Chrétiens MAGAZINE, no 123 - Juin-Juillet 1990.

SOUFANIEH

Derniers stigmates du millénaire pour Myrna

L'authenticité confirmée par l'expertise d'un médecin

 

Myrna, de Damas (Syrie), jeune maman de deux enfants, a été surprise, il y a 8 ans, par l'effusion de grâces qui a surgi sur elle, sa famille, sa maison et sa ville. Cela commença le 22 novembre 1982, 7 mois après son mariage. Elle avait 18 ans, une instruction religieuse très médiocre, mais de belles qualités de cœur et de simplicité.

Le 22 novembre 1982, l'huile coule dans ses mains, tandis que, fortuitement, elle prie pour une malade: Leïla, la sœur de son mari.

Le 27 novembre, en la fête de la Médaille miraculeuse, ce fut la petite icône de la Vierge Marie, récemment achetée en Bulgarie, qui répandit de l'huile, inopinément.

Enfin, Myrna reçut les stigmates, comme François d'Assise, à partir du 25 novembre 1983: les années où la Pâque des catholiques et des orthodoxes coïncide. C'était le cas cette année, pour la dernière fois en ce millénaire. Le retour des stigmates était donc prévisible. Le docteur Loron, médecin neurologue des hôpitaux de Paris (à la fameuse Salpêtrière, rendue célèbre par Charcot) s'y est rendu. Le phénomène était au rendez-vous. Il lui est apparu cohérent et inexplicable. Voici une chronique de l'événement.

Couronnement d'épines

Jeudi Saint, 12 avril 1990, 11 heures, dans la maison de Myrna le peuple se rassemble: dont un groupe de 13 Français conduit par le docteur Loron. On le fait approcher du grand lit sur lequel Myrna s'étend quand ce phénomène la surprend et la terrasse: car cette participation aux souffrances du Christ est une sévère épreuve.

Lorsque le docteur arrive, déjà une plaie s'est formée sur le front, et Myrna ressent les douleurs du couronnement d'épines.

Crucifiement

Vers 13 heures, le docteur constate une accalmie. Puis il voit se former sur le dos du pied une tache, une émergence rosée qui annonce les stigmates. De nouvelles souffrances terribles ont surgi pour Myrna. Le docteur voit la peau rougir et les plaies s'ouvrir, aux mains et aux pieds. "L'ouverture se fait, non par l'extérieur, mais de l'intérieur, comme si la chair explosait", note-t-il.

Pour les mains, c'est l'intérieur des paumes, et non les poignets, selon la vérité anatomique que j'ai constatée chez d'autres stigmatisés. Pourquoi cette différence? On ne sait. La vérité des stigmates n'est pas une reproduction à l'identique. Elle est une identification intérieure. Les signes extérieurs peuvent varier. Antoine Legrand cite une stigmatisée-voyante qui avait aussi les stigmates dans les paumes mais, dans son extase voyait les clous enfoncés dans les poignets. Les stigmates des pieds se forment sur le dos du pied et non sur la plante. La traversée du clou n'est pas matérialisée, quoiqu'elle soit ressentie par Myrna.

Quant aux mains, le sang coule latéralement, en travers, sur les plis de la paume, mais les stigmates sont une fente longitudinale d'un centimètre environ: pas exactement ce que serait le trou d'un clou.

La transfixion

Puis c'est la plaie du côté. Elle se forme au côté gauche: une longue plaie de 12 centimètres, baignée de sang, de l'intérieur, moins profonde que celle de 1984. Une biologiste française, Mme Geneviève Antakly l'a observée: elle s'est ouverte environ 10 minutes après les autres. Dès le lendemain elle était refermée.

Flagellation

Cette année, pour la première fois, Myrna a aussi souffert dans le dos, comme si elle avait reçu les coups de fouet de la flagellation. Elle a eu des douleurs respiratoires analogues à celles de l'agonie du Christ en croix.

Quelle explication?

Peut-on expliquer ces phénomènes par conditionnement psychologique ou projection mentale?

Le docteur Loron s'est posé la question; l'explication ne tient pas la route.

Le comportement de Myrna est simple et naturel, lors des stigmates comme dans sa vie habituelle: pas de signe de névrose ou d'hystérie; aucun comportement de type épileptique ou cataleptique. Les explications psychologiques seraient d'ailleurs inopérantes pour les effusions d'huile de l'icône (démontée par la police, soucieuse de mettre à jour toute éventuelle supercherie). Quant à l'huile, c'est de l'huile d'olive pure 100%: plus pure que celle du commerce. Un symbole. Elle a parfois un parfum de fleurs. Elle ne tache pas la soie sur laquelle on l'applique. Elle sèche de façon inexplicable et parfois inattendue. Un évêque qui avait rapporté un mouchoir imbibé de cette huile l'a retrouvé sec et sans tache, quand il a voulu le montrer à son retour.

De l'huile, à quoi bon?

A quoi bon cette huile, dira-t-on? C'est déconcertant pour nos mentalités "scientifiques". Cela paraît dépourvu de sens.

Et pourtant, l'huile est un des grands symboles de la Révélation. Tout au long de la Bible, elle est en bonne compagnie avec le pain et le vin de l'Eucharistie. L'huile d'olive est engagée dans les onctions de la plupart des sacrements: celle des catéchumènes au baptême, Saint Chrême pour le baptême, la Confirmation et l'Ordre, Onction des malades appelée autrefois Extrême Onction.

Dans la Bible, l'huile est un des aliments essentiels dont Dieu rassasie son peuple sur la terre, riche en oliviers, où il a établi gratuitement celui-ci: "Ton Dieu te donnera le pays qu'il a juré à tes pères, avec des vignes et oliviers que tu n'as pas plantés: tu mangeras et te rassasieras" (Dt 6, 11).

L'huile d'olive est une bénédiction divine:

"Le Seigneur t'aimera, te multipliera. Il bénira le fruit de ton ventre, le fruit de ton sol: ton froment, ton vin et ton huile fraîche" (Dt 7, 12).

La privation d'huile est constamment le châtiment de l'infidélité.

L'huile est aussi un onguent qui parfume le corps (Amos 6, 6; Esther 2, 12), fortifie les membres (Ezéchiel 16, 9), adoucit les plaies (Is 1, 6; Lc 10, 34).

L'huile des lampes est source de lumière (Ex 27, 20; Mt 25, 3).

Il faut réserver, pour l'oblation, la meilleure, la plus pure (Nb 8, 12).

L'huile d'olive de Soufanieh est beaucoup plus pure que celle du commerce, ont analysé les laboratoires.

L'huile est aussi un signe d'élection: l'onction du roi au premier plan. Le nom de Messie signifie "Celui qui a reçu l'onction", rite d'où résulte l'effusion de l'Esprit dans l'élu (Samuel 10, 1-6; 16, 13) et c'est ce symbole qui est à l'origine du symbolisme de l'huile dans les sacrements chrétiens.

Enfin, l'huile a sa place dans le langage amoureux du Cantique, où Dieu parle de son peuple en amant: "L'arôme de tes parfums est exquis. Ton nom est une huile qui s'épanche. C'est pourquoi les jeunes filles t'aiment" (Cant 1, 3).

Est-il interdit à Dieu de s'exprimer à nouveau simplement par le langage biblique qui est le sien: la langue du Saint Esprit, même si nos esprits infirmes d'aujourd'hui ont du mal à le comprendre? Non seulement le bon peuple qui fréquente Soufanieh, mais les scientifiques penchés sur l'icône et sur Myrna apprennent ce langage.

Le docteur Loron m'a montré la vidéocassette qu'il avait prise: impressionnante. Lorsque Jean-Claude Darrigaud avait filmé Myrna, pour Antenne 2, il y a quelques années, son teint était très pâle. Elle a sans doute repris depuis lors une alimentation plus spontanée; son visage en est rajeuni, affiné: très beau et plus expressif.

Effusion d'huile

Deux jours plus tard, le samedi saint, à 15 heures 10 exactement, l'huile se mit à couler du front, du visage et des mains de Myrna. "Une exsudation abondante", dit le docteur Loron. Elle commence par les yeux. C'est douloureux. Myrna devient aveugle au monde extérieur, mais voit une grande lumière, comme saint Paul, lorsqu'il fut terrassé, il y a bientôt 2000 ans, tout près de là, sur le chemin de Damas. Durant les précédentes exsudations, Myrna est restée aveugle pendant trois jours, sans manger ni boire. Est-ce en participation de la conversion de saint Paul qui ne retrouva la vue qu'après l'imposition des mains par Ananie?

L'effusion d'huile est suivie d'une extase. Myrna voit une grande lumière et entend une voix calme et profonde lui dire: "Mes enfants, vous apprendrez aux générations le mot d'unité, amour (almahabba) et de foi. Je suis avec vous. Mais tu n'entendras plus ma voix, ma fille, jusqu'à ce que la date de la fête (de Pâques) soit unifïée."

Myrna a été attristée par la perspective de cette absence sine die. Les négociations pour unifier la date de Pâques, au-delà des codes divergents de nos calendriers, ont commencé depuis longtemps, mais n'ont guère progressé. L'attente de Notre Dame les stimulera-t-elle ? Selon le comput actuel, la date de Pâques ne coïncidera qu'en l'an 2001. Et Notre Dame n'a pas signifié à Myrna qu'elle lui apparaîtrait alors, si le problème de nos calendriers divergents n'est pas résolu.

A l'aube du dimanche de Pâques, vers 4 h 30 (sans témoin), la cupule de marbre placée sous l'icône sainte, dans la maison de Myrna, se trouve remplie d'huile aux trois quarts.

Les plaies étaient encore visibles le lundi de Pâques, lors du départ du docteur Loron: "…fines et comme dessinées par la lame d'un couteau, et non pas larges comme lors d'un enclouage. Elles ont cicatrisé normalement, sauf les pieds où le port d'un collant en nylon a provoqué une irritation locale. Myrna à fait sa vaisselle sans précaution, avec les plaies en voie de cicatrisation".

Le docteur Loron publie son étude dans Feu et Lumière.

Un message d'unité

Avant de quitter Damas, il a rendu visite au patriarche syriaque orthodoxe Zakka Iwas 1er. Ce prélat est favorable aux événements de Soufanieh, mais il n'est responsable ni de Myrna (grec-catholique), ni de son mari (grec-orthodoxe, non syriaque). Ce patriarche a signé avec Rome, en juin 1984, un concordat qui accorde la réciprocité sacramentelle entre catholiques et syriaques: important événement, après 15 siècles de séparation. Le message du Christ à Soufanieh invite de façon pressante à restaurer l'unité de l'Église. En 1983, Myrna a transmis ces mots qui sont la pointe de ses messages: "L'Église est le royaume des cieux sur la terre. Qui l'a divisée a péché, et qui s'est réjoui de sa division a péché ... " Plusieurs guérisons remarquables sont survenues à Soufanieh. Elles ont impressionné les nombreux médecins qui ont visité Myrna.

René LAURENTIN