110

Février 1988

Lundi 1er février

Lettre de Mme Amal Tannourgi Karam, de Suisse, celle-là même qui a témoigné, voici un peu plus d'un mois, de l'écoulement d'huile dans sa maison à Fribourg. Elle me remercie pour l'huile et pour les images que je lui ai envoyées par Malak Mousleh. Elle m'écrit:

«Je te promets de garder le flacon d'huile comme la plus précieuse des grâces et le plus beau des cadeaux. Je prendrai contact avec M. Castella comme tu me le demandes. Je ne manquerai pas à mon devoir de chrétienne pour annoncer la grâce dont Notre Seigneur Jésus-Christ et Sa Mère la Vierge Marie ont gratifié Soufanieh et le monde entier. J’en répandrai les messages comme tu me le demandes.

Je sais que je ne mérite pas la grâce que m'a faite la Mère de Dieu. Mais je m'engage devant Dieu et mes frères à faire mon possible pour ne pas décevoir le Seigneur et Sa Sainte Mère, en appelant à l'unité, à l'amour et à la sincérité, à commencer par le petit cercle qui m'entoure en Suisse.

Je suis sûre de l'intercession des saints, et surtout de la Sainte Vierge, car aucune frontière ni distance ne séparent les fidèles du Seigneur, où qu'ils soient.

Je vous confie au Seigneur. J’espère que notre prochaine rencontre aura lieu dans notre patrie bien-aimée, parmi les Révérends Pères, les fidèles mes frères, sous l'aile de Notre Seigneur et de Sa Sainte Mère la Vierge Marie.»

Mardi 2 février

Nous fêtons aujourd'hui la Présentation de Jésus au Temple. L'écoulement de l'huile en ce jour a revêtu un caractère quelque peu étrange. Voici comment le P. Malouli et Myrna me le rapporteront:

D'habitude, l'huile coule la veille des fêtes - fêtes du Seigneur et de la Vierge. Mer et ce matin, pas d'huile. Le P. Malouli lave donc la coupelle de marbre - chose qu'il fait toujours la veille des fêtes -, ferme la niche à clef, puis il va s'asseoir au salon pour prier. Il ne cesse de se demander pourquoi l'huile ne se manifeste pas. Myrna se trouve aussi au salon. Elle entend la petite Myriam pleurer dans la chambre. Elle va la chercher. Elle la porte dans ses bras.

Chose étrange : quand Myrna arrive avec sa fille devant les marches du salon, celle-ci se tourne vers l'Icône sainte et dit dans le charabia du bébé: «Dddd, Adra!» Ce qui veut dire - «Attention, Vierge!», comme pour exprimer son mécontentement.

Alors Myrna dit à la petite: -Non, Myriam, Adra est chérie!

Myrna raconte au P. Malouli ce que la petite Myriam vient de "dire". Au même moment arrive Samir Hanna, dont Myrna a vu la voiture s'arrêter devant la maison. Elle l'annonce au P. Malouli qui se lève aussitôt pour lui ouvrir la porte et revient au salon avant que Samir soit entré. Celui-ci se dirige directement vers l'Icône sainte, prie un moment, puis entre au salon en posant cette question

-Depuis quand l'huile a-t-elle coulé?

Le P. Malouli nie toute présence d'huile. Samir affirme le contraire au point de forcer le P. Malouli à vérifier par lui-même. La coupelle est à moitié remplie d'huile!

Lundi 8 février

Mon ami du Canada, Roger Kahil, est à Damas. Ensemble, nous allons à Soufanieh. J'en ai prévenu le P. Malouli, qui l'y attend, car il a été son professeur. C'est un véritable bonheur de les voir se retrouver. Nous prions un moment, puis Roger écoute les quelques explications du P. Malouli.

Entre-temps, de nombreux visiteurs arrivent. A leur tour, ils profitent des explications du Père. L'une des femmes présentes se tourne vers Nicolas et lui dit:

- Heureux es-tu! Tu es bon pour que le Seigneur t'ait tant donné!

Nicolas rit de bon coeur et lui répond à l'instant: - C'est plutôt pour que je devienne bon!

En quittant la "maison de la Vierge', Roger me dit: -Les choses sont plus simples que je ne m'imaginais.

Je note que Roger a vécu jusqu'à l'âge de trente ans dans le quartier qui se trouve juste en face de Soufanieh. Il est donc du voisinage!

A propos du P. Malouli, Roger me fait cette remarque : - Je me réjouis beaucoup pour le P. Malouli, car il a rajeuni!

Vendredi 12 février

Aujourd'hui, je signale deux choses

Le soir, au cours de la prière à Soufanieh, je lis aux fidèles la lettre d'Imad Mouacher, de Jordanie. C'est une méditation étonnante sur les messages de Soufanieh. Trois longues pages. Qui aurait pensé qu'un jeune aussi riche et connu serait transformé à ce point par Soufanieh! Il me semble que bien des prêtres, à commencer par moi, seraient incapables d'écrire un texte pareil.

Hier soir, quand je l'ai lu, j'ai été saisi d'une admiration telle que je l'ai appelé au téléphone à Amman pour l'en féliciter et l'inviter à plus de prière, afin que la volonté du Seigneur se fasse en lui.

Bien plus tard, quand je lui en reparlerai, il me racontera un peu ce qu'était sa vie avant cette conversion, et ce à quoi il aspire maintenant. Il se considère tout au début du chemin. Désormais, c'est le Seigneur qui le préoccupe en premier lieu.

Tard le soir, un groupe de Choeur-Joie se trouve à la chapelle des Pères lazaristes pour une rencontre de prière. Je suis du nombre. Le P. Malouli confesse à côté de la chapelle. Myrna prie avec nous. Au bout d'une demi-heure, l'huile lui couvre les deux mains. C'est Nazih Raad qui me le fait remarquer. Je juge bon d'interrompre la prière et d'inviter les jeunes à venir voir l'huile dans ses mains. La plupart S'avancent, tandis que Myrna, à ma demande, se tient au milieu, manifestement gênée.

Nous chantons tous ensemble le chant à la Vierge très connu "Nous sommes tes serviteurs, ô Mère de Dieu".

Myrna sort ensuite rapidement, tout en disant: «Priez pour moi et sans lever les yeux.

Je pense un moment demander aux jeunes de signer tous une attestation collective, puis j'y renonce. Peut-être pour éviter que l'on ne dise : "Le P. Zahlaoui a fait pression sur les membres de la chorale et il leur a fait signer un témoignage" Patience!

Samedi 13 février

Ce soir, je rends visite à mon ami Georges Horanieh. Je suis heureux de trouver chez lui des amis tels que Adnan Karkour, le peintre Élias Zayat et son frère cardiologue, Gabriel, qui vit en Belgique. Imperceptiblement, la conversation glisse sur Soufanieh, sans aucune intervention de ma part.

Notons un seul point de ce long échange : leur étonnement devant l'inexistence à ce jour d'une commission d'enquête ecclésiastique, en dépit de la persistance du Phénomène depuis tant d'années.

Lundi 15 février

Aujourd'hui, je reçois un ami de Damas, mais qui vit à Abu-Dhabi. C'est l'agronome Riad Ghazi. Après son départ, arrive d'Alep mon ami Michel Chahda.

Riad est à Damas depuis plusieurs jours. Hier soir, il a eu la surprise de voir frapper à la porte de ses parents un pasteur protestant. Comme d'habitude, la conversation a évoqué Soufanieh. C'est Riad qui en a eu l'initiative. La réponse du pasteur se résume en ces deux points : l'Écriture Sainte nous suffit, et depuis le départ de Jésus les chrétiens n'ont pas besoin d'autre chose. Donc, ce qui se passe à Soufanieh ne peut être vrai.

Je reproche à Riad son ignorance des paroles de Jésus, aussi bien que son ignorance des faits miraculeux bien authentifiés par l'Église tout au long de son histoire. J'explique à Riad:

- Jésus n'a-t-il pas dit: «Je suis avec vous jusqu'à la fin des siècles»? Ces paroles ne signifient-elles pas que Jésus peut intervenir de temps à autre? En conséquence, est-ce qu'il n'est pas du devoir de ceux qui ont charge de pasteur de connaître les faits à travers lesquels Jésus peut leur parler? A moins de le condamner au silence pour présenter ses enseignements selon nos passions?

D'un autre côté, Riad cite le cas d'un prêtre qui leur a dit à Abu-Dhabi :

- Myrna et toute sa bande sont en prison.

Je lui dis de recommander à cet affabulateur de se rappeler le proverbe arabe suivant : «Qui veut mentir, qu'il prenne soin d'éloigner ses témoins» et de le rassurer aussi bien sur le compte de Myrna que sur celui de «toute sa bande».

J'invite enfin Riad à visiter Soufanieh pour rapporter à ses amis d'Abou-Dhabi ce qu'il aura vu.

Quant à Michel Chahda, c'est le type même du croyant qui n'hésite pas à mettre au service de sa foi toute sa science. Il me remet un dossier relatant les événements d'Alep. Après en avoir pris connaissance, je me hâte de le remettre au P. Malouli pour qu'il suive ce qui se passe en Alep et s'en réjouisse avec nous.

Le soir, à Soufanieh, je raconte aux fidèles les dires du pasteur et en montre la contradiction avec l'Évangile. Je leur lis des passages du livre du théologien protestant, Max Thurian, Marie, Mère de l'Eglise, où il montre les positions des fondateurs du protestantisme et la dignité inégalée qu'ils reconnaissaient à la Sainte Vierge.

Mardi 16 février

Pour la première fois, je rends visite à Mgr Isaac Saka, dans son bureau au patriarcat syriaque-orthodoxe. J'y trouve Élias Hayek. Accueil simple et chaleureux. Il me raconte tout ce qui lui est arrivé au sujet de Soufanieh, jusqu'à sa rencontre avec la fonctionnaire musulmane, au Koweit. Il m'assure n'avoir aucune gêne à croire en l'authenticité du Phénomène. D'ailleurs, le Seigneur «a le droit» d'intervenir de temps en temps, pour nous rappeler son existence et les fondements de notre vie chrétienne.

Quant à l'événement qui a provoqué son changement d'attitude, je le prie d'en faire un témoignage écrit. Il me propose de le faire à sa place. Je souris et lui dis :

- On dira encore une fois que le P. Zahlaoui a fait dire à Mgr Saka ce qu'il n'a pas dit. Je te demande instamment de le faire toi-même.

Il me le promet avec bienveillance.

Jeudi 18 février

Nicolas vient me voir sans me prévenir. Il m'annonce l'invitation du docteur Mansour aux États-Unis, conformément à l'ordre du Seigneur signifié dans son dernier message.

Nous discutons un moment à ce propos. Je ne cache pas mes craintes face à la séduction du dollar, des mass-médias et des sollicitations extérieures qui risquent de leur faire perdre l'essentiel de Soufanieh : la vie de prière.

Nicolas me dit entre autres

- Je sens que le Seigneur me dépouille de tout. Depuis le début du Phénomène, je n'ai réussi à entreprendre aucun travail. Mon sentiment est que le Seigneur veut me jeter à ses pieds, dépouillé de tout, sauf de Lui, nu sur un pauvre tapis, prisonnier de Lui seul! Et je suis prêt!

Il dit cela avec une simplicité déconcertante. Seigneur, que tes oeuvres sont grandes! On dirait un "soufi" qui est allé bien loin dans les voies du Seigneur.. Je me souviens aussi de cette autre réflexion qu'il m'a rapportée : «La femme du docteur Mansour a dit au téléphone à Myrna et à moi-même : "Le Seigneur nous a enrichis, pour que nous servions Sa Mère!" »

Samedi 20 février

Téléphone de Myrna à 11 heures 45, pour m'annoncer que notre ami Salim Achkar a quitté l'hôpital et qu'avant de rentrer chez lui, il est passé par Soufanieh. Durant la prière devant l'Icône, l'huile a couvert les mains de Myrna. Émotion et joie pour Salim et pour tous ceux qui l'accompagnaient. Il vient de passer à l'Hôpital Français plusieurs jours dans le service des soins intensifs, dans un état jugé des plus graves.

De fait quelques jours plus tard, la Sœur responsable me dit :

- Dieu seul a pu le guérir. Les médecins avaient complètement désespéré de sa guérison.

Salim est convaincu que c'est la Vierge Marie qui l'a guéri. Je reconnais qu'effectivement sa maladie a provoqué un mouvement de prière peu ordinaire.

Dimanche 21 février

Je reçois aujourd'hui le témoignage écrit de Mgr Isaac Saka.

Vendredi 26 février

Journée de retraite spirituelle à Khabab, avec les jeunes de la paroisse universitaire. Myrna et Nicolas nous ont devancés depuis deux jours, en souvenir de leur séjour de fin février 1985. Au programme : une causerie spirituelle, suivie d'un échange sur un texte d'Évangile, puis messe. Je n'hésite pas à dire aux jeunes, bien franchement, que j'espère un signe pour eux durant la messe, car je sais que bon nombre d'entre eux refusent Soufanieh.

Je célèbre la messe en présence d'une quarantaine de garçons et filles. Quatre Petites Soeurs de Foucauld sont du nombre. En outre, le P. Paul Fadel se tient à côté de Myrna, au premier rang. La messe est terminée et rien ne s'est produit. En mon coeur, je demande pardon au Seigneur pour avoir inutilement suscité l'attente des jeunes de la paroisse universitaire.

Tout à coup, je remarque un mouvement du P. Paul Fadel. Me retournant, je vois Myrna ouvrir ses deux mains et me les montrer : elles sont toutes couvertes d'huile! Une joie immense m'envahit! Action de grâces! Je demande alors à Myrna de se tenir au milieu de la chapelle et d'ouvrir les deux mains pour que tous voient. Certains jeunes approchent, touchent l'huile et font le signe de croix sur le front.

Au sortir de la chapelle, je demande au P. Fadel son témoignage écrit. Quant aux jeunes, certains d'entre eux, tout émus, me disent que jusqu'à l'apparition de cette huile ils ont refusé Soufanieh en dépit de leur grande confiance en moi.

Au repas de midi, dans le réfectoire de l'archevêché, il y a les Petites Soeurs de Foucauld, le P. Paul Fadel et le vicaire de l'évêque, le P. Mouwaffak AI-Id. Nicolas et Myrna sont avec nous.

Je dis à Nicolas : - Myrna va accoucher aux États-Unis et le bébé sera américain!

Sa réponse vint, immédiate : - Où qu'il soit, il sera chrétien!