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Alep : le docteur Pierre Salam et la miraculée Alice Benlian

Mme Alice Benlian a été guérie instantanément à l'église orthodoxe de la Sainte-Croix, le mercredi 26 janvier 1983.

Il nous semble nécessaire d'aller à Alep, avec Myrna et Nicolas, pour faire une interview filmée sur vidéo, avec elle et son médecin, le docteur P. Salam. La précédente interview, menée par le docteur Ibrahim Khalaf, dentiste, a été gâchée par le bruit des voitures et de leurs klaxons.

C'est le mardi 30 avril 1985 que nous allons à Alep, Myrna, Nicolas, son père, Nabil Choukair, le cameraman, et moi-même. Nicolas conduit sa voiture. Le soir même, nous avons l'interview avec le docteur Salam et sa "malade", Mme Benlian. Elle a lieu à l'Hôpital Al-Kalimat, tenu par les Sœurs du Perpétuel-Secours, qui tiennent à nous accueillir à l'hôpital même. Le docteur Pierre Salam parle de la maladie de sa patiente, de son évolution et, enfin, de la guérison instantanée, inexplicable médicalement parlant. Il le fait dans quatre langues - lui-même parlant couramment sept langues - l'arabe, l'arménien, le français et l'italien. Mme Benlian est, bien sûr, présente et donne elle aussi son témoignage.

Le lendemain à midi, nous quittons Alep. Étape à Homs, à l'archevêché grec-orthodoxe, où nous accueillent Mgr Alexis Abdel-Karim, le P. Élias Abdouka et le diacre Spiridon Jabbour, en dépit du fait que nous arrivons à un moment inopportun, et sans rendez-vous. Nous prions à l'église de l'archevêché, puis nous roulons vers Damas.

Tout le long de la route, je remarque une grande fatigue sur la figure de Myrna. Assis à l'arrière, je peux facilement l'observer, puisqu'elle est à côté de Nicolas qui conduit. De temps en temps, je me permets de lui demander si elle est fatiguée.

Sa réponse est invariablement : «un peu». Cette fatigue me rappelle certains états qu'elle a éprouvés avant les extases. Au point que je m'attends à ce que quelque chose se produise dans la voiture même.

En cours de route, nous disons le chapelet à plusieurs reprises, écoutons de nombreux chants religieux et chantons nous-mêmes.

Nous arrivons à Damas à l'heure précise où doit commencer la prière du "Mois de Marie", que, contrairement aux coutumes byzantines, nous célébrons dans notre église paroissiale.

A 19 heures 30, je quitte l'église quand, tout à coup, une voiture s'arrête. C'est M. Manuel Khawam qui me dit:

- Mais, Père, qu'est-ce que tu fais ici ?

A ma question, il répond que Myma vient d'avoir une extase en pleine prière, suivie d'un message dur. Et il me conduit dans sa voiture à Soufanieh.

La maison est encore remplie de gens en prière. Le P. Malouli, toute la famille sont aussi en prière. Myrna est toujours dans sa chambre. J'y entre avec le P. Malouli. Myrna semble encore sous l'effet de l'extase, mais quand je saurai la teneur du message, je comprendrai son accablement. L'extase a duré 10 minutes. La Vierge lui est apparue, assise sur un siège de couleur pourpre, les yeux fixés à terre. Tenant la main de Myrna dans les siennes, Elle lui a dit :

«Mes enfants, rassemblez-vous.

Mon cœur est blessé.

Ne laissez pas mon cœur se diviser à cause de vos divisions.

Je te ferai un cadeau pour tes fatigues. »