Mise-à-jour:  16 avril 2007
«SOUFANIEH» - LES APPARITIONS DE DAMAS. - CHRISTIAN RAVAZ.
(1988)

TABLE DES MATIÈRES


PRÉLUDE À UNE LECTURE
PRÉFACE (DE L'ABBÉ RENÉ LAURENTIN)
POURQUOI CETTE HUILE
Une jeune femme toute simple
Les premiers visiteurs
Les visites de l'Église et de la police
LES DEUX PILIERS DE SOUFANIEH
Le Père Élias Zahlaoui
Le Père Joseph Malouli, C.M.
Les deux piliers de Soufanieh
LES GUÉRISONS
La première guérison attribuable à Soufanieh
La première guérison à Soufanieh
La deuxième guérison
Les guérisons se succèdent
LES PREMIÈRES APPARITIONS
Myrna a eu peur de la Vierge
La Vierge Marie lui confie un message
TRANSLATION DE L'ICÔNE
L'entrevue de Myrna et Nicolas avec le Patriarche
La troisième apparition
La translation de l'icône
Le retour de l'icône
Une nouvelle guérison
La cinquième apparition
LES ÉVÉNEMENTS SE PRÉCIPITENT
Le mois de l'huile sainte
Quelques réflexions sur l'huile
Extases et stigmates
Deuxième manifestation des stigmates et extase
Il faut y mettre le prix
Myrna rencontre le Nonce Apostolique
Une cécité lumineuse
Les événements de Khabab
La Vierge Marie appelle à nouveau à l'unité
Un message étonnant
Une extase d'une heure et demie
Qu'ils viennent à Moi à toute heure
Les événements se précipitent à nouveau
Myrna porte les stigmates (1983, 1984, 1987, 1990)
Extase du Samedi Saint 1987
Extase du 14 août 1987
Extase du 7 septembre 1987
Extase du 26 novembre 1987
Quelle leçon
En guise de conclusion



 
PRÉLUDE À UNE LECTURE

Ce livre a été réalisé d'après les témoignages écrits des Pères Joseph Malouli et Élias Zahlaoui ainsi que des notes de Myrna Nazzour et d'enquêtes et reportages réalisés par l'auteur sur place.



 
PRÉFACE

Cela s'est passé en Orient. Ce n'est pas un conte des Mille et une nuits. C'est un reportage, si étonnant, voire déroutant, qu'il y paraisse. Nous sommes à Damas, la ville où Saul allait persécuter les premiers chrétiens, et arriva... chrétien, terrassé par le Christ. C'est une ville arabe où les chrétiens sont nombreux, répartis entre les diverses confessions, dont les différenciations et les divergences ont surgi au cours de l'histoire. On y trouve tous les contrastes de l'Orient, avec de profondes racines chrétiennes.

C'est arrivé le 27 novembre 1982 chez Myrna, à Soufanieh: une petite icône bon marché, sous cadre en plastique, s'est mise à répandre de l'huile, goutte à goutte à remplir une soucoupe. Myrna a 18 ans. Elle est mariée avec Nicolas depuis 7 mois. Elle accueille cette huile comme un don de Dieu. C'est son mari qui avait acheté l'icône, lors d'un voyage en Bulgarie.

Les sages et les savants, fussent-ils théologiens, peuvent froncer les sourcils.

De l'huile ? A quoi bon, qu'est-ce que ça veut dire ? Nous avons perdu le sens des signes. Le rituel post-conciliaire a supprimé l'huile des catéchumènes, symbole du combat qu'est la vie chrétienne. Cette onction, imitée de celle des lutteurs, qui échappaient mieux ainsi aux prises de l'adversaire, est aujourd'hui facultavive et généralement omise. Mais on a gardé le Saint Chrême, l'huile dont on marque les prêtres et l'évêque, mais aussi chaque baptisé, chaque confirmé, en signe que tous les chrétiens participent au sacerdoce du Christ. L'huile est un langage chrétien.

Elle est aussi un langage méditerranéen. Elle est signe de douceur, de paix, de guérison. Depuis l'origine du christianisme, l'Eglise donne l'onction aux malades. Et la pharmacie administre beaucoup de remèdes sous forme d'onctions. Certains malades en demandent parfois spontanément à leur médecin:

-Docteur, vous n'auriez pas une petite pommade...ai-je entendu dire un malade venu consulter à la sauvette mon frère médecin.

Il avait une cassure.

Le docteur répondit:  Ça ne servirait à rien.

Mais le patient insista tant, qu'il ne le laissa pas partir sans un tube de pommade huileuse:
-Elle est excellente, lui dit-il pour lui donner un bon moral... avant son entrée en clinique.

- Mais cette huile de Damas, elle ne vient pas du ciel objectera-t-on?

C'est ce qu'a pensé la police, qui a démonté et abîmé l'image, sondé les murs sans trouver rien de suspect. De même, les médecins qui ont poursuivi cette enquête sans trouver plus d'explications, lira-t-on plus loin.

Quelques jours avant l'exsudation de l'icône, de l'huile avait coulé, inopinément, des mains de Myrna: de l'huile d'olive, a-t-on constaté pareillement à l'analyse, et les médecins qui ont assisté plusieurs fois au phénomène sont déroutés, car le corps humain ne peut produire de l'huile d'olive, attestent-ils.

L'onction de cette huile, faite à des malades, a provoqué des guérisons que les médecins ont considérées avec étonnement. La raison s'agite et proteste contre tant de merveilleux.

Myrna vit cela simplement, dans son quotidien que ces phénomènes interrompent et dérangent parfois. Aurait-elle reçu la grâce de devenir aussi une icône de la Vierge? Ne sommes-nous pas tous appelés à être à l'image de Dieu, à l'image du Christ, à l'image de sa Mère immaculée? De ce point de vue, tout lui paraît simple.

Elle a eu des apparitions de la Vierge et des messages qu'on lira aussi dans ce livre.

Elle a eu des stigmates, et reçu alors vocation de partager la Croix du Christ. Elle eût préféré la gloire à la Croix, mais elle a accepté la Croix, par amour du Seigneur. Cela ne l'empêche pas d'être une femme charmante et une maman tendre envers ses enfants.

Son mari, si peu chrétien, qu'il avait d'abord pensé éviter le mariage religieux, est entré dans sa grâce. Et la Vierge a dit à Myrna:

- Je ne suis pas venue séparer! Ta vie conjugale restera comme elle est.

La foule vient prier chez Myrna et Nicolas. Elle y amène des malades. Elle envahit leur maison. Ils se font disponibles. Le docteur Antoine Mansour, un des médecins de l'ancien président Américain, Ronald Reagan, qui avait enquêté, les a fait venir au USA en 1990.

Telle est l'étonnante histoire que vous allez lire. L'Eglise est prudente en cette matière. Elle a l'habitude d'attendre. D'autant plus qu'à Damas l'Eglise est divisée en diverses confessions. Myrna et Nicolas sont un foyer mixte: lui orthodoxe, elle grecque-catholique. Les orthodoxes un moment favorables à cette icône, l'ont transférée, en grande pompe, dans une église. Mais l'icône a tari et elle a été renvoyée chez Myrna avec moins d'honneur...

Mais qui est donc Christian Ravaz, l'auteur de ce livre? Pourquoi a-t-il été à Damas s'informer sur cette affaire insolite?

Rien ne l'y prédisposait. Ce n'est pas un fanatique des apparitions. C'est un technicien de formation, mais aussi un chrétien «en recherche», pourrait-on dire, mais pas au sens où l'on emploie cette expression. Car elle désigne, ordinairement des chrétiens critiques, qui remettent leur foi en question, et cherchent ailleurs, du côté des disiplines orientales (yoga, zen, méditation transcendantale), de la psychanalyse ou de mille autres choses pourvu qu'elles soient étrangères à l'essence du christianisme, et les entraînent ailleurs, au dépaysement...

Christian Ravaz a toujours cherché du côté du Dieu d'Abraham, révélé en Jésus-Christ, du côté de la familiarité de Dieu. Il l'a toujours pressenti, même durant la traversée du désert post-conciliaire. Dieu transcendant est proche, intime. Il a fait l'homme à son image. Il s'est follement incarné. A la faiblesse humaine, il donne des signes. Il n'est pas interdit à Dieu de faire miracle en ce lieu.

Christian Ravaz n'est pas un sentimental. Il avait choisi une carrière scientifique et lucrative dans l'informatique. On avait discerné chez lui, en plus de la bosse technique, la bosse du commerce. A moins de 30 ans, il avait un poste de haut niveau dans la partie commerciale de l'informatique. Il était plein aux as, avec une voiture de sport et rien à se refuser. Pourquoi cet homme généreux, comblé en sa carrière, à 33 ans, a-t-il senti le vide de cette vie pleine. Pourquoi a-t-il pris le risque de tout quitter? Il n'aime pas qu'on le lui demande. Il dit qu'il ne sait pas pourquoi. Sans doute, parce que le coeur (au sens biblique et divin du mot) a ses raisons que la raison ne connaît pas. En 1976 il a quitté cette vie enviable et réussie pour fonder de nouvelles communautés chrétiennes à Lyon (France) puis aider un groupe de "surdoués" de 9 à 14 ans à surmonter l'épreuve de leurs dons et à trouver Dieu. En 1986 il a fondé Chrétiens magazine(1), mensuel, dans un créneau pas encore occupé: ceux qui cherchent, comme lui, du côté de la Proximité et de la familiarité de Dieu: des jeunes, des gens las de trop d'abstractions religieuses, de trop de fuites, de trop de dérives; d'humbles croyants qui souhaitent rencontrer Dieu, ne savent trop comment, et sont à l'affût des signes que Dieu continue à donner, aujourd'hui, comme autrefois, pour aider la faiblesse humaine. L'Évangile nous invite à bien déchiffrer les signes des temps. Et il y a des signes en tout temps: les sacrements d'abord, mais aussi ces petits signes familiers que Dieu donne dans le quotidien. Cela manque aux chrétiens qui n'en ont pas. Cela aide les chrétiens qui savent les trouver, Christian Ravaz le sait comme moi.

Pour ma part, j'avais écrit mon premier livre sur Medjugorje comme un autre. Je ne sentais pas le besoin des apparitions et beaucoup de lecteurs de ce livre m'ont écrit qu'en le lisant, ils avaient retrouvé leur foi perdue. Christian Ravaz sait bien, comme moi, que la foi n'est point évidence, qu'elle est nuit, qu'il s'agit de croire Dieu sur parole: "Bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru", disait le Christ. Il sait qu'il faut cultiver l'essentiel de la foi, mais sans mépriser ni repousser ces petits signes du ciel, dont Dieu gratifie toute vie généreuse et donnée car il connait bien notre nature sensible.

Christian Ravaz avait à son arc une autre corde que celle de l'informatique et celle du commerce - celle du journalisme. Ses premiers articles ont été publiés alors qu'il avait 15 ans. Comme informaticien, il aimait l'information. Il l'a pratiquée, sous toutes ses formes: radio, télévision, presse écrite, en amateur, puis en journaliste professionnel. Il aime le reportage.

Quand il découvrit les apparitions de Kibého (Rwanda), en 1984, il y a été aussitôt, et c'est ainsi que l'Europe apprit Kibého. Il avait eu du flair, dira-t-on. Je dirais plutôt, selon la théologie, qu'il a su exercer le sensus fidelium: le 6ème sens des fidèles qui, souvent, discernent les apparitions avant l'autorité, retenue par le devoir de prudence et de réserve.

La même intuition et les témoignages de Jean-Claude Darrigaud (prêtre et grand reporter à Antenne 2 et Elias Zahlaoui (curé de Notre-Dame de Damas) l'ont attiré vers Damas. Il y a bondi(2). Et voici le résultat. Christian Ravaz agit vite, pense vite, mais toujours très concrètement. Il peut vous essouffler parfois. Il vous entraîne dans une aventure ou vous pouvez vous sentir dépassé. En bon journaliste il la prend comme elle est; et aussi en bon chrétien, dépassé par Dieu lui-même.

Abbé René LAURENTIN.


POURQUOI CETTE HUILE ?

Une jeune femme toute simple

Rien ne laissait penser que Myrna, jeune femme de dix-huit ans, mariée à Nicolas Nazzour depuis sept mois au début des événements, allait être au centre d'une aventure qui dépasse l'entendement.

Le lundi 22 novembre 1982, Myrna en compagnie d'Alice sa belle-mère, s'est rendue au chevet de Leila, la soeur de Nicolas, alitée à cause de douleurs aiguës qui la faisaient crier. Étaient présentes plusieurs femmes, parentes et voisines, dont la soeur aînée de Leila: Marie-Rose. Cette dernière a proposé que toutes les personnes présentes prient pour la malade. Elles priaient depuis plusieurs minutes, quand... Écoutons Myrna: «Soudain j'ai senti une chose étrange, indescriptible, tout mon corps frissonnait. Comme si une force était sortie de moi. Une jeune femme de confession musulmane, prénommée Mayada a crié: "Myrna, qu'est-ce qu'il y a sur tes mains ?". De l'huile coulait de mes mains.(3)»

Myrna a pensé défaillir, toute l'assistance spontanément s'est mise à crier: «Ô Vierge, au secours(4)

La première émotion passée, Myrna a frotté les endroits douloureux du corps de Leila avec ses mains imprégnées d'huile. Les douleurs ont cessé instantanément. Plus tard, les femmes ont été rejointes par Nicolas, l'époux de Myrna. Constatant la pâleur du visage de sa jeune femme, il s'en est inquiété. Sa soeur Marie-Rose lui a expliqué l'aventure qu'elles venaient de vivre, dont la guérison spontanée de Leila. Il a éclaté de rire et s'adressant à son épouse d'un ton moqueur:

-Peut-être as-tu mangé du labné ou des aubergines macérées et de l'huile a coulé sur tes mains ?

-Mon frère ne blasphème pas, lui a dit sa soeur(5).

Nicolas est reparti proposant de revenir chercher son épouse plus tard. Lorsque Farid, le mari de Leila est rentré, il a trouvé son épouse, souriante et occupée à ses travaux ménagers. Il s'est exclamé:

- Grâce à Dieu ton état s'est amélioré.(6)

Toute la maisonnée a dû penser qu'il ne pouvait pas mieux dire!

Dans la soirée, en présence de Farid et Nicolas lors d'une nouvelle prière, après que Myrna se fut soigneusement lavé et essuyé les mains, ces dernières se sont à nouveau imprégnées d'huile. Farid et Nicolas étaient convaincus qu'ils étaient face à un phénomène surnaturel, quelque chose qu'ils ne comprenaient pas, qu'ils ne s'expliquaient pas et qu'ils savaient être hors de la rationnalité. Comme leur épouse respective, ils ont alors pensé que c'était peut-être un «signe de Dieu». En rentrant chez eux, Myrna et Nicolas étaient inquiets; dépassés par les événements, ils n'avaient cessé de se questionner: «Pourquoi auraient-ils été choisis par Dieu ?» ils savaient qu'ils n'étaient pas des saints (ils ont ricané joyeusement lorsque je leur ai posé la question). D'ailleurs ils n'avaient presque pas de culture religieuse et ne fréquentaient l'église que pour les obligations. Nicolas affirme benoîtement, qu'il était croyant, mais qu'il ne pensait à Dieu que lorsqu'il en avait besoin! Dans les jours qui ont suivi la première manifestation, Myrna a affirmé au Père Elias Zahlaoui qui lui demandait si elle priait beaucoup, lorsqu'il est venu enquêter sur l'affaire:

- Ne te fais pas d'illusion Abouna (père en arabe), j'ai 18 ans, je suis mariée depuis sept mois. Tout ce que je sais prier c'est le «Notre Père» et le «Je vous salue Marie», je sais faire le signe de la Croix et je vais parfois le mercredi à la confrérie de la Vierge avec ma belle-mère à l'église de la Croix pour assister à l'office ( ... ).

Myrna a passé son enfance et son adolescence entre Beyrouth et Damas au gré des déplacements de sa famille. Elle a deux frères et deux soeurs. Rien de particulier n'a marqué son enfance et son adolescence. Elle a un caractère réservé, mais affiche une joie de vivre naturelle, son visage s'éclaire fréquemment d'un beau sourire nullement emprunté. Son comportement est normal et équilibré; aucun travers pathologique, si petit soit-il, m'a précisé un médecin à Damas; en plaisantant ce dernier a ajouté «désespérément normale». Nicolas est son aîné d'une vingtaine d'années. Les parents de Myrna s'étaient opposés à leur mariage, à cause de la différence d'âge, ils ont cédé devant la résolution de leur fille qui éprouvait une «véritable admiration» pour ce garçon, disait-elle. Nicolas, lorsqu'il a rencontré pour la première fois sa future épouse, en dit: «Je l'ai aimée de suite.» Il ne pensait alors absolument pas au mariage, profitant des libertés du célibat. Un vieux prêtre qui me parlait du couple, à Soufanieh, évoquant la différence d'âge a eu la réflexion suivante: «Les exégètes n'ont-ils pas avancé que Joseph avait de 20 à 25 ans de plus que Marie?»

Myrna et Nicolas ont eu deux enfants: une fille qu'ils ont appelée Myriam et un garçon appelé Jean-Emmanuel. J'ai participé au baptême de Myriam qui a été célébré le 15 juillet 1987 par le Père Michel Farah, de rite grec-orthodoxe, l'un des premiers témoins des évènements de Soufanieh, et qui a accueilli l'appel au sacerdoce à cette époque. Myriam, dont nous reparlerons plus loin, est une gracieuse bambine pleine de vie, qui distribue des baisers à tout vent avec sa petite menotte, dès qu'elle entend le nom de Jésus.

Nos jeunes époux n'étaient pas, pour le moins, des «piliers d'église», loin s'en faut! Mais ils étaient croyants et sincères, à l'égal de la grande majorité des jeunes générations d'aujourd'hui. Arrêtons-nous un court instant sur ce problème.

Seul un esprit obtus peut ignorer le jaillissement de douleurs de toutes sortes que nous vivons aujourd'hui: désespoir, angoisse, haine, violence, solitude. Les drames internationaux qui défraient la chronique, ne sont que la partie visible de l'iceberg et la projection des drames personnels, si nombreux qu'ils sont devenus un lieu commun. N'a-t-on pas fait suffisamment l'expérience que les «solutions modernistes» dont certaines sont très généreuses, s'étiolent rapidement et sont inefficaces à court terme? Hors de la Vérité, pas de salut, dit-on ! Plus que jamais ce dicton populaire s'impose comme «la seule» solution.

Peu de choses invitent nos contemporains à se tourner vers Dieu. Paradoxalement la recherche de la Vérité est sans doute beaucoup plus intense que dans le passé, en particulier dans les jeunes générations. Bon nombre passent à côté de la Vérité sans la voir, et se perdent à l'écoute du discours complaisant des sectes ou des «spiritualités» de pacotille.

S'ils ne sont pas embrigadés par ces prosélytes malfaisants, ils retournent éprouver la solitude des amours de passage, l'ennui des spectacles modernistes et le morne attrait des modes éphémères. Leur propose-t-on autre chose qui leur soit abordable ?

Serait-il déraisonnable et illusoire de penser que Dieu ne puisse pas intervenir «directement» ? En douter, c'est douter de l'Amour absolu que nous porte le Créateur. Seul un coeur de pierre se refuserait à envisager cette folle hypothèse.

Dans l'ordre de la grâce, Dieu intervient différemment suivant les époques. Il y a eu des époques d'aridité, des époques de clair-obscur et des époques de profusion. Vu l'urgence des temps, Dieu intervient aujourd'hui avec une précipitation et dans une densité que l'humanité n'a certainement pas connues depuis son avènement. Les effets
de sa miséricorde, les «signes», si subtils dans le passé, sont aujourd'hui plus que jamais visibles et identifiables. Un prêtre convaincu de Soufanieh, à Damas, me disait non sans jubiler: «C'est de la provocation.» Myrna et ses proches ont été «provoqués», les conséquences de cette provocation se répandent déjà à travers toute la planète. Son seul but, permettre au plus grand nombre d'adhérer à la seule «Vérité» qui est l'Amour, sans lequel l'être humain ne peut pas s'épanouir et découvrir sereinement les «raisons de vivre».

Face aux phénomènes que Myrna et Nicolas venaient de vivre, leur inquiétude était grande, mais ils commençaient peu à peu à s'abandonner à l'idée que «Dieu, leur demandait peut-être quelque chose.» Myrna s'était mise à prier:

- Mon Dieu qu'est-ce que c'est, cette huile ? Je sais que c'est la puissance divine, mais pourquoi M'as-tu choisie moi qui suis si faible, alors que des milliers méritent plus que moi cette grâce? Malgré cela que Ta volonté soit faite. Maintenant je t'offre mes actions, mes fatigues, mes peines, mes souffrances et mes joies, pour qu'il ne reste rien (d'autre) sinon pour T'Honorer. Ô Dieu je mets en Toi tout mon espoir, parce que je crains mes faiblesses. Fais que je m'éloigne de tout acte que Tu ne veux pas (...)(7)

Quelle action de grâces! Ne serait-ce pas ça la foi? Nos jeunes mariés, dès ce jour, vont vivre une aventure à l'instar d'une véritable saga. Ils vont être les témoins et les récipiendaires de faits pour le moins étonnants. Ils seront tour à tour dans l'angoisse et la sérénité, dans le doute et dans l'assurance, dans la peine et dans la joie. Un véritable «cheminement de foi», quelque peu précipité, mais dont il est facile d'admettre la nécessité, pour eux et pour nous, si nous en acceptons l'opportunité.
 

Les Premiers Visiteurs

Le 25 novembre, la mère de Myrna, ayant appris la guérison de Leila, a rappelé à sa fille, avec un peu de reproche dans la voix, qu'elle aussi souffrait cruellement de la colonne vertébrale et lui a demandé de prier pour elle. En présence d'une partie de la famille, Myrna a prié en tenant une boulette de coton sec dans la main. A nouveau l'huile est apparue sur ses mains et a humecté le coton. Myrna à l'aide de ce coton a badigeonné le dos de sa mère qui affirme que depuis, elle n'a plus jamais ressenti de douleurs dorsales.

Le lendemain, Nicolas a proposé que toute la famille observe une journée de jeûne, comme action de grâces, afin de remercier le Ciel de cette huile. La proposition a été accueillie par des cris de joie de toute la famille.

Lors d'un voyage à Sofia en Bulgarie, Nicolas avait acheté dix petites reproductions d'une icône de la Vierge Marie à L'Enfant, montées dans des cadres en plastique imitation ivoire. Il les a remises en cadeau à sept foyers de la famille. Cette petite reproduction d'icône, d'une valeur marchande négligeable, va être connue en quelques années de millions de chrétiens à travers le monde.

Le 27 novembre, alors que Myrna vaque à ses tâches ménagères, son regard tombe sur deux icônes placées côte à côte. La première est très belle, elle est en bois, elle reproduit une icône du XVe siècle. La seconde est l'une des dix petites reproductions achetées à Sofia. Myrna remarque que cette dernière est très brillante, elle la prend entre ses mains et constate que des gouttelettes d'huile se forment sur le verre qui protège la reproduction. Elle est stupéfaite. Le premier effet de surprise passé, elle court vers son époux. Nicolas n'en croit pas ses yeux, il s'est mis à trembler et un instant il a cru défaillir.

Il prend la petite icône des mains de son épouse et la pose sur une assiette décorative afin que l'huile ne tombe pas à terre. Rapidement l'assiette se remplit d'huile.(8)

Il les place alors dans un grand plateau argenté. Myrna et Nicolas tombent à genoux, ils sont pétrifiés, ils ne savent plus que faire.

- Comment l'huile peut-elle couler si abondamment d'une image imprimée sur du papier ordinaire, se demandent-ils.

Nicolas décide d'aller chercher le reste de la famille. Myrna est restée seule, elle a peur.

Qu'est-ce que c'est (9) ? Soudain, elle entend une voix de femme:

- "Ma fille Marie ne crains pas, je suis avec toi. Ouvrez les portes, ne privez personne de ma vue (...)(10)"

Nicolas est de retour avec plusieurs parents et des amis. Il a peur des conséquences de cette nouvelle manifestation qu'il ne s'explique pas et demande que toutes les personnes présentes s'engagent à garder le secret et que les curieux soient repoussés. Myrna l'interrompt:

-Non Nicolas, j'ai entendu une voix de femme me disant d'ouvrir les portes et de ne priver personne de sa vue(11).

Nicolas a acquiescé à la demande de son épouse et sur le champ il a ouvert la porte de leur demeure. Et de fait, les premiers visiteurs sont entrés. Depuis bientôt quinze ans ce sont des milliers et des milliers de visiteurs qui sont venus dans la modeste maison de Soufanieh pour prier, dont de nombreux prêtres et plusieurs évêques.
 

Les visites de l'église et de la police

Débutées le samedi 27 novembre 1982, les visites n'ont pas cessé à ce jour. La petite maison de Soufanieh sera même, un «lieu de pèlerinage» ainsi que le demandera ultérieurement la Vierge Marie dans un «message».

Les jeunes époux Nazzour ont fait le don de leur vie privée et ce, dans la gratuité totale. Dès les premiers jours, ils ont mis une pancarte à l'entrée de leur demeure: «Les habitants de cette maison refusent tout ex-voto et tout don de quelque nature que ce soit.» J'ai été témoin de cette gratuité. Pour l'illustrer, je vous propose une petite anecdote. Le Père Elias Zahlaoui, lors de mon retour en France, le 25 juillet 1987, m'avait confié plusieurs lettres à expédier depuis Paris afin de réduire les délais de distribution, l'acheminement du courrier entre la Syrie et l'Occident étant parfois assez long. Les enveloppes n'étaient pas cachetées et lors de l'inspection douanière à l'aéroport, le douanier les a ouvertes. Quelle ne fut pas ma surprise de le voir sortir des enveloppes des petits morceaux de coton enfermés dans des petits sachets de nylon ainsi que des billets de banque et des chèques. Vous dire que le douanier m'a regardé avec des yeux interrogateurs serait un euphémisme. Je me suis empressé de lire l'une des lettres (je ne l'avais pas fait auparavant - ma maman a fait de moi un garçon bien élevé - sic !), en effet je ne pouvais pas affirmer au douanier que je n'étais pas au courant du contenu des enveloppes, c'eût été aggraver mon cas d'une façon rédhibitoire! Je lui expliquai donc, que des Français avaient offert de l'argent pour obtenir un petit morceau de coton imprégné d'huile de l'icône de Soufanieh et que cet argent leur était retourné. Les douaniers du monde entier sont habitués à entendre des histoires rocambolesques or, à voir la tête de ce douanier de Damas à l'écoute de mes explications, je dois dorénavant avoir une place toute particulière dans ses souvenirs! Il a ouvert l'un des sachets de nylon, palpé et senti le coton et a tout remis pêle-mêle dans mon sac. Aurait-il profité d'une grâce spéciale? Quoiqu'il en soit, il m'a fait signe de passer (sans regarder le reste du contenu de mes bagages) et je n'ai pas eu à répondre du délit d'exportation illégale de fonds de Syrie !!!

La famille Nazzour n'est pas riche mais elle n'est pas pauvre. Nicolas a travaillé plusieurs années en Occident et y a fait des économies. Leur maison est bien équipée. Je dirais qu'ils ont un standing de vie à l'égal du Français moyen.

Mais, ce qui m'a le plus interpellé c'est la disponibilité constante de cette famille. Accepteriez-vous à toute heure du jour et de la nuit, que des étrangers entrent dans votre maison? Accepteriez-vous que chaque jour à 18:00 votre demeure se remplisse d'une foule pour la prière quotidienne? Accepteriez-vous, comme jeunes mariés, de donner régulièrement votre lit à des malades et des infirmes et, de passer la nuit sur le canapé du salon ? Myrna et Nicolas acceptent ces servitudes avec le sourire.

Toute la famille s'est entendue sur l'obligation de prévenir les autorités de l'Eglise de ces manifestations. Myrna appartient au rite grec-Melkite catholique et Nicolas au rite grec-orthodoxe d'Antioche.

Au Moyen-Orient la femme adhère automatiquement au mariage à la religion de l'époux. C'est donc le Patriarcat grec-orthodoxe qui a été informé. Monseigneur Boulos Pandéli, accompagné de deux prêtres, s'est rapidement rendu sur les lieux le samedi 27 novembre 1982. Ils se sont agenouillés avec Myrna et se sont inscrits en prière. A nouveau l'huile est apparue sur les mains de Myrna. L'évêque a exprimé son émotion, car dira-t-il, il avait demandé intérieurement un signe de la présence de la Vierge Marie!(12) Lorsque le prélat s'apprêtait à se retirer, Myrna a voulu lui baiser les mains, il a refusé en lui disant: «Non ma fille, c'est nous qui devons être bénis par toi.» Myrna a éclaté en sanglots en disant (...) cela est une grande chose que je ne mérite pas.(13) La jeune femme ne s'est pas départie de cette simplicité naturelle.

Le dimanche 28 novembre 1982, les choses auraient pu se compliquer. La famille a eu la visite de la Sureté d'État. La nouvelle des manifestations s'était en effet répandue dans tout Damas, comme une trainée de poudre. A cette époque des troubles agitaient la Syrie à cause de la crise économique. Des décennies de troubles graves ont nécessité dans ce pays la mise en place d'un réseau policier dense, certains pensaient à juste raison que «ce n'était pas le moment de se faire remarquer» !

Lorsque l'officier Akram Abboud est entré afin de faire son enquête, Madame Chahadé Hanoun expliquait à Myrna comment prier le chapelet, plusieurs personnes ayant demandé qu'il soit récité devant l'icône.

L'officier de la Sûreté après avoir obtenu les réponses nécessaires à son rapport, a pris quelques photos. Dans l'après-midi, il est revenu accompagné de trois confrères et d'un médecin, le docteur Saliba Abdel Ahad.

Ils ont tout d'abord demandé à Myrna de se savonner les mains en leur présence et lui ont remis des mouchoirs en papier pour les essuyer. De retour dans la salle de séjour, les quatre agents se sont plantés de part et d'autre de la jeune femme et le médecin s'est placé devant elle. Ils lui ont intimé l'ordre de prier, elle s'est exécutée. N'était-ce pas le moment ou jamais que Dieu intervienne? Les mains de Myrna se sont recouvertes d'huile.

Le docteur Saliba a frotté la paume des mains de Myrna, et a longuement observé l'exsudation de l'huile.

-Qu'en penses-tu docteur ? a dit l'un des agents. Le docteur a pointé l'index vers le haut en disant:
-C'est l'oeuvre de Dieu.

L'un des agents a demandé l'autorisation de démonter l'icône, le bruit courait qu'elle était alimentée en huile par des petits tuyaux. L'agent a tout d'abord examiné soigneusement le mur puis a retiré la petite reproduction en papier du cadre de plastique, ainsi que le verre de protection. Il a déchiré le coin supérieur droit (voir photo de couverture). A ce moment l'huile a coulé de la petite image. L'agent de la Sûreté a frémi. Il a remonté l'icône, a prié un moment et ces messieurs se sont retirés. La petite maison de Soufanieh accueillera des membres du gouvernement, des généraux, plus jamais pour enquête, mais pour prier.

Dans la soirée, vers 19:00, est arrivé le Père Elias Zahlaoui, curé de Notre-Dame de Damas, de rite grec-catholique.

LES DEUX PILIERS DE SOUFANIEH


 
Le Père Elias Zahlaoui

Le Père Elias Zahlaoui est âgé d'une soixantaine d'années, il est un universitaire connu et apprécié à Damas. Il est le curé de la paroisse Notre-Dame de Damas (rite grec-catholique), il jouit de la confiance et de l'estime de son évêque. Le Père Zahlaoui est un homme jovial et sympathique qui s'investit totalement dans tout ce qu'il fait, il est l'homme des «bonnes causes», ses initiatives heureuses ne se comptent plus.

Le 27 novembre 1982, il a reçu à trois reprises la visite de plusieurs membres de la chorale paroissiale dont il est le fondateur et l'animateur, ces derniers l'ont invité, afin d'obtenir son avis, à se rendre à Soufanieh. Les deux premières fois il a refusé catégoriquement, prévenu depuis son enfance d'événements prétendus surnaturels qui n'eurent aucun prolongement, sinon d'attirer les quolibets. Mais devant l'insistance de ces jeunes adultes, tous connus pour être sérieux et équilibrés, il a décidé de se rendre à Soufanieh, ne serait-ce que «pour leur faire plaisir», m'a t-il dit. Vers 19:00, le petit groupe arrive à Soufanieh sans peine il se fraie un chemin au milieu de la foule qui se presse devant la porte. Le Père Elias Zahlaoui est introduit dans la chambre des jeunes époux Nazzour. La première impression qu'il a notée dans son journal est l'atmosphère intense de prière qui reste la caractéristique première de Soufanieh, au-delà des nombreux faits surnaturels. Le Père Pierre Boz, journaliste à Radio Notre-Dame de France qui a été l'un des premiers occidentaux à parler publiquement des événements de Soufanieh, où il s'était rendu à la mi-juillet 1984, avait marqué la profondeur de la piété et en a dit dans l'une de ses émissions: «Rares sont les églises où j'ai remarqué une foi pareille

Dès que le Père Zahlaoui a été introduit dans la chambre, il a demandé à voir l'icône. Lorsqu'il s'en est approché, il a remarqué comme des larmes qui s'écoulaient lentement sur le verre recouvrant la petite icône. Il a demandé un petit morceau de coton imbibé d'huile qu'on lui a donné en l'enfermant dans un petit sachet de nylon. De même, des petits morceaux de coton imbibés d'huile et enfermés dans du nylon ont été remis aux jeunes gens qui l'accompagnaient. Le Père Zahlaoui s'est associé à la prière et au bout de quelques minutes il a constaté que la paume de sa main droite était imprégnée d'huile, il vérifiera plus tard que le nylon n'était pas percé.

A la fin du cantique, le Père Zahlaoui a été introduit dans le salon, il a demandé à s'entretenir avec Myrna. En provoquant d'autorité cette rencontre le Père Zahlaoui, homme rompu aux contacts humains, désirait éprouver la sincérité et l'honnêteté de la jeune femme.

En homme d'Eglise de notre temps, il n'était pas du tout enclin à accueillir ce genre d'événement or, dans son journal, il note ses impressions à la fin de cet entretien: «Ces gens étaient sincères et " foudroyés "par ce qui se passait sous leurs yeux».

Un autre fait ce jour-là a interpellé le Père Zahlaoui. Alors qu'il s'entretenait avec Myrna, sa soeur Lina est entrée dans la pièce et l'a interpellé:

- Père pourriez-vous venir dans la chambre avec Myrna et prier parce que l'huile a cessé de couler de l'image.

Le Père Zahlaoui est tout d'abord tenté de se dérober, puis a accepté de se rendre près de l'icône: il était envahi d'une impression de terreur; en effet cette demande était pour le moins singulière. Ceci me rappelle qu'il y a une quinzaine d'années, avec de jeunes camarades, nous avions provoqué la surprise et la stupéfaction de prêtres auxquels nous demandions simplement leur prière ou leur bénédiction, afin d'obtenir quelque guérison, nous inspirant du Renouveau Charismatique que nous connaissions par les Etats-Unis et le Canada. Bien entendu ils étaient désapointés mais, devant notre détermination et notre candeur, ils n'avaient pu nous opposer aucun refus. Que de grâces ils nous ont obtenues! En particulier, celle d'aimer «le Prêtre», lorsque nous ne comprenions pas l'homme qui donnait parfois l'impression de ne pas être pleinement convaincu de la puissance de Dieu et des grâces attachées à son ministère.

Le Père Zahlaoui s'est agenouillé derrière Myrna face à l'icône. Alors qu'il priait intérieurement depuis plusieurs minutes, il a entendu la jeune femme prononcer une prière personnelle:

-" Ô Vierge Tu es la source.. Les gens viennent pour Toi, pas pour moi... Ne permets pas que l'huile coule de mes mains et s'arrête de couler de Ton image. .. Ô Vierge Tu es la source .. Ne permets pas que l'huile cesse de couler de Ton image ...

Le Père était surpris par la naïveté de cette prière qui n'en était pas moins profonde. Il continuait à observer Myrna qui, sans se retourner, lui dit:

- Je sens que la Vierge est entrée en moi.

Le Père a frissonné en entendant la jeune femme affirmer cela, il ne comprenait pas. C'est alors qu'il a vu apparaître sur les paumes et les doigts de Myrna de l'huile qui s'exprimait avec une abondance étonnante en formant des bulles, comme si elle bouillait. Des gouttes se sont à nouveau formées sur le verre de l'icône.

Le Père Zahlaoui était décontenancé, incapable de prendre une décision; me racontant cette situation il m'a dit: «Je me sentais dans un autre monde.»

Le soir même il a tenu à informer de ces faits son évêque Monseigneur François Abou-Mokh qui l'a écouté avec attention et a conclu l'entretien en lui disant:

- Poursuis ton observation Père Elias. Mais je n'ai pas besoin de te recommander d'être très prudent.

Dans les jours qui suivirent, la prière s'est organisée. L'hymne Acathiste et le chapelet sont les prières les plus fréquentes à Soufanieh. Cependant une large place est laissée aux prières personnelles, spontanées ou composées. Aux innombrables qualificatifs de la Vierge Marie dans l'Acathiste de nombreux ont été rajoutés, le plus fréquent est: «Salut Source de l'Huile Sainte» auquel a été rajouté après les premières guérisons: « ... qui opère la guérison».

Le Père Elias Zahlaoui s'est alors employé à faire observer les phénomènes par le plus de personnes possible et en particulier par des notables, des scientifiques et des religieux et religieuses. La première communauté religieuse à avoir accepté de se rendre à Soufanieh sont les Soeurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours; toute la communauté s'est déplacée, conduite par la supérieure générale Mère Monique Battikha.
 

Le Père Joseph Malouli

Le Père Joseph Malouli est un robuste octogénaire qui jouit d'une santé de fer que lui envient bon nombre de jeunes hommes. Lors de mon reportage sur place, j'avais beaucoup de peine à soutenir la cadence de sa marche dans les rues damascaines. Il est une grande figure de Damas, une personnalité hors du commun. Il a été professeur pendant vingt-sept ans au collège Lazariste de Bab Touma à Damas, il est très populaire auprès des milliers de ses anciens élèves pour... sa sévérité. Mais un homme «tout d'une pièce» comme dit la langue populaire cache souvent un coeur «gros comme ça» que les enfants savent découvrir. Je l'ai compris en voyant de ses anciens élèves expatriés en Europe ou aux Etats-Unis, s'empresser de lui rendre visite lors de leurs vacances au pays. J'ai pu participer à l'une de ses messes, sa façon de célébrer ne trompe pas. Derrière son caractère rugueux, se cache une piété profonde, une dévotion toute particulière pour la Vierge Marie et un grand amour de l'homme. Ce qui m'a le plus interpellé, c'est la lucidité de sa foi. Elle est l'harmonieux mélange de cette sorte de foi populaire si dense qu'elle ne laisse pas la place à un seul doute et d'une solide connaissance doctrinale catholique.

Il est originaire de Maloula (en Syrie) (d'où son nom), l'un des rares lieux au monde où l'on parle encore arâméen, la langue du Christ. J'ai eu le privilège dans le petit monastère de ce village d'entendre le Notre Père, ainsi que Notre-Seigneur l'a enseigné aux apôtres. Les habitants de Maloula ont été plusieurs fois horriblement persécutés pour leur foi chrétienne.

Lors de mon enquête à Damas plusieurs personnes, dont des prêtres, m'ont affirmé que le Père Malouli était réfractaire à toute manifestation extraordinaire en lien avec la foi. Il y en a eu plusieurs à Damas depuis quarante ans, il les avait alors combattues violemment.

Il a eu connaissance des événements de Soufanieh dès le jour où les agents de la Sûreté et le médecin ont rencontré Myrna. Il a été invité à se rendre sur place, afin de constater personnellement l'huile qui exsudait de l'icône, il a catégoriquement refusé, affirmant:

-"Je porte une soutane et je ne veux pas engager l'Eglise dans une affaire dont j'ignore la tête et la queue. »

Il se passera deux semaines avant qu'il ne se rende à Soufanieh.

La première fois, il a tenu à être accompagné de son supérieur le Père Farah et de la mère supérieure des Filles de la Charité.

Il affirme qu'alors il ne se préoccupa pas de voir couler l'huile de l'icône, mais qu'il désirait rencontrer Myrna. En quelques questions dont certaines étaient d'ordre théologique, il a été convaincu qu'il n'y avait pas de supercherie et qu'une manifestation surnaturelle était possible. Dès ce jour le Père Malouli a décidé de venir se joindre à la foule en prière.
 

Les deux piliers de Soufanieh

Dès les premiers jours des manifestations, les Pères Zahlaoui et Malouli se sont intéressés aux événements de Soufanieh. Rapidement ils ont constitué des dossiers dans lesquels ils consignent les nombreux événements. Ces deux prêtres n'avaient à tirer aucun bénéfice à s'investir dans ces événements... sinon des ennuis et parfois la réprobation de confrères peu enclins à admettre ce qui est hors des normes habituelles de la foi. Ils sont l'un et l'autre dotés d'une culture générale et religieuse solides, d'une réputation sans faille et d'une volonté de fer pour soutenir les bonnes causes.

Des intellectuels syriens (médecins, avocats, enseignants...) ne se sont intéressés aux événements de Soufanieh que lorsqu'ils ont su que les Pères Malouli et Zahlaoui étaient fréquemment sur les lieux et semblaient favorables. Si dans l'avenir l'Eglise authentifie ces manifestations, le Ciel ne pouvait pas mieux choisir ses deux propagandistes.

LES GUÉRISONS


 
La première guérison attribuable à Soufanieh

Le samedi 11 décembre 1982, Myrna et Nicolas ont été sollicités par la famille Hanna de rendre visite à l'un des leurs, prénommé Samir, atteint d'une thrombose jugée grave. Le malade réclamait aussi l'Eucharistie. Myrna et Nicolas ont prévenu le Père Zahlaoui qui a accepté de les accompagner pour communier Samir.

Le trio, en entrant dans la chambre du malade, a été surpris de voir ce dernier se lever de son lit et s'agenouiller le front à terre. Au Père Zahlaoui qui tentait de l'en empêcher, il a dit:- Père, Dieu existe.

Réinstallé dans son lit, après avoir prié Nicolas de sortir de la pièce il s'est adressé à Myrna:

Ma soeur Marie, toi tu penses te retirer dans un couvent, et la Vierge ne veut pas que tu le fasses.

Vif étonnement de Myrna qui de fait y pensait intensément depuis plusieurs jours, mais n'en avait jusqu'alors parlé à personne. De plus, il a appelé Myrna de son prénom de baptême: Marie. Il est à noter que les familles Nazzour et Hanna ne se connaissent pas et seuls les proches de Myrna connaissent son prénom. Quelques jours auparavant, Samir avait subi un infarctus suivi d'une hémorragie cérébrale qui a entraîné une hémiplégie. Les médecins avaient affirmé qu'il pouvait mourir d'un moment à l'autre. Un ami s'était précipité à Soufanieh, d'où il avait ramené un petit coton imbibé d'huile. Malgré l'opposition des parents de Samir, son ami a introduit le coton dans la bouche du malade, en lui ouvrant de force la mâchoire avec une cuiller.

Samir a ouvert les yeux, rassuré sa famille éplorée puis réclamé la communion et demandé la présence de Myrna et Nicolas.

Une reproduction de la Vierge Marie (autre que celle de Soufanieh) suspendue au-dessus du lit de Samir a exsudé de l'huile à plusieurs reprises pendant trois semaines.

Huit jours après sa guérison, le dimanche 19 décembre 1982, Samir Hanna s'est rendu à la maison de Soufanieh. En descendant de la voiture qui l'a amené face à la porte de la maison de Soufanieh, ses mains qu'il tenait jointes se sont soudainement recouvertes d'huile. Il a alors levé les deux mains en l'air et écarté les doigts, craignant qu'on ne l'accuse d'avoir dissimulé un coton imbibé d'huile entre ses mains ou ses doigts. Il est entré dans la maison mains en l'air. A la surprise de tous ceux qui connaissent la gravité de sa maladie, il était alerte et le visage rayonnant. Il a prié longuement devant l'icône. En fin d'après-midi, il a participé à la messe célébrée par le Père Zahlaoui, en l'église Notre-Dame de Damas.
 

La première guérison à Soufanieh

Le jeudi 16 décembre 1982, les habitants de la maison de Soufanieh ont eu la visite du docteur Jamil Marji qui s'est employé pendant plus d'une heure à tenter de démontrer à coup d'arguments rationnels que tous ces événements étaient subjectifs, car aucune science moderne ne les prouve.

Tout à coup, une femme vêtue de noir, à genoux devant l'icône, s'est mise à pousser des hauts cris. D'autres personnes près d'elle, criaient:

Oh Vierge ! Elle est guérie.

Conduite au salon, sous l'emprise d'une vive émotion, elle est incapable de s'exprimer, elle ne fait que bouger violemment les bras. Son fils est près d'elle et il explique qu'elle était atteinte de paralysie de la main droite à cause d'une calcification de l'épaule. Le Père Zahlaoui pense qu'elle vient de guérir et, en homme avisé, demande au fils d'apporter au plus tôt des certificats médicaux. Or il les a sur lui: la veille il avait accompagné sa mère Raquillé Kilta chez le docteur Samir Roumani. Le prêtre prend en main le certificat et le docteur Jamil Marji qui était près de lui, demande à le parcourir, puis ce dernier examine Madame Kilta.

Au bout de quelques minutes, le médecin revient près du Père Zahlaoui et avec émotion lui dit:

-Père, je jette bas les armes. C'est une affaire qui me dépasse et dépasse tout pouvoir humain, je suis prêt à témoigner devant n'importe quelle instance. Je te prie pour cela de me permettre de garder ce rapport un moment, pour que je continue d'observer l'état de cette dame, en collaboration avec le docteur Samir Roumani. (...)(14)

Rendons hommage à l'humilité de ce médecin, venu dans cette maison avec l'intention de raisonner des personnes qu'il estimait dans l'erreur et qui repart plein d'une conviction qui n'était pas la sienne.

Dans la demi-heure, se présentaient le chef du poste de police de quartier, puis le commandant en chef de la police de Damas: le général Walid Hammamieh. Le docteur Marji les avait informés de la guérison spontanée dont il avait été témoin.

Ces messieurs responsables du maintien de l'ordre ont proposé leurs services si la foule, qui ne cessait pas de se presser à Soufanieh, provoquait quelque trouble. Damas était à l'époque tendue et on craignait des manifestations politiques. Il est inutile de préciser que les policiers avaient ordre d'interdire tout rassemblement, ils ne l'ont pas fait pour Soufanieh. D'ailleurs, il est à noter qu'au fil des années plusieurs manifestations de foi auront lieu autour de ces événements, dont certains rassembleront plusieurs milliers de personnes et qu'il n'y aura aucun incident notable.
 

La deuxième guérison

Dans la matinée du 17 décembre 1982, le Père Zahlaoui est à peine arrivé à la maison de Soufanieh qu'on lui présente Madame Ghalya Armouche qui affirme qu'elle vient de guérir d'une façon extraordinaire.

Depuis plusieurs mois cette dame avait à supporter de violentes douleurs de la main droite. Dans la soirée du 16 décembre 1982, sa fille la presse de se rendre à Soufanieh, les douleurs sont tellement aiguës qu'elle ne peut accepter l'invitation, mais demande qu'on lui rapporte un morceau de coton imprégné d'huile, ce qui a été fait. Le soir, au moment de se coucher, elle glisse le coton dans la manche de sa chemise de nuit, et après avoir prié, elle s'endort. Madame Armouche affirme que dans la nuit, elle a rêvé qu'une belle dame lui poussait l'épaule en lui disant:

- Lève-toi, tu n'as plus rien.

De fait, le lendemain, elle ne souffrait plus. Le 27 décembre 1982, le Père Zahlaoui a sollicité une entrevue avec le médecin traitant de Madame Armouche: le docteur Toutounji. D'emblée le prêtre demande au praticien l'évolution envisageable de la maladie de sa patiente en lui présentant une radiographie exécutée deux mois et demi auparavant:

-La pauvre est condamnée à la paralysie.

-Sera-t-il possible de lui faire une articulation artificielle?

-Chez nous, non. Mais si ce sont des gens aisés, peut-être pourra-t-on le faire en Europe. De toute façon, dites-lui de venir me voir demain.

- Je crois qu'elle n'a plus besoin de toi docteur, il s'est trouvé un médecin qui l'a guérie.

- Que dis-tu Père ?

- La Sainte Vierge l'a guérie, docteur !

Le mardi 28 décembre 1982, le docteur Toutounji a fait réaliser une radiographie et a procédé à un examen. Il a observé que la calcification, depuis la dernière radiographie, avait augmenté de volume, donc que la pleine guérison ne pouvait être confirmée. De plus, le médecin a fait observer que la malade n'avait pas recouvré à cent pour cent la mobilité du bras. A ce jour, la douleur n'est pas revenue et la calcification est stationnaire. Contrairement à d'autres guérisons survenues à Soufanieh, avec complète disparition de la maladie ou de l'infirmité, dans le cas présent on constate la disparition de la paralysie et de la douleur, bien que la calcification n'ait pas disparu.
 

Les guérisons se succèdent

Le nombre de guérisons est tellement important qu'un dossier médical et historique n'a pu être établi pour chacune. D'ailleurs les proches de l'événement pensent que toutes les guérisons n'ont pas été signalées. L'une des caractéristiques de Soufanieh est de permettre de constater que les guérisons physiques qui sont en général considérées comme périphériques à l'événement surnaturel, lui sont au contraire intrinsèques. La plupart de ces guérisons ont eu de nombreux témoins, certaines ont eu lieu aux yeux de tous, c'était alors une foule en liesse qui acclamait la gloire de Dieu et le louait pendant des heures.

Le nombre de chrétiens, venus ou revenus à la foi ces dernières années parce qu'ils ont été interpellés par de tels événements, est incalculable.

Les crédules affirmant que cela ne peut arriver qu'à des personnes simples (euphémisme bienveillant pour ne pas dire: simplettes) se doivent dorénavant de réviser leur a priori; je peux citer de mémoire une liste impressionnante d'intellectuels, de médecins, d'ingénieurs, de prêtres qui ont été bouleversés par des manifestations surnaturelles et qui ne se lassent pas depuis de «témoigner» qui de son retour à Dieu, qui de son attitude de foi dorénavant différente et plus intériorisée, qui de son changement radical de style de vie. Il y a quelques mois, un prêtre me racontait son discret voyage à Medjugorge en Yougoslavie, où il s'était rendu après avoir écouté l'un de mes reportages sur cassette. Il en était revenu bouleversé. Il s'y était rendu incognito - il avait retiré la croix de son veston et remplacé son col romain par une chemise à fleurs (!) - or, le lendemain de son arrivée, sans qu'il puisse expliquer comment cela est arrivé, il a confessé pendant cinq heures. Il a passé une grande partie de la nuit à sangloter, à genoux dans l'église du petit village croate. Ce prêtre, qui me disait lors de son récit: «Je viens de me convertir», vient d'accepter un charge importante dans notre Eglise.

Les temps de la foi hyper-intellectualisée, des théologies bradées, de la religion politisée, des doutes institutionnalisés, sont finis. Le peuple de Dieu réclame la Vérité et elle seule.

Combien étaient-ils le dimanche 19 décembre 1982 devant la maison de Soufanieh, sur le trottoir, dans la rue, dans le jardin public ? Cinq mille, dix mille, on ne le saura jamais, personne n'a estimé cette immense foule de chrétiens et musulmans unis dans la prière.

Tout à coup, très disciplinée, comme sait l'être un peuple en prière, la foule s'est séparée pour laisser le passage à un malade, comme elle le fait à chaque fois. Un jeune militaire, Mohamed Al-Kahwaji, porte dans ses bras son père grabataire.

Le père de Mohamed avait été foudroyé par une hémiplégie lorsqu'on lui a annoncé que son fils, militaire au Liban, avait été tué. Or cette information était erronée et c'est son enfant qu'il croyait mort, qui l'a porté dans ses bras à Soufanieh. Myrna raconte:

« Je me suis approchée du malade et je lui ai dit: "Prie, demande à Notre-Dame Marie ta guérison. " Peu après il s'est levé, il s'est mis debout, tout d'abord avec difficulté, puis il a marché. Son fils Mohamed attendait dehors, il priait pour son père. Et soudain il voit son père devant lui, debout Il s'est projeté au sol pour s'agenouiller en criant de joie: "Merci, merci, ô Vierge". Les gens criaient: "Il est guéri, il est guéri, je vous salue Marie...", certains applaudissaient, d'autres criaient de joie

Ceci n'est pas sans rappeler les happening joyeux et priants du renouveau charismatique.

Ce même jour, Fadi Bahem, un jeune homme de 25 ans que son frère ainé porte dans ses bras, est amené à Soufanieh. Un témoin parle: «Ses jambes ballottaient comme des ficelles, je me suis dit intérieurement: "Seigneur, pardonne-moi, comment vas-tu pouvoir le guérir? Mais lorsque je l'ai vu sortir et marcher tout seul, il m'a semblé que j'allais perdre la raison. Etais-je halluciné ? Mais non, c'était bien lui qui marchait tout seul.»

En voyant sortir le jeune homme qui marchait lentement, la foule exulta de joie et chanta des cantiques à la gloire de la Vierge Marie. En rentrant dans leur foyer, à Mnin, village distant de 12 kilomètres (5 milles) de Damas, son frère ainé qui est militaire, au comble de la joie, tirait des coups de revolver en l'air, suivi d'une foule en liesse.

Un enfant de 8 ans, Samer Sayegh, amené la veille à l'hôpital pédiatrique de Damas pour une poliomyélite, demandait avec insistance à ses parents d'être amené à Soufanieh. L'enfant a connu les événements dans la famille d'accueil où il a été placé, faute de place à l'hôpital. Les parents ont tout d'abord refusé, craignant une supercherie qui traumatiserait l'enfant. Mais devant l'insistance de Samer, ils ont cédé et l'ont porté à Soufanieh. Ce n'est que quelques secondes après son arrivée que l'enfant s'est remis à marcher. Le lendemain, le médecin traitant, le docteur Bernard Khozem confirmait la complète guerison. Au sortir du cabinet médical, Samer et ses parents sont allés remercier la Vierge Marie, en priant joyeusement devant l'icône, en compagnie de Myrna et de Nicolas.

Mais Dieu n'en avait pas fini ce 19 décembre 1982 de combler ses enfants.

Madame Halaby qui souffrait de calcification du bras droit est venue solliciter Myrna de sa prière et demander un morceau de coton imbibé d'huile. Il n'y en avait plus, elle s'est contentée d'un petit morceau de coton sec qu'elle a frotté sur l'icône et qu'elle a avalé. En rentrant chez elle, un agréable goût d'huile lui est monté à la bouche. Ce soir-là, Madame Halaby n'a pas dîné, elle s'est couchée avec le désir de conserver en bouche ce bon goût. Le lendemain, elle était guérie de sa calcification. (15)

On peut penser que ces guérisons extraordinaires avaient été annoncées à Myrna par la Vierge Marie, la veille au soir, lors d'une apparition: «Je vous ai donné plus d'huile que vous n'en avez demandé. Je vous donnerai quelque chose de bien plus fort que l'huile

Volontairement, nous n'avont pas suivi l'ordre chronologique des événements, un ordre thématique nous a semblé plus clair. En effet, en cette période les événements à Soufanieh se succèdent à une cadence invraisemblable. Ces nombreux événements exceptionnels qui se multiplient en quelques jours sont un argument positif en faveur de la surnaturalité des faits de Soufanieh. Serait-il, humainement possible de les imaginer et de les mettre en oeuvre ? La médecine, la psychiatrie et la parapsychologie, sont-elles à même de nous donner un seul exemple de manifestations extraordinaires dont il a été démontré qu'elles étaient engendrées par quelques conditions psychiques particulières? Ce ne sont que des théories d'écoles qui ne se vérifient pas, ne serait-ce que parce qu'elles ne sont pas renouvelables à la demande des scientifiques. Il y a vingt ans, on a beaucoup parlé de la parapsychologie, elle n'est toujours qu'une science balbutiante bien que des chercheurs éminents s'y consacrent.

Le docteur Antoine Mansour, l'un des médecins personnels de l'ancien Président Américain Ronald Reagan que j'ai connu à Soufanieh, a été formel, tous les événements du domaine parapsychologique dont il a eu connaissance ne se limitent qu'à quelques manifestations sporadiques et d'ajouter: « Ici à Soufanieh c'est Dieu qui intervient.» Le docteur Antoine Mansour était un croyant peu convaincu, c'est en étant témoin d'une partie de ces événements qu'ils s'est converti. Aux États-Unis, où il exerce, il fait preuve de prosélytisme en faveur de Soufanieh.(16)

LES PREMIÈRES APPARITIONS


 
Myrna a eu peur de la Vierge Marie

Le 15 décembre 1982, quelques dizaines de personnes sont en prière autour de l'icône dans la chambre des jeunes époux Nazzour, qui dès novembre 1982 a été appelée: «la chambre de la Vierge». Vers 23:00, Myrna donnait des signes d'énervement contrairement à son habitude. Près d'elle est assise son amie Ghada; pendant quelques minutes elle prend la main de cette dernière, et la rejetant elle se lève, sort de la pièce précipitamment et monte sur la terrasse au-dessus de l'appartement.

Arrivée sur la terrasse Myrna s'agenouille. Elle reste ainsi le front à terre, dix à quinze minutes puis relève la tête:

- J'avais devant moi une très belle dame, nous a-t-elle dit, je compris plus tard que c'était la Vierge. Et je me suis enfuie.

Elle est allée chez sa belle-soeur, dont l'appartement est à la hauteur de la terrasse. Elle la réveille en criant «La Vierge, la Vierge». Sa belle-soeur ne voyait rien.

Lorsque Myrna a témoigné de sa vision auprès du Père Zahlaoui, ce dernier lui a utilement conseillé:

- Myrna, il ne faut pas avoir peur, personne n'a peur de sa mère. Il faut te fortifier, demander à Dieu la grâce, la force d'accueillir le message que te donnera peut-être la Vierge.(17)
 

La Vierge Marie lui confie un message

Le 18 décembre 1982, quelques minutes avant 23:30, Myrna est en prière dans «la chambre de la Vierge» en compagnie de sa maman et du Père Zahlaoui. A trois reprises, Myrna penche du côté du prêtre qui était à genoux à côté d'elle, ce dernier pense qu'elle a sommeil et s'aprête à se retirer. Tout à coup Myrna se lève et se dirige prestement vers la terrasse suivie de sa maman qui alerte toute la maisonnée.

Arrivée sur la terrasse Myrna s'agenouille et voit une boule de lumière sur l'un des arbres (un eucalyptus) du jardin public face à la maison. La Vierge Marie lui apparaît. Elle la décrit ainsi: «Elle était habillée d'une robe blanche, surmontée d'une cape avec une ceinture bleue, un voile sur son épaule droite qui lui tombait à gauche jusqu'aux pieds, Elle était très belle, je ne peux pas mieux La décrire, les mots me font défaut.» (18)

Myrna était persuadée que toutes les personnes présentes voyaient la Vierge Marie, c'est en entendant quelqu'un demander «Où est-elle ?» qu'elle a pensé alors être la victime d'une hallucination, inconsciemment elle a touché un pied de la Vierge Marie: «J'ai senti que je l'ai vraiment touchée, elle a un corps comme nous.» (19)

La Vierge Marie a alors confié un message à Myrna: Mes enfants,
Souvenez-vous de Dieu, car Dieu est avec nous.
Vous connaissez toutes choses et vous ne connaissez rien.
Votre connaissance est une connaissance imparfaite;
mais viendra le jour où vous connaîtrez toutes choses,
comme Dieu Me connaît.
Faites le bien à ceux qui font le mal,
et ne faites du tort à personne.
Je vous ai donné de l'huile plus que vous n'en avez demandé,
et Je vous donnerai quelque chose de bien plus fort que l'huile.
Repentez-vous et ayez foi,
et souvenez-vous de Moi dans votre joie.
Annoncez Mon Fils, l'Emmanuel.
Qui l'annonce est sauvé, et qui ne l'annonce pas, sa foi est vaine.
Aimez-vous les uns les autres.
Je ne demande pas de l'argent à donner aux Églises
ni de l'argent à distribuer aux pauvres.
Je demande l'amour.
Ceux qui distribuent leur argent aux pauvres et aux Églises,
sans qu'ils aient l'amour en eux, ceux-là ne sont rien.
Je visiterai les maisons davantage,
car ceux qui vont à l'église quelquefois n'y vont pas pour prier.
Je ne demande pas que vous Me construisiez une église,
mais un lieu de pèlerinage.
Donnez.
Ne privez personne de ceux qui demandent secours.

TRANSLATION DE L'ICÔNE À L'ÉGLISE DE LA SAINTE-CROIX


 
L'entrevue de Myrna et Nicolas avec le Patriarche

Le jeudi 30 décembre 1982, Myrna et Nicolas se sont rendus au Patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche à Damas, à la demande de sa Béatitude Monseigneur Ignace Hazim IV.

Monseigneur Hazim a reçu les jeunes époux comme un père. Le prélat leur annonce tout d'abord que l'icône va être translatée à l'église Byzantine Orthodoxe de la Sainte-Croix (à 500 mètres/verges de Soufanieh). Nicolas est quelque peu contrarié, il aurait souhaité que l'icône soit exposée à la vénération des fidèles dans plusieurs églises chrétiennes de rites différents. Il ne s'en ouvre pas à Monseigneur Hazim, il en parlera au Père Zahlaoui qui lui a demandé d'accepter sans réserve la décision du Patriarche. Les arguments avancés par le Père Zahlaoui sont importants, ils démontrent que ce prêtre est éclairé sur le sens de l'obéissance des fidèles due à la hiéarchie de l'Eglise, les voici:

1) L'obéissance au chef ecclésiastique s'impose car c'est une obéissance au Seigneur lui-même. Pour nous, nous ne connaissons le Seigneur et la Vierge que par l'Eglise qui est en définitive chargée de «ce» dépôt. Or le chef ecclésiastique de Nicolas et Myrna est Sa Béatitude le Patriarche Ignace Hazim.

2) Le transfert de l'Image à l'église constitue une reconnaissance officielle et populaire du phénomène. C'est un acquis considérable, et cela était devenu nécessaire, face aux interrogations qui se posent de toutes parts et à tous les niveaux. En outre cela devait alléger grandement la pression anormale que la famille subissait depuis plus d'un mois.

3) Il y avait aussi une raison principale qu'il ne fallait pas négliger: la prière oecuménique. Soufanieh avait appris aux gens à prier aux pieds de la Vierge, sans aucune discrimination confessionnelle, voire religieuse. Des croyants de toutes confessions, et même de toutes religions s'étaient réunis autour de la Vierge. Un certain nombre d'incroyants aussi étaient venus et ils avaient été convertis. Il se pouvait donc que la Vierge voulût qu'une prière d'union fût faite à l'église orthodoxe. Ce qui constituerait également un acquis d'importance. La Vierge voudrait peut-être cela, pour préparer l'unité des coeurs, et surtout des chrétiens.

Nicolas a acquiescé immédiatement.

Lors de cette entrevue, le Patriarche a annoncé qu'un communiqué officiel serait publié le lendemain.

Voici in-extenso le communiqué de la Chancellerie du Patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche de Damas:

«Pour éclairer les esprits à propos de ce qui s'est dit et se dit, sur ce qui arrive dans l'une de nos familles bénies à Soufanieh, le Patriarcat juge (bon) de donner les éclaircissements suivants:

1) Les miracles sont choses ordinaires pour Dieu, même s'ils ne paraissent pas ordinaires pour nous, parce que lui est le Tout-Puissant, et c'est lui qui créa les lois de la nature, et il peut les outrepasser quand il veut, et sans lui quelque chose peut-il être béni ou une guérison avoir lieu?

2) La maison où s'est produite une vision non-ordinaire est une maison croyante et une famille orthodoxe fière de sa foi, et où personne ne prétend à la sainteté comme beaucoup se l'imaginent. Madame Marie est douce et humble et son mari est un ouvrier dans l'Eglise, et tous deux voient en Dieu un bienfaiteur éminent du foyer qui a été fondé grâce à sa bénédiction.

3) Il est arrivé au Siège d'Antioche de constater plusieurs phénomènes qui confirment la foi. Sednaya et Maloula(20) demeurent un champ de l'activité divine. Et tous (ces phénomènes) apparaissent et parfois disparaissent, ce qui est devenu habituel dans la vie de la Sainte Eglise.

4) La reconnaissance d'un miracle est une affaire difficile et infiniment grave. Pour le prouver il est de nombreuses conditions objectives qui ne se réalisent que grâce à des médecins spécialistes désignés par les responsables de l'Eglise pour connaître la nature de la maladie, afin de constater si la guérison est effective et si elle s'est réalisée d'une façon extraordinaire. Il faut s'assurer que cette guérison est une guérison totale, complète et permanente, parce que le Seigneur ne fait pas les choses à moitié ou en partie seulement. Si toutes les données ne se réalisent pas, l'Eglise ne peut reconnaître l'existence d'un miracle. Mais dans tous les cas, elle reconnaît la faveur de Dieu en sa miséricorde envers nous ses créatures.

5) C'est pourquoi, nous nous adressons aux fidèles, (leur) demandant de continuer à offrir leurs actions de grâces au Seigneur du ciel et de la terre, et de cesser toute exagération dans les paroles, ou tout emballement dans la conduite, afin que cela ne se retourne pas contre Dieu et l'Eglise et la famille bénie Akhrass et Nazzour.

6) Nous déclarons de même que l'Icône Sainte sera transférée de la maison où elle est, jusqu'à l'Eglise de la Sainte-Croix, où se trouve le lieu digne de la louange au Sauveur et à Sa Mère la Vierge.

Nous prions les fidèles qu'ils n'imposent pas à Madame Marie (Nazzour) et à son époux ce qu'une personne ne peut supporter. Que Dieu maintienne sur vous sa grâce et qu'il vous fortifie et qu'il répande ses bienfaits sur notre peuple fidèle.

Damas, le 31 décembre 1982,
Le Chef de la Chancellerie du Patriarche grec-orthodoxe à Damas.»
 

La troisième apparition

Nicolas et Myrna étaient inquiets et attristés du départ de l'icône. Dans la nuit du 8 au 9 janvier 1983, un peu après 23:00, la Vierge Marie est apparue à nouveau à Myrna. Dès le début de l'apparition, cette dernière s'est mise à pleurer et a crié:

-La Vierge pleure.

La Vierge Marie n'a dit qu'une seule phrase:

-Ça ne fait rien.

Et la Mère de Dieu s'est retirée en souriant doucement.
 

La translation de l'Icône

La cérémonie de translation de l'icône a débuté à 9:00 le dimanche 9 janvier 1983. Le verre de l'icône ce matin-là est recouvert de petites gouttelettes d'huile. Quelques minutes avant le départ de l'icône, Myrna et Nicolas le visage couvert de larmes sont debout au milieu du patio de leur demeure, ils tiennent la précieuse reproduction devant eux, afin que les nombreuses personnes présentes puissent l'embrasser en signe de bénédiction.

Le Père Joseph Zahlaoui (sans liens de parenté avec le Père Elias Zahlaoui) a été désigné par le Patriarcat Orthodoxe pour porter l'icône. Il va la porter de la belle façon orthodoxe au-dessus de la tête, bras tendus.

J'ai vu à plusieurs reprises la vidéo qui a été tournée lors de cette mémorable journée, on lit sur les visages une grande émotion. La cérémonie est simple, mais les images du film vidéo traduisent une intense piété qu'il est rarement donné de voir.

Des milliers de personnes, toutes religions confondues, se pressent sur les cinq cent mètres qui séparent la maison de Soufanieh de l'église de la Sainte-Croix.

En tête du cortège des fidèles, le Père Malouli conduit la prière du chapelet.

Le Père Joseph Zahlaoui porte l'icône, il a à ses côtés le Père Elias Zahlaoui. Ils sont encadrés par deux chorales, l'une grec-catholique et l'autre grec-orthodoxe. Derrière suivent Myrna et Nicolas, les yeux rougis par les larmes. Lorsqu'ils ont débouché dans la rue qui mène à l'église de la Sainte-Croix, le Père Joseph s'est tourné vers le Père Elias en lui disant: «C'est un jour du temps de Constantinople. »

En arrivant dans l'église de la Sainte-Croix, la précieuse icône est installée sur un appui approprié à quelques mètres de la porte royale, devant l'Iconostase. Pendant quarante-trois jours, l'église sera bondée d'une foule en prière. Mais...
 

Le retour de l'icône

Pendant toute la durée de l'exposition de l'icône à l'église de la Sainte-Croix, aucune exsudation d'huile ne sera remarquée. Or, Myrna et Nicolas avaient placé dans leur chambre une autre icône, semblable à celle placée dans l'église, mais qui n'était pas protégée par un verre. L'exsudation se renouvellera à plusieurs reprises, sur cette autre icône, l'huile se formant cette fois-ci à la surface de la reproduction de papier. (21)

Le lundi 21 février 1983, deux prêtres grecs-orthodoxes, les Pères Kfoury et Hosni, se sont présentés chez les époux Nazzour sans les prévenir, pour leur redonner l'icône qui avait été plongée sans ménagement dans un sac banal en plastique noir. Une brutale altercation s'en est suivie, entre les deux prêtres et la famille Nazzour.

Dès que cette nouvelle a été connue, une vive émotion a secoué la plus grande partie des communautés chrétiennes de Damas. La réprobation était sur les lèvres. J'ai enquêté sur cette affaire, pour le moins malheureuse, je n'ai pu obtenir aucun commentaire de qui que ce soit, manifestement tous voulaient oublier et surtout n'émettre aucun jugement.
 

Une nouvelle guérison

Si aucune exsudation d'huile n'a été enregistrée pendant l'expositon de l'icône à l'église de la Sainte-Croix, il est intéressant de citer la guérison instantanée, le 25 janvier 1983, de Madame Alice Bénlian, venue d'Alep en Syrie avec des amis. Cette dernière souffrait depuis treize ans de la paralysie du bras droit qui se desséchait. Elle était en prière devant l'icône, elle a senti à trois reprises des pressions sur sa tête, comme si elles étaient exercées par une main. A la troisième pression, Madame Bénlian dit avoir ressenti comme une boule de feu lui descendre dans la tête et se précipiter dans sa poitrine. A cet instant, son bras droit s'est détendu recouvrant sa couleur et sa vigueur. La guérison extraordinaire a été constatée par son médecin traitant le docteur Pierre Salam, d'Alep. Le praticien termine son rapport ainsi: Je n'ai personnellement aucune explication scientifique à donner (concernant cette guérison). (22)

Dans la soirée du retour de l'icône, le Père Joseph Malouli a rejoint la famille Nazzour encore traumatisée. Le prêtre lazariste s'est employé à calmer les esprits et il a invité toutes les personnes présentes à prier. A 21:00, alors qu'il est en prière avec Myrna, le Père Malouli formule intérieurement cette demande:

- Vierge, éclairez-nous pour que nous ne commettions pas de faute préjudiciable à votre programme.

Après quelques minutes de recueillement, Myrna quitte précipitamment la pièce sans mot dire. Son beau-frère Awad l'a vue monter sur la terrasse où se sont déroulées les apparitions précédentes, il crie à l'attention du Père Malouli:

- Abouna (père), Myrna est montée sur la terrasse.

Toute la maisonnée s'empresse de rejoindre Myrna. Elle est à genoux, les mains jointes, le visage rayonnant, elle prononce des mots qui semblent dictés par un tiers. Elle confirmera que c'est le message qui lui a été confié par la Vierge Marie, en arabe dialectal:

Mes enfants,
Soit dit entre nous, Moi Je suis revenue ici.
N'insultez pas les orgueilleux qui sont dénués d'humilité.
L'humble a soif des remarques d'autrui pour se corriger de ses défauts.
Tandis que l'orgueilleux corrompu néglige, se révolte,
se fait hostile.
Le pardon est la meilleure chose.
Celui qui se prétend pur et aimable devant les hommes est impur devant Dieu.
Je vous fais une demande, un mot que vous graverez dans votre mémoire, que vous répéterez toujours.
Dieu me sauve, Jésus m'éclaire, le Saint-Esprit est ma vie, c'est pourquoi je ne crains rien.
N'est-ce pas ainsi, Mon fils Joseph?
Supportez et pardonnez.
Supportez beaucoup moins que n'a supporté le Père.

L'apparition terminée, toute l'assistance redescend dans l'appartement. La conversation va bon train, tout le monde s'interroge: «Mais qui est donc Joseph ?» Le Père Malouli est à l'écart, recueilli dans une réflexion personnelle, le visage circonspect. Au bout d'une demi-heure, il fouille dans l'une des poches de sa soutane pour en sortir sa carte d'identité. Et, s'adressant aux personnes présentes, il leur dit la voix cassée par l'émotion:

- Je crois que «Joseph» c'est moi.

Et il leur donna l'objet de sa prière personnelle, que nous citions précédemment, en présentant sa carte d'identité, pour confirmer son prénom car, à Damas, rares étaient les personnes qui le connaissaient. Il est très connu en Syrie sous la seule dénomination d'Abouna Malouli.
 

Cinquième apparition

Dans la nuit du 24 mars 1983, toutes les personnes présentes suivent Myrna qui vient d'interrompre la prière et qui monte sur la terrasse. Tout le monde s'agenouille, autour de Myrna. Les mains de la jeune femme se recouvrent abondamment d'huile qui s'écoule à terre en un gros filet. Un jeune homme prénommé Nabil présente ses mains sous le filet d'huile et s'en recouvre le visage et la tête. Puis la jeune femme se lève et signe sur le front, avec le pouce, les personnes présentes et se tournant en direction du point qu'elle fixait, elle fait un signe de Croix avec l'index. Myrna s'agenouille et répète d'une voix bien timbrée, en s'arrêtant nettement entre chaque phrase, ce que lui dit «l'apparition», qu'elle est la seule à voir et à entendre:
Mes enfants,
Ma mission est terminée.
En cette nuit, l'Ange M'a dit: « Vous êtes bénie entre les femmes.»
Et Je n'ai pu que lui dire: « Voici la servante du Seigneur.»
Je suis contente.
Moi Je ne mérite pas de vous dire:
vos péchés vous sont pardonnés,
mais Mon Dieu l'a dit.
Fondez une église.
Je n'ai pas dit: bâtissez une église.
L'Église qu'a adoptée Jésus est une Église Une,
parce que Jésus est Un.
L'Église est le Royaume des Cieux sur la terre.
Qui l'a divisée a péché, et qui s'est réjoui de sa division a péché.
Jésus l'a bâtie, elle était petite;
et quand elle a grandi, elle s'est divisée;
et qui l'a divisée n'a pas l'amour en lui.
Rassemblez.
Je vous dis: priez, priez, et priez.
Qu'ils sont beaux Mes enfants à genoux, implorant.
Ne craignez pas, Je suis avec vous.
Ne vous divisez pas comme le sont les grands.
Vous, vous apprendrez aux générations LE MOT d'unité,
d'amour et de foi.
Priez pour les habitants de la terre et du ciel.

A la fin de la transmission du «message», Myrna entame le Credo qui est repris par les personnes présentes. Elle le termine en disant: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté

Elle reste encore un court instant en extase et «revient sur terre», radieuse.

Le Père Malouli la presse de questions. On apprend que l'huile a coulé lorsque la Croix d'un chapelet que tenait la Vierge Marie a touché les mains de Myrna. Le signe de Croix qu'elle a tracé en l'air avec l'index c'était pour signer la Vierge Marie, ainsi qu'Elle le lui avait demandé. La terminaison du Credo avait été ainsi énoncée par la Vierge.

Un petit fait qui ne manque pas de cocasserie: dès la première apparition, le Père Zahlaoui avait demandé à la famille Nazzour de ne parler à personne de ces événements, dans la crainte de susciter de nouvelles oppositions. Même le Père Malouli qui n'avait cessé de répéter: «Un chaînon manque au phénomène... il devrait y avoir un message», ne sera informé des apparitions que le 21 février 1983. Les familiers avaient bien gardé le secret.

LES ÉVÈNEMENTS SE PRÉCIPITENT


 
Le mois de l'huile sainte

Mi-octobre 1983, le Père Malouli a proposé que novembre, mois du premier anniversaire des exsudations d'huile soit appelé: «mois de l'huile sainte». La proposition a été acceptée dans la joie.

Quelques jours plus tard va débuter une nouvelle série de manifestations qui va être à l'origine de nombreuses conversions.

Des milliers de photos de la petite icône avaient été distribuées depuis plusieurs mois.

Le 20 octobre 1983, mademoiselle Salwa Naassan téléphone à Soufanieh pour informer qu'une photo de l'icône qu'elle a placée chez elle exsude de l'huile. Ce même jour, Samir Zaher, ingénieur, alors qu'il est en prière à Soufanieh, voit apparaître des gouttelettes d'huile sur la reproduction qu'il a en main. Le lendemain, ce sont les reproductions de Madame Ghannagé et de Mademoiselle Jarallah. De jour en jour, la liste de manifestations identiques va s'agrandir d'une façon impressionnante:

- le 22 octobre 1983: de l'huile coule de 15 photos.
- le 2 novembre 1983: de l'huile coule de 15 photos.
- le 3 novembre 1983: de l'huile coule de 9 photos.
- le 4 novembre 1983: de l'huile coule de 18 photos.
- le 5 novembre 1983: de l'huile coule de 10 photos.
- le 6 novembre 1983: de l'huile coule de 43 photos.

Le phénomène n'a pas cessé depuis et se propage à travers le monde.

Cette nouvelle orientation des manifestations de «l'huile de Soufanieh» a débuté peu après que le Père Malouli eut proposé que novembre 1983 soit le «mois de l'huile sainte». Coïncidence ou cause à effet? Personne ne pourra jamais le démontrer ou l'affirmer. Cependant, on peut relier ces manifestations à l'une des phrases de l'apparition du 18 décembre 1982: « Je visiterai davantage les foyers, car ceux qui vont à l'église n'y vont pas toujours pour prier». Ces centaines de reproductions de la petite icône desquelles coule de l'huile, ne serait-ce pas une délicate façon de la Vierge Marie de «visiter» ses enfants ?

Suite à ces manifestations, de nombreux témoignages de conversion ont été enregistrés, dont beaucoup donnés par des pratiquants fades qui sont revenus à la prière et à la prière familiale en particulier.
 

Quelques réflexions sur l'huile

Plusieurs échantillons d'huile recueillis à Soufanieh ont été analysés. Les échantillons avaient été prélevés sur l'icône ou sur la peau de Myrna. A la vue des résultats de ces analyses, les spécialistes ont affirmé que l'on est en présence d'huile d'olive pure à 100%. Or l'huile d'olive pure est presque introuvable naturellement. En effet, toutes les huiles d'olive comportent, en plus des composants basiques, des composants extérieurs en plus ou moins grande quantité. Par exemple en Provence (France), les olives pour être pressées sont mises dans des paniers d'osier qui sous la pression des meules délivrent en plus ou moins grande quantité des composants étrangers à l'huile, à laquelle ils sont mélangés.

Lorsque l'huile recouvre le corps de Myrna, elle s'évapore peu à peu sans laisser de dépôt sur l'épiderme. Cette huile ne tâche pas. Nous avons fait l'expérience suivante: sur deux échantillons de soie pris dans le même coupon, nous avons versé sur le premier coupon quelques gouttes d'huile de Soufanieh, sur le second quelques gouttes d'huile du commerce. Au bout de huit jours, l'échantillon de soie imprégné d'huile de commerce est taché, l'échantillon imprégné d'huile de Soufanieh ne présente aucune tache et il est sec !

L'icône est enfermée dans un petit tabernacle en marbre et en verre (confectionné par le père de Myrna) dont la porte est cadenassée; l'unique clef est détenue par le Père Malouli qui est très économe de la précieuse huile. Pour le plaisanter, ses amis disent en riant: «Le Père Malouli donnerait plutôt son âme que de l'huile

Nicolas m'a conté qu'un jour il a mis une petite fiole d'huile dans son coffre-fort, dont il est seul à connaître la combinaison. Au bout de quelques jours, il a ouvert le coffre, la fiole était vide et sèche. «Personne m'a-t-il dit, n'a pu ouvrir le coffre

Une religieuse de la congrégation des Filles de la Charité, de Damas, a souhaité en 1983 envoyer un morceau de coton imbibé d'huile à l'époux de sa soeur atteint d'une maladie incurable. La religieuse demande au Père Malouli le coton. De retour dans sa communauté elle le partage avec deux de ses consoeurs, chacune se sert, il ne lui reste qu'un petit morceau tout sec. Peu importe, «j'y crois» dit-elle dans son témoignage écrit, et la religieuse expédie le petit morceau de coton sec en expliquant dans la lettre qui l'accompagne les faits survenus à Soufanieh. Trois semaines plus tard, elle reçoit une lettre de sa soeur qui lui précise que le petit coton «baignait» dans l'huile !

Une autre anecdote, d'un rapport plus lointain avec l'huile. Une dame en 1985 visite la maison de Soufanieh. Elle entre au moment où Myrna s'emploie à laver le sol du patio. La visiteuse s'écrit: «Que vois-je! les mains sur lesquelles coule l'huile de la Vierge qui barbottent dans de l'eau sale !». Myrna se relève et lui rétorque: «La Vierge Marie, vous croyez qu'elle avait une bonniche ?»

Ci-après en hors-texte, je vous propose la lecture d'un des nombreux témoignages écrits de constat de ce phénomène. J'ai choisi celui-ci car il émane de prêtres de Bethléem et de Beith-Sahour, deux localités en Terre Sainte chères au coeur de tous les chrétiens.
 

Extases et stigmates

Le lundi 24 octobre 1983, à deux reprises, vers 14:00 et vers 19:00, Myrna entrera en extase dont elle n'a conservé aucun souvenir particulier.

Le vendredi 28 octobre 1983, Myrna affirme qu'elle éprouve dans les paumes des mains une sensation semblable à la poussée d'un objet dur et pointu. Elle entre en extase de 18:20 à 18:50, au cours de laquelle elle a la vision de la Vierge Marie. Voici le récit de Myrna:

«Je me suis trouvée parmi les nuages et j ai vu ma mère la Vierge. Elle me souriait et je lui souriais comme si elle était ma soeur et ma compagne. Elle était debout et moi presque debout (accroupie). Le sourire s'est transformé en sévérité et elle m'a dit: «Descends leur dire que tu es ma fille avant d'être la leur.» Je me suis exécutée. Je les ai vus tous en train de pleurer autour de moi, de plus j'ai vu mon corps étendu sur le lit. Comment ai-je vu cela ? Je ne le sais pas, et je leur ai dit: «Nouha (c'est le prénom de sa mère), je suis sa fille avant d'être la vôtre» et je suis revenue à la Vierge. Elle m'a dit:«Mon coeur s'est consumé sur mon Fils unique et il ne va pas se consumer sur tous mes enfants», puis je suis revenue et j'ai ouvert les yeux.»(23)

Le lundi 31 octobre, à 14:45, de l'huile apparait sur les mains de Myrna, elle éprouve des douleurs aux mains, aux cou-de-pied et au front. C'est alors qu'apparaissent au centre des paumes de petits gonflements de la chair, analogues à des durillons. A 19:04, nouvelle exsudation d'huile, nouvelles douleurs et la même sensation de poussée, ressentie aux mains le vendredi, apparaît aux cou-de-pied.

Le vendredi 4 novembre 1983 apparaît sous le sein gauche une plaie de un centimètre et demi ( .75 pouces) de longueur qui exprime un peu de sang.

Le vendredi 25 novembre 1983, à 16:15, la plaie du côté saigne à nouveau. Vers 17:00, le sang coule des paumes et des pieds, aux endroits où Myrna avait ressenti des douleurs depuis le 28 octobre. Plusieurs médecins ont été appelés pour observer les plaies, dont les docteurs Jamil Marji, Joseph Nasrallah, Elie Barsa, Jean Siage, Joseph Massamiri, Georges Mounayer, Elie Farah. Le docteur Massamiri a prélevé sur les plaies des échantillons de sang aux fins d'analyse. Il confirmera que le sang qu'il a analysé était celui de Myrna. Les plaies disparaîtront vers 22:00 sans laisser de cicatrices. Des petites taches rougeâtres analogues à des hématomes persisteront sous l'épiderme pendant une huitaine de jours.

Entre temps, Myrna est entrée en extase de 20:00 à 20:20. Elle a eu une vision de la Vierge qui était légèrement en hauteur; lors des extases précédentes la Vierge Marie et Myrna étaient sur le même plan. Voici le récit de Myrna, c'est la Vierge qui parle:

«Voici tout ce que je veux. Je ne suis pas venue séparer. Ta vie conjugale restera comme elle est

Puis elle a eu un sourire magnifique tout emprunt de tranquillité et elle a dit: "Aimes-tu venir chez moi?» J'ai répondu: «Oui. » Et associant le geste à la parole, elle a dit: « Viens, il suffit que tu veuilles venir. » J'ai tenté de la rejoindre mais je n'ai pas pu».

Dans la nuit du 26 au 27 novembre 1983, pour le premier anniversaire des manifestations, l'huile est apparue sur une icône et sur les mains de Myrna. Nicolas demande au Père Malouli l'autorisation de chanter «Happy birthday to you» (Joyeux anniversaire). Dès le début de la joyeuse chansonnette, entonnée en arabe, apparaissent deux larmes coulant des yeux de la Vierge Marie sur un agrandissement de l'icône, apportée quelques minutes auparavant par Manuel Khawam. Le même fait se reproduira par deux fois, le lendemain 27 novembre, devant des groupes de visiteurs en prière, venus célébrer l'anniversaire.
 

Deuxième manifestation des stigmates et extase

Le jeudi 19 avril 1984, Jeudi Saint, à 15:30 les stigmates sont réapparus et saignent. La plaie du côté, mesure dix centimètres (quatre pouces). A 15:30, Myrna entre en extase jusqu'à 16:45. Le Père Malouli est près d'elle, à plusieurs reprises il lui dit: - Myrna, Myrna, demande à la Vierge ce qu'elle veut de nous, pour que nous l'exécutions.

La jeune femme ne répond pas et dira plus tard qu'elle n'a pas entendu la demande du prêtre. Au cours de cette extase, elle n'a pas vu la Vierge Marie. Elle a vu une haute et belle montagne au sommet de laquelle il y avait une «boule» lumineuse qui l'éclairait. Elle a eu fortement le désir de grimper sur la montagne. Le film vidéo tourné pendant l'extase, montre la jeune femme qui tente de soulever la tête. Après l'extase Myrna n'a pu bouger le bras et la jambe gauches pendant plusieurs minutes; ceci n'avait pas été observé lors des extases précédentes.
 

Il faut y mettre le prix

Dans la semaine qui précède l'Ascension 1984 (jeudi 31 mai), Myrna est angoissée, inquiète, parfois elle a envie de déchirer ses vêtements.

Le jeudi de l'Ascension, vers 15:30, le Père Malouli converse avec plusieurs femmes, dont Myrna qui est calme. Tout à coup cette dernière dit au prêtre:

- J'ai envie de voir JÉSUS.
- pourquoi pas, mais il faut y mettre le prix.
- Que signifie: y mettre le prix ?
- Peut-être-vous faudra-t-il souffrir, ou autre chose, je ne sais pas. Je sais seulement qu'il faudra y mettre le prix.(24)

Vers 16:00, Myrna rentre dans sa chambre et se couche sur son lit. Sa figure, son cou et ses mains se recouvrent d'huile. L'huile coule aussi de ses yeux, ce qui lui occasionne de terribles douleurs. Deux personnes lui tiennent les mains, de peur qu'elle ne s'arrache les yeux, tellement la douleur est insupportable. Myrna crie.

A 16:11 elle s'apaise, elle entre en extase. Myrna décrit sa vision:

- J'ai vu une montagne, une lumière et au sommet de la montagne, j'ai vu Jésus levant son bras droit, l'autre étant le long de son Corps ( ... ). (25)

A 16:38, la jeune femme ouvre les yeux, pousse des gémissements de douleur, occasionnés par l'huile qui coule de ses yeux. A 16:45, elle sourit et dit:

- Je l'ai vu.

A 16:48, elle entre à nouveau en extase jusqu'à 16:58. A 17:00 elle dicte le message que vient de lui confier Notre-Seigneur:

Ma fille,
Je suis le Commencement et la Fin.
Je suis la Vérité, la Liberté et la Paix.
Je vous donne Ma paix.
Que ta paix ne repose pas sur la langue des gens,
que ce soit en bien ou en mal, et pense du mal de toi-même.
Car celui qui ne cherche pas l'approbation des gens,
et qui ne craint pas leur désapprobation, jouit de la paix véritable.
Et cela se réalise en Moi.
Vis ta vie, sereine et indépendante.
Que les fatigues entreprises pour Moi ne te brisent pas.
Réjouis-toi plutôt.
Je suis capable de te récompenser,
car tes fatigues ne se prolongeront pas,
et tes douleurs ne dureront pas.
Prie avec adoration, car la Vie éternelle mérite ces souffrances.
Prie pour que la volonté de Dieu s'accomplisse en toi, et dis:
Bien-aimé Jésus,
accorde-moi de me reposer en Toi,
par-dessus toute chose,
par-dessus toute créature,
par-dessus tous Tes anges,
par-dessus tout éloge,
par-dessus toute joie et exultation,
par-dessus toute gloire et dignité,
par-dessus toute l'armée céleste,
car Toi seul es le Très-Haut,
Toi seul es Puissant et Bon par-dessus tout,
Viens à moi et console-moi et délie mes chaînes,
et accorde-moi la liberté,
Car sans Toi ma joie est incomplète,
Sans Toi ma table est vide.
Alors Je viendrai pour dire: Me voici venu, car tu M'as invité.

Cette prière enseignée par le Christ à Myrna est connue depuis par des milliers de personnes, elle est dite chaque jour à Soufanieh et beaucoup spontanément la récitent pendant la journée, quand ils en éprouvent le besoin; certains affirment qu'elle engendre en eux un subtil réconfort spirituel.

Vendredi 7 septembre 1984, nouvelle extase de 19:47 à 20:20. La Vierge Marie a confié à Myrna un secret qu'elle ne peut pas encore révéler: «Cela est entre toi et moi jusqu'à ta mort.» Du message, elle n'a retenu que les paroles suivantes:  -(...) Vis ta vie. Cependant que la vie ne t'empêche pas de continuer à prier (...)

En effet, les supplications de Madame Haïfa, une musulmane aveugle, ont troublé Myrna qui en a oublié, définitivement semble-t-il, le reste du message.
 

Myrna rencontre le Nonce Apostolique

Dès juillet 1984, le Nonce Apostolique en Syrie, Monseigneur Nicolas Rotunno avait fait savoir au Père Zahlaoui qu'il souhaiterait qu'on lui transmette un rapport concernant les événements de Soufanieh.

Le dimanche 4 novembre 1984, le Nonce Apostolique a rencontré Myrna, dans la maison communautaire des Petites Soeurs de Foucauld; étaient présentes à cette entrevue soeur Pia et mademoiselle Salwa.

Après quelques minutes d'entretien, le Prélat demande à Myrna qu'ils prient ensemble. Soeur Pia sort de son Missel une image de la Vierge Marie qu'elle remet à Myrna. Au bout de quelques secondes, les mains de cette dernière et l'image se recouvrent d'huile. Monseigneur Rotunno la prend en main, en s'exclamant:

- C'est un signe du Ciel. (26)

Le 5 décembre 1984, le Père Zahlaoui a rendu visite au Nonce Apostolique qui a tenu à lui faire voir la petite reproduction de l'icône. Le Prélat l'a placée dans un plastique et l'a installée sur la table de nuit de sa chambre à coucher.

Il est à noter que ce geste délicat et pieux, d'une haute personnalité ecclésiale, n'engage en rien le jugement futur de l'Eglise. Le Nonce Apostolique en Syrie a demandé à être tenu au courant de tous les événements, en respectant scrupuleusement les avis de chacun, qu'ils soient favorables ou opposés.
 

Une cécité lumineuse

Au cours de la première quinzaine de novembre 1984, Myrna confie à son amie Hana que lors d'une prière elle a entendu une voix intérieure lui dire: «Je veux te prendre les yeux». Le secret est trop lourd pour Hana, elle le confie à Salwa. Cette dernière juge nécessaire d'en parler au Père Elias Zahlaoui en lui recommandant d'être discret. De fait, le prêtre avait remarqué la pâleur du visage de Myrna et l'inquiétude qui se lisait dans son regard. Le samedi 24 novembre, sans trahir le secret dont il est le détenteur, le Père Zahlaoui questionne Myrna. Elle lui confie la locution intérieure entendue pendant une prière. Le prêtre la met en garde, en lui disant entre autres que c'est peut-être Satan qui tente de l'éloigner de la prière. La jeune femme lui rétorque prestement:

- Si le démon croit par ce moyen m'éloigner de la Prière, et bien il se trompe drôlement, je n'ai jamais autant prié que ces temps-ci !

- Est-ce que tu as peur ?

- Pas du tout. Je m'en remets totalement au Seigneur et à la Vierge. Mais je suis inquiète pour Nicolas et nos parents. Si je perds la vue, comment vont-ils accueillir la chose? Je prie pour que le Seigneur leur donne la force. (27)

Le lundi 26 novembre 1984, à 22:40, le patio est comble d'une foule en prière Myrna se retire dans sa chambre. Elle est accompagnée de quelques personnes dont ses parents et beaux-parents, du Père Malouli, du Père Zahlaoui, du diacre orthodoxe et avocat Spiridon Jabbour, et de quatre médecins. Dans le patio de la maison, la foule est en prière, cette dernière ne cessera pas pendant trois jours et trois nuits.

A 22:50 l'huile apparaît sur le visage et sur les mains de Myrna et elle entre en extase.

Le défunt Nabil Chkeir, caméraman-vidéo de Damas, filme la scène. Il est à noter que depuis la translation de l'icône à l'église de la Sainte-Croix, la presque totalité des événements de Soufanieh a été filmée par Nabil, constituant ainsi un fonds documentaire d'une richesse historique exceptionnelle. Nabil est un solide gaillard charpenté comme un rugbyman, ses amis m'ont rapporté que lors de certaines scènes ses jambes flageolaient et qu'il s'est empressé de remettre les manettes de ses appareils à son jeune assistant Tony Wakim et de se retirer prestement.

A 23:20, Myrna revient à l'état de veille, les yeux grands ouverts, nullement gênée par les puissants projecteurs de la caméra-vidéo, elle regarde à droite, à gauche, en haut, en bas, les pupilles dilatées. Elle ne voit plus. Toutes les personnes présentes observent dans le silence. Le diacre Spiridon chante l'hymne de la fête de la Transfiguration, il ne quittera pas la maison pendant les trois jours qui seront pour lui trois jours de prière d'une rare profondeur. Les témoins disent qu'il était «ailleurs», «perdu en Dieu».

Tout à coup, Myrna éclate en sanglots, en criant: Seigneur, c'est trop!

Elle vient de constater qu'elle est aveugle.

Elle affirmera ne pas avoir été dans les ténèbres, mais dans une lumière constante, sans voir aucun objet ni personne, que ses yeux soient fermés ou ouverts. Cependant elle ressentait la présence d'objets sacrés: crucifix, images saintes... A plusieurs reprises, on lui présente des objets divers, elle ne réagit qu'en présence d'objets sacrés. Le lendemain, son mari a accroché à l'armoire un agrandissement de l'icône, elle en verra se dégager une puissante lumière que rien ne pourra masquer et qu'elle suivra des yeux lorsqu'elle est déplacée.

A 23:55, elle réclame un peu d'eau et affirme qu'elle ne prendra plus aucune boisson ni aucun aliment pendant trois jours, afin de célébrer le second anniversaire des événements, ainsi qu'elle l'avait annoncé.

A minuit, comme l'année précédente toute l'assistance chante un joyeux happy birthday to you et mange (sauf Myrna) d'un gros gâteau confectionné pour l'occasion.

Le lendemain, dans la matinée, le Père Malouli communie Myrna. A ce moment précis se répand dans la pièce un parfum suave très agréable à respirer.

Dans la soirée, le docteur en ophtalmologie, Elie Farah, examine les yeux de Myrna. Il ne remarque rien qui puisse expliquer la cécité.

Le mercredi, le Père Zahlaoui communie Myrna. A nouveau le parfum se répand dans la maison.

Le jeudi, à 9:22, le Père Zahlaoui présente la Sainte Communion à Myrna:

- Encore une fois? dit-elle.

Le Prêtre est surpris, il représente à nouveau le pain consacré, selon le rite byzantin à la jeune femme qui le prend. Un peu plus tard dans la matinée, le Père Zahlaoui questionne Myrna. Cette dernière affirme que quelques secondes avant, elle venait de communier. Plusieurs personnes affirment qu'elles ont vu la jeune femme déglutir.

Le Père Malouli pense qu'elle a profité d'une «communion mystique», fréquente dans l'histoire mystique. Myrna a précisé qu'elle a avalé la première hostie sans la mâcher, contrairement à la seconde, ainsi qu'elle le fait toujours.

A 11:43, elle vomit une petite quantité d'huile très parfumée, dont l'odeur est proche de celle du "myron", l'une des huiles liturgiques des Eglises de rite Byzantin. Le renvoi d'huile parfumée se renouvellera à 15:00, à 21:10 et à 23:15. Entre temps Myrna dort et toutes les personnes présentes prient.

A 23:18, éprouvant à nouveau le besoin de vomir elle se tord dans son lit, elle ouvre lentement les yeux et s'exclame:

- Maman, je te vois !

Myrna a recouvré la vue, toute la maisonnée est à la joie. Spiridon, le diacre orthodoxe chante avec enthousiasme l'hymne de triomphe de Pâques: Le Christ est ressuscité d'entre les morts, et par sa mort il a écrasé la mort, et il a donné la vie à ceux qui sont dans les tombeaux...
 

Les événements de Khabab

Khabab est une ville de 10 000 habitants, à 60 kilomètres (25 milles) au sud de Damas, c'est le siège épiscopal de l'évêque du Hauran.

Le Père Zahlaoui avait décidé de s'y retrouver pour trois jours avec Myrna et Nicolas. L'hospitalité de la maison, le calme qui y règne et la piété des prêtres et des religieuses qui y résident lui avait fait choisir ce lieu, pour une petite retraite de prière et de travail sur le dossier des événements.

Dans la soirée du premier jour de leur séjour, le lundi 25 février 1985, à la fin du repas, toute la tablée se lève pour réciter le «Deo gratias», les mains de Myrna se recouvrent d'huile dès le début de la prière. La jeune femme est gênée, sa pudeur naturelle l'empêche tout d'abord de se manifester, mais l'évêque, les prêtres et les religieuses ont vu son trouble et ont constaté l'exsudation d'huile. Aussitôt, ils ont rejoint la chapelle. A nouveau, au cours de la prière, l'huile est apparue plus abondamment sur les mains de la jeune femme.

Le 27 février 1985, Myrna est invitée à se rendre au chevet de la maman du Père Mouaffaq Al-Eid, très éprouvée par le décès de son frère. Myrna guide une partie de la prière qu'elle termine par la prière que le Christ lui a apprise lors de l'extase de l'Ascension 1984. A la fin de la réunion, ses mains et une reproduction de l'icône de Soufanieh qu'elle tient se recouvrent d'huile. Le Père Mouaffaq Id, dès les minutes qui suivirent, a animé les Complies à l'église de Bassir. Les fidèles qui étaient nombreux ce soir-là ont remarqué son émotion, qu'il avait du mal à contenir. A la fin des Complies, le prêtre a raconté aux fidèles ce qui s'était passé une heure avant, au chevet du lit de sa mère.

Le 28 au soir, le Père Mouaffaq El-Eid et l'archevêque Monseigneur Boulos Bourkhoche sont invités à venir constater qu'un agrandissement de l'icône de Soufanieh, offert par Nazih Ra'd a versé des larmes d'huile. Ce soir-là plus d'un millier de personnes sont venues se recueillir devant le tableau, dont le général Adib Jbarah et le général George Bdéwi. Le phénomène a duré jusqu'au lendemain soir.

Le vendredi 1er mars 1984, l'icône a été translatée en la cathédrale en une procession solennelle. La cathédrale était comble. Mgr Boulos Bourkhoche improvise une petite allocution à la gloire de la Sainte Vierge: «( .... ) L'an dernier, comme en ce jour, au cours de l'Acathiste, on avait sollicité de la pluie pour les récoltes, la prière fut rapidement exaucée. La voici aujourd'hui, versant deux larmes: une larme de joie, à voir ses enfants se retrouver dans une fervente prière, à genoux, demandant, se repentant, remerciant; et une deuxième larme, déplorant notre infidélité à ne pas satisfaire l'appel de Dieu ni notre vocation chrétienne à la perfection».

Le surlendemain, le dimanche 3 mars 1984, un peu avant 14:00, Myrna entre en extase. Elle est installée dans la chambre à coucher de l'une des religieuses qui assurent l'ordinaire de l'évêché. L'archevêque a assisté à l'extase. La jeune femme a eu une vision de la Vierge Marie souriante, près d'elle se tenait un prêtre qui faisait le signe de Croix en bénissant. A l'écoute des descriptions qu'elle fait du prêtre dont elle a eu la vision, on lui présente plusieurs photos de Mgr Nicolas Naaman, le précédent évêque. Elle reconnaît formellement le prélat sur une photo le représentant tête nue.(28)

Le 28 novembre 1986, notre ami le Père Jean-Claude Darigaud a interviewé pour la télévision française Mgr Boulos Bourkhoche. A la fin de l'entretien l'archevêque précisait:

-Mon impression personnelle: c'est qu'il y a une intervention divine. (...) Rien n'est impossible à la puissance divine. (29)

Le 11 février 1987, Mgr Boulos Bourkhoche a rendu visite en compagnie du Père Zahlaoui au général Moustapha Tlass, ministre de la défense, ils se sont longuement entretenus au sujet des événements de Soufanieh. Le général Tlass est musulman, il a été plusieurs fois le témoin d'exsudations d'huile à Soufanieh, ou il a entraîné des personnalités syriennes et des membres du gouvernement.
 

La Vierge Marie appelle à nouveau à l'unité

Au retour d'un voyage à Alep, pour s'entretenir avec Madame Benlian et son médecin traitant le docteur Pierre Salam, le 1er mai 1985 - premier jour du mois de Marie- Myrna à 19:42 est entrée dans une extase qui s'est poursuivie jusqu'à 19:57. La Vierge Marie était assise sur un siège de couleur pourpre, les yeux fixés à terre, tenant une main de Myrna dans ses deux mains. Elle lui a dit:

Mes enfants rassemblez-vous, mon coeur est blessé.
Ne laissez pas mon coeur se diviser à cause de vos divisions.
Ma fille je te donnerai un cadeau pour tes fatigues.

Tous les proches de Soufanieh s'entendent pour affirmer que ce «cadeau du Ciel» est l'enfant que Myrna a mise au monde le 15 octobre 1986 et que ses parents ont baptisée du joli nom de Myriam.

Début mai, Myrna et Nicolas se sont rendus au Liban, où ils ont fait, depuis, de nombreux séjours. A chacun de ces séjours les manifestations d'huile sont très nombreuses. Le Ciel ne manifesterait-il pas ainsi sa compassion à ce peuple qui souffre d'une guerre horrible.

Il ne nous est pas possible de détailler dans ce livre toutes les nombreuses manifestations qui ont eu lieu au Liban. Nous citerons trois personnalités qui ont été vivement interpellées: Mgr Georges Skandar évêque maronite de Zahlé dans la Békaa, le célèbre chanteur libanais Tony Hanna et Monsieur Rafic Kallab directeur du Crédit Agricole.

Le dimanche 4 août 1985, Myrna est entrée en extase pendant la messe à la cathédrale syrienne orthodoxe de Hassaké dans la Djézireh (900 kilomètres / 500 milles au nord-est de Damas). La messe, à l'intention de l'unité de l'Eglise, était concélébrée par deux évêques et plusieurs prêtres.

Le mercredi 14 août 1985, veille de l'Assomption, nouvelle extase à Soufanieh. La Vierge Marie a confié à Myrna le message suivant:

Mes enfants;
Bonne fête.
Voici Ma fête, quand Je vous vois tous réunis ensemble.
Votre prière est Ma fête.
Votre foi est Ma fête.
L'union de vos coeurs est Ma fête.

Au cours de cette extase, la Vierge a donné réponse à une question que le Père Malouli avait demandé à Myrna de poser, concernant l'attitude à tenir face aux autorités ecclésiales et s'ils devaient leur remettre un dossier sur l'ensemble des événements: «Vous donnerez les messages à qui s'y intéresse.»
 

Un message étonnant

Le samedi 7 septembre 1985, veille de la fête de la Nativité, à 19:18 Myrna a rejoint sa chambre afin de s'étendre sur le lit. A 19:22, l'huile sort de ses yeux en provoquant des douleurs aiguës. Sa maman se précipite pour lui retenir les mains, elle craint que sa fille, sous l'emprise de la douleur, ne s'occasionne quelque blessure. A 19:33, après une profonde respiration, elle penche la tête à gauche, ses lèvres tremblent, elle rentre en extase.

Elle voit une puissante lumière, resplendissante mais pas aveuglante, et du coeur de cette lumière, monte une voix:

Je suis le Créateur.
Je L'ai créée pour qu'Elle me crée.
Réjouissez-vous de la joie du ciel,
car la Fille du père
et la Mère de Dieu
et l'Épouse de l'Esprit est née.
Exultez de l'exultation de la terre, car votre salut est réalisé.

Myrna est revenue de l'extase avec la vue voilée, elle retrouvera une vue normale à 20:15, à la fin de la lecture du message aux personnes présentes par le Père Malouli.
 

Une extase d'une heure et demie

Dès le début de l'après-midi, le mardi 26 novembre 1985, une marée humaine a envahi la maison de Soufanieh et ses abords. Il y a peu de curieux: aux dires des témoins c'est une foule recueillie dans une prière vibrante au cours de laquelle alternent chants connus et prières spontanées.

Vers 17:00, les mains, le cou, le visage et pour la première fois les pieds de Myrna se recouvrent d'huile. Cette dernière coule peu après de ses yeux. La jeune femme entre en extase.

Pendant toute la durée de l'état extatique un médecin libanais, le docteur Abillama s'est livré à plusieurs tests, dont l'un d'eux a soulevé la vive réprobation des personnes présentes: il a introduit un couteau sous son index droit. Ceci n'a pas provoqué de réaction de Myrna, mais lui occasionnera une très vive douleur au sortir de l'extase.

Ainsi que l'avait demandé Myrna, seuls les prêtres étaient autorisés à rester dans la chambre pendant l'extase, même les membres de sa famille ont dû s'éloigner. Une petite anecdote cocasse: Tony Wakim, l'assistant caméraman s'était accroupi dans une zone de pénombre, ayant en main son matériel de prise de vues. Au moment opportun il a voulu filmer, sa caméra n'a pas fonctionné. Après plusieurs essais infructueux, il est sorti penaud de la chambre pour rendre compte de son infortune à Nabil, son patron. Au premier essai de ce dernier, le matériel s'est remis à fonctionner.

Dès le début de l'extase, Myrna a une vision du Christ:

Ma fille,
Veux-tu être crucifiée ou glorifiée?
Myrna répond: Glorifiée. *
Jésus a souri et a dit: Préfères-tu être glorifiée par la créature ou par le Créateur?
Myrna lui répond: Par le Créateur.Alors Jésus lui dit: Cela se fait par la Crucifixion, car toutes les fois que tu regardes les créatures, le regard du Créateur s'éloigne de toi.
Je veux, Ma fille, que tu t'appliques à la prière et que tu te méprises.
Car celui qui se méprise augmente en force et en élévation de la part de Dieu.
Moi J'ai été crucifié par amour pour vous.
Et Je veux que vous portiez et supportiez votre croix pour Moi, volontairement, avec amour et patience, et que vous attendiez Ma venue.
Car celui qui participe avec Moi à la souffrance, Je le ferai participer à la gloire.
Et il n'est de salut que par la Croix.
Ne crains pas, Ma fille, Je te donnerai de Mes blessures de quoi payer les dettes des pécheurs.
C'est la source à laquelle se désaltère toute âme.
Et si Mon absence se prolonge et que la lumière s'éclipse pour toi, ne crains pas, ce sera pour Ma glorification.
Va à la terre où la corruption s'est généralisée, et sois dans la paix de Dieu.

* Le Père Malouli a interrogé Myrna sur la signification qu'elle donne à ce mot, elle lui a répondu sans réflichir: "Il signifie, dire: Gloire au Père et au Fils ..."

Comme dans les visions précédentes, au cours desquelles Myrna avait vu la «lumière divine» ou le Christ, à la sortie de cette extase, elle n'a pas sa vue habituelle.(30) Elle ne la recouvrera qu'après avoir dicté aux prêtres le dialogue et le message.
 

Une année de désert

Pendant un an, de la fin de cette extase du 26 novembre 1985 jusqu'au 26 novembre 1986, il ne se passera RIEN à Soufanieh; pas une seule goutte d'huile, pas une seule vision, pas une seule apparition, pas une seule locution.

Ce désert d'un an, est l'une des preuves les plus solides en faveur des événements de Soufanieh; en effet, s'ils devaient être une oeuvre humaine, serait-il envisageable que les organisateurs puissent se priver des bénéfices (nous ne pensons pas seulement à l'argent) de leurs actions, pendans 365 longues journées? De plus, il convient de relever la pugnacité des protagonistes et leur honnêteté à toute épreuve. Pendant ces douze longs mois, des dizaines de milliers de paires d'yeux ont scruté les mains de Myrna en espérant y voir apparaître de l'huile, des dizaines de milliers de mains se sont pieusement jointes devant la petite icône en espérant un «signe», dont on leur avait tant parlé. Il y eut alors des haussements d'épaules dédaigneux, des réflexions sarcastiques et les quolibets des détracteurs allèrent bon train. Les incrédules, engoncés dans leur naïveté, se sont laissés prendre à un piège très simple. Comme me le disait un vieil homme, la tête recouverte de son Kéffié(31) avec lequel j'ai prié devant la petite icône: «Il n'y a que Dieu pour inventer des trucs pareils !» Mais ne l'avait-Il pas annoncé:

- Si mon absence se prolonge et que la lumière s'éclipse pour toi, ne crains pas, ce sera pour Ma glorification.

Depuis le 27 novembre 1982, il n'y a pas eu un seul jour sans prière à Soufanieh, entre autres pendant ce long désert. Cessera-t-elle un jour en ce lieu, au coeur de l'Islam?
 

Qu'ils viennent à Moi à toute heure

A l'aube du 26 novembre 1986, la petite icône a exsudé à nouveau de l'huile. Nicolas, voyant à nouveau le phénomène, en resta plusieurs minutes bouche bée avant de se précipiter sur son téléphone pour prévenir les Pères Zahlaoui et Malouli. Ce dernier s'est empressé de réveiller Jean-Claude Darrigaud, prêtre et grand-reporter à Antenne 2 qui était précisément à Damas aux fins de reportage.

En quelques heures, la cupule de marbre(32) qui est placée sous l'icône pour recueillir l'huile, après être restée sèche pendant 12 mois, est à nouveau pleine. En quelques heures, la nouvelle fait le tour de Damas et des environs (le téléphone arabe est toujours efficace !), des milliers de fidèles se précipitent à Soufanieh.

Peu après 18:00, alors que la foule est en prière dans le patio et dans les escaliers de la maison, Myrna est fébrile, elle éclate en sanglots. Le Père Malouli l'entraîne dans la « chambre de la Vierge» et la questionne:

- Myrna, sens-tu venir quelque chose ?
- Non, rien, mais je pense à mon père.(33)

Vers 18:45, la jeune femme se joint aux personnes en prière dans le patio. A 18:50, elle tombe en arrière de tout son poids sans tenter de se retenir(34). De l'huile exsude abondamment de la figure, des yeux, du cou et des mains. On la transporte sur son lit. A plusieurs reprises elle sanglote en disant: «Mon Dieu, Mon Dieu».

A 19:00 elle entrecroise les doigts sur sa poitrine, sa mâchoire inférieure est agitée par des tremblements, elle bouge les doigts, penche légèrement la tête à droite et à gauche, ses mains se séparent.

A 19:30, le Père Zahlaoui lui parle, Myrna lui répond et lui dicte le message que vient de lui confier le Christ:

Ma fille,
Qu'il est beau ce lieu, J'y construirai Mon Royaume et Ma paix.
Je vous donnerai Mon coeur, pour posséder votre (pluriel) coeur.
Vos péchés vous sont pardonnés, parce que vous Me regardez.
Et en celui qui Me regarde, Je peindrai Mon image.
Car malheur à celui qui représente Mon image alors qu'il a vendu Mon sang.
Priez pour les pécheurs.
Car pour chaque parole de prière,
Je verserai une goutte de Mon sang sur l'un des pécheurs.
Ma fille, que les choses de la terre ne te troublent pas.
Car par Mes blessures tu gagnes l'éternité.
Je veux renouveler Ma Passion.
Et Je veux que tu accomplisses ta mission, car tu ne pourras entrer au Ciel que si tu as accompli ta mission sur la terre.
Va en paix.
Et dis à Mes enfants qu'ils viennent à Moi à toute heure, et non seulement quand Je renouvelle la fête de Ma Mère.
Car Je suis avec eux en tout temps.

Au sortir de l'extase et pendant toute la durée de la dictée du message au Père Zahlaoui, Myrna n'a entendu que la voix du prêtre, alors que toute la maisonnée était en chant. Elle a retrouvé une ouïe normale, dès que le message a été noté. Myrna affirme que pendant l'extase elle a vu une lumière puissante, au centre de laquelle brillait une autre lumière plus vive, ayant une forme humaine. Elle a entendu une voix «d'homme», retentissante et profonde qui lui a donné le message ci-dessus.(35)
 

Les événements se précipitent à nouveau

Les annales de Soufanieh vont à nouveau être augmentées par un nombre impressionnant d'événements. Entre autres, une icône a exsudé de l'huile alors que le général syrien Ibrahim Bitar la tenait en main. De nombreuses personnalités ont été témoins d'exsudations, dont Madame Mouna Mouacher, épouse du ministre jordanien de l'économie. Citons aussi la visite de deux évêques. Tout d'abord, courant décembre 1986, Mgr Georges Hafouri, évêque syrien-catholique de Hassaké (900kms/500 milles au nord-est de Damas) qui avait tout d'abord refusé les événements et qui est devenu depuis l'un des meilleurs témoins, entre autres en écrivant des articles.(36) Puis, le 11 février 1987, Mgr Jijaoui Bahnane, de rite syrien-orthodoxe qui ne cacha pas son émotion, a rappelé dans une allocution, l'urgence de l'unité des chrétiens dans le monde et tout particulièrement au Moyen-Orient.

Les événements dont Soufanieh a été le théâtre sont tellement nombreux qu'il a été nécessaire de faire des choix. Voici l'un de ces événements qui n'est pas banal: un «transport» de l'icône: le 24 mars 1987, veille de l'Annonciation. En pleine nuit vers 23:00, le Père Zahlaoui reçoit un appel téléphonique de Nicolas. Ce dernier est bouleversé, il bredouille des explications inintelligibles et demande d'urgence la présence du prêtre. Le Père Zahlaoui se précipite sur les lieux, il trouve toute la famille effarée et quasi incapable de s'expliquer.

Le père de Myrna s'explique le premier. Il priait son chapelet, dans le patio, face à l'icône. En levant les yeux, il remarque une barre blanche sous l'icône qui n'y était pas quelques minutes auparavant. Il comprend que l'icône ne repose plus sur le support sur lequel elle est placée d'habitude, mais sur un autre support quelques centimètres/pouces au-dessus. Or, il est impossible qu'elle ait été déplacée par quiconque, elle est enfermée dans un tabernacle vitré dont la porte est toujours cadenassée, la seule clé étant en possession du Père Malouli. Trois prêtres étaient présents ce soir-là, dont le vieux Père Elias Sargi qui n'a cessé de prier toute la soirée en pleurant silencieusement, après avoir constaté ce «transport» impossible à expliquer rationnellement. Mais l'anecdote n'est pas terminée. Ceci se passait pendant les derniers jours de Awad, frère aîné de Nicolas, atteint d'un cancer. Awad a passé les dernières semaines de son existence en prière et à écouter les chants à la gloire de la Vierge Marie, dont certains sont de sa composition. Chaque jour, la prière se termine encore par l'un d'eux:

- La Vierge à Soufanieh nous rassemble tous les soirs, nous prions pour la paix et l'unité chrétiennes.

Awad était un employé, sa piété profonde soudaine et ses talents cachés de poète en ont étonné plus d'un. Il s'est éteint le 30 mars 1987, aux premiers mots du chapelet. La dépouille a été veillée par sa fille Alice, âgée de neuf ans, et Myrna qui ont prié et chanté de longues heures en compagnie de plusieurs dizaines de femmes, parentes et amies. Awad a été porté en terre le lendemain de son décès. Une immense foule l'a accompagné à sa dernière demeure. Le cercueil était porté à bout de bras jusqu'à l'église de la Sainte-Croix par de jeunes hommes chrétiens et musulmans qui ont scandé tout au long du chemin:

- Ô Vierge ouvre tes portes, Awad est le préféré de Tes enfants.

Pendant trois jours, la famille a accueilli les condoléances des proches. Et comme c'est l'usage au Moyen-Orient, plusieurs personnes ont été invitées au «repas de la miséricorde». Dans l'après midi, les Pères Nasri Salmo et Elias Jarjour étaient en prière devant l'icône. Sans qu'aucun fait extérieur semble l'avoir provoqué, les trois prêtres ont vu la petite icône faire un demi-tour sur elle même et s'enfoncer lentement dans la cupule d'huile.

Beaucoup des proches de Soufanieh ont vu dans cet vénement un «signe» du Ciel en faveur d'Awad. La conclusion est peut être hâtive, mais l'événement valait d'être rapporté.
 

Myrna porte les stigmates (1983, 1984, 1987, 1990)

Les proches de Soufanieh s'attendaient à quelque manifestation d'importance pour Pâques 1987: la fête de la Résurrection du Christ cette année-là, était commune aux orthodoxes et aux catholiques. En effet, ils avaient remarqué au fil des années que si le calendrier des fêtes religieuses des Eglises catholiques et orthodoxes coïncidait, Soufanieh était le théâtre d'un événement d'importance. Ceci peut être interprété comme un «signe» supplémentaire à l'adresse des chrétiens, à se retrouver chaque jour au-delà du calendrier et au-delà des divergences humaines, pour prier Dieu afin d'être disponibles à accueillir sa miséricorde et son amour pour répondre à tous nos frères. Chaque jour nous apporte des nouvelles de la paix bafouée, entre autres au Moyen-Orient. La paix entre les nations, entre les ethnies, entre les religions, ne pourra régner que si elle naît à l'échelon individuel: dans les familles, sur les lieux de travail, dans les cités... dans les églises...

Le 16 avril 1987, Myrna est en prière dans la «chambre de la Vierge» en compagnie du Père Malouli et du Père Zahlaoui. La jeune femme est inquiète, elle marche de long en large à travers la chambre. Vers 14:30, elle s'agenouille, en se recroquevillant sur elle-même, la tête sur les genoux. Elle répète inlassablement:

- Vierge Marie.... ô Jésus....

Tout à coup Myrna porte les mains à ses tempes en hurlant:

- Enlevez-le, enlevez-le.

Le Père Zahlaoui se précipite et la prend sous les épaules et, regardant dans le miroir qui est face à eux, il voit tout à coup un trait de sang gicler du front de la jeune femme. Elle écarte les bras et les laisse tomber à terre les mains face au ciel, le sang coule de ses mains. Les deux prêtres l'installent sur le lit, ils constatent que le sang coule aussi de ses pieds.

Le Père Zahlaoui rejoint immédiatement le salon afin d'informer le plus possible de personnes par téléphone dont plusieurs médecins qui sont accouru pour la plupart; entre autres, le docteur Antakly et son épouse, propriétaires d'un laboratoire d'analyses biologiques dans l'Aveyron à Espalion en France, qui étaient en vacances à Damas. De retour dans la chambre, le Père Elias Zahlaoui a consigné par écrit tous les événements, voici son reportage:

Sont présents: les Pères Malouli, Salmo, Ain, et le docteur Jamil Marji. Myrna chante doucement, « Que nous participions à sa Croix». Elle pousse un cri:

- Akh....

C'est une interjection de douleur, qui est la contraction du mot arabe dakhilkon (littéralement: je vous supplie) et de ah. Le docteur Antakly lui prend la main:

- Akh, Ô Vierge.

En arabe, un chrétien appelant la Mère de Dieu dit rarement Vierge Marie, mais "Ô Vierge".

Jésus.... Pour tes souffrances, Seigneur. Ô Jésus, Ô Jésus, aie pitié de moi ta servante pécheresse.

Un médecin lui touche le pied puis la main, Myrna crie de douleur:

- Ô Seigneur.... Ah Jésus, je t'en supplie je n'en peux plus, Seigneur. Je suis dans une immense faiblesse. Je ne vois plus de mes yeux. Ô Jésus, je t'en supplie.... Je ne peux supporter autant que toi Seigneur.

Je demande à Nicolas des précisions au sujet de la plaie du côté, il me répond: «aussi grande que la dernière fois.» Myrna a les pieds l'un sur l'autre. A plusieurs reprises on les sépare. Elle les remet dans la même position, comme le Christ sur la Croix en «X», le pied droit sur le pied gauche.

- Ô Jésus, aie pitié de moi, Ô Jésus.

- Je m'adresse aux médecins présents, leur demandant leur témoignage. Myrna parle à nouveau.

- Dieu est le créateur, Dieu-Créateur peut se prouver par lui-même, il n'a pas besoin de témoins. Pour ta gloire Seigneur.

Les médecins et moi-même restons bouche bée. Myrna continue d'une voix faible:

- Pour le pardon des pécheurs, dont je suis la première (trois fois). Je sens qu'on enfonce des clous dans ma tête. Ô Vierge je t'en supplie ....

Le docteur Najat Zahlaoui lui demande: «Qu'est-ce qu'on dit à Myriam (la fillette de Myrna) ? Tu veux Myriam ? Myrna répond:

- Elle a sa maman. Tout mon corps me fait mal .... Mes yeux me font mal .... Ma tête ....Donnez-moi de l'eau.

Le Père Nasri Salmo lui présente un coton imbibé d'eau.

- Seigneur, Seigneur pourquoi m'as-tu abandonnée ?....

Je ne sens plus mes mains. Ô Seigneur, ô mon Jésus. Soutiens mon peu de foi... Seigneur, Seigneur. Ô ma Mère, dis à ton Fils, ô ma Mère....Allège ma souffrance Seigneur.

Elle lève la tête et la laisse retomber.

- Eloigne ta couronne Seigneur. Seigneur, Seigneur, Seigneur, je ne peux pas supporter ce que tu supportes Toi. Seigneur Toi tu es Dieu. Moi, je suis ver de terre (il est 16:07). Seigneur ne permets pas que je me moque de ton aspect. Ô Vierge, je t'en supplie ne laisse pas les gens prendre peur du spectacle de ton fils, ô ma Mère.

Il est 16:17. Pouls: 100. Je parle avec les Pères Salmo et Ain.

- Ô ma Mère ceux-là sont tes enfants. Tu es leur Maman.

Je lui pose une question: «Vois-tu quelque chose ?» Elle répond:

- Lumière, lumière .... J'ai conscience de tout, mais je souffre beaucoup.

Je lui réponds: «Si tu ne la sentais pas ainsi, toute ta souffrance n'aurait pas de sens.»

- Mais prie pour moi Père, qu'Il allège ma souffrance.

Je lui réponds: «Myrna, dis à Notre Seigneur: "Que ta volonté sois faite", n'est-ce pas?»

- Ô Vierge, Ô ma Mère

Il est 16:27. Le sang coule à nouveau de son front.

- Ô ma Mère .... ma tête .... Ah ! ma tête. Je vous en supplie, enlevez-le moi. Que ta volonté sois faite Seigneur. Ô Jésus, je t'en supplie, aie pitié de moi ta servante pécheresse.

Il est 16:28. Petits cris.

- Ils lui ont donné des coups très durs. Akh, ma Mère, je t'en supplie. Toutes mes souffrances équivalent à la souffrance de son orteil.

Il est 16:37. Pouls: 130. Myrna fait le geste d'arracher les épines de son front et de ses tempes, avec deux doigts.

- Enlevez-les, enlevez-les.

Le sang coule à nouveau de son front. Le geste d'arracher les épines se poursuit pendant deux minutes.

- Prie pour moi, enlève-les moi. Il nous aime.

Le Père de Myna, est très ému par les souffrances de sa fille, il se penche sur elle et lui dit: «Il t'aime beaucoup mon petit.»

- Lui, Il nous aime. Nous, nous ne l'aimons pas. Nous, nous jouons la comédie les uns-les autres. Nous sommes à découvert devant Lui. Il sait qui L'aime. Nous, nous jouons la comédie les uns les autres. Il prend patience. S'il voulait nous unifier de par Sa seule volonté, Il l'aurait fait par-dessus nos têtes, mais Il «la» veut par nous (venant de nous).

Pendant ce temps, j'entends le Père Malouli prêcher dans le patio sur l'unité. Il est 16:40. Myrna a repris le geste d'arracher les épines.

- Akh Seigneur !

Elle se frotte la tempe gauche. Je lui propose que l'on chante, elle acquiesce. Georges Bdéoui entonne un des chants du Jeudi-Saint: «Aujourd'hui est suspendu à un bois celui qui a suspendu la terre sur les eaux. » A 16:46, elle pousse un cri et porte la main à son côté gauche. A 16:50 je lui demande ce qu'elle voit:

-La lumière .... Mais je souffre beaucoup.

A 16:51, elle penche la tête à droite et perd connaissance. Je l'appelle vainement à plusieurs reprises. A 16:54, le docteur chirurgien Mesmar examine la plaie de la main gauche. Le médecin nettoie la plaie, le sang coule à nouveau en petite quantité. Les cils de Myrna sont agités d'un petit tremblement à peine perceptible. Le docteur Mesmar, après en avoir demandé l'autorisation aux prêtres, nettoie la plaie du front. Elle est profonde d'environ trois millimètres (1/8 ème pouces). Le sang en coule à nouveau en abondance, au point de remplir la ride horizontale du front, de se répandre un peu dans les cheveux et de couler sur le linge blanc qui a été posé sous la tête de Myrna. Le médecin nettoie les plaies des pieds, le sang coule un peu. A 17:20, elle s'agite, elle croise les deux mains sur sa poitrine.

-Mes épaules.

Elle porte les mains à sa tête. Elle entre-ouvre les yeux, je lui demande «tu as vu quelque chose?»

- J'ai vu ce qu'Il a fait par amour pour nous.

Elle répond par la négative quand je lui demande si Notre Seigneur lui a dit quelque chose. Je m'inquiète de savoir si elle souffre encore:

- Non, mais je suis brisée.

Georges Bdéoui me demande de lui faire dire ce qu'elle a vu:

-Toute la Passion.... Je suis très fatiguée.... Ce spectacle, il me sera impossible de l'oublier.... Je le raconterai plus tard.

Elle promet de l'écrire, mais Georges Bdéoui insiste:

- De loin, je L'ai vu descendre un escalier, portant une Croix.... en tenue rouge, une couronne sur le front....Ils ont escaladé une montagne.... La Vierge avec trois autres.... Il y avait trois femmes.... On l'a beaucoup frappé.... Quand ils l'ont flagellé .... Oui.... Quand Il a été flagellé avant qu'on lui donne la Croix....Quelqu'un a porté la Croix avec Lui.... Un soldat.... Spectacle d'une Croix.... Une parole dite d'une voix très haute comme si ce n'était pas Lui qui l'a émise: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font».... Trois femmes à terre, comme agenouillées. Je n'ai pas entendu de bruit, c'était un spectacle silencieux.

Question de Georges Bdéoui: «Après la crucifixion quelqu'un s'est-il approché de Jésus ?»

- Ils Lui ont donné à boire. Ils L'ont transpercé d'une lance. Il n'a pas bu. La dernière chose, c'était son cri: Père pardonne leur....peut-être qu'Il nous vise nous, par cette parole, je ne sais pas. Quand il a expiré, il pleuvait.... Spectacle silencieux. Un seul homme et trois femmes l'ont descendu de la Croix. Le monde était devenu sombre. Des femmes.... un militaire.... un homme et trois femmes.

- Comment as-tu reconnu que c'étaient des femmes ?

- Elles étaient habillées en noir....Les deux croix je ne les ai pas vues. La quatrième personne se tenait avec les femmes.

Myrna veut se lever, j'invite toutes les personnes présentes à se retirer de la chambre afin qu'elle puisse se reposer et j'ai été le premier à sortir.

Lorsque le Père Zahlaoui est revenu dans la chambre après avoir longuement téléphoné, il a remarqué que Myrna chantait lentement en s'arrêtant à chaque verset, puis reprenait après quelques secondes. Elle affirmera plus tard qu'elle chantait avec son beau-frère Awad, décédé le 30 mars 1987.
 

Extase du Samedi Saint 1987

Le samedi 18 avril 1987, vers 21:40, l'huile coule abondamment de l'icône. Dès qu'il est prévenu le Père Zahlaoui téléphone à plusieurs médecins.

A 23:10, Myrna au milieu d'un groupe de personnes en prière, chancelle. Ses mains et sa figure ruissellent d'huile. Deux hommes la portent sur son lit.

Le Père Zahlaoui à nouveau, a noté les événements: Myrna a les deux mains sur le front, elle crie de douleur

-..Akh.... Seigneur !

Elle gémit profondément et presse ses yeux de ses deux doigts. L'huile coule toujours de sa figure. Le père Malouli invite les personnes présentes à prier intérieurement.

-Oh ma Mère, mes yeux !

Elle presse à nouveau ses yeux. Nicolas et le père de Myrna veulent lui retenir les mains, je les invite à ne pas le faire.

-...Ô mon Dieu, Ô mon Sauveur, Ô ma Mère, Ô Vierge, Jésus aie pitié de moi ta servante pécheresse (...) Seigneur je n'en peux plus, je n'en peux plus....

Elle se frotte les yeux, les presse en gémissant de douleur. Elle entame le Notre Père que toutes les personnes présentes reprennent. Myrna rentre en extase lorsque nous prononçons: «délivre-nous du mal», il est 23:16. Toutes les personnes présentes remarquent qu'elle a la main gauche sur la poitrine, les doigts repliés; la main droite est sur l'oreiller, les doigts positionnés comme ceux du prêtre Byzantin lorsqu'il bénit. Son père à côté de moi prie son chapelet. Le Père Malouli invite les personnes présentes à prier. Nicolas demande que chacun prie dans son coeur pour ne pas réveiller la petite Myriam qui dort dans son berceau installé dans un coin de la chambre.

A 23:24, le docteur Jamil Marji procède à l'examen des réflexes: aucun. Pouls: 100. Le médecin lui déploie les doigts qui reprennent leur position et il fait remarquer que la plaie du front est déjà cicatrisée. A 23:30, Myrna avale sa salive, ses cils tremblent un peu, elle ouvre la bouche et la referme, elle hausse les sourcils, elle remue la tête, elle bouge les doigts. L'extase est terminée.
 

Extase du 14 Août 1987

Dans l'après-midi du 14 août 1987, l'icône a exsudé abondament de l'huile. A 18:05, Myrna a eu une vision du Christ qui Lui a confié le message suivant:

Ma fille,
C'est Elle ma Mère dont je suis né.
Qui L'honore, M'honore.
Qui La renie, Me renie,
Et qui Lui demande obtient, parce qu'Elle est ma Mère.
 

Extase du 7 Septembre 1987

L'extase a eu lieu vers 17:30. Myrna était seule. Au sortir de l'extase, elle a éclaté en sanglots et a refusé toute présence, même celle des prêtres.

L'inquiétude montait à Soufanieh: - "Le message était-il d'une gravité extrême? Aurait-elle oublié le message?" Et Nabil le caméraman, d'ajouter: "Notre Seigneur a dû lui frotter les oreilles ! "

Les fidèles ce soir-là, sont repartis sans que le message ne leur soit communiqué, comme lors des extases précédentes.
 

Extase du 26 Novembre 1987

Le 20 novembre 1987, veille de la Présentation de Marie au Temple, l'icône exsude une grande quantité d'huile. Un groupe de français, les premiers pèlerins conduits par Pierre Sorin de l'Association Route Notre-Dame en France, en sont témoins. Ils reviendront à Soufanieh le 26 novembre où ils ont eu la joie d'être présentés à l'abbé René Laurentin qui venait sur les lieux pour la première fois.

A 16:29, Myrna demande au Père Malouli de l'accompagner dans la "chambre de la Vierge" afin de prier. Ils sont rejoints par quelques personnes dont le Père René Laurentin et le groupe de français. Au bout de quelques minutes, son visage et ses mains s'imprègnent d'huile et elle entre en extase. Elle a une vision du Christ, voici le message:

Ma fille,
J'apprécie que tu M'aies choisi, mais pas seulement en paroles.
Je veux que tu joignes Mon Coeur à ton coeur délicat pour que nos coeurs s'unissent.
Ce faisant, tu sauves des âmes souffrantes.
Ne déteste personne pour que ton coeur ne s'aveugle pas sur ton amour pour Moi.
Aime tout le monde comme tu M'as aimé, surtout ceux qui t'ont haïe et qui ont dit du mal de toi,
car par cette voie tu obtiendras la gloire.
Persévère dans ta vie d'épouse, de mère et de soeur.
Ne t'inquiète pas des difficultés et des douleurs qui vont t'arriver;
Je veux plutôt que tu sois plus forte qu'elles, et Je suis avec toi, sinon, tu perdrais Mon coeur.
Va et annonce dans le monde entier, et dis sans crainte qu'on travaille pour l'unité.
On ne blâme pas l'homme pour le fruit de ses mains, mais pour le fruit de son coeur.
Ma paix dans ton coeur sera une bénédiction sur toi et sur tous ceux qui ont collaboré avec toi.

La première phrase de ce message doit être expliquée. Lors de l'extase du 7 septembre 1987, Myrna avait reçu un message personnel qui l'avait plongé dans une grande tristesse. Les prêtres présents lors de cette extase avaient jugé bon de ne pas le publier jusqu'au moment opportun. Le voici:

Marie*, n'est-ce pas toi que J'ai choisie, la jeune fille calme,
au coeur plein d'amour et de sympathie?
J'ai constaté que tu es incapable de supporter quoi que ce soit pour Moi.
Je te donnerai une chance pour choisir.
Et sois sûre que si tu Me perds,
tu perdras les prières de tous ceux qui t'entourent,
et saches que le portement de la Croix est inévitable.

* Marie est le nom véritable de Myrna.
 

Quelle leçon

Cette leçon administrée à notre soeur Myrna par Notre Seigneur ne s'adresse pas qu'à elle seule, elle s'adresse à nous TOUS.

C'est la caractéristique essentielle de ce type d'évènement: nous sommes tous concernés. Grâce à des confidences spontanées ou aux réponses aux questions que j'ai posé aux personnes qui acceptent d'être concernés par ces événements, je crois pouvoir avancer le constat de réactions semblables chez presque tous mes interlocuteurs, à l'instar d'une progression spirituelle.

C'est tout d'abord l'interpellation par des phénomènes extraordinaires qui dépassent l'entendement et pour lesquels aucun spécialiste ne peut avancer une hypothèse rationnelle. Puis, c'est le constat de l'évolution heureuse de Myrna, de son époux Nicolas, de leurs proches et de presque tous ceux qui approchent raisonnablement l'événement. Mille fois ces manifestations auraient pu "mal tourner", ainsi que me le faisait remarquer le Père Malouli en me relatant des anecdotes. Les conséquences des événements exceptionnels de Soufanieh sont constament en prise avec la faiblesse humaine. Tous les protagonistes sont à rude épreuve, le "mal" est partout, souvent il se cache derrière une générosité, un beau geste, une bonne parole.

Et, c'est la connaissance puis l'imprégnation du message. Il est simple, abordable à tous. Un ami prêtre doté d'une grande culture m'a confirmé dans ce constat, il a ajouté malicieusement: "Ce message est compréhensible de tous et il est essentiel pour la foi, sauf pour les théologiens, il est trop simple" (sic).

Je m'apprêtais à reprendre chacun des messages et les commenter, comme on me l'a demandé. J'ai pensé que ce n'était pas nécessaire, tous nos lecteurs pourront ainsi réfléchir sur chacun des messages et d'en comprendre personnellement la richesse réelle. Derrière ces phrases limpides, il y a notre conversion, le but ultime des manifestations visibles de Dieu en notre monde; comme l'eau transparente du torrent qui s'est enrichie dans les montagnes d'une multitude d'éléments nécessaires qui permettent la prospérité des cultures de la plaine qu'il irrigue. Ce message délivré à Soufanieh, il convient de le lire, le relire et le lire encore.

Qui peut douter que "Dieu parle" au coeur de notre misère humaine contemporaine, quand l'intellectualisation de la foi et la désacralisation ont vidé nos coeurs et nos églises. Les "technocrates de la foi" ont désertifié le coeur des hommes, comme les technocrates qui ont conçu le barrage d'Assouan en Egypte ont provoqué le début de la désertification, peut-être irrémédiable, des riantes plaines nourricières du Nil en Egypte..

Il est probable que vous ayez été interpelés par ces phénomènes inexpliqués, autorisez-moi à jubiler en répétant avec nos frères arabes: «Allah Akbar» (Dieu est tout puissant).

Quand il me commente les derniers événements de Soufanieh, au téléphone depuis Damas, le Père Zahlaoui, conclut souvent par: "Malgrés nous, Dieu nous aura tous". Oui tous, si on le veut bien.
 

En guise de conclusion

Soufanieh vit depuis le 27 novembre 1982 dans une atmosphère de paix, de joie, de sérénité et de gratuité totale, en dépit des diverses servitudes que les visites imposent aux gens de la maison. À Soufanieh, la prière est l'âme de toute activité. En principe, deux régimes de prières y sont quotidiennement pratiqués: récitation du chapelet et prière commune. Parfois, il y en a trois et même quatre.

La prière n'a pas cessé un seul jour depuis le 27 novembre 1982, quels que soient le temps ou les circonstances, prière à laquelle participent spontanément des musulmans, la Vierge tenant en Islam une place inégalée. Les personnes qui viennent pour la première fois sont frappées par la ferveur des fidèles. Des vies entières en sont totalement transformées. Les guérisons spirituelles sont très nombreuses et bien plus importantes que les guérisons corporelles, pourtant bien réelles. Quant à Myrna, elle a gardé sa candeur et sa simplicité malgré les nombreuses occasions qui se présentent à elle et pourraient l'amener à devenir orgueilleuse. Elle est maintenant mère de 2 enfants: Myriam (née le 15 octobre 1986) et Jean-Emmanuel (né le 26 juillet 1988).

L'exemple de famille chrétienne qu'offrent Myrna et Nicolas avec leurs enfants est remarquable. Ils sont touchants dans leur simplicité, leur naturel et la chaleur accueillante de leur foyer ouvert nuit et jour à tout ceux qui viennent y prier.

Ce n'est pas une sinécure de concilier son devoir d'apostolat avec ses autres devoirs d'épouse, de mère et de soeur. C'est pourquoi elle et son mari comptent beaucoup sur nos prières pour demeurer fidèles à la grâce.

Comme naturellement beaucoup souhaitent voir Myrna, écouter son témoignage et prier avec elle, Myrna a reçu plusieurs invitations émanant des responsables de différentes églises chrétiennes à travers le monde.

Ses déplacements ont débuté dans des localités en Syrie et dans les pays limitrophes (Liban, Jordanie, Chypre) pour s'étendre jusqu'en Europe (France, Angleterre, Hollande, Allemagne, Belgique, Italie et Vatican, Espagne, Portugal) en Afrique (Égypte), en Amérique (États-Unis et Canada), en Suède et en Australie.

Au cours de tous ces voyages et déplacements, les signes - tels l'exsudation d'huile de ses mains, et des reproductions de l'Image de Notre-Dame de Soufanieh ne manquent presque jamais. Ils déclenchent toujours un mouvement de prières oecuméniques dans lequel toutes les confessions se confondent.

Ces visites sont devenues partie intégrante de la vie de Soufanieh, suite au message du 26 Novembre 1987, au cours duquel le Seigneur dit à Myrna:

" ...Va et annonce dans le monde entier, et dis sans crainte qu'on travaille pour l'unité."
 


NOTES DE BAS DE PAGE
NPM = NOTES PERSONNELLES DE MYRNA


1. Chrétiens magazine, Boite Postale 456 08, 75366 Paris cedex 08, France.
2. Attention, il ne bondit pas toujours. Des visites d'autres apparitions de ciel l'ont désenchanté. En ce cas, il n'a pas insisté.
3. Notes personnelles de Myrna, traduites par le Pr. Malouli. A chaque fois que nous citerons des extraits dans la suite du texte, pour faciliter la lecture, nous ne mettrons que NPM.
4. NPM
5. NPM
6. NPM
7. NPM
8. L'assiette était pleine jusqu'au bord inférieur, soit 150ml.
9. NPM
10. NPM
11. NPM
12. NPM
13. NPM
14. Journal du Père Elias Zahlaoui
15. Témoignage de Madame Halaby par elle-même au cours du reportage sur cassette de Christian Ravaz: Apparitions à Damas. Ed. Mambré.
16. Témoignage du docteur Mansour au cours de la cassette reportage de Christian Ravaz: Apparitions à Damas. Ed. Mambré.
17. Témoignage de Myrna au cours de la cassette reportage de Christian Ravaz: Apparitions à Damas. Ed. Mambré.
18. Idem.
19. Idem.
20. Sednaya et Maloula: deux villages au nord de Damas, respectivement à 30 et 60kms (20 et 40 milles) de Damas, où se trouvent trois centres de pèlerinages célèbres, dont celui de Sednaya, dédié à la Sainte Vierge. (Notes du traducteur, le Père Joseph Malouli).
21. Cette icône a été placée dans une niche pratiquée à droite de la porte d'entrée de la maison.
22. Rapport médical du docteur Pierre Salam en date du 30 avril 1983.
23. NPM
24. Notes personnelles du Père Malouli.
25. Cassette-reportage Apparitions à Damas. Ed. Mambré.
26. Journal personnel du Père Elias Zahlaoui.
27. NPM
28. ' -
29. Cf. Vidéo-reportage de J.C.Darrigaud: Miracle à Damas.
30. Sa vision était voilée par un écran.
31. Couvre-chef des hommes arabes.
32. Confectionnée par le père de Myrna qui est tailleur de pierre.
33. Le père de Myrna était emprisonné sur de fausses accusations. Il a été libéré le jour de Noël 1986, trois mois jour pour jour après son incarcération
34. De la même façon, semble-t-il. (que lors des prières du renouveau charismatique. que l'on appelle le «repos dans l'Esprit»
35. Vous pouvez vivre cette journée au cours de la vidéo de Jean-Claude Darrigaud: Miracle à Damas. Ed. NS.
36. Le premier journal à avoir parlé de Soufanieh est Notre-Dame des Temps Nouveaux (mars 1985) dont le directeur fondateur est notre cher ami l'abbé Jean-Marie Onfroy (France). Le journal Stella Maris (Suisse) a publié un article de Mgr Hafouri, relatif à Soufanieh dans son numéro d'octobre 1986.