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Mon voyage en Europe et aux États-Unis en 1984

A propos de cette tournée, qui se prolonge du 29 avril au 24 juin 1984, il me suffit de signaler rapidement certains points concernant Soufanieh.

1. Toute la tournée me paraît n'être qu'une mission d'annonce de la Vierge. Les nouvelles de Soufanieh m'ont déjà précédé, et l'on sait bien que je suis impliqué dans le Phénomène. Aussi, où que je sois, l'on me pose des questions, et je me contente de témoigner de ce que j'ai vu.

2. A Paris, le premier à me demander des nouvelles est mon ami le P. Pierre Poupart, des Pères Blancs, et cela le soir même de mon arrivée. Lui-même en a parlé aux autres Pères, c'est pourquoi je remarque une grande diversité dans l'accueil que les Pères réservent à ce Phénomène. Cela va de l'accueil favorable du P. Poupart à la politesse d'une écoute silencieuse, jusqu'à l'agressivité moqueuse. Mais, encore une fois, je me rends compte que la crédibilité du Phénomène dépend en premier lieu de la crédibilité du témoin. Il reste le fait que même ceux qui refusent le Phénomène au premier abord, sont capables d'entamer là-dessus une discussion objective et calme, le moment venu. Il en est qui se font remarquer par un grand courage pour enquêter personnellement, comme c'est le cas de mon ami le P. Pierre Boz.

3. A Nantes, auprès des Sœurs ursulines qui m'ont accueilli en 1982 avec la chorale, je trouve un accueil étonnant de simplicité et de foi.

4. Dans les milieux arabes de Paris, pour la plupart universitaires et médicaux, je trouve toutes les attitudes : du refus pur et simple à l'accueil enthousiaste de qui n'attend, pourrait-on dit, qu'un signe du Ciel, en passant par le dialogue scientifique qui finit par rejeter les a priori.

5. A Paris, j'écris au P. René Laurentin, en accord avec le P. Malouli. Il faut le voir, pour lui demander conseil, vu l'expérience et la connaissance théologique qui le distinguent. Il s'excuse, devant partir aux États-Unis.

Quand le P. Pierre Boz accepte de venir à Damas, je pense qu'il sera l'instrument choisi pour ce travail, étant donné sa connaissance de l'Orient arabe, et de la théologie et de la liturgie orientales.

6. En Allemagne Occidentale, nous quittons à peine l'aéroport de Düsseldorf, que déjà le docteur Michel Sayegh et sa femme Nadia, qui sont venus m'accueillir, me posent la question sur Soufanieh. Le trajet de 180 km, jusqu'à Schlangen où je suis attendu par le docteur Riad Hanna et sa femme Claudia, se déroule sur Soufanieh. A peine arrivés à Schlangen, Soufanieh nous accapare de nouveau, et nous ne nous arrêtons qu'après avoir vu la vidéocassette que j'ai apportée avec moi. Il est une heure du matin. C'est alors que Claudia propose la lecture d'un passage de l'Évangile : on lit l'Évangile, on le médite et c'est à 1 heure 30 du matin que Michel et Nadia nous quittent. Ils ont encore 150 km de route à faire.

7. En Allemagne Occidentale toujours, je contacte par téléphone le P. Adel Khoury, doyen de la Faculté de Théologie de Munster, je le mets au courant des principaux points concernant le phénomène. Il demande un complément d'informations.

8. Au Canada, où m'accueille mon ami Roger Kahil, les nouvelles de Soufanieh m'ont précédé. Il ne se passe pas une seule rencontre ou visite sans que Soufanieh accapare la conversation d'une façon toute naturelle, et cela d'autant plus que, conformément à mon habitude, ce n'est jamais moi qui en prends l'initiative. Je laisse les questions venir, sinon je garde le silence. Très fréquemment, ces conversations se terminent, sur la demande de quelqu'un, par une prière et des chants à la Vierge.

9. Aux États-Unis, il en est de même, surtout chez mon ami le docteur Roland Ghanem, immunologue, à New Jersey, et chez le docteur Antoine Hauranieh, biologiste, à Boston. Chez ce dernier, la soirée se prolonge jusqu'à 2 heures du matin, et l'on finit par prier et chanter à la demande d'une des personnes présentes.

Cependant, je dois m'arrêter à propos de ce long voyage sur trois faits significatifs :

1. A Detroit :

J'ai été chez mon cousin Antoine Cueter. Un grand nombre de parents et d'amis sont venus me "saluer". Étaient présents aussi feu Mgr Élias Cueter et le curé, le P. Georges Riachi.

On m'a questionné sur Soufanieh. J'ai raconté en témoin. Quand j'ai parlé de la manifestation de l'huile sur des centaines d'images, tout à coup ma voisine, Violette, femme de Louis Chalhoub, s'est levée et a dit subitement :

- Moi aussi, je vais parler, du moment que le Père raconte cela !

Surprise générale. Je lui ai demandé de parler. Elle a dit alors

- Il m'est arrivé une chose que, jusqu'à présent, je n'ai pas osé dire, mais maintenant je vais en parler.

Puis, se tournant vers sa sœur Marie, femme de Mitri Kanakri, elle lui a dit :

- Te souviens-tu, Marie, de la lettre que tu m'as envoyée, il y a six mois ? Eh bien, quand je l'ai ouverte, j'y trouvai deux images de la Vierge plaquées face à face mais pleines d'huile, tandis que la lettre où tu me parlais de la Vierge de Soufanieh était toute sèche. J'étais stupéfaite, mais je n'osai rien dire à personne, de peur qu'on se moque de moi. Mais maintenant que le P. Elias parle, pourquoi ne parlerais-je ?

Beau et éloquent témoignage !

Deux jours après, Violette nous a invités à dîner, et ce fut pour moi l'occasion de la faire parler devant de nouveaux auditeurs, ce qu'elle fit sans hésitation.

2. A Boston

J'ai rencontré Mgr Joseph Tawil à Boston, lieu de son siège épiscopal. Je l'avais mis au courant depuis le début du Phénomène de Soufanieh. Il est d'une souplesse théologique étonnante et a accueilli Soufanieh très favorablement. Il est très heureux, surtout de la permanence de la prière et de sa gratuité, les considérant comme deux conditions essentielles à l'authenticité du Phénomène. L'attitude générale de la hiérarchie ne l'étonne pas du tout ; bien au contraire, il la considère comme nécessaire au Phénomène.

3. A New York :

Je me suis trouvé avec Roland Ghanem à table, chez notre ami Georges Barsa. Bien sûr, il a été question de Soufanieh. Écoute et étonnement. Tout à coup, Georges m'a demandé

- Père, comment s'appelle le mari de Myrna ?

- Nicolas Nazzour, lui dis-je.

Georges bondit alors -je ne puis dire moins - de son siège, comme mordu par une vipère, et cria :

- Impossible, impossible ! Personne ne connaît Nicolas comme moi. Nous sommes du même quartier et du même âge, et c'est ensemble que nous organisions nos soirées d'orgie. C'est impossible ! J'ai répondu : - Pourquoi donc ? Tu oublies, Georges, que, très souvent, le Seigneur se choisit des personnes plongées dans la boue, pour faire éclater en elles sa gloire !