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Conférence dans la salle de l'église Saint-Jean-Damascène

Vers la mi-février, la direction du cercle de l'église grec-catholique Saint-Jean-Damascène, à Damas, m'invite à faire une conférence sur Soufanieh le 1er mars 1983. L'invitation me surprend et me réjouit. J'accepte tout de suite.

Je prépare cette conférence par deux initiatives. La première concerne Mme Alice Benlian d'Alep, celle-là même dont on m'a dit qu'elle a été guérie le mercredi 26 janvier 1983. Je téléphone à ma sœur Lucie, religieuse à Alep, de la Congrégation du Perpétuel Secours. Je la prie d'aller voir le docteur Pierre Salam, pour faire faire à Mme Benlian les radios nécessaires et de me les envoyer, accompagnées d'un rapport médical écrit de la main même du docteur Salam. Le tout doit m'arriver avant le 1er mars.

De fait, je reçois les radios et le rapport dans l'après-midi du 1er mars. Je trouve le rapport musclé. Il est daté du 28 février 1983.

La seconde initiative est une tournée de deux jours, au cours de laquelle je visite les malades qui ont été guéris. Cette tournée est des plus réconfortantes. Je n'en retiens que le cas de Mme Chams Halaby.

En résumé, cette dame, d'une cinquantaine d'années, souffrait d'une calcification à l'épaule droite, qui lui rendait l'usage de la main droite impossible. Traitée par plusieurs médecins, elle fut enfin soignée par la physiothérapeute Soumaya Tourna. En vain.

Dans la soirée du 20 décembre 1982, Mme Chams Halaby alla à Soufanieh. D'abord hésitante, elle sentit dans la rue conduisant à la maison une certaine force la tirer. A la "maison de la Vierge", il n'y avait pas d'huile sur l'image. Elle pria et demanda un coton sec qu'elle passa sur l'image miraculeuse et l'avala. Sur le chemin du retour, elle eut à la bouche un goût d'huile et d'encens. Elle y vit une bénédiction de la Vierge. Ce soir-là, elle dormit sans avoir rien mangé. Le matin, à son réveil, elle était tout étonnée de voir sa main bouger normalement.

Sa fille Roulana m'en parla.

Comme d'habitude, je me dis : exagération ! Je réclamais donc une radio. La dame refusa, interprétant ma démarche comme impliquant un doute sur sa guérison. J'expliquai à sa fille que c'était nécessaire pour confirmer médicalement sa guérison et en garder les preuves pour l'avenir. Elle s'exécuta.

Donc, le 1er mars, à midi, jour de la conférence, je m'en vais voir le docteur Élias Georgi à son cabinet à Koussour. J'emporte les deux radios de Mme Halaby : l'une en date du 2 mars 1982, faite par le docteur Georgi lui-même, l'autre en date du 11 janvier 1983, faite par le radiologue Wahid Sawaf. Le docteur Georgi voit d'abord la première radio. Il en conclut que la calcification de l'épaule est telle qu'elle menace le bras de paralysie à plus ou moins brève échéance. Puis, il voit la deuxième radio et dit :

- Cette radio n'est pas celle de Mine Halaby.

Je l'assure du contraire. Il refuse de croire, affirmant que la calcification ne peut pas disparaître. Je l'assure que c'est chose faite. Quand je lui expose ce qu'il en est de la conférence et du but de ma visite, il réfléchit un moment, puis il me dit :

- Dis à Mme Halaby de venir cet après-midi, je lui ferai la radio à mes frais.

C'est ce qu'elle fait.

En outre, comme la première radio ne comporte pas de rapport, je lui en demande la raison.

- Le médecin traitant est mon ancien professeur d'Université, il ne convenait pas que je lui fasse l'analyse de la radio.

La deuxième radio faite par le docteur Sawaf, en date du 11 janvier 198 3, est accompagnée du rapport suivant : «Dans la radio de l'épaule droite, je n'ai rien trouvé qui indique des fractures ou des luxations ou des calcifications dans la capsule. »

Quant au rapport du docteur Georgi, qui accompagne la troisième radio, du 1er mars 1983, on y lit textuellement :

« On remarque l'existence d'une toute petite calcification, grosse comme la tête d'une épingle. A comparer cette radio avec celle faite depuis près d'un an, nous trouvons que la calcification s'est rapetissée d'une façon évidente. Je n'ai pas trouvé d'autres maladies osseuses dans l'articulation. »

Je téléphone aussitôt au docteur Georgi, lui demandant son avis sur ce fait. Il me répond :

- Père, contente-toi de ce qui est dit dans le rapport parce que, en vérité, je ne comprends pas ce qui s'est passé. J'interrogerai l'un de mes anciens professeurs, peut-être qu'il aura un avis là-dessus.

Cette guérison, Mme Halaby la racontera à plusieurs reprises en ma présence. Une fois, ce sera devant le P. Jean-Claude Darrigaud, le 28 novembre 1986. Le P. Darrigaud sera étonné de la façon dont la guérison a eu lieu, aussi bien que de la «simplicité enfantine» - comme il l'a décrira - avec laquelle Mme Halaby lui racontera sa guérison.

Je donne donc la conférence. Au premier rang de l'auditoire, il y a Mgr François Abou-Mokh, ainsi que le prêtre orthodoxe Élias Kfoury - représentant du patriarche orthodoxe, Mgr Hazim - et un grand nombre de prêtres et de religieuses. Il y a aussi un grand nombre de malades guéris. En outre, la salle est comble, et l'on y voit le docteur Jamil Marji qui a assisté à la guérison de Mme Rakillé Kelta, et qui, depuis, n'hésite pas à se reconnaître croyant et à défendre courageusement le Phénomène.

J'ai exigé que la conférence soit intégralement enregistrée, de peur que l'on ne me fasse dire n'importe quoi, sachant parfaitement, comme je le dis au public, «que nous autres, arabes, nous avons une capacité d'affabulation qui dépasse la capacité de création de Dieu même».

A la fin de la conférence, je lis le rapport du docteur Pierre Salam d'Alep, sur la guérison de Mme Alice Benlian. Rapport vraiment étonnant.