Damas, ce 29 septembre 1993.

 

Très chers frères et sœurs dans le Christ,

 

Tous, vous devez trouver que mon silence se fait bien long. Je ne sais comment m’excuser. Vos lettres attendent une réponse depuis des mois. En fait, durant des mois entiers, j’étais plus que débordé. Je ne m’en plains pas du tout. Mais c’est vous dire combien je suis confus. Je me suis donc décidé à vous écrire une lettre collective, quitte à y ajouter une ou quelques lignes à tel ou telle. Cela me peine, car je m’étais habitué à écrire à tous mes correspondants personnellement. Cette fois-ci vous me le pardonnerez, j’en suis sûr. Merci.

 

Vous vous demandez peut-être qu’est-ce qui a bien pu m’accaparer à ce point. Qu’il me suffise de vous dire très brièvement mon programme de ces quatre derniers mois: du 1er au 9 juin: avec Myrna et sa famille en France. Du 9 au 27 juin : avec Myrna et sa famille au Canada. Du 27 juin au 13 juillet, en tournée personnelle aux États-Unis, pour Soufanieh et pour préparer une tournée de la Chorale (Choeur-Joie) que j’avais fondée en 1977, tournée présumée pour septembre 1994. Retour à Damas, le 14 juillet au soir. Départ pour les camps d’été avec les jeunes, le 16 juillet à l’aube, pour achever mon huitième camp d’été avec les jeunes, le soir du 21 septembre. Et les camps se faisaient à des centaines de kilomètres de Damas, un peu partout en Syrie. Ce furent des rencontres de réflexion, de prière et de détente, vraiment extraordinaires. Il faut vous dire que le Seigneur nous a gâtés avec une jeunesse d’une richesse humaine et spirituelle étonnante. Avec cette jeunesse, il suffit d’une chiquenaude ou d’une étincelle. Et vous savez que le Seigneur et Marie ne manquent ni de chiquenaude ni de feu. Grâces leur soient rendus.

 

Je joindrai avec joie à cette lettre collective, le compte-rendu de notre voyage de mission en France et au Canada. Elle nous aidera tous à approfondir notre union de cœur et de prière.

 

Et comme vous avez l’habitude de vous confier à la prière de vos frères et sœurs arabes de Soufanieh, aujourd’hui aussi je sollicite votre prière pour nos intentions personnelles, ainsi que pour les deux grandes intentions que Jésus et Marie nous ont confiées à Soufanieh: l’Unité de l’Église et la Paix dans le monde, particulièrement en Proche-Orient. Merci de tout cœur.

 

Avant de vous dire au revoir et à bientôt, j’aime vous dire qu’une petite chapelle a été aménagée sur la terrasse des Apparitions à Soufanieh. Son inauguration, célébrée le samedi 26 de ce mois, a été accompagnée d’une abondante exsudation d’huile des mains de Myrna. En outre, vous serez heureux d’apprendre aussi que Myrna vient de faire un séjour d’un mois en Australie, invitée par Mgr George Riachi, évêque grec-catholique d’Australie, qui était venu lui-même à Damas pour l’emmener. Seul le Père Boulos (Paul) Fadel l’accompagnait. Ce fut, nous ont-ils assuré, extraordinaire. Ils y passèrent un mois, du 19 août au 20 septembre. Dieu soit loué.

 

Continuons toujours à prier les uns pour les autres, pour toute l’Église et pour toute l’Humanité.

 

De tout cœur;

Père Élias Zahlaoui

 

BREF COMPTE-RENDU DU VOYAGE DE MYRNA AU CANADA-

(Été 1993) - Père Elias Zahlaoui

 

VOYAGES PRÉCÉDENTS DE MYRNA.

 

Il n'est pas inutile de rappeler que Soufanieh remonte au 27 novembre 1982. Depuis cette date, la Maison de la Vierge, dans ce modeste quartier chrétien de Damas en Syrie, devint un grand centre de prière, dans une gratuité intransigeante, et cela à la suite des nombreux et remarquables signes qui s'y sont succédé: exsudation d'huile d'une petite image, en papier, de la Sainte Vierge portant l'Enfant Jésus, ainsi que du corps de Myrna; guérisons physiques et spirituelles; apparitions de la Sainte Vierge à Myrna, accompagnées pour la plupart de messages; stigmates sur le corps de Myrna; enfin extases accompagnées presque toujours de messages. Les messages des Apparitions et des extases sont centrés sur la nécessité du retour à Dieu, de la pénitence, de la prière, de l'amour et du pardon mutuels, ainsi que sur l'Unité de l'Église.

 

Comme naturellement, beaucoup souhaitaient voir Myrna et prier avec elle, en Syrie, au Liban, en Jordanie, Myrna se laissait mener au souffle de l'Esprit, ne faisant rien sans l'accord de son mari et des prêtres qui les conseillaient.

 

Au cours de tous ces voyages, les signes (dont l'exsudation d'huile, soit des reproductions de Notre-Dame de Soufanieh, soit du corps de Myrna, dont aussi des extases) ne manquèrent presque jamais. Ils déclenchaient toujours un mouvement de prière œcuménique, à laquelle même des musulmans participaient spontanément. Ces visites de Myrna dans les différentes villes et localités de ces trois pays, étaient devenues partie intégrante de la vie de Soufanieh; jusqu'au soir du 26 novembre 1987, veille du cinquième anniversaire de Soufanieh. Ce soir, Myrna eut, au cours de la prière commune, une extase. Elle y vit le Seigneur qui lui dicta un long message dans lequel il lui dit entre autres: "Va et annonce dans le monde entier, et dis sans crainte qu'on travaille pour l'Unité". Depuis cet appel du Seigneur, les voyages de Myrna prirent une tout autre dimension: deux voyages en Égypte en 1990, deux autres en 1992-1993, deux voyages en Belgique et en Hollande en 1990-1991, un voyage en Allemagne et en France en 1991. Pour tous ces voyages, tout se passait comme si une main mystérieuse avait tout organisé: temps, programme, frais de voyage et de séjour. Des signes s'y reproduisaient immanquablement: deux extases aux États-Unis, une en Belgique, exsudations d'huile soit de Myrna soit de nombreuses reproductions de Notre-Dame de Soufanieh.

 

Le phénomène Soufanieh s'y déclenchait, provoquant ici ou là, des vagues profondes de prières, en relation étroite avec le centre même de cette prière: Soufanieh de Damas.

 

VOYAGE DE MYRNA AU CANADA.

 

Tout partit du désir de quelques laïcs, lequel trouva un accueil favorable auprès des responsables de l'Église grec-melkite catholique du Canada. Et ce fut Mgr Georges Coriaty, Vicaire général de S.E. Mgr Michel Hakim, qui, dans sa lettre du 22 janvier 1993, invita Myrna, son mari Nicolas et leurs deux enfants à aller à Montréal. Un prêtre devait les accompagner. Je fus très heureux de le faire. Quant aux frais de voyage, ils furent entièrement couverts par des amis, arabes chrétiens, de Montréal et de Damas.

 

L'organisation du programme fut confié à un comité de trois personnes: M. Roger Kahil, grec catholique installé à Montréal, M. André Rostworowsky et son épouse Geneviève, couple animateur du groupe Rassemblement à Son Image de Montréal.

 

Tous trois eurent à cœur d'organiser ce programme dans un souci profondément œcuménique, rejoignant ainsi ce qui fait l'essentiel de Soufanieh. Leur programme allait du 12 au 20 juin. Cependant, le séjour de Myrna se prolongea, pour des raisons qui ne dépendaient que des compagnies aériennes, jusqu'au 13 juillet. Moi-même, ayant dû quitter le Canada le 27 juin pour les États-Unis, il m'a été impossible de suivre au jour le jour, la suite du programme, improvisé et si chargé, de prières et de rencontres.

 

PRÉPARATION SPIRITUELLE ET PSYCHOLOGIQUE DE CE VOYAGE.

 

Pour qui a vécu de près ce séjour de Myrna au Canada, l'évidence éclate qu'il avait été l'objet d'une double préparation: l'une lointaine aussi discrète qu'efficace, grâce surtout à la vidéocassette réalisée en 1989, à Damas-même, par M. André Rostrovowski. La qualité de cette cassette lui valut d'être projetée douze fois sur les chaînes de la TV canadienne.

 

L'autre, plus directe, est due, entre autre, au numéro spécial consacré à Soufanieh de l'lnformateur Catholique de Montréal, et paru fin mai 1993, c'est-à-dire moins d'un mois avant l'arrivée de Myrna.

 

Il n'est pas inutile non plus de signaler que toutes les Églises ou paroisses, où Myrna devait prier, l'avaient annoncé dans leurs feuillets hebdomadaires.

 

L'opinion était donc alertée et les cœurs préparés; de même que les esprits, bien sûr. Il me semble cependant que l'ampleur du phénomène Soufanieh au Canada dépassa, lors du passage de Myrna, toute attente ou pronostic. Ce qui est en contraste frappant avec la discrétion voulue de son second passage en France.

 

RAPIDE ESQUISSE DU SÉJOUR DE MYRNA EN FRANCE.

 

Compte tenu d'un précédent et court voyage de Myrna en France, en septembre 1991, nous avons prévu que celui-ci se passerait dans la plus grande discrétion.

 

Nous en confiâmes l'organisation à un couple ami, Guy et Mylène Fourmann, qui habitent à Villers-sur-Coudun près de Compiègne. Ils eurent à cœur de tout préparer avec trois prêtres français, amis de Soufanieh, les Pères:

René Fromont, curé de HAM

Antoine, curé de Venette

Jean Courtial de l'Abbaye Notre-Dame d'Ourscamp.

 

La semaine passée chez les Fourmann transforma leur maison en une réplique française de "La Maison de la Vierge" à Damas. En effet, leur foyer devint le point de ralliement - si l'on me passe ce mot - des nombreux amis de Soufanieh; un centre de prière, voire d'accueil, ouvert nuit et jour, ainsi aussi qu'un point de départ pour des rencontres de témoignages et de prières, chez des amis, à Compiègne, à l'Arche de Jean Vannier, à Villers-sur-Coudun même, à l'Abbaye Notre-Dame d'Ourscamp, enfin à la paroisse de Venette.

 

Ce fût aussi l'occasion de nombreuses rencontres, qui ne manquent pas d'importance, avec trois prêtres :

le Père Raymond Halter, missionnaire au centre Marial d'Abidjan,

le Père Francesco Van der Voort, qui avait invité Myrna à deux reprises en Belgique et Hollande

le Père Johannès Touw, bénédictin hollandais, théologien et psychologue, qui prépare une étude sur Soufanieh.

 

Lors de ce séjour en France, six fois le signe de l'exsudation d'huile des mains de Myrna, se reproduisait sous les yeux de centaines de témoins. Cependant je me dois de redire tout haut, l'aveu que beaucoup m'ont fait, sur le grand signe qu'était pour eux la simplicité et l'humilité de Myrna d'un côté, et la présence effacée de son mari Nicolas, de l'autre.

 

RAPIDE ESQUISSE DU SÉJOUR DE MYRNA AU CANADA.

 

Ce séjour revêtit pour beaucoup - et revêt, à mon avis, pour Soufanieh même - une importance telle qu'il mérite une publication, illustrée et exhaustive, que j'espère prochaine. En attendant, que l'on me permette d'en signaler brièvement ce qui me parait l'essentiel.

 

Ce séjour se déroula, à mes yeux, suivant deux lignes parallèles mais tout à fait complémentaires. Ces deux lignes, je les appellerais la ligne officielle et la ligne domestique.

 

La ligne officielle comprend le déroulement des rencontres et des célébrations eucharistiques dans les différentes églises de Montréal, d'Ottawa et de Québec. Pour qui a suivi et vécu de près ces multiples rencontres et célébrations, tout lui ferait croire qu'une avalanche spirituelle a dévalé les pentes de l'Oratoire Saint-Joseph, où eut lieu la première prière avec Myrna et envahi la plupart des églises et communautés de la région, pour ne s'arrêter -apparemment bien sûr - qu'avec le départ de Myrna.

 

Quand à la seconde ligne, que j'ai qualifiée de domestique, c'est celle qui comprit les innombrables rencontres qui eurent lieu dans la maison d'accueil de Myrna et de sa famille à Montréal. Il s'agit du foyer de M. Émile Sara et de son épouse Marie. Cette maison fut tout simplement elle aussi une réplique de la Maison de la Vierge à Damas. Nuit et jour, l'accueil pour des rencontres personnelles avec Myrna, ou pour des prières de groupes ou pour des célébrations eucharistiques, était assuré dans la plus grande simplicité et avec une joie exemplaire. Le gîte était même spontanément offert à certains des nombreux amis de Myrna et de Nicolas venus de différents coins des États-Unis (Los Angeles, Détroit, la Floride, San Fransisco).

 

Les célébrations eucharistiques qui s'y faisaient et auxquelles participaient des prêtres de différentes communautés orientales, aussi bien catholiques qu'orthodoxes (sans pour autant léser les directives des autorités ecclésiastiques concernant la communicatio in sacris) rassemblaient des fidèles de tous bords qui n'avaient qu'un souci: celui de retrouver Dieu dans l'Unité de Son Église.

 

Les quelques rares rencontres de prière que Myrna eut dans d'autres foyers ne sortirent pas de ce cadre de simplicité et de communion, à la fois humaine et chrétienne.

 

Dieu merci, les signes ne manquèrent pas. Le signe qui peut sembler premier est celui de l'huile qui exsudait des mains de Myrna lors des célébrations eucharistiques, l'huile exsudait infailliblement durant la Sainte Communion. Mais l'on attendait impérativement la fin de la Divine Liturgie, pour l'annoncer.

 

Cette même exsudation d'huile se reproduisit de nombreuses fois dans la maison des Sara, ainsi que dans d'autres maisons amies en des moments qu'on ne peut qualifier que de providentiels. Cependant au-delà de ce signe tangible, il en est plusieurs qu'il serait regrettable de ne pas remarquer.

 

Pour moi j'en vois dans l'affluence absolument ahurissante, d'une foule, dont la grande majorité était composée de canadiens. N'est-ce pas là le Signe d'une fringale de Dieu qui se cache derrière une façade de suffisance, voire d'indifférence? J'en vois aussi dans la qualité et la longueur des prières. Cela ne clame-t-il pas la faim du spirituel que tous les impératifs de la fameuse société de consommation n'arrivent pas à étouffer? J'en vois dans la joie éclatante des guérisons intérieures qui s'est emparée d'un bon nombre.

 

Il me semble cependant, sans vouloir rien majorer, qu'en tout ceci, le signe le plus important est, de l'aveu d'innombrables témoins, le Signe qui a pour nom Myrna. En effet, qu'elle prie ou qu'elle chante, qu'elle témoigne de son expérience ou qu'elle reste silencieuse ou affairée aux soins de ses enfants ou de son mari, Myrna reste égale à elle-même, simple et humble dans une gratuité et une disponibilité totales. Un tel signe ne trompe pas et les témoignages là-dessus ne nous manquent pas. Certaines personnes se sont donné même la joie et le courage de le dire publiquement, comme ce fameux journaliste canadien, Michel Saint-Amant, dans un article intitulé: "Myrna", qui ne prône ni la date ni le nom du Journal et que l'on vient de m'envoyer du Canada.

 

ET LES MÉDIAS ?

 

Face aux médias si puissants et si volubiles de l'Occident, nous nous sommes tracés à Soufanieh, depuis bien longtemps, une ligne de conduite très ferme: refuser toute interview dont on ne pouvait garantir sûrement la fidélité totale. Au Canada aussi, nous ne nous sommes jamais départis de cette attitude. Myrna était venue prier, non s'exhiber.

 

Cependant, dès lors que nous pressentions un souci d'honnêteté spirituelle chez le journaliste, nous consentions avec joie aux interviews capables de servir notre mission. Tel fut le cas, par exemple, avec Mme Michèle Boulva, de l'Informateur Catholique; tel aussi avec Mlle Colette Dergham, de la station de Radio Libanaise "Al-Mahatta".

 

Ce souci proprement missionnaire rencontra chez Mlle Dergham un accueil tel qu'elle nous proposa le montage d'une audio-cassette qui laisserait chez les Canadiens, arabes ou non-arabes, un souvenir vivant et parlant du passage de Myrna. Cela nécessita une journée entière passée aux studios de la Radio. Désormais, les Canadiens, surtout ceux d'origine arabe, pourront entendre, avec une joie chargée de souvenirs émouvants, Myrna et d'autres, présenter chants et messages de Soufanieh.

 

Ceux qui ont vécu au Canada ce que j'ose appeler l'Événement Soufanieh ne pourront pas de sitôt en tirer toutes les conséquences, immédiates ou lointaines, personnelles ou communautaires.

 

Cependant, un groupe s'est contenté de s'entendre sur la nécessité d'une rencontre périodique centrée sur la prière. Le Seigneur et la Sainte Vierge sauront les mener au souffle de cette prière, là ou Ils les voudraient et donc là où ils devraient être.

 

Oui, Dieu Seul est Grand...

 

Père Élias Zahlaoui

Église Notre-Dame de Damas

Koussour-Damas

Syrie

96311-11-4450999