécesseur, pour être envoyés aux instances compétentes à Rome. Il me demande mon avis personnel. Je le lui dis sans équivoque, ni hésitation. Enfin, il me demande une petite note sur Soufanieh, pour en connaître l'essentiel. Il veut aussi de ma part une proposition concrète sur le Phénomène.

Dimanche 16 octobre

Aujourd'hui, je dois me rendre à Paris, pour suivre un traitement médical. Et je pense de mon devoir de quitter Damas pour... Khabab! Très peu de personnes sont au courant de ce changement. Etant plus qu'épuisé, je crains d'aller à Paris dans cet état et de m'exposer à un stress qui me mettrait dans la situation de celui qui tente le Seigneur. J'ai aussi réellement faim de calme et de prière.

A midi, je rencontre à Khabab Sœur Hind, des Sœurs de Besançon. Nous parlons longuement des problèmes de l'apostolat dans le quartier populaire de Tabbalé à Damas. Elle me demande une causerie sur Soufanieh, destinée aux responsables de leur centre, qui doivent se réunir à Khabab même le samedi suivant. Naturellement, j'accepte et je prie la Sœur de garder le silence sur ma présence à Khabab.

Enfin, nous parlons de sa première expérience avec Soufanieh. Je saisis l'occasion pour lui rappeler qu'elle ne m'a toujours pas remis son témoignage écrit. Elle me le promet pour aujourd'hui même.

Le soir, je rends visite aux religieuses de Khabab. Elles soulèvent spontanément la question de Soufanieh. L'une d'elles va jusqu'à me dire que, jadis, elle avait, avec un bon nombre de religieuses, cessé de me tenir en estime, parce qu'elles refusaient ce Phénomène. Mais petit à petit, elles en sont devenues des apôtres. La soirée se termine par le fameux chant "Nous sommes tes serviteurs, ô Mère de Dieu".

Je reviens à l'archevêché, le cœur dans l'allégresse. Comme Paris semble loin de ce calme, de cette joie et de cette pureté!

Lundi 17 - Mercredi 19 octobre

Durant ces trois jours, je revois ma traduction française du texte intégral de mes mémoires. Que de fois je remercie le Seigneur d'avoir échangé Khabab contre Paris. Comment aurais-je pu emporter un manuscrit aussi incomplet que celui que j'ai en main? C'est maintenant seulement que je m'explique l'épouvantable déchirement que j'ai éprouvé durant les jours qui ont précédé la date de mon départ pour Paris! J'en ai fait l'aveu à mes plus proches, pendant cette période si dure. Jamais je n'ai éprouvé un tel déchirement et une telle incertitude! Si j'étais parti pour Paris en ce moment, j'aurais risqué d'être dans un tel état de surmenage que je me serais épuisé à regretter d'avoir un travail aussi inachevé, alors que je le voudrais aussi parfait que possible, s'agissant d'une oeuvre qui concerne la Sainte Vierge.

A Khabab, je vois à l'évidence que j'ai encore fort à faire et que ce travail ne peut avoir lieu qu'à Damas, auprès du P. Malouli et du lieu des événements. Loué sois-tu, Seigneur!

 

Jeudi 20 et vendredi 21 octobre

J'opère les dernières retouches à mes mémoires en arabe sur Soufanieh. Il ne me reste plus que quelques dates et petits faits à préciser. Le tout est consigné dans mon agenda à Damas. L'étape la plus importante et la plus longue du travail est terminée. Il m'est possible maintenant d'envoyer au P. Adel Khoury, en Allemagne, le texte arabe, pour qu'il en achève la traduction allemande. Je m'attellerai alors à la traduction française, pour compléter le texte remis au P. Laurentin.

Il me faut bien sûr mentionner un livre que j'ai emporté à Khabab, composé par de nombreux spécialistes français. Il a pour titre : Corps à prodiges. J'en ai lu une bonne partie. Il est agréable et intéressant, mais aucun des "prodiges" étudiés ne ressemble ni de prés ni de loin aux faits de Soufanieh, aussi bien dans leurs différentes ramifications que dans leur étonnant prolongement à Alep, depuis le 24 janvier 1988.

Samedi 22 octobre

Je célèbre la sainte Liturgie au couvent des Soeurs de Besançon. Puis je prends le déjeuner avec elles. Elles ne cessent de m'interroger sur Soufanieh et sur des faits, présents et passés, qu'elles disent ignorer. Nous sommes enveloppés par la joie de la grâce du Seigneur.

Mardi 25 octobre

Trois diacres mariés passent à l'archevêché trois jours par semaine. Ils se préparent à l'ordination sacerdotale et reçoivent donc des cours de théologie et de liturgie. En accord avec l'évêque, ils me demandent une causerie sur Soufanieh. Ils m'avouent en avoir entendu parler, mais d'une façon très négative. Ils sont étonnés des faits que je leur raconte Ils demandent des images et de l'huile. Nous terminons notre rencontre par un chant à la Vierge.

Jeudi 27 octobre

Le soir, je rencontre un groupe d'étudiants universitaires qui ont l'habitude de se retrouver toutes les semaines avec le P. Ghafril Dick. Il faut leur parler de Soufanieh. Il y a là plusieurs prêtres et des religieuses de Khabab. Notre entretien dure deux heures. Il est évident que certains d'entre eux se sont laissés influencer négativement par un professeur qui leur a dit que le corps humain est capable de sécréter de l'huile par suite du frottement d'un membre sur l'autre!

Pour la millième fois, je constate que l'homme a peur de la vérité, surtout de la vérité divine, et qu'il croit avec une rapidité surprenante tous les arguments les plus stupides qu'on oppose à des faits devant lesquels la raison et la science restent perplexes et silencieuses. Tout cela pour fuir un affrontement qui le "forcerait" à opérer un changement dans sa vie!

Samedi 29 octobre

Rentré aujourd'hui à Damas, je me dirige aussitôt vers l'Hôpital Français pour une visite au P. Malouli. J'apprends qu'il souffre de la prostate.

Le soir, je rencontre le P. Mitri Athanasiou. Il m'apprend que lors de la dernière réunion des patriarches et évêques catholiques de Syrie, le nonce apostolique a demandé que Soufanieh soit inséré dans l'ordre du jour de la prochaine réunion. Personne ne s'y est opposé.