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Mes deuxième et troisième visites

à Soufanieh

C'est le samedi soir, 4 décembre 1982. Je rends visite à Soufanieh pour la deuxième fois. Les gens en débordent jusque dans l'entrée donnant sur la rue. Cependant, le même calme et la même atmosphère de prière y règnent. Et toujours la même pancarte en haut de l'escalier.

Dans le patio, Nicolas m'aperçoit et m'accueille en disant : - Où étais-tu, Père ? Ton absence s'est prolongée.

- Y a-t-il de l'huile sur l'image ? -Non, répond-il, l'huile a cessé depuis deux ou trois jours.

J'entre dans la chambre de l'image et je prie. En effet, aucune trace d'huile. Par contre, Lina distribue des morceaux de coton, trempés dans l'huile d'une lampe allumée, déposée devant l'image. Je revois Nicolas et lui explique la nécessité d'éviter de donner de l'huile de la lampe :

- Si l'huile coule de l'image, on en donne ; sinon, on ne donne que du coton sec passé sur l'image, si les gens insistent.

Nicolas acquiesce. Je sens qu'il est tout disponible pour accueillir les conseils qui lui seront donnés. Je passe très peu de temps avec eux au salon. Et, avant de me retirer, je demande si je peux, tôt le lendemain, revenir prier seul. Réponse favorable de Nicolas. Nous nous mettons d'accord pour 7 heures.

Habituellement, je célèbre la messe du dimanche à 7 heures. Mais, ce jour-là, le P. Élias Sargi m'a demandé de la célébrer à 8 heures. Je me rends donc de bonne heure à Soufanieh. A 7 heures précises, je sonne. Myrna et Nicolas m'ouvrent. J'entre dans la "chambre de 1 image'.

Je vois une femme en prière, avec un petit enfant de 5 ans environ, entièrement handicapé. Il agite la tête dans tous les sens et est incapable de se tenir debout. J'apprends que la mère et son enfant viennent de passer la nuit dans la chambre, dans le lit des jeunes mariés. Je prends l'enfant dans mes bras et me mets à prier, tantôt à voix audible, tantôt en moi-même. Entre-temps arrive un jeune de la paroisse universitaire, Nabil Maarri. Il s'agenouille et se met à prier. Myma s'agenouille près de moi.

Je ne regarde pas l'image. J'ai les yeux clos. Toute ma prière est centrée sur l'enfant. A un certain moment, j'entends Myma dire sur un ton d'étonnement :

- Mon Dieu, regardez comme l'huile coule de l'image !

Franchement, je n'ouvre pas les yeux. L'huile ne m'importe pas beaucoup. Mais elle coule et je m'en rends compte quand j'ouvre les yeux un bien long moment après. Je suis alors tellement absorbé par la prière que quand je regarde ma montre, il est déjà 8 heures. «Je suis en retard, me dis-je, pour la messe de 8 heures. Qu'à cela ne tienne, je vais continuer à prier jusqu'à la messe de 9 heures. »

Et à 8 heures 45, je quitte la maison. L'huile coule toujours de l'image.