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Un événement spirituel au village de Khabab

Khabab est un village de près de 10.000 habitants, situé à 60 ms au sud de Damas, où se trouve le siège épiscopal de l'Évêque du Hauran.

Ce qui s'y est passé entre le lundi 25 février et le dimanche 3 mars de l'année 1985 est consigné dans un rapport en bonne et due forme, rédigé par le vicaire de l'Évêque, et portant à chaque page le tampon du diocèse et la signature du vicaire. Ce rapport-témoignage porte la date du 5 mars 1985. Il se trouve en annexe de ce livre.

D'autre part, Mgr Boulos Bourkhoche, évêque du lieu, en a donné le premier, un témoignage en présence de tous les prêtres de l'évêché à l'exception du P. Siméon Sidaoui, absent ce jour-là - et en présence des religieuses du Bon-Service qui assurent l'intendance de l'évêché. Ce témoignage a été filmé par M. Nabil Choukair, avec sa caméra, en présence du P. Malouli et de moi-même, ainsi que de Myrna, Nicolas et Mme Marie Jarallah.

Il n'est pas inutile de dire que cet enregistrement a eu lieu deux mois après, donc toute émotion disparue.

En outre, Mgr Boulos Bourkhoche lui-même a accepté d'en témoigner une deuxième fois devant la caméra du P. Jean-Claude Darrigaud, venu fin novembre 1986, enquêter sur l'événement. Cette fois-là, Mgr Bourkhoche donnera un témoignage global sur Soufanieh.

Que puis-je ajouter à ces témoignages ?

Il est trois faits auxquels je veux m'arrêter un peu, car ils ont leur importance par rapport à ce qui s'est passé à Khabab.

Le premier touche à la raison de notre présence à Khabab. Le P. Malouli, Myrna et Nicolas, et moi-même cherchions un coin tranquille où il nous serait possible de prier ensemble et de travailler dans le calme à préparer un dossier complet sur Soufanieh, que nous comptons présenter aux autorités ecclésiastiques, en dépit de leurs apparente indifférence.

Il est temps, nous semble-t-il, de le faire. Nous avons choisi Khabab pour son calme, sa proximité et son ambiance spirituelle. Le P. Malouli devait nous y accompagner. Il s'excusa à la dernière minute. Je suis donc allé, seul prêtre, à Khabab, dans la voiture de M. Georges Zarane, lui-même de Khabab, et Nicolas et Myrna étaient dans leur voiture. C'était l'après-midi du lundi 25 février 1985.

Le deuxième : Jeudi 28 février, je quitte Khabab pour Damas, y laissant Myrna et Nicolas. Le soir, à 22 heures, je reçois un coup de téléphone de Georges Zarane qui me dit textuellement :

- Père, Khabab est en festival !

A ma question, il répond tout ému

- Père, l'image de la Vierge qui se trouve près du bureau de Monseigneur pleure, et les gens viennent de Khabab et des villages environnants.

Je me contente de dire à deux reprises - Dieu soit loué !

Samedi 2 mars 1985, téléphone de Soufanieh. Je m'y rends et trouve, en compagnie de Nicolas et Myrna, le vicaire de l'évêque du Hauran, le P. Mouaffak Al-Id. Celui-ci nous invite à participer à la messe solennelle célébrée à Khabab le lendemain dimanche, suivie du transfert de l'Icône miraculeuse à l'archevêché.

Quant à celui qui a offert cette image agrandie de Notre-Dame de Soufanieh à l'archevêché de Khabab, M. Nazih Raad, originaire de Khabab, je lui laisse le soin de témoigner un jour et de dire ce qui l'a poussé à faire ce don à Khabab, ainsi que ce qui lui est arrivé durant le transfert de l'Icône à la Cathédrale, le vendredi 1er mars 1985.

Le troisième : M. Louis Rizk, de Khabab, y enseigne la littérature arabe et la religion chrétienne en classe de baccalauréat. Les élèves l'ont, par le passé, bombardé de questions sur Soufanieh. Il était plus que réservé, mais n'avait rien "vu". Or, il sera l'un des témoins de ce qui s'est passé à Khabab, bien plus, l'un des acteurs. Il suffit de lire le rapport du P. Mouaffak Al-Id. Il m'a donc demandé de l'accompagner pour une visite qu'il voulait faire à certains "miraculés" de la région de Damas. Une semaine après, exactement le samedi 9 mars, il est venu à Damas avec un de ses amis.

Avec la voiture de Nicolas, nous avons fait une rapide tournée, en commençant par le village de Mnin, à 12 km de Damas, où habite le jeune Fadi Bahem, né en 1958, atteint de paralysie dès l'âge de trois mois, et qui a été guéri instantanément le dimanche 19 décembre 1982.

Nous le trouvons adossé à la porte d'entrée. Son père est absent, nous restons donc dehors. Sa maman arrive, nous raconte sa guérison, et nous assure que ce même jour il a quitté Soufanieh à pied et qu'il a marché avec elle et son frère près de 2 km, jusqu'au quartier appelé Harika, attenant à Souk Hamidié à Damas.

Mais je remarque que sa marche ne s'est pas améliorée depuis le jour de sa guérison. Or, quand je l'avais revu près de deux ans auparavant, je lui avais reproché de ne plus prier. De nouveau, je lui assure que s'il priais et remerciais le Seigneur, il ferait de réels progrès, car comme le dit le Coran : «C'est par l'action de grâces que les grâces perdurent». En outre, Notre-Dame Marie ne l'a pas guéri pour le laisser à mi-chemin de sa guérison. Il a donc à prier pour que Notre-Dame parachève sa grâce en lui. Comme d'habitude, il promet de prier.

Ensuite, nous rendons visite à Mme Chams Halaby. Elle raconte à Louis Rizk ce qui lui est arrivé et comment elle a été guérie.

Nous allons également chez Mme Ghalya Armouche. Elle est absente, mais son mari et sa belle-fille nous racontent à nouveau sa maladie et sa guérison.

Louis se contente de ce qu'il a vu et entendu et s'en retourne tout heureux à Khabab.

Avant de clore ce chapitre sur le Phénomène de Soufanieh à Khabab, je veux noter un paragraphe d'une lettre de Mgr Tawil, évêque grec-catholique des États-Unis, datée du 2 mai 1985, en réponse à la lettre dans laquelle je lui faisais part des événements de Khabab : la lettre est écrite en arabe, bien sûr ; je la traduis en français.

«Ce qui attira mon attention, c'est que Mgr Boulos Bourkhoche était présent quand la Vierge pleura et que l'huile coula devant de nombreuses personnes qui en ont enduit leur front. C'est vraiment stupéfiant ! De même, aussi, le fait que Myrna ait vu, dans son extase, feu Mgr Naaman, en compagnie de la Vierge et qu'elle l'ait reconnu quand elle a vu sa photo, cela est plus étonnant ! Il est inutile de dire que tu fais bien, avec le P. Malouli, de suivre ces événements et de les noter avec précision, pour la mémoire des hommes et leur histoire.

Je ne puis après tout cela que réitérer mon merci pour les images que tu avais envoyées. Elles sont parfaitement imprimées et ont été distribuées à l'occasion de Noël. A mon tour, j'en ai donné à des amis. »