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Impression d'images lors des troisième et quatrième anniversaires

Des dizaines de milliers d'images, au format carte postale ou plus petit ont, jusqu'au troisième anniversaire (1985), été distribuées gratuitement.

Bien des questions sont posées à ce sujet : qui finance ces dépenses énormes ? C'est gratuit ? Que cache cette "gratuité ?"

En fait, comme pour toutes les choses de Dieu, tout est beaucoup plus simple que l'on ne l'imagine. Quelqu'un a obtenu une grâce et a pensé remercier la Vierge par ce geste : il fait imprimer ou tirer des images et les fait distribuer à Soufanieh et ailleurs. Et la chiquenaude est donnée. Le premier à l'avoir fait, c'est Manuel Khawam, dont le fils a été guéri un jour d'une cécité définitive par suite d'un ulcère à l'oeil.

Lors du deuxième anniversaire', nous avons fait imprimer 40.000 images de format moyen mais double, avec, à l'intérieur, un papier double relatant les faits principaux du Phénomène, en quatre langues : arabe, français, anglais et allemand. Nous avons été très prudents dans le choix des mots et même de certains faits. Nous étions plusieurs à étudier tout cela : le P. Malouli, le diacre Spiridon Jabbour, le P. Alam, Myrna et Nicolas, Antoine Makdisi et moi-même. Là aussi, la Vierge n'a pas été en peine pour trouver elle-même de quoi financer cette impression : trois amis, sachant ce que nous projetions, se sont proposés pour couvrir tous les frais.

Pour le troisième anniversaire, en 1985, nous nous proposons de renouveler l'expérience mais, cette fois, sur une autre échelle : faire imprimer 40.000 exemplaires d'une image de grand format (35/25), sur laquelle on écrirait en cinq langues ce qui est devenu désormais l'appellation de la Vierge à l'huile sainte : "Notre-Dame de Soufanieh, 1. Cf. p. 149-150. Source de l'huile sainte", avec un mot sur le verso, indiquant l'adresse du P. Malouli, une mention de distribution gratuite de l'image, toujours en cinq langues : arabe, français, anglais, allemand, italien.

L'imprimeur chrétien pressenti pour ce travail nous dit qu'une telle quantité coûterait pas moins de 27.000 à 28.000 livres syriennes. Le chiffre est énorme. Une des fidèles de Soufanieh, Inaïa Kara, directrice d'un bureau d'importation d'imprimeries, contacte, à ma demande, des imprimeurs et me dit que l'un d'entre eux voudrait me voir à Soufanieh même.

Rendez-vous pris, on se retrouve à Soufanieh. Il s'agit de M. Adnane Khatib, musulman, ancien directeur de l'imprimerie du ministère de la Culture. Il dispose juste d'une demi-heure. Je lui dis en gros ce qui se passe. Il écoute avec une attention avide. Au bout d'une demi-heure, il s'excuse, reste un moment en silence devant l’image, puis se retire sans rien dire.

Le même jour, un coup de fil m'invite chez l'imprimeur : c'est lui-même qui veut les imprimer, à ses frais. A l'imprimerie, il me présente au responsable technique en lui disant

- Tu feras tout ce que te dira le Père.

Et quand je lui précise qu'il s'agit d'une image de grand format :

- Père, dit-il, ne t'en fais pas : rien n'est de trop pour Notre-Dame Marie !

Il fera faire à Beyrouth la sélection des couleurs. Et l'on ajoutera au verso une troisième mention, pour laquelle je lui quasiment force la main: "Don de l'imprimerie Dar Al-Alwn", en cinq langues également.

A l'approche du cinquième anniversaire (1986), les images étaient sur le point de nous manquer : il faudra faire une nouvelle série. En accord avec le P. Malouli, Myrna et Nicolas, je proposerai à M. Khatib deux choses : ou bien imprimer une nouvelle quantité à nos frais, ou bien nous remettre les clichés pour les faire imprimer ailleurs, au cas où il n'accepterait pas d'être payé. C'est en vain que j'essayerai de le convaincre : il demeurera inflexible !

Les clichés ne quitteront jamais son imprimerie, et il tient à imprimer lui-même, tant qu'il aura du souffle, les images de Notre-Dame Marie, autant qu'on en voudra. Il dira ce dernier mot en portant l'index droit à son cou. Finalement, nous aboutirons à un compromis : nous lui apporterons le papier pour la quantité voulue, et lui se chargera de l'impression gratuitement.

Je reviens à Soufanieh avec cette proposition. Or, ce jour, se trouve présent M. Jean-Pierre Gourdon, premier conseiller à l'ambassade de France à Damas. Quelques jours après, ayant dû faire un voyage rapide à Paris, il reviendra à une heure du matin, avec son frère, tous deux porteurs de la quantité nécessaire pour l'impression des images. Il a acheté le papier à Paris, et, ne pouvant le porter seul comme bagage à main, il a prié son frère de faire le voyage de Damas, pour l'y aider.

Son frère passera deux jours à Damas, au cours desquels il visitera Soufanieh et Sednaya, ensuite il retournera à son travail à Paris.

Nicolas et moi portons le papier à notre ami, M. Khatib. Nous lui racontons comment il est arrivé. L'anniversaire étant tout proche et les images manquant complètement, nous le prions de bien vouloir nous en imprimer quelques centaines rapidement. Pour toute réponse, il nous dit à la mode arabe :

- Comptez sur Dieu !

Trois jours après, il me téléphone pour me prévenir : les 10.000 images sont prêtes.