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Première manifestation des stigmates

Le vendredi 25 novembre 1983, à 17 heures moins quelques minutes, coup de téléphone de Salim Mohsen - voisin des Nazzour m'appelant d'urgence à Soufanieh. J'y accours.

Je trouve Myrna au salon, sur le canapé, le sang lui coulant des mains, des pieds. Tout le monde autour d'elle pleure. Le P. Malouli ? Il est allé appeler le docteur Joseph Nasrallah, directeur de l'Hôpital Français.

Je leur reproche de pleurer et invite tout le monde à prier et à remercier la Vierge de continuer ainsi ses bienfaits. Je me mets à genoux.

Arrivent le P. Malouli et le docteur Nasrallah. Ce dernier est très perplexe. Il reconnaît le fait de l'huile à propos duquel ses enfants lui ont "cassé les pieds". Mais cela ? Il ira même jusqu'à mettre de l'huile ordinaire sur l'une des images de la Vierge pour en voir l'effet, et il constatera que l'image s'est plissée et tordue, contrairement à ce qui se passe quand l'huile vient de l'Image même...

Nous convenons de faire venir d'autres médecins : les docteurs Jamil Margi, pédiatre, et Joseph Massamiri, biologiste. Arrivent aussi, "par hasard", les docteurs Georges Mounayer, cardiologue, et Élie Farah, ophtalmologiste, avec sa femme. Il y a là également le docteur Najat Zahlaoui, généraliste. Nous allons le P. Malouli, le P. Élie Baladi et moi-même convoquer le docteur Jean Siage, dermatologue.

Ensuite, les PP. Malouli et Farès Ma'karon s'en vont prévenir Mgr Joseph Mounayer , qui avait visité Soufanieh quelques jours auparavant, et qui avait exprimé le désir de voir "les stigmates", si jamais stigmates il y avait - car le P. Malouli avait remarqué depuis fin octobre des durillons inexplicables aux mains de Myrna.

Tous viennent, à l'exception de Mgr Mounayer : «Il était très occupé» dit-il.

Nous convoquons aussi l'évêque orthodoxe Epiphanios Haddad, qui vient en compagnie des PP. Constantin Yanni, Youhanna Talli et Dimitri Maamar. Ils arrivent au moment où je quittais la maison. Je n'apprendrai que plus tard ce qui arrivera lors de leur venue.

Lendemain, samedi 26 novembre, j'apprendrai par le P. Malouli que les stigmates ont disparu la nuit même, autour de 23 heures. Le dimanche 27, le docteur Margi vient à Soufanieh et se rend compte que toute trace de blessure a disparu. Il écrira par la suite un témoignage à ce propos.

Plus tard, j'apprendrai aussi du docteur Mounayer lui-même, qu'il est revenu le dimanche 27 novembre, en compagnie de sa femme, pour lui montrer "ces étranges blessures", et qu'il a été surpris de ne rien voir. Lui aussi écrira un témoignage.

Il me faut signaler enfin que le docteur Margi et le docteur Mounayer témoigneront tous deux de ces faits devant le prêtre-journaliste Jean-Claude Darrigaud, quand il viendra à Damas enquêter sur le Phénomène, et qu'il enregistrera sur vidéocassette leurs interviews en date du 28 novembre 1983.

Revenons aux stigmates du 25 novembre 1983. Le dimanche 27 novembre, je pars le matin distribuer l'Eucharistie aux malades comme je le fais tous les dimanches. L'un de ces malades est un ami du nom d'Élie Khayata. Il souffre d'un infarctus, et le docteur Mounayer le suit. Dès que sa femme Sylvie m'ouvre la porte, elle me dit :

- Félicitations, Père !

Je pense immédiatement qu'elle me donne le résultat du cardiogramme que le docteur devait lui faire la veille. Aussi, je lui dis

- Le cardiogramme est donc bon ?

Elle sourit et me dit :

- Mais non, Père, je te dis félicitations, parce que le docteur Mounayer, en arrivant hier, m'a dit en entrant : "Mais c'est le P. Zahlaoui qui a raison".

Je comprends alors. Une vague de colère me soulève et en même temps, j'en suis heureux, heureux ! Colère, car dans Soufanieh, ce n'est pas moi qui suis en cause. Ils ont affaire à la Vierge tout simplement. Joie, car le docteur Mounayer est cousin germain de Mgr Joseph Mounayer. Donc, c'est le cousin germain de Mgr Joseph Mounayer qui devient témoin de Soufanieh. «Seigneur, que tes œuvres sont grandes ! »