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Retour de Myrna à Damas : septembre 1988

Mardi 6 septembre

Ce soir, retour de Myrna à Damas. Nous sommes nombreux à l'aéroport. Arrivée à la maison, elle appuie la tête contre le verre de la niche et reste immobile. Beaucoup s'attendent à un écoulement d'huile. Rien. Comme le Seigneur veut ! Nous entonnons un chant à la Vierge, puis nous quittons la maison.

Mercredi 7 septembre

C'est la veille de la fête de la Nativité de la Vierge. Nous nous attendons à quelque chose. C'est à tel point que je n'hésite pas à inviter mon ami le docteur Anguélos Kosséoglou, dont le fils, Sotiris, médecin lui aussi, vient d'arriver de Paris. J'insiste pour qu'il vienne à Soufanieh. - Peut-être verras-tu quelque chose.

Comme il prend prétexte de la présence des malades à son cabinet, je lui cite le mot de Jésus aux apôtres : «Les pauvres sont toujours au milieu de vous. » Les malades sont toujours chez vous, mais Soufanieh n'est pas toujours chez vous!

Je suis sûr qu'un fait se produira. J'insiste même pour que son fils, le docteur Sotiris, vienne lui aussi. J'ai d'autre part engagé les membres de la chorale à venir dans l'espoir qu'ils soient à leur tour témoins d'un signe.

Nous commençons la prière du soir par le chant de l'Hymne Acathiste. Nombreux sont les membres de la chorale. Les fidèles remplissent même le salon et l'escalier. Toute l'Acathiste est chantée. Je prononce quelques mots, qui me semblent longs et d'une extrême violence. Je reproche en effet aux Damascains leur insouciance par rapport à ces merveilles qui se produisent à leur porte.

A un certain moment, j'ai le sentiment que rien ne se produira. Je me fais alors tout haut le reproche d'avoir poussé certaines personnes, dont les membres de la chorale, à venir à Soufanieh, attisant ainsi leur curiosité. Et, l'amertume au coeur, je fais acte d'abandon au Seigneur, en terminant par ces mots : «En tout cas, que la Volonté du Seigneur se fasse!»

A l'instant même, je vois s'allumer le puissant projecteur du cameraman. La porte de la chambre s'ouvre. Je dis alors à voix haute :

- Peut-être que quelque chose a lieu, continuons la prière en récitant le chapelet.

C'est alors que je remarque, parmi la foule, le docteur Sotiris. Je fais signe pour qu'on le fasse entrer dans la chambre. Nous commençons aussitôt le chapelet.

Près de dix minutes plus tard, on me demande d'entrer dans la chambre. Là, je vois le visage de Myrna tout couvert d'huile, comme cela lui arrive après chaque extase. Le P. Malouli me dit:

-Aujourd'hui, on a le message le plus fort, le plus fort!

Le P. Paul Fadel se tient près du lit. Il me remet une feuille sur laquelle il a écrit le message. Je le lis et suis tout surpris de sa force. Il me semble qu'une erreur s'y est glissée. Je dis à Myrna :

- Myrna, je vais lire le message. Fais attention pour corriger les erreurs, s'il y en a.

Très calmement, je lis le texte. Myrna assure qu'il correspondait bien à ce qu'elle a entendu.

A ce moment, le docteur Malak Sarrouf demande: - Mais quel est le message donné aux États-Unis?

Et Myrna de poser la question au P. Malouli et à moi-même: - Ne l'avez-vous pas lu aux gens?

Je réponds : - Le P. Malouli a jugé préférable d'attendre ton retour à Damas.

Elle sourit et dit -Lâches!

C'est la première fois que j'entends Myrna nous adresser, au P. Malouli et à moi, un reproche. Je me retourne vers lui et lui dis

- Tu as entendu? Lâches ! En vérité, nous le méritons.

Nous lisons alors les deux messages aux personnes présentes. Le cameraman filme. Puis, nous poursuivons la prière un bon moment. Myrna se tient au milieu de la foule, en prière.

Les prêtres présents ce jour-là sont: Malouli, Élias Baladi, Boulos Fadel et moi-même.

Quant aux médecins présents, il y a : Mlle Malak Sarrouf, Sotiris Kosséoglou et Nawaf Nseir.

Message du 7 septembre au soir:

«Ma fille Je t'ai dit de surmonter toutes les difficultés.

Sache que tu n'en as endurées que peu.

Dis à mes enfants que c'est d'eux que je veux l'Unité,

et que je ne la veux pas de ceux qui leur jouent la comédie de travailler pour l'Unité.

Ma fille

Va et annonce, et où que tu sois, je suis avec toi.»

Vendredi 9 septembre

Grande surprise : une jeune fille que je ne connais pas me remet aujourd'hui deux grandes enveloppes de la part de Christian Ravaz. Dans chacune se trouvaient trois exemplaires de son livre: Soufanieh, visions et apparitions. L'une des enveloppes m'est destinée, l'autre est pour le P. Malouli. Je lui fais parvenir aussitôt son paquet, pour ne pas le priver de cette joie.

La nuit même, je lis tout le livre. Je le trouve valable, car il présente le Phénomène de manière brève et alerte. C'est peut-être ce qui convient dans l'état actuel des choses. Cependant, certains messages sont incomplets. Très vite, le P. Malouli et moi écrivons à l'auteur pour attirer son attention sur ce point.

Mercredi 14 septembre

Je passe toute la matinée avec le P. Malouli pour revoir tous les documents dont nous disposons, en vue de préparer, pour chacun d'entre nous, un dossier complet. Nous en distribuerons des exemplaires à des amis sûrs, de peur que le dossier ne soit perdu ou volé, ou détruit. Qui sait? Bien sûr, la matinée n'a pas suffi. Le travail s'avère long et ardu. Nous aurons certainement besoin d'autres séances.

Vendredi 16 septembre

Le P. Malouli est hospitalisé pour une petite paralysie faciale. Je lui rends visite et lui dis en plaisantant:

- Tu as beaucoup fatigué la Vierge. C'est à Elle maintenant de te fatiguer!

Il essaie de sourire, puis, d'un geste brusque qui lui est habituel, il dit:

- Qu'Elle fasse ce qui lui plaît. Je suis à ses ordres.

Samedi 17 septembre

J'écris aujourd'hui une lettre collective dans laquelle je raconte à tous les amis un peu partout dans le monde les principaux faits survenus entre décembre 1987 et le 7 septembre 1988.

Mercredi 21 septembre

Un article a paru aujourd'hui dans le quotidien AI-Thawra ("La Révolution"), signé par un certain Assad Abboud. On y lit une allusion stupide à Soufanieh, juste à la fin de l'article. Je le garde pour en discuter un jour avec l'auteur. Inutile de lui répondre par écrit. Les surenchères progressistes, laïques, sont nombreuses de nos jours. Je pense qu'il me dira, quand je lui aurai présenté certains faits, qu'il ignorait la vérité. Patience! Chaque chose en son temps!

Dimanche 25 septembre

Téléphone du docteur Jamil Marji à 10 heures 30. Il insiste pour que je vienne chez lui, car une image de Notre-Dame de Soufanieh suinte d'huile. Je n'hésite pas.

La maison es quasiment pleine de gens en prière : parents et voisins. L'huile couvre la moitié de l'image. Il y a bien longtemps que je n'ai pas vu un spectacle aussi merveilleux. Je m'associe à leurs prières, puis nous chantons.

Ensuite, Myrna, Nicolas et moi-même allons ensemble rendre visite à Mgr Isaac Saka, selon sa demande expresse.

Mgr Isaac Saka, vicaire du patriarche syriaque-orthodoxe, nous reçoit dans son bureau. Comme d'habitude, il est d'une extrême gentillesse, paraissant heureux de faire la connaissance de Myrna. Celle-ci s'assied en face de lui, près de Nicolas, tandis que moi-même je prends place à côté de l'évêque. J'étale devant lui, sur une petite table qui nous sépare de Myrna et Nicolas, trois petites reproductions photographiques de Soufanieh. Je les ai sorties d'une enveloppe dans laquelle j'ai mis également les témoignages de Mgr Joseph Tawil, du docteur Mansour et du P. Abboudy.

Tout à coup, l'huile couvre les deux mains de Myrna, et c'est l'évêque qui, le premier, le voit et m'en fait la remarque. Quelques instants plus tard, il me dit subitement:

-Père, regarde l'image!

L'une des trois images laisse couler de l'huile à partir de la poitrine de Jésus et de Marie. Quelques secondes après, nous sommes dans le bureau du patriarche, qui voit à son tour l'huile. On parle un moment, puis Sa Sainteté dit à son vicaire:

- Il est bon de faire le compte rendu de ce qui s'est passé dans ton bureau.

Quelques jours après, Son Excellence me remet son témoignage, en y ajoutant un détail qu'il me racontera le lendemain : l'huile a couvert toute la surface de l'image, après que quelqu'un de son entourage a essayé de mettre en doute l'exsudation d'huile de l'image.

Le soir, on me demande à Soufanieh. J'y vais et peu après arrive un groupe de touristes-pèlerins français, parmi lesquels se trouve le théologien dominicain, le P. Irénée Dalmais. Je lui demande s'il pense toujours que les messages de Soufanieh sont en harmonie avec l'Évangile. Il me répond:

- Bien sûr!

Je lui demande un mot écrit à ce propos. Il me le promet. J'expose aux Français les principaux faits de Soufanieh et leur lis quelques messages. Le tout ne dure pas plus d'une demi-heure. On prie, on chante, et ils commencent à sortir un à un, après avoir serré la main de Myrna. Celle-ci a les deux mains couvertes d'huile, au moment où il ne reste plus que deux personnes, dont l'une, Mme Bibiane Bucaille de la Roque, vient de lui serrer la main.

Nous rappelons aussitôt les autres touristes-pèlerins déjà sortis. Ils reviennent immédiatement et voient l'huile. Je demande à Mme de la Roque - de bien vouloir écrire son témoignage. Elle me le promet.

Quelques jours après, je le reçois. En le lisant, je suis étonné de la pénétration psychologique de cette personne quant au comportement de Myrna et à son apparence extérieure. Ce compte rendu est d'un niveau scientifique remarquable. Tout s'éclaire pour moi en voyant la signature à la fin du texte qui m'apprend que Mme Bucaille est expert psychologue et graphologue. Je remercie le Seigneur pour un tel choix! Ce témoignage me paraît être d'une grande valeur, en dépit du fait que l'auteur s'abstient de tout jugement, ou peut-être à cause de cette abstention!

Lundi 26 septembre

Ce matin, coup de téléphone de Nicolas qui m'apprend que le patriarche Zakka me demande pour conduire l'un de ses évêques à Soufanieh. Je vais tout droit au patriarcat où je rencontre l'évêque en question. C'est Mgr Moussa Salamé, évêque syriaque-orthodoxe du Brésil.

Mgr Isaac Saka nous accompagne, ainsi qu'un évêque portugais qui ne parle pas l'arabe. A Soufanieh, Mgr Salamé fait la connaissance de Nicolas, puis, se tenant devant l'Icône sainte - Myrna est dans la chambre avec son petit Emmanuel - il fait cette prière :

«Seigneur notre Dieu, Source de toute bénédiction, nous sommes venus à toi te demander de nous bénir, en cette maison bénie, ballottés entre le doute et la certitude>

Il poursuit sa prière en arabe, puis il passe au syriaque, pour finir par un chant syriaque. Et tous ensemble nous entonnons le célèbre "Nous sommes tes serviteurs, ô Mère de Dieu". Myrna vient nous rejoindre à ce moment-là, car j'entends sa voix.

La prière terminée, les trois évêques, toujours devant l'Icône, causent avec Myrna. Tout à coup, l'huile couvre ses deux mains et c'est Mgr Saka lui-même qui le remarque le premier. Le ton de Mgr Salamé change subitement. Il demande à entrer au salon. C'est l'occasion d'un long échange spirituel. Monseigneur me promet son témoignage écrit. Mais je n'ai rien reçu à ce jour, et il me faut le lui rappeler.

Je rédige aujourd'hui, en français, une lettre collective semblable à celle composée en arabe, mais bien plus ordonnée.

Vendredi 30 septembre

Je reçois un petit mot de Grenoble, de mon ami, le P. Marc Louche Pélissier. J'en extrais ce passage :

«Je suis heureux d'apprendre que Soufanieh se poursuit aux États-Unis. J’espère recevoir bientôt les toutes dernières nouvelles.»