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A propos du Père Joseph Malouli

Un temps d'arrêt avec le P. Malouli s'impose.

J'ai toujours insisté auprès de lui pour qu'il écrive son témoignage, car il est réputé pour son opposition farouche à toutes les "étrangetés" religieuses.

Je sais l'estime dont il jouit auprès de tous ceux qui l'ont connu et qui se trouvent, non seulement à Damas, mais éparpillés un peu partout dans le monde. Je peux dire de lui, pour l'avoir côtoyé pendant les 25 ans de vie sacerdotale que j'ai vécus à Damas, outre le fait que je suis de Damas, et que je le connais donc depuis fort longtemps, je peux donc dire de lui, en bref, qu'il est aussi estimé que redouté, pour son intransigeance et sa droiture. Je citerai un seul fait à l'appui de cette crédibilité.

Vers la mi-juin 1984, je me trouve à Boston dans la maison d'un ami, le biologiste Antoine Hauranieh. Antoine a prévenu et invité un bon nombre d'anciens de Damas, spécialistes en différentes sciences, et qui ont bien connu le P. Malouli. Bien sûr, ils me posent des questions à propos de Soufanieh, dont ils ont beaucoup entendu parler. Ils M'écoutent avec une attention réconfortante. Tout à coup, l'un d'eux me dit :

- Père, y a-t-il d'autres prêtres avec toi dans ce Phénomène ?

Je comprends, souris et réponds - Le P. Malouli.

Réaction immédiate du questionneur et des personnes présentes - Si c'est le P. Malouli, c'est une affaire sûre.

Pourtant, je leur ai déjà dit qu'un évêque est venu avant toute personne vérifier le fait de l'écoulement d'huile, suivi, pendant les 45 premiers jours, de nombreux autres prêtres. Il a fallu que je nomme le P. Malouli pour que tout soupçon disparaisse.

Donc, je réclame au P. Malouli son témoignage. Il s'y est toujours refusé. Finalement, j'insiste en réduisant mon exigence. Je lui demande de ne parler que du motif décisif qui l'a poussé à adopter Soufanieh. Il le fait, mais en français. Je reproduis ce témoignage intégralement : le P. Malouli y est tout entier.
 

TÉMOIGNAGE DU P. JOSEPH MALOULI

Le dimanche 28 novembre 1982, vers 20 heures, j'ai eu connaissance du "phénomène" de Soufanieh. Au jeune homme qui m'en a informé et qui s'est offert pour m'accompagner, j'ai opposé un refus formel, parce que, par formation et par expérience, je me méfie de ces étrangetés. Depuis les années 40 jusqu'en 1985, j'en ai combattu au moins cinq à Damas, dont la dernière fut "la larme de la Vierge" à Notre-Dame de Fatima, à Damas même, le 20 juillet 1977.

Je suis resté une dizaine de jours très réservés, puis j'ai décidé d'aller voir, non pas l'huile, mais Myrna en personne. Ce que j'ai fait, accompagné de mon supérieur, le P. Pierre Farah, et de la Mère Supérieure des Filles de la Charité de Bab-Touma.

Au cours de l'entretien, j'ai posé plusieurs questions, dont certaines demandaient une réponse plutôt théologique. Je suis sorti avec la certitude que ce n'était pas une affaire montée de toutes pièces. Depuis ce jour, j'ai commencé à suivre ce phénomène quotidiennement.

Mais plus j'avançais, plus j'étais convaincu que la Vierge voulait quelque chose, mais quoi au juste ?

Aux mois de décembre 1982 et janvier 1983, j'ai appris incidemment l'existence d'apparitions, mais on m'a caché l'existence d'un message de la Vierge.

Plusieurs fois, j'ai déclaré : "Il manque un chaînon au phénomène".

Ce chaînon a été fourni la nuit du lundi 21 février 1983, vers 21 heures 30.

En effet, l'après-midi du 21 février, l'Icône, transférée triomphalement le dimanche 9 janvier 1983 à l'église de la Sainte-Croix, a été ramenée in petto et sans préavis à la maison. Réaction violente de la famille.

Le soir, je demande à Myrna de prier avec elle dans la chambre. A genoux, nous récitons ensemble une dizaine de chapelet, puis chacun a prié dans son cœur. Pour ma part, j'ai adressé à la Vierge cette demande: "O Vierge, éclairez-nous pour que nous ne commettions pas de gaffe préjudiciable à votre programme."

Quelques minutes passent, puis Myrna quitte subitement la chambre sans mot dire. Son beau-frère Awad l'ayant vue monter à la terrasse des apparitions, crie d'une voix forte : "Abouna (Père), Myrna est montée à la terrasse." Immédiatement, je quitte la chambre et grimpe à la terrasse, suivi de la belle-mère et de quelques autres personnes.

La Vierge apparaît. Myrna est seule à la voir. Elle adresse un message aux personnes présentes, en arabe dialectal. Entre autres choses qu'elle dit : "Je vous fais une demande, un mot que vous graverez dans votre mémoire, que vous répéterez toujours : 'Dieu me sauve, Jésus m'éclaire, le Saint-Esprit est ma vie. C'est pourquoi, je ne crains pas.' N'est-ce pas, mon fils Youssef ?"

Personnellement, j'ai été stupéfait de la rapidité et de la manière dont la Vierge a exaucé ma demande. L'apparition terminée, nous descendons tous au salon. Tout le monde s'interrogeait : qui est ce Youssef ? Je leur ai expliqué ce qui m'était arrivé au cours de ma prière avec Myrna. Il faut dire que la plupart des gens de Damas me connaissent par mon nom, mais ignorent mon prénom. C'est à la suite de cette apparition, en fait la quatrième de la série, qu'on m'a avoué que la Vierge avait livré un message en langue littéraire. J'ai décidé alors d'acheter un magnétophone pour enregistrer les paroles de la Vierge au cours d'une éventuelle apparition. Ce qui a été réalisé le soir du 24 mars 1983, au cours de la cinquième et dernière apparition. La Vierge livrait ses messages, phrase par phrase, et Myrna répétait, à haute voix, chaque phrase après la Vierge. J'atteste que ce témoignage est aussi objectif que possible. Loué soit Dieu par Marie.

Damas, ce 10 mai 1985

Voici maintenant le texte intégral de ce message donné par la Vierge le 21 février 1983 :

«Mes enfants, soit dit entre nous.
Moi, je suis revenue ici.
N'insultez pas les orgueilleux qui sont dénués d'humilité.
L'humble a soif des remarques d'autrui, pour se corriger de ses défauts.
Tandis que l'orgueilleux corrompu néglige, se révolte, se fait hostile.
Le pardon, c'est la meilleure chose.
Celui qui se prétend pur et charitable devant les hommes est impur devant Dieu.
Je vous fais une demande : un mot que vous graverez dans votre mémoire, que vous répéterez toujours
"Dieu me sauve, Jésus m'éclaire, Le Saint-Esprit est ma vie, c'est pourquoi, je ne crains rien."
N'est-ce pas, mon fils Joseph ?
Portez et pardonnez.
Portez beaucoup moins que n'a porté le Père. »

Ce message a été donné en arabe dialectal.