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Chez Antoine Makdisi

Antoine Makdisi est un penseur arabe engagé, et un penseur chrétien engagé. Il a enseigné la philosophie durant 25 ans à l'Université de Damas. Chargé, depuis 1965, de la section dite de composition, traduction et diffusion au ministère de la Culture.

Notre amitié remonte à 1962. Mes visites chez lui sont particulièrement fréquentes. Je voudrais cependant rappeler un peu la première rencontre que j'ai avec lui à propos de Soufanieh, pour trois mots qu'il prononce ce jour-là.

Ce même mercredi 29 décembre 1982, je vais lui présenter mes vœux de Noël. La conversation nous conduit tout droit à Soufanieh. Je lui en parle en témoin. Je remarque sur sa figure ces marques de plénitude spirituelle qu'il m'est arrivé quelquefois de constater : ses narines palpitent, son visage irradie et ses yeux se remplissent de larmes. Je parle près d'une heure. Quand je me tais, il reste un bien long moment silencieux, puis il dit textuellement :

- Père, quand le Seigneur s'y met, il sait bien s'y prendre.

Mme Lauris Makdisi, sa femme, a tout écouté. Elle exprime enfin le désir d'y aller, dans l'espoir de "voir". Il lui dit :

-L'important n'est pas de voir.

Puis il sourit et me dit :

- Le problème, quand tu parles, c'est que tu donnes l'impression à qui t'écoute que ce qu'il entend va se passer à nouveau sous ses yeux !

Mme Lauris Makdisi sort nous préparer une tisane. J'en profite pour confier à mon ami mon désir de m'éloigner de tout travail direct, pour me consacrer à la prière, lui redisant ce que j'ai dit le matin à Mgr François. Sa réponse vient, immédiate :

-Père, il ne faut surtout pas le faire ! Ta place est ici. Tu restes là où tu es, jusqu'à ce que le Seigneur t'indique le contraire !

En vérité, j'ai découvert que ce que fait le Seigneur en une seconde, nous y passons, nous autres, cent ans. Bien longtemps après, je me souviendrai avoir fait cette réflexion à Antoine Makdisi. Il me répond :

- Père, tu te trompes carrément : ce que nous détruisons, nous, en cent ans, Lui, Il le reconstruit en une seconde !

Je me dois d'ajouter qu'Antoine Makdisi restera en contact régulier avec Soufanieh, réclamant et accueillant ses nouvelles avec joie, jusqu'au jour où il me sera possible de l'y inviter pour qu'il voie de ses propres yeux. Ce fut le Jeudi saint 1987, lors de l'apparition des stigmates, et deux jours après, la nuit du Samedi saint, où il verra l'huile couler de l'image, et où il assistera, une heure après, à l'extase dont Myrna sera l'objet.

Enfin, c'est à Antoine Makdisi que nous aurons recours, le P. Malouli et moi-même, quand nous traduirons les messages des apparitions et des extases. Il sera aussi notre conseiller dans des moments difficiles.