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De nouveaux témoins d'importance

Le jeudi 24 août 1987 vient à Soufanieh un jeune prêtre italien, du nom de Norberto, accompagné de Soeur Fiorina, ancienne directrice de l'Hôpital Italien à Damas. Ce prêtre est le neveu de Son Excellence le nonce apostolique à Damas. Il assiste à la prière du soir au milieu de la foule.

Après la prière, comme convenu, ils emmènent Myrna et Nicolas à la nonciature, où Son Excellence les invite à passer un moment.

Le lendemain, téléphone du P. Malouli, exultant de joie. Il me raconte que l'huile a coulé abondamment des mains de Myrna à la chapelle de la nonciature, en présence du nonce, de son secrétaire, du P. Norberto, ainsi que de Soeur Fiorina.

Je téléphone alors à Soeur Fiorina... Elle raconte en détail ce qui est arrivé. Elle me dit entre autres que l'huile a coulé des mains de Myrna "comme d'un robinet". Je réclame son témoignage écrit. Elle promet de le faire.

Le 27 août au soir, le nonce m'appelle, ainsi que le P. Malouli, par téléphone. Nous allons aussitôt à la nonciature. Il nous dit à nouveau ce qui est arrivé et nous recommande la plus grande discrétion à ce propos. Mais comment garder un secret que déjà huit personnes connaissent? Il nous dit entre autres qu'il a à l'instant appelé les religieuses qui se trouvaient à la nonciature. Puis, il nous conduit à la chapelle où il nous montre la tache faite par l'huile qui a coulé des mains de Myrna. Je m'agenouille, puis sens l'huile.

Le 31 août, passant voir Soeur Fiorina à l'Hôpital Italien, j'apprends que le nonce lui a fait signer le rapport qu'il a lui-même rédigé à propos de l'écoulement de l'huile à la nonciature même. Elle me dit aussi qu'elle a écrit elle-même son propre témoignage et qu'elle l'a montré au nonce qui l'a trouvé "bien". Soeur Fiorina, toujours malade, avait peur de mal écrire son témoignage. J'espère qu'elle ne tardera pas à me le remettre. Peu après, ce sera chose faite.

A la nonciature, ce 27 août, Son Excellence veut avoir six copies de mon journal personnel, que j'ai emporté avec moi. Six copies qu'il veut envoyer à Rome. Il est étonné d'en voir le volume. En fait, c'est assez volumineux, mais bien aéré comme frappe. Je l'assure que ces six copies seront remises à son secrétaire, Mgr Eliseo, dès que j'aurai terminé la relation des différents faits survenus depuis mon retour de France.

Le 1er septembre, me trouvant à la nonciature avec le P. Malouli et son supérieur, le P. Félix, je n'hésite pas à demander au nonce du papier pour les six copies, car le papier est devenu plus que rare, et très cher. Il me fait remettre par Soeur Siham trois ramettes de papier. Nous lui souhaitons ensuite bon voyage.

Peu après, je serai en possession des témoignages de Mgr Eliseo et du P. Norberto.

Le mardi 18 août, le nonce m'invite à déjeuner. Son secrétaire, Mgr Eliseo Arioti, prend le repas avec nous. Tandis que nous sommes à table, l'évêque syriaque-catholique de Hassaké, Mgr Georges Hafoury, arrive. Soufanieh accapare la quasi-totalité de la conversation. Son Excellence Mgr Rotunno veut avoir le coeur net sur la position du P. X.

Pour moi, ce n'est pas un mystère : mon ami, le P. Pierre Veau, qui a eu avec ce même P. X. une explication peu avant Pâques 1986, m'en a fait part quelques jours après. Le P. X. refuse Soufanieh pour la raison suivante, fidèlement rapportée par le P. Pierre Veau: «L'agressivité du P. Zahlaoui montre clairement que l'esprit de Dieu ne peut pas se trouver à Soufanieh. »

Dans la conversation, j'ajoute ceci:

- Le péché de ce prêtre consiste en ceci : il a condamné le Phénomène, en me condamnant moi, personnellement. Libre à lui de me condamner s'il le veut. Mais il n'a pas le droit de condamner le Phénomène pour autant. La présence de Judas parmi les Apôtres n'a pas empêché Jésus d'être Jésus. Il est possible que je sois un Judas. Personne ne lui refuse le droit de me considérer comme tel. Mais cela ne saurait m'empêcher d'être témoin de «quelque chose». Or, cette erreur l'a probablement empêché - et empêché beaucoup d'autres à cause de lui - de voir ce «quelque chose».

Je dis au nonce la peine que j'éprouve à voir l'influence décisive que l'attitude du P. X. a eue sur beaucoup de gens à Damas et ailleurs.