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Chose étrange à propos des stigmates du Jeudi Saint 1987

Une fois les stigmates ouverts et Myrna étendue sur son lit, je cours au téléphone. Revenu dans la chambre, je la trouve le visage et le front tout ensanglantés, en train de chanter lentement, de façon entrecoupée, avec de brefs silences, puis reprenant le chant...

A propos de ce chant précisément, j'apprends que Myrna, peu après l'extase qui a suivi l'ouverture des stigmates, ayant entendu l'enregistrement de ce chant, dit à son mari :

- Mais ce n'est pas moi qui chantais cela, c'est Awad ! (c'est le frère aîné de Nicolas, qui venait de mourir quelques jours auparavant).

Cela m'est rapporté. J'interroge donc Myrna là-dessus, et elle reconnaît le fait. Je la prie alors de dire par écrit ce qui lui est arrivé, aussitôt après l'ouverture des stigmates. Le voici :
 
 

TÉMOIGNAGE DE MYRNA

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Dieu unique, Amen.

Le Jeudi Saint, 16 avril 1987, est le "jeudi des sacrements".

En ce jour se produisit un fait que je ne mérite pas. Je ne sais comment en remercier le Seigneur, car ce que nous disons ou faisons n'est rien en comparaison de ce que nous donne le Seigneur, notre bien-aimé Rédempteur. Car Il mourut sur la croix en rémission de nos péchés et des péchés du monde. Et moi, je dis de tout mon cœur et de toute mon intelligence qu'au lieu de vivre, je préférerais mourir pour Lui et supporter la croix et les souffrances comme une couronne, L'aimer et Le servir toute ma vie. Et si j'ai péché et que je n'arrive pas à apprécier à sa juste valeur cette grande grâce qu'Il me destine, je Le supplie de l'éloigner de moi, car je ne la mérite pas et j'accepte toute souffrance qu'Il me choisit. Car rien n'égale ma joie quand je rencontre une souffrance, quelle qu'elle soit, pour Jésus, et je me dis : "C'est la croix qu'Il veut que je porte." Au début, j'avais peur, comme tout être humain. Mais quand je pense que je porterai la croix et suivrai le Bien-Aimé, comme j'exulte de joie ! Car j'accepte toutes les croix qu'Il m'envoie, parce que tout ce qui me vient de Lui est Bon et j'en suis fière.

En ce jour, les blessures des stigmates se sont ouvertes à mon front, dans mes mains, mes pieds et mon côté. C'est la première fois que j'ai une blessure au front. Celle du côté mesure 12 centimètres et demi, et c'est la biologiste Mme Antakly qui me la mesura.

Ceci se produisit quand je me sentis mal à l'aise autour de trois heures (15 heures) moins le quart. Il y avait là toute la famille avec le P. Joseph Malouli, dans le patio de la maison. Le Père Malouli demanda à entrer réciter son bréviaire dans ma chambre. Je lui dis : "Et moi aussi, je prierai avec toi."

Peu après, arriva le P. Élias Zahlaoui et nous restâmes tous trois dans la chambre. Les PP. Malouli et Zahlaoui s'assirent sur le canapé dans un coin de la chambre pour prier. Moi-même, je m'agenouillai près du lit en face dune image de Jésus crucifié.

Je dis aux deux Pères : "Pères, je n'arrive pas à prier, mon corps tremble, est-ce la peur ou quoi ?" Le P. Malouli me répondit : "N'aie pas peur. Il n'est pas nécessaire de parler. Regarde bien l'image et tiens tout ton être présent devant Dieu." J'essayai, tandis que les deux prêtres poursuivaient leur prière.

Tout à coup, je sentis quelque chose me couvrir la tête. J'eus honte de crier, mais à force de souffrir, je n'arrivai plus à supporter et je criai d'une voix forte : "Akh, enlevez-le, enlevez-le!" Les PP. Malouli et Zahlaoui se précipitèrent et ils virent le sang gicler abondamment de mon front, de mes pieds et de mes mains, puis de mon côté.

Le P. Zahlaoui me dit alors : "N'aie pas peur, Myrna. Dieu est avec toi : ce sont les stigmates qui s'ouvrent."

Je ne sentais plus mon corps tellement je souffrais. Je ne sentis même pas quand ils me soulevèrent et m'étendirent sur le lit.

La famille entra alors dans la chambre et vit ce spectacle de souffrance et de joie à la fois. Leur joie les empêchait de savoir ce qu'ils devaient faire.

Mes souffrances furent telles que je perdis conscience et ne sus plus ce qui se passait autour de moi. Et tandis qu'ils chantaient, j'entendis tout à coup la voix de feu Awad Nazzour (le frère de Nicolas, mort à la fin de mars 1986) qui chantait un chant dont il avait lui-même composé les paroles. Le voici : "Par Ses souffrances Jésus, notre bien-aimé Rédempteur nous a rachetés, et par Sa Voix il nous appela à participer à Sa croix." Je leur dis alors : "Gardez le silence : Awad chante." Et c'est moi qui répondais aux couplets que chantait Awad.

Et tandis que tous étaient autour de moi, j'entrai dans une extase on ne peut plus belle et à laquelle je ne m'attendais pas. Je vis ce que n'a vu aucun être humain depuis deux mille ans, car il me fut donné de revenir en arrière bien longtemps et le Rédempteur me donna de participer à sa Passion.

J'ai vu une lumière très puissante et, à travers la lumière, j'ai vu une vieille construction de pierres aux multiples fenêtres. Une porte s'ouvrit et le Sauveur en sortit suivi par un soldat qui le flagellait et lui faisait porter la croix. Il l'aida à porter la croix jusqu'au bas de l'escalier. Jésus poursuivit sa route entouré de milliers de gens. Le spectacle n'était pas très clair, car il était loin de ma vue. Sur son chemin, Il tomba, victime de ce monde, sous le poids de la Croix et de Sa fatigue. C'est alors que s'approcha l'un de ces gens et l'aida à porter la croix. Ils arrivèrent à une colline et Jésus fut fixé sur la croix. Il souffrait mais ne criait pas. Tout le spectacle que j'avais sous les yeux était muet. Je vis aussi quelqu'un lui mettre sur la bouche le bout d'un bâton long, comme s'il lui donnait à boire. Un moment après, je vis quelqu'un le frapper d'un coup violent sur le côté et Jésus dit : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font Soudain, la lumière commença à disparaître et fit place au noir de la nuit. La pluie se mit à tomber comme si les cieux s'étaient ouverts. Puis le Crucifié fut descendu de croix par un militaire, un jeune homme et trois femmes habillées de noir.

L'extase prit fin, mais la Lumière du Crucifié me restait dans les yeux. Je racontai ce que j'ai vu, et c'est le P. Zahlaoui qui le nota. Puis je revins à cette vie mortelle qu'on ne peut éviter.