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Janvier 1988

Vendredi 1er janvier

Téléphone ce midi à Soufanieh: j'apprends que l'huile a coulé de l'Icône sainte pendant la nuit, au point de remplir presque la coupelle.

Le soir, je célèbre la divine Liturgie à l'église Notre-Dame de Damas, aux intentions des membres de la chorale et de leurs parents. Puis nous descendons tous à la "Salle des bras" pour les voeux de Bonne Année.

Mon ami Salim Ghanem et sa femme Souad me prennent à part et me demandent s'il ne faut pas penser sérieusement au voyage de Myrna, comme le lui a dit Jésus le soir du 26 novembre dernier, pour qu'elle appelle à l'unité de l'Église. Salim et Souad s'offrent pour participer aux frais de ce voyage apostolique. Cette question me réjouit, mais je leur dis:

-Immanquablement, un signe nous sera donné par le Seigneur. Il est possible que ce signe nous vienne bientôt. Peut-être après réception des réponses aux lettres que j'enverrai, en accord avec le P. Malouli, aux nombreux amis à travers le monde, qui ne cessent de suivre Soufanieh. Et ce signe nous arrivera sans faute.

Quelques jours après, Nicolas et Myrna m'apprennent que leur ami, le docteur Antoine Mansour de Los Angeles, leur a annoncé au téléphone qu'il les invite à ses frais et qu'ils seront ses hôtes dans sa propre maison, et qu'il a introduit pour eux une demande de visa d'entrée aux Etats-Unis

Samedi 2 janvier

Je déjeune chez les Pères jésuites, en compagnie de la mère de mon ami, le P. Aziz Hallak, de son frère Joseph et du médecin français, Mlle Michèle Fichot.

Une fois le repas terminé, le P. Frans, responsable du Centre des jésuites à Damas, me demande au salon pour un tête-à-tête. Je m'y attendais, tout comme je m'attends à ce qui sera dit. Je ne me suis pas trompé. Il me déclare entre autres, à propos de Soufanieh, qu'il n'a aucune objection à faire du moment que les gens prient, mais il n'est pas prêt à s'y compromettre comme je le fais.

Je lui fais remarquer:

- Parce que tu n'as pas vu ce que j'ai vu et que tu n'as pas vécu ce que j'ai vécu à Soufanieh.

-C'est possible! répondit-il.

Il dit que, pour sa part, il ne se sentirait pas gêné d'y prier.

J'estime de mon devoir de lui présenter, encore une fois, certaines choses, de peur qu'il ne prenne Soufanieh trop à la légère. Je lui montre en toute clarté que la seule attitude raisonnable et requise, à mes yeux, de n'importe qui à l'égard de Soufanieh, fut-on croyant ou athée, prêtre, évêque ou patriarche : c'est de s'interdire tout jugement a priori, de chercher à savoir vraiment ce qui s'y passe et, ensuite seulement, de prendre position. Car de deux choses l'une : ou bien nous sommes en face d'un phénomène strictement humain que nous pouvons et devons expliquer, ou bien nous sommes en face d'une intervention divine, grâce à laquelle le Seigneur veut nous dire quelque chose, et nous sommes alors dans l'obligation de L'écouter.

Mercredi 6 janvier

Aujourd'hui la fête de l'Épiphanie : au cours de la nuit, l'huile a coulé de l'Icône dans la coupelle.

Le soir, je rends visite au médecin grec Anguélos Kosséyoglou. Il a de nombreux visiteurs connus à Damas. Son accueil est, à son habitude, très chaleureux. Il s'empresse de me demander les dernières nouvelles de Soufanieh. Je passe chez lui deux heures à raconter Soufanieh devant ses visiteurs éberlués d'entendre parler de faits dont ils ignorent tout!

Vendredi 8 janvier

Au cours de la cérémonie d'enterrement de la mère de mon beau-frère, Abdel-Massih Oska, M. Sami Fakhoury me révèle que l'huile a coulé d'une image de Notre-Dame de Soufanieh chez les Ghachchach, dans le quartier chrétien de Kassa à Damas. Je le remercie et le prie de bien vouloir m'y conduire le plus tôt possible. Malheureusement, je n'ai pas l'occasion par la suite d'y aller.

Le P. Malouli, au comble de la joie, a raconté à Myrna et Nicolas que le vicaire du patriarche syriaque-orthodoxe, Mgr Isaac Saka, a cherché à le voir par deux fois, sans y réussir. Le P. Malouli est donc allé le voir au patriarcat, le mercredi 6 janvier, et a passé avec lui plus d'une heure à lui raconter Soufanieh.

Son Excellence explique au P. Malouli la raison de sa nouvelle démarche. En effet, on ne cesse de le solliciter depuis cinq ans à propos de Soufanieh, et cela surtout dans les pays du Golfe et dans les Emirats. Et il n'a rien à répondre : il en ignore tout. Jusqu'au jour où, se trouvant dans un bureau du gouvernement au Koweit, pour une formalité difficile qui le concerne, il a la surprise d'entendre la jeune fonctionnaire musulmane lui réclamer de l'huile de Soufanieh, après avoir vérifié ses papiers et appris qu'il réside à Damas. Il éprouve de la honte à être ignorant et décide à l'instant de chercher à savoir ce qui se passe à Soufanieh. Bien sûr, il promet de l'huile à la jeune femme.

J'écoute le P. Malouli, le coeur éclatant de joie. Je ne doute pas une seconde que le patriarche Zakka y soit pour quelque chose.

Par la suite, j'apprendrai du patriarche lui-même que son vicaire s'en est ouvert à lui et qu'il l'a poussé à aller à Soufanieh sans plus hésiter. D'ailleurs, l'attitude du patriarche n'est plus un secret.

Samedi 9 janvier

Le soir, je rencontre à Soufanieh mon ami André Patsalidès et son amie allemande, Béatrice, qu'il m'avait présentée à Paris. Nous conversons longuement au sujet du Phénomène. Béatrice est plongée dans le silence, regardant longuement Myrna. Je lui demande la raison de son silence. Elle répond:

- Myrna m'étonne par sa simplicité.

Peu après, André demande à Nicolas de lui permettre de se retirer avec Myrna pour lui poser quelques questions qui lui permettront d'achever le test psychologique qu'il a déjà entrepris sur elle l'été dernier. Leur absence se prolonge. Durant tout ce temps, Béatrice se tient à genoux dans la cour, aux pieds de l'Icône sainte, immobile comme une statue, en dépit d'un froid intense.

Une demi-heure plus tard, André et Myrna sortent de la chambre. André me dit, en présence de Nicolas :

-Père, je peux maintenant te donner à propos de Myrna un certificat que tu pourras présenter à n'importe quel spécialiste en psychologie, arabe ou étranger. Bientôt, je l'aurai rédigé et je te l'enverrai. A toi ensuite d'en disposer comme tu le jugeras bon.

Quant à Myrna, à peine sortie de la chambre, elle me fait cette remarque:

- Que Dieu vienne en aide aux spécialistes en psychologie! Je ne m'étonne pas qu'ils soient contaminés par leurs malades et qu'ils aient besoin à leur tour, plus que leurs malades, d'être soignés!

Le lendemain, André et Béatrice quittent Damas.

Dimanche 10 janvier

En ce jour, je me mets d'accord avec le P. Malouli pour lire aux personnes en prière quelques paragraphes des lettres qui nous sont parvenues, en réponse à la lettre collective que j'ai envoyée le 2 décembre 1987:

1. De Soeur Hubert-Dominique, de Paris. Lettre du 31 décembre:

«Quelle joie de recevoir votre longue lettre qui nous permit de communier à toutes les grâces dont vous comble Notre-Dame de Soufanieh. Que la miséricorde du Seigneur est grande, Lui qui permet à sa Sainte Mère de nous conduire à Lui par la main! ... »

2. Du P. Michel Grelet, du Zaïre

«Tu m'as comblé, car j'ai reçu de toi, il y a près d'un mois, un petit colis contenant des images de Notre-Dame de Soufanieh, un petit flacon d'huile et un coton bien imbibé d'huile, ainsi que ta lettre. Mille mercis! J'ai lu et relu ta lettre collective. Je l'ai même lue à mes confrères. Nous l'avons bien goûtée. Tout cela crie l'amour de Dieu pour les hommes. J'ai même touché la soif d'amour de Jésus pour l'homme et son désir de l'avoir pour compagnon. Jésus semble même très pressé d'achever le salut de toute l'humanité. C'est ce qui explique peut-être les nombreuses interventions de Jésus, de Marie et du Saint-Esprit dans le monde.»

Mercredi 13 janvier

J'écris deux lettres :

- A M. André Castella, propriétaire de la maison d'édition suisse Le Parvis. Je porte à sa connaissance le fait que l'huile a coulé d'une image chez Mme Amal Karam, à Fribourg en Suisse. Je veux le libérer du doute qui l'a saisi à propos de l'huile dont on dit qu'elle a coulé d'une image de Notre-Dame de Soufanieh, à Verdun en France.

Pourtant, c'est lui-même qui nous l'avait annoncé tout d'abord, et avec quelle joie! Naturellement, je lui donne les coordonnées de Mme Karam à Fribourg.

- A Mme Karam elle-même, l'avisant de la lettre que je viens d'écrire à M. Castella, et lui demandant de lui écrire et de lui raconter le fait. J'insiste aussi auprès de Mme Karam pour une prière intense devant l'Icône miraculeuse, afin que la Vierge lui maintienne son don.

La réponse de Mme Karam sera aussi rapide que sympathique.

Vendredi 15 janvier

Le matin, je rends visite à Antoine Makdisi. Je trouve chez lui le poète arabe Adonis. Après le départ de celui-ci, je demande à mon ami son avis à propos de mes mémoires. Il me les rend en me demandant de lire les remarques qu'il a écrites sur le texte même, quitte à y revenir plus tard. Pour le moment, il trouve mon texte «raisonnable et acceptable». Il juge sa publication indispensable, à condition d'en supprimer quelques détails et des noms qui risquent d'encombrer l'esprit du lecteur. Quant à la valeur d'ensemble du texte, voici son appréciation :

-La lecture intégrale de ce texte, et la connaissance des faits sans aucun a priori de pensée ou défait, convainquent de l'authenticité du Phénomène.

C'est ce que m'a dit également le P. Adel Khoury, recteur de la Faculté de Théologie à Munster, en Allemagne.

J'ai aussi à coeur de savoir ce qu'il pense du chapitre intitulé : "Le fait que j'ai gardé caché pendant de longues années". Sa réponse est nette :

- Ce chapitre doit être publié. Il n'y a pas à hésiter. Je crois même qu'il serait préférable qu'il soit placé en tête de tout le texte.

Je lui dis : - Certains amis trouvent qu'il faut le supprimer.

Makdisi me répond:

- Bien au contraire. Il n'y a aucune raison de le supprimer. Tu dois dire ce qui est arrivé. A chacun ensuite de se faire une idée et de prendre position. Pour moi, je trouve qu'il s'agit d'un fait-elle par rapport au Phénomène en ce qui concerne ta prise de position.

Quant à Myrna, j'aime citer ce mot de Makdisi à son propos -Myrna ne changera plus!

Telle a toujours été la certitude de Makdisi, même après le jour où je lui rapporte le message inquiétant du 7 septembre 1987. Il ne cessera de dire que Soufanieh se maintiendra, depuis le jour où il a su que la prière s'y poursuit depuis plus d'un mois.

Samedi 16 janvier

Aujourd'hui s'est produit à Soufanieh un incident qui m'a gêné profondément.

Pendant la prière, un bruit incessant me parvient du salon. Cela M'énerve. Ne pouvant plus me retenir, je m'approche de la porte du salon et vois Myrna, la petite Myriam et d'autres personnes... Je leur fais signe de se taire.

Après la prière, j'entre au salon et leur reproche ce bruit avec dureté. Je leur rappelle que les gens les ont à l'oeil. Comment peuvent-ils se permettre de parler au salon, tandis que les gens prient dans le patio?

Le P. Malouli et Nicolas sont aussi présents au salon. Ils ne disent rien, comme si tout cela ne les concerne pas.

Je n'hésite pas à accabler Myrna de reproches. Elle me dit, avec un brin d'énervement:

- Même si l'on est malade?

J'insiste en précisant que, pour les gens - et tout particulièrement pour elle - le point culminant de leur vie est devenu la prière, et que sur ce chapitre aucune concession n'est possible. Mais, au fond de moi-même, je me rends compte que j'ai dépassé les bornes. Cependant, je crains de m'excuser, de peur de supprimer l'effet de ma remarque.

Dimanche 17 janvier

A midi, j'achève l'article que m'a demandé Mgr Boulos Bourkhoche pour le compte d'un journaliste américain. Auparavant, je le soumets à une révision très minutieuse, que je fais avec le P. Malouli. J'envoie aussitôt l'article au P. Alam Alam.

Le soir, je m'empresse d'aller à Soufanieh. Je rappelle aux fidèles que ce jour est le sixième anniversaire du suintement d'huile de l'image placée dans la niche de la porte extérieure. Une fois la prière terminée, je m'approche de Myrna. Elle distribue du coton imbibé d'huile. Je lui dis :

- Myrna, pardonne-moi, parce que j``ai été dur hier soir.

Elle sourit et, tout en continuant à distribuer du coton, elle me dit sans se retourner, d'une voix calme et douce qui me fait honte

- Voyons, Père, qui se fâcherait d'un reproche mérité P

Lundi 18 janvier

Ce soir, je vais à Soufanieh avec mon ami, l'avocat Ghassan Chalhoub, et son épouse. Es font la connaissance de Myrna et de Nicolas, et ils passent un moment à voir la vidéocassette du P. Joseph Mouwannès.

Ghassan connaît certains aspects de Soufanieh, mais il en ignore les messages. Quand il entend certains des messages, à mesure que le film se déroule, il s'écrie:

- Ça suffit! Ces paroles suffisent à convaincre de l'authenticité du Phénomène. Et c'est cela que tout le monde doit savoir.

Sa remarque me remplit de joie.

Mercredi 20 janvier

Je reçois un mot du P. Ignace Sarkis, du Caire. J'en suis très heureux. Il m'écrit:

«J'attends toujours tes mémoires sur Soufanieh. Les as-tu envoyés? Sont-ils perdus? Ou ne les as-tu pas encore écrits? En tout cas, quelles sont les dernières nouvelles?»

Je suis content. Car celui qui pose ces questions est un prêtre qui est passé à Damas il y a près d'un an et demi. Il s'était enquis de Soufanieh. Et, en dépit de ses quatre-vingts ans, il avait pris la peine de venir à mon bureau pour un tête-à-tête calme et exhaustif. Puis, il avait exprimé le désir de prier à Soufanieh. Il y est venu deux fois, se tenant debout au milieu de la foule.

Quand il a su que je préparais mes mémoires, il m'a arraché la promesse que je lui enverrai un exemplaire. Et le voici qui écrit du Caire, où il est chargé d'une des plus grandes paroisses grec-catholiques. Il a en outre la responsabilité du Secrétariat général de l'Assemblée des patriarches et évêques catholiques en Égypte.

Lettre de M. Jacques Lebreton, ce grand handicapé français, qui a perdu ses yeux et ses mains durant la Seconde Guerre mondiale, et qui a été soigné à Damas, où il est venu il y a quatre ans pour y donner des conférences sur les handicapés, plus particulièrement les aveugles, et sur les services qu'ils peuvent rendre et qu'on peut leur rendre.

De cette lettre, je cite simplement le paragraphe ci-après :

«Ma femme et moi avons été très émus de la lettre collective que vous avez envoyée à l'occasion de Noël, et qui raconte les derniers événements de Soufanieh.

Nous avons particulièrement apprécié ce paragraphe du message qu'a reçu Myrna - paragraphe qui s'adresse manifestement au monde entier : "Va et annonce dans le monde entier et dis sans crainte qu'on travaille pour l'Unité. On ne reproche pas à l'homme le fruit de ses mains, mais le fruit de son coeur!'

Cette parole nous semble d'une extrême importance. Nous reproduirons cette lettre et l'enverrons à quelques personnes capables de l'apprécier. Nous avons conscience du danger qu'il y a a répandre de telles informations sans précaution, car de telles expressions pourraient trouver des interprétations qui s'éloigneraient de l``Évangile.

De tels faits, si impressionnants, nous montrent plus que jamais l'assise solide sur laquelle repose notre foi, et la miséricorde de Dieu qui se manifeste à nous dans la Vierge Marie. Car elles éclatent dune façon toute particulière à Damas, au coeur de cet Orient on ne peut plus déchiré, cet Orient qui constitue aujourd'hui le point le plus dangereux de la division de l'Humanité>

Je reçois aussi un petit mot de Mme Jeanine Guipon, de Paris, qui me dit notamment:

«J'ai reçu le numéro de Chrétiens Magazine qui parle de Soufanieh. J'ai été au bureau de cette revue et j'en ai acheté plusieurs exemplaires, des images de Notre-Dame de Soufanieh et la vidéocassette. Ce fut merveilleux de recevoir ces documents à l'occasion de Noël, ces documents qui parlent de cet Orient qui nous a déjà tout donné.»

Mardi 26 janvier

C'est aujourd'hui le cinquième anniversaire de la guérison de Mme Alice Benlian. Jusqu'à ce jour, les radios de l'épaule, du coude et du poignet montrent un état de calcification qui interdit absolument tout mouvement du bras. Or, ce mouvement est parfait. Je tâcherai de faire faire de nouvelles radios, appuyées par un rapport du docteur Pierre Salam, son médecin depuis 1970.

Le soir, le P. Malouli m'apprend que trois ambassadeurs d'Europe occidentale, accompagnés de plusieurs membres de leurs ambassades, ont passé avec lui plus d'une heure et demie à écouter parler des événements de Soufanieh. Il en est très heureux.

Mercredi 27 janvier

Du nouveau à Soufanieh : plusieurs garçons et filles - dont certains de Choeur-Joie - commencent leurs exercices de chant à Soufanieh, pour doter la Vierge &une chorale à Elle.

Jeudi 28 janvier

Le P. Alam Alam vient me voir. Nous revoyons ensemble son texte anglais sur Soufanieh. Je le force cette fois encore à supprimer bien des choses me concernant.

Vendredi 29 janvier

Visite rapide au patriarcat syriaque-orthodoxe. Je remets au P. Paul Assould, son secrétaire, le flacon d'huile que je lui ai promis. Je le prie aussi de remettre à Sa Sainteté quelques documents, dont le témoignage écrit de Mme Amal Tannourgi Karam, sa paroissienne de Fribourg, et celui du P. Boutros Mouallem, l'ancien supérieur général des Pères paulistes au Liban.

Samedi 30 janvier

Ce matin, un surprenant appel téléphonique d'Alep : mon ami Michel Chahda m'annonce que de l'huile a coulé d'une reproduction de .Notre-Dame de Soufanieh depuis le matin du 24 janvier, dans une maison arménienne, dont le propriétaire, Agop Manuelian, est orthodoxe, et la femme, Marie, est catholique. Michel m'assure avoir vu l'huile couler sous ses propres yeux.

Je veux savoir si les visites et la prière ont lieu dans cette maison gratuitement. Sa réponse est totalement positive. Je lui dis alors :

- Continue à observer le phénomène et consigne tout par écrit dans les moindres détails.

Le soir, à Soufanieh, Mme Georgette Chalhoub - femme d'Élias, l'ancien fabricant d'une boisson alcoolisée appelée arak - me dit que l'une de ses cousines, mariée à un membre de la famille Sakkal vivant aux États-Unis, possède une reproduction de Notre-Dame de Soufanieh qui a suinté de l'huile.

Le même soir, à 22 heures 30, je me trouve chez mes parents, lorsqu'un appel téléphonique m'apprend que l'huile coule d'une grande image de la Vierge, chez mon ami Élie Joseph Achkar. Je me hâte d'y aller. Il y a là une grande reproduction de la Vierge, en noir et blanc, qui laisse couler de l'huile de deux points précis : l'oeil gauche et la main gauche de la Vierge.

J'apprends aussi que cette image a été apportée ce jour même par un groupe de fidèles qu'accompagne spirituellement une religieuse des Soeurs de la Charité, du nom de Dalal Zaarour. Ce groupe a l'habitude de porter ainsi cette image de maison en maison pour y organiser la prière. Il y a là, outre le Achkar et son épouse Marie-Nour, Élie Homsi et ses deux filles, Roula et Rima, ainsi que mon ami Samir Salomon et son épouse Nezha. Nous restons à prier jusqu'à 1 heure 45. L'huile coule toujours, avec de petites interruptions. L'image ne mesure pas moins de 60 centimètres sur 40 et est collée sur un carton assez épais.

Dimanche 31 janvier

Le soir, j'accompagne le patriarche Zakka chez Antoine Makdisi. La famille l'accueille simplement, loin de toute affectation. Au cours des échanges, il est question, bien entendu, de Soufanieh et de l'attitude de la Hiérarchie. Le patriarche raconte ce qui est arrivé à son vicaire au Koweit lorsque la fonctionnaire musulmane lui a réclamé de l'huile de Soufanieh. Il dit avoir encouragé son vicaire à visiter Soufanieh et à rencontrer le P. Malouli ou le P. Zahlaoui. Les faits s'entrecoupent et se rejoignent d'eux-mêmes! On dirait qu'une main mystérieuse mène les gens et les choses selon un temps dont elle seule connaît le secret.

En rentrant au patriarcat dans la voiture du patriarche, celui-ci me raconte le fait suivant qui me comble de joie.

Le patriarche a été invité quelques jours auparavant chez un notable de sa communauté. L'un des invités a soulevé la question de Soufanieh. Ç'a été aussitôt l'occasion d'une attaque féroce contre le Phénomène. Enfin, on demanda au patriarche son avis. Voici sa réponse, dont je crois me souvenir littéralement:

- Mes enfants, vous avez raison. Le jour où Jésus commença sa prédication il ne trouva pour s'opposer à lui que les notables et les grands prêtres. Au fur et à mesure qu'il opérait des miracles qui confirmaient ses paroles, les notables et les grands-prêtres s'obstinaient dans leur opposition. Finalement, quand il eut ressuscité Lazarre - ce qui était capable de dissiper tout doute à son égard -, les notables et les grands-prêtres poussèrent si loin leur opposition qu'ils décidèrent la mort de Jésus et de Lazarre à la fois. Et ils ameutèrent le peuple contre lui, pour enfin le tuer.

Soudain, le patriarche s'était tu, puis il leur avait dit :

- Mes enfants, allez et priez à Soufanieh. Le Seigneur est à l'oeuvre dans cette maison.

Paroles splendides! Comble de splendeur : qu'elles soient prononcées par un patriarche, d'une façon aussi simple et aussi franche... Grâces soient rendues au Seigneur!