4

Une journée inoubliable qui me rappelle Lourdes

Le jeudi soir, 9 décembre, je reviens de Soufanieh directement chez mon ami, le docteur Michel Saba. Il y a beaucoup de monde, dont la famille de son frère Farid et celle du docteur Edmond Saba. Je m'y attarde jusqu'à minuit. Le phénomène de Soufanieh alimente toute notre conversation. Quand je les quitte, ils me prient de les prévenir si l'huile coule de l'image à nouveau.

Le lendemain, 10 décembre, téléphone à 6 heures 30. Une voix me dit :

-Père, c'est Nicolas. - Quel Nicolas ?

- Nicolas Nazzour, le mari de Myrna

-Ah, bonjour, Nicolas, que se passe-t-il ?

- Père, depuis minuit, l'huile coule de l'image, avec abondance. Je n'ai pas pu te contacter avant cette heure-ci. Je n'ai pas de téléphone. Je te parle de chez nos voisins, les Farah.

- J'arrive tout de suite.

De fait, je suis déjà tout habillé. Je prends un taxi. Quelques minutes plus tard, je suis chez Nicolas. Des gouttelettes d'huile s'agglutinent sur le verre de l'image, au niveau des visages de la Vierge et de Jésus. Puis elles ruissellent avec une lenteur étrange. Je reste à prier jusqu'à 7 heures et me rends ensuite chez les Farah (Gaby). Avec plaisir, on m'autorise à donner plusieurs coups de téléphone, appelant successivement le docteur Michel Saba et son frère Farid, Fouad Takla, Georges Chakkour, Mme Antoinette Touma, Adel Batal, Mitri Hajjar, Georges Maarraoui, Édouard Hilal et de nombreuses autres familles.

De tous ces contacts, il m'importe d'atteindre deux buts différents. Le premier : répondre au désir de certaines personnes qui m'ont prié de les prévenir. Le deuxième : agir en sorte que ce phénomène soit observé par un grand nombre de gens bien choisis, appartenant à différentes communautés et jouissant d'un grand crédit auprès du clergé et de la société.

A 8 heures, je vais chez les Sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours, les inviter à venir à Soufanieh. Elles viennent toutes, accompagnées de leur supérieure générale, Mère Monique Battikha. Une seule fait preuve de réticence, mais elle vient. Toutes voient l'huile couler de l'image, prient et rentrent au couvent, à l'exception de Sœur Raphaëlle Daye qui, bien que souffrante, passera toute la journée à chanter et à prier dans la "chambre de la Vierge".

Très nombreuse affluence ce jour-là. Étonnement silence, prière et chants. Pendant ce temps, l'huile coule goutte à goutte, sans relâche, jusqu'à 18 heures. Sans exagération, je me crois à Lourdes où, de fait je me suis trouvé avec la chorale moins de trois mois auparavant.

Parmi ceux qui visitent Soufanieh ce jour-là, j'aimerais citer particulièrement Georges Maarraoui et Édouard Hilal, car ils sont restés debout, face à l'image, chantant de leurs belles voix, des hymnes à la Vierge jusqu'à 13 heures.

Dès qu'ils sont sortis de la chambre, je les rejoins dans le patio et leur demande l'heure. Édouard, regardant sa montre, me fixe des yeux avec stupeur et s'exclame :

- C'est impensable ! De 8 heures jusqu'à 13 heures ! Et moi qui, d'habitude, ne quitte pas la maison sans avoir pris le petit déjeuner. Je me suis hâté de venir sans y faire attention.

A cette occasion, il me plaît de signaler que beaucoup de personnes ont participé à ce qui me semble avoir été une longue séance de prière. Ce n'est donc pas seulement le cas d'Édouard Hilal et Georges Maarraoui. Tout semble se passer comme si le spectacle de l'huile sur l'image attisait cette soif de prière, remarquée aussi bien chez les jeunes et adultes que chez les personnes âgées. Pour ma part, ce jour-là, je M'abstiens de repas, pour demeurer auprès de l'image, priant assis ou à genoux.