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Fête du 15 août 1987 la veille au soir

Habitués à ce que "quelque chose" se produise la veille des fêtes du Seigneur et de la Vierge, nous avons invité plusieurs amis à participer à la prière commune, dans l'espoir qu'ils voient quelque chose, pour en témoigner à leur tour. Parmi ces amis invités, je cite Antoine Makdisi, Georges Hauranieh, Fouad Merchak, Nicolas Mesmar et sa femme Widad Rabbath, ainsi que sa soeur, Mlle Magy Mesmar, tous trois venus en vacances d'Arabie Saoudite. Je n'oublie pas encore une fois de signaler le psychanalyste belge, André Patsalidès.

Or, l'après-midi du 14 août, à 15 heures 30, Myrna m'appelle au téléphone et me dit immédiatement:

- Félicitations, Père, la Vierge nous a fait cadeau de l'huile qui coule de l'image!

Quelques minutes plus tard, je me trouve à Soufanieh, où, déjà, la prière regroupe un bon nombre de personnes, avec le P. Malouli, face à l'Image miraculeuse. J'attends un moment, m'approche et vois que la coupelle de marbre est pleine d'huile, alors que la veille le P. Malouli l'a, comme de coutume, complètement vidée et nettoyée. L'Image est comme plongée dans l'huile.

La prière se maintient jusqu'à 18 heures, avec quelques minutes de repos de temps en temps.

A 18 heures, commence la prière commune au cours de laquelle nous chantons l'Hymne Acathiste, avec quelques membres de la chorale de ma paroisse, que j'ai invités pour ce soir-là.

A 18 heures 5, il y a un petit remous derrière moi. Peu après, je me tourne vers la chambre de Myrna et je vois le flash du cameraman l'illuminer : j'en conclus que Myrna est en extase, mais je continue le chant avec les gens et la chorale.

Quelques minutes après, je me glisse dans la chambre, reste un petit moment, observe André Patsalidès, remercie le Seigneur et reprends ma place devant l'Icône avec la chorale.

L'Acathiste terminée, nous poursuivons les chants, attendant de voir sortir le P. Malouli pour nous annoncer ce qui a été dit à Myrna au cours de l'extase, si message il y a.

Au bout d'un moment, le P. Malouli sort, se tient au milieu des gens dans le patio, annonce qu'une extase vient d'avoir lieu, au cours de laquelle Myrna a vu le Seigneur qui lui a dit ceci:

«Ma fille, c'est Elle, ma Mère, dont Je suis né.

Qui L'honore, M'honore.

Qui La renie, Me renie.

Qui Lui demande, obtient.

Parce qu'Elle est ma Mère.»

Le P. Malouli peut à peine continuer la lecture de ce message, tellement il est ému.

La prière reprend de plus belle, les chants fusent de tous les coins de la cour, spontanément.

Un ami de Soufanieh, le jeune Riad Nejmé, auteur de deux beaux chants dédiés à Notre-Dame de Soufanieh, avait demandé, il y a des mois, au père de Myrna, marbrier, de lui faire une petite niche en marbre pour "son" image de Notre-Dame de Soufanieh, qu'il avait fait venir de Sofia en Bulgarie.

Le père de Myrna apporte cette niche autour de 20 heures. Riad, qu'accompagnent sa mère et sa soeur Joumana, prie Myrna d'y déposer elle-même cette image. A peine Myrna tient-elle dans sa main l'image de la Vierge pour la déposer dans la niche que l'huile se met à couler avec une abondance surprenante de toute l'image... De nouveau, la prière est relancée et nous faisons une espèce de procession avec la niche et l'image dedans autour du petit bassin qui se trouve au centre du patio.

Je laisse à Riad le soin de raconter son témoignage et comment il passera la nuit avec ses amis dans sa villégiature à Bloudane - à 50 kms de Damas - conversant sur Soufanieh.

Je signale, parmi les amis de Riad présents à Soufanieh pendant l'extase, ce soir-là : M. Samir Chaghoury, fils d'un notable grec-orthodoxe, très proche du patriarche Hazim.

Ce soir-là, je quitte Soufanieh à 21 heures. La maison est toujours remplie de gens en prière et de visiteurs.

Avant de nous séparer, André Patsalidès et moi convenons, avec Myrna, Nicolas et le P. Malouli, d'un rendez-vous pour le lendemain matin.

La veille, 13 août, j'ai eu deux communications téléphoniques avec la France. La première avec le docteur Jean-Claude Antakly, pour lui demander conseil concernant mon état de santé. La seconde, venant de Christian Ravaz qui veut s'assurer de mon voyage en France, promis pour la mi-septembre.

Or, à tous deux, je dis notre attente pour le lendemain 14, veille de l'Assomption.

Et tous deux me demandent de leur téléphoner au cas où quelque chose se produirait.

Et je leur téléphone ce soir du 14 août, pour leur dire ce qui est arrivé, et pour leur donner la teneur du Message confié à Myrna.

A ce propos, M. Ravaz veut en savoir plus. Ayant appris, lors de son séjour à Damas, qu'un message assez sérieux a été donné à Myrna la nuit de l'Ascension, et que Myrna a jugé bon de ne le communiquer qu'aux prêtres présents et à moi-même quand j'étais rentré de France, et nous ayant entendu discuter devant lui sur la nécessité de dire à Myrna de poser à Jésus ou à la Sainte Vierge la question de savoir ce qu'il fallait faire : dire le message ou le taire pour le moment, car il risquait d'être trop lourd de conséquence... Donc, M. Ravaz, sachant tout cela, me demande, lors de cette communication de la nuit du 14 août, si une réponse a été donnée. Je lui dis que oui, lui promettant de lui en parler dans une lettre prochaine. De fait, je lui écrirai le 25 août pour lui dire qu'une réponse a été donnée par Jésus à Myrna, avant même qu'Il ne lui communique le message.

En effet, deux jours avant la fête de l'Assomption, les PP. Malouli, Fadel et moi-même, nous avons eu un entretien avec Myrna, lui demandant avec insistance de poser cette question sur l'opportunité ou non de la déclaration du message confié à elle le matin de l'Ascension. Elle a promis de le faire, tout en nous disant qu'elle ne saurait pas comment S'y prendre ou si elle en aurait le temps... Nous lui avons dit:

- Ça ne fait rien : mets-toi cette idée en tête, prie et laisse le Seigneur faire.

Or. au cours de l'extase du 14 août, "La Lumière" lui dit en arabe dialectal :

«Ce pourquoi tu es venue, n'en parlez pas maintenant.»

Cette même phrase, je me permets de la communiquer à M. Ravaz, tout en le priant de la garder pour lui seul.

Et cette phrase sera pour nous l'occasion d'une lente et longue réflexion sur la prière, ses effets et sur la miséricorde du Seigneur, ainsi que sur l'avenir que le Seigneur réserve à notre Église et à notre pays.

Autour de 20 heures, arrive Antoine Makdisi, prévenu par téléphone de l'extase, mais retenu chez lui par des visiteurs peu ordinaires : l'ambassadeur de France et sa femme, ainsi que le poète arabe Adonis. Quand Makdisi apprend ce qui s'est passé et prend connaissance du message, il me prend à part et me dit:

- Père, je suis convaincu qu'il faut publier ton journal. Et c'est moi qui ferai l'introduction.

Cette déclaration d'Antoine Makdisi ne manque pas de me surprendre, car quelques jours auparavant il s'était excusé de ne pouvoir l'écrire, à cause de sa surcharge de travail que je suis bien à même de connaître.

Ce soir-là, je décide de publier mon journal.